Madame de Maintenon

Madame de Maintenon
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Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon
Pierre Mignard - Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon (1694).jpg

Surnom Madame de Maintenon
Naissance 27 novembre 1635
prison de Niort
Décès 15 avril 1719 (à 83 ans)
Saint-Cyr-l'École
Nationalité Royal Standard of the Kingdom of France.svg Française

Madame de Maintenon (née Françoise d’Aubigné le 27 novembre 1635 à la prison de Niort et décédée le 15 avril 1719 à la Maison royale de Saint-Louis de Saint-Cyr-l'École) est une dame française des XVIIe et XVIIIe siècles qui fut l'épouse puis la veuve de Paul Scarron. Par la suite, elle fut nommée marquise de Maintenon. Elle est la fondatrice de la Maison royale de Saint-Louis.

Gouvernante des enfants naturels de Louis XIV (1638–1715), roi de France et de Navarre, elle devint secrètement son épouse après la mort de la reine en 1683, attirant à elle autant la flagornerie que la haine de la cour et de la famille royale.

Sommaire

Biographie

Enfance

Armes de la famille d'Aubigné (dont Agrippa d'Aubigné et Madame de Maintenon). Blasonnement : de gueules au lion d'hermine, armé, lampassé et couronné d'or (Source : Euraldic)

Françoise d’Aubigné est née le 27 novembre 1635 à la prison de Niort, geôle de son père Constant d'Aubigné, incarcéré pour dettes. Constant d’Aubigné était le fils du célèbre poète et ami d'Henri IV, Agrippa d’Aubigné. Il avait abjuré sa foi protestante en 1618, assassiné sa première femme en 1619, puis rapidement dépensé la dot de sa deuxième femme. Ses relations d'affaires avec les Anglais sont à l'origine des suspicions d'intelligence avec l'ennemi qui le font enfermer à la prison de Bordeaux puis de Niort.

Françoise d'Aubigné passe les premiers mois de sa petite enfance, lorsque son père sort de prison de Niort, après la mort du cardinal de Richelieu, chez Madame de Villette, sa tante huguenote, au château de Mursay, au nord de Niort. Elle passe les six années suivantes à la Martinique, dont elle garde un souvenir très fort, transmis à ses futurs époux, l'humoriste Paul Scarron puis le roi de France Louis XIV, qui décide dès 1674 d'intensifier la culture du sucre en Martinique puis à Saint-Domingue.

Le nom de son père est cité dans un premier voyage un an plus tôt, celui de 1635 avec Pierre Belain d'Esnambuc, fondateur du village de Saint-Pierre en Martinique en 1635. Le couple part en 1636 pour Saint-Christophe, d'où il gagne la Martinique[1]. Françoise vit avec ses parents dans le village du Prêcheur, le premier où est arrivé d'Esnambuc, tout près de Saint-Pierre, à l'extrémité nord-ouest de la Martinique, exposé aux attaques incessantes des Indiens de l'île de la Dominique.

Officiellement, son père est gouverneur de la toute petite île de Marie-Galante, toute proche. Mais ce titre ne lui est pas reconnu et il n'a pas les moyens de le valoriser. L'île est alors vierge et doit en principe gouverner la Martinique, elle-même couverte aux neuf dixièmes de forêts, où Indiens et boucaniers font la loi. La famille de Françoise survit en fait dans la pauvreté, alors que la Barbade anglaise, non loin accède bientôt à la richesse. Ce séjour de six ans lui vaudra le surnom de « Belle Indienne ». Il s'achève à l'époque où les Martiniquais tentent sans succès d'introduire la culture de la canne à sucre, qui s'avère très rentable à la Barbade dès les années 1640, et entraîne l'éviction des planteurs de tabac. À son retour en France, en 1647, Françoise apprend la mort de son père, parti en 1645 chercher à faire reconnaître son titre de gouverneur.

De retour en France Françoise perd aussi très vite sa mère qui vit dans la quasi-misère et doit faire des procès à la famille de son père pour essayer de récupérer ses biens. Elle est à nouveau prise en charge par sa marraine de Niort, Mme de Villette, fervente protestante. Mme de Neuillant, obtient de la reine-mère Anne d'Autriche une lettre de cachet pour récupérer Françoise et l'obliger à pratiquer le catholicisme (en effet à sa naissance Madame d'Aubigné l'avait fait baptiser dans la religion catholique) et renier sa foi calviniste. Elle la place contre sa volonté au couvent des Ursulines de Niort, puis chez les Ursulines de la rue Saint-Jacques à Paris[2]. C'est là que grâce à la douceur et l'affection d'une religieuse, Sœur Céleste, la jeune fille renonce définitivement au calvinisme, condition indispensable pour pouvoir accompagner Madame de Neuillant dans les salons parisiens. C'est à une des ses réunions mondaines qu'elle rencontre le chevalier de Méré, qui se prend d'affection pour celle qu'il nomme « la belle Indienne » et s'offre de l'instruire convenablement.

Premier mariage

Le poète Paul Scarron, premier mari de Françoise d'Aubigné

Quatre ans après son retour en France, en avril 1652, à l'âge de seize ans, Françoise d'Aubigné, sans le sou mais jolie et sage, épouse l'écrivain humoriste Paul Scarron, de vingt-cinq ans son aîné et gravement handicapé. Fêtard et cultivé, ami de nombreux artistes, son salon est fréquenté par les plus prestigieux noms de la capitale (par exemple le maréchal d'Albret, le marquis de Villarceaux, l'abbé de Choisy), Scarron est partiellement paralysé depuis un malencontreux bain nocturne dans la Seine en hiver. Il propose à une Françoise orpheline, sans dot et fragilisée, de payer pour qu'elle puisse intégrer un couvent, ou de l'épouser lui-même.

« La belle Indienne » influence la deuxième partie de l'œuvre de Paul Scarron, qui fera ensuite fréquemment référence à la nécessité d'aller aux Indes et à la Martinique. L'humoriste a très sérieusement investi 3 000 livres dans une société commerçant avec la Martinique[3]. Pour faire plaisir à sa jeune épouse, Scarron accepte aussi d'enlever de son œuvre des répliques trop grivoises[2].

Madame Scarron devient l’animatrice du salon ouvert par son mari, très fréquenté par les écrivains de l'époque. Dès lors, elle se tisse un solide réseau de relations avec les beaux esprits du Marais parmi lesquels se trouvent Françoise-Athénaïs de Montespan et Bonne d'Heudicourt, nièces du maréchal d'Albret, Madame de La Fayette, Madame de Sévigné, Ninon de Lenclos, et bien d'autres[4].

En 1660, alors qu'elle a vingt-cinq ans, Paul Scarron qui lui avait inculqué une grande culture, meurt en ne lui léguant que des dettes. De son mariage, Françoise avait gagné l’art de plaire et en avait conservé les relations ; ainsi, Anne d’Autriche, sollicitée par des amis communs, accorda à la veuve Scarron une pension de 2000 livres. À la mort de la reine mère, sa pension est rétablie grâce à l'intervention de madame de Montespan, dame d'honneur d'Henriette, duchesse d'Orléans, belle-sœur du Roi ; les deux femmes s'étaient rencontrées chez le maréchal d'Albret, cousin par alliance de Mme de Montespan et proche de Paul Scarron. Si Mme de Montespan pensa à elle pour devenir la gouvernante des bâtards royaux, c'était parce que la veuve Scarron avait su la divertir et qu’elle était discrète, mais aussi et surtout parce que Françoise savait bien que l’on gagnait toujours à servir le Roi.

Au service des enfants du roi

Madame de Montespan et ses enfants.

En 1669, sur la proposition de Mme d'Heudicourt, elle accepte la charge de gouvernante des enfants illégitimes du roi et de Mme de Montespan, alors qu’elle vient de refuser d'être la dame de compagnie de Marie Françoise de Savoie-Nemours, reine du Portugal. Elle s’installe donc à proximité de la capitale dans un grand hôtel du village de Vaugirard[5], y vit dans la plus grande discrétion et y rencontre pour la première fois le roi qui s’y aventurait pour voir ses enfants.

Celui-ci, qui ressent beaucoup d'affection pour ses enfants adultérins, constate l'attention maternelle dont la veuve Scarron entoure ses petits protégés. Lors de la mort de l'aîné d'entre eux, remarquant le chagrin et les larmes de la nourrice de ses enfants, il confie à un proche : « Comme elle sait bien aimer, il y aurait du plaisir à être aimé d'elle »[6].

Elle réapparaît à la cour en 1673 lors de la légitimation des bâtards royaux (enfants dont le nom de la mère reste officiellement inconnu).

Madame de Maintenon acquiert en 1674, l'année de la dissolution de la Compagnie des Indes occidentales, la nouvelle ferme du tabac, un monopole fiscal sur les 2,5 millions de livres produites annuellement à Saint-Domingue, qu'elle revend rapidement à un consortium de financiers mené par le banquier Antoine Crozat, futur entrepreneur de la Louisiane[7].

Le 27 décembre 1674, elle achète pour 150 000 livres, avec l'argent de sa revente, le château et le titre de Maintenon à Françoise d’Angennes épouse Odet de Riantz, marquis de Villeroy, héritière de Charles François d’Angennes, marquis de Maintenon, qui fut gouverneur de Marie-Galante (le titre qu'avait convoité le père de Françoise) [8] et qui devient l'année suivante l'un des chefs des flibustiers aux Antilles pendant deux ans, avant de pourchasser ces mêmes flibustiers pour le compte du Roi, puis devenir le plus riche planteur de la Martinique, dans le village même où avait habité Françoise, au nord de Saint-Pierre de la Martinique. Les enfants bâtards du roi, d'abord élevés à Vaugirard, le sont ensuite aussi dans le château de Maintenon. L'un d'eux accompagnera en 1691 Cavelier de la Salle dans l'expédition de trois navires en Louisiane, qui se terminera par un fiasco.

Les traces écrites de sa véritable relation avec le roi la font remonter à 1675, même s'ils se sont rencontrés dès 1669. D’ailleurs, Louis XIV écrivit dans son journal « il y a quelques jours, un gentilhomme de gris vêtu, peut-être un prince errant incognito, entreprit durant la nuit une nymphe égarée dans le parc de Saint-Germain. Il savoit le nom de cette nymphe, qu’elle étoit belle, bonne, pleine d’esprit mais sage. La nymphe cependant se laissa faire et ne lui refusa aucune faveur. Cette nymphe ressemblait à s’y méprendre à Mme Sc. ; et je crois deviner qui étoit le prince vêtu de gris. Ce prince est comme moi, il déteste les femmes légères, il honnit les prudes, il aime les sages. » Sa faveur commença à se déclarer lorsque, en 1675, le roi la nomma « Madame de Maintenon[9] ».

Elle s’acquitta avec succès de sa tâche puisque le roi lui conféra en 1680, la charge de « dame d’atours » de la dauphine Marie-Anne de Bavière. C’est à l’occasion de cette charge qu’elle se rendit à Barèges pour soigner le duc de Maine, franchissant le col du Tourmalet en 1675. Par la suite tout s'accéléra, sa faveur grandit, elle forma avec le roi le vrai couple parental des bâtards, dont l'aîné, titré duc du Maine, faisait les délices.

Le mariage secret

Louis XIV par Mignard (avant 1695).

La disgrâce progressive de Madame de Montespan, compromise dans l’affaire des poisons, la mort en couches de Mademoiselle de Fontanges, dernière favorite du roi (qui avait l'âge d'être son père) puis, le 30 juillet 1683, celle de la reine Marie-Thérèse d'Autriche (1638-1683) mettent fin au cas de conscience qui se posait à Mme de Maintenon concernant sa relation avec Louis XIV et lui permettent de prendre un ascendant grandissant sur le roi. Celui-ci, éternel amoureux, a besoin d'une femme, mais sa « conversion » l'incite à fuir le péché de la chair. Ne voyant pas d'utilité en une union politique avec l'infante Isabelle du Portugal ou la princesse Anne-Marie-Louise de Toscane, pourtant citées comme favorites pour le trône, le roi penche vite pour un mariage d'inclination avec celle qu'il aime raisonnablement.

Avec le soutien actif de l'Église de France, Françoise d'Aubigné, veuve Scarron, âgée de près de cinquante ans, épouse secrètement, dans la nuit du 9 au 10 octobre 1683, le roi de France et de Navarre, « le plus grand roi du monde » selon les dires de Louvois. A la Cour, on sait bien ce qu'il en est : le roi passe une grande partie de son temps dans les appartements de sa femme et, lorsque Madame de Maintenon se déplace en chaise à porteurs, les princesses doivent suivre immédiatement derrière. Ce qui fera dire à Madame de Maintenon : « Mon bonheur est éclatant ».

Son influence sur Louis XIV

Mme de Maintenon fait planer sur la cour à la fin du règne de Louis XIV une ère de dévotion et d'austérité. On lui prête une grande influence sur le roi et sur la Cour, notamment concernant la décision ayant conduit à la révocation, en 1685, de l’édit de Nantes, qui provoqua l’exode d'une grande partie des protestants, ou l’incitation au déclenchement de la guerre de Succession d'Espagne en 1701. Les historiens se sont beaucoup interrogés sur le rôle effectif joué par Mme de Maintenon, accusée de tous les maux. En ce qui concerne précisément la révocation de l'édit de Nantes par l'édit de Fontainebleau, l'ensemble des historiens souscrit aujourd'hui à la démonstration résumée par François Bluche dans sa biographie de référence sur le grand roi :

« La marquise de Maintenon se réjouit des conversions, quand elles lui semblent le résultat de la persuasion et de la douceur. Mais elle répugne à la contrainte envers ses anciens coreligionnaires. Seules une polémique outrancière, puis une légende sans fondement pourront faire croire qu'elle ait encouragé le monarque à la dureté. »

De fait, la révocation de l'édit de Nantes n'était que la dernière phase d'un processus de normalisation religieuse que le roi avait commencé quelques années plus tôt avec les dragonnades et les missionnaires chargés de convertir les protestants de gré ou de force.

Il est sûr que son statut ambigu (elle était une simple mondaine en public, reine en privé, mais aussi collaboratrice, belle-mère et belle grand-mère) fut source pour elle d'une grande tension psychologique. Peu aimée de la famille royale, elle le fut encore moins des courtisans et du peuple qui lui prêtaient un pouvoir disproportionné et voyaient en elle le « mauvais génie » de Louis XIV.

Dernières années

Françoise d'Aubigné, gravure romantique.

En 1715, trois jours avant la mort du roi, Madame de Maintenon se retire à Saint-Cyr dans la Maison royale de Saint-Louis, maison d'éducation pour jeunes filles nobles et désargentées fondée en 1686, où elle reçoit la visite du tsar Pierre le Grand (qui était « venu voir tout ce qui en valait la peine en France »). Elle y meurt le 15 avril 1719.

En 1793, la Maison royale devint un hôpital militaire pour finalement accueillir, de 1808 à 1940, l’École spéciale militaire de Saint-Cyr et, depuis les années 1960, le lycée militaire de Saint-Cyr.

Enterrement et destin posthume

Enterrement

« Le dix-septième jour du mois d'avril mille sept cent dix-neuf, a été inhumée en un cercueil de plomb, et dans un caveau construit au milieu du choeur de cette église, la très haute et très puissante dame madame Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon, institutrice de cette royale maison de Saint-Louis, et y jouissant de tous les honneurs et privilèges des fondateurs[10] »

Madame de Maintenon est d'abord enterrée dans l'allée centrale de l'église de la Maison Royale de Saint-Louis, là où elle finit sa vie, là où elle dit en y venant pour la première fois : « Ce qui me fait plaisir, c'est que je vois ici ma retraite et mon tombeau ». Sur la dalle de marbre noir, on pouvait lire cette longue épitaphe composée par l'abbé René Aubert de Vertot :

« Ci-gît. Très-haute et très-puissante dame
Madame Françoise d'Aubigné, Marquise de Maintenon,
Femme illustre, femme vraiment chrétienne;
Cette femme forte que le Sage chercha vainement dans son siècle,
Et qu'il nous eût proposé pour modèle
S'il eût vécu dans le nôtre.
Sa naissance fut très noble.
On loua de bonne heure son esprit, plus encore sa vertu.
La sagesse, la douceur et la modestie
Formaient son caractère, qui ne se démentit jamais.
Toujours égale dans les différentes situations de la vie;
Mêmes principes, mêmes règles, mêmes vertus.
Fidèle dans les exercices de piété,
Tranquille au milieu des agitations de la Cour
Simple dans la Grandeur,
Pauvre dans le centre des richesses,
Humble au comble des honneurs,
Révérée de Louis le Grand,
Environnée de sa Gloire,
Autorisée par la plus intime confiance,
Dépositaire de ses grâces;
Qui n'a jamais fait usage de son pouvoir
Que par sa bonté.
Une autre Esther dans la faveur, Une seconde Judith dans la retraite et l'oraison;
La mère des pauvres,
L'asile toujours sûr des malheureux.
Une vie si illustre a été terminée par une mort sainte
Et précieuse devant Dieu.
Son corps est resté dans cette maison,
Dont elle avait procuré l'établissement.
Elle a laissé à l'Univers l'exemple de ses vertus.
Décédée le 15 avril 1719; née le 28 novembre 1635[10]. »

Pendant la Révolution

En 1794 — la Maison royale devenue un hôpital militaire — divers travaux sont effectués dans l'église désaffectée pour la partager en deux étages. Au cours de ces travaux, les ouvriers trouvent une dalle noire sur laquelle on lit : « La tombe de Madame de Maintenon, favorite d'un Roi ». Il est pourtant difficile de savoir comment cette dalle a pu prendre la place de l'autre. Toujours est-il que les ouvriers brisent la dalle, pénétrent dans le caveau, défoncent le cercueil de chêne et ouvrent le cercueil de plomb pour en arracher « le corps de l'illustre fondatrice de Saint-Cyr ». Selon un témoin oculaire, ils trouvent le corps parfaitement conservé, preuve que les embaumeurs ont accompli un travail délicat. « Ce jour-là, elle fut traitée en reine », écrit un de ses biographes[11]cité dans L'Allée du Roi.

La dépouille est alors traînée dehors et offerte aux insultes de la foule. Sans source sûre mais seule celle-ci existant, un jeune officier, à la faveur de la nuit, réussit à soustraire le corps à ces outrages et enterre « dans la sombre allée d'un jardin, les restes tout dépouillés, mais reconnaissables encore de Madame de Maintenon ».

Au XIXe siècle

En 1802, le directeur du Prytanée, nommé Crouzet, « ayant été averti (les textes ne disent ni comment ni par qui) de l'endroit de cette sépulture, fit exhumer le cadavre pour le placer dans l'ancienne Cour Verte », actuellement Cour Louis XIV, et cela sans cercueil, mais en jetant simplement les os à même la terre. Sur l'une des faces du tombeau se trouve cette inscription :

« Les Élèves du Collège de Saint-Cyr à Madame de Maintenon
Elle fonda Saint-Cyr, édifia la France;
Son tombeau fut détruit, ses restes outragés;
La jeunesse en gémit, et la reconnaissance
Élève une autre tombe à ses mânes vengés
Collache, Élève[10] »

En 1805, le général Dutheil, commandant le Prytanée, ordonne la destruction du tombeau de « la fanatique qui avait fait révoquer l'édit de Nantes »[10]. Les restes sont alors placés dans un « coffre d'emballage » et relégués dans le débarras de l'économat, à l'emplacement de l'actuelle salle 06J. Pendant trente ans, le coffre est oublié. Sauf par ceux qui dérobent quelques ossements en guise de relique.

En 1836, le colonel Baraguey-d'Hilliers, commandant l'École royale militaire, rassemble le contenu de ce coffre et divers objets retrouvés dans le premier tombeau pour les faire déposer dans un mausolée de marbre noir placé dans un renfoncement du chœur de l'église, sans doute à l'emplacement actuel de la statue polychrome de Saint-Louis. Sur le monument, ces mots : « Ci-gît madame de Maintenon, 1635-1719 »[10].

En 1890, des travaux ont lieu dans le sous-sol de l'église. Le premier tombeau est comblé et les premiers cercueils, en chêne et en plomb sont détruits, mais l'aumônier en recueille quelques fragments. En 1895, le général de Monard ordonne que ce premier tombeau soit restauré et il fait placer dessus une dalle : « Ici a reposé de 1719 à 1794 le corps de Madame de Maintenon, Fondatrice de la Maison de Saint-Cyr »[10]. Dans le même moment, les débris des premiers cercueils sont joints aux restes contenus dans le mausolée de 1836. A cette occasion, un inventaire détaillé est fait en présence de diverses personnes dont Eugène Titeux. Les médecins de l'École identifient les restes comme ceux « d'une personne très âgée, du sexe féminin ». Titeux déduit de tout cela, peut-être hâtivement, qu'il s'agit des restes de Madame de Maintenon. Le tout - restes et débris des cercueils - est placé dans le mausolée, le 18 juin 1895.

La dernière sépulture

L'établissement occupé par les troupes allemandes est détruit par les bombardements en 1944. C’est pendant des travaux de reconstruction qu’on découvre, dans les greniers de Saint-Cyr, une caisse marquée « ossements de Madame de Maintenon ».

Ces restes, d'abord placés dans la chapelle royale du château de Versailles, sont enterrés depuis le 15 avril 1969 devant l'autel de la chapelle restaurée du nouveau collège militaire de Saint-Cyr, alors que toutes les dépouilles des Rois de France ont été dispersées à la Révolution. Sur la dalle en forme de croix, tous peuvent aujourd'hui lire : « Françoise d'Aubigné, Marquise de Maintenon, 1635-1719 ». Plusieurs personnes participent à cette cérémonie : le colonel Loyer, chef de corps du collège, monsieur Raimbault, directeur des Études, le lieutenant-colonel Gentilleau, commandant en Second, monsieur Prince, Censeur, monsieur Van den Kemp, conservateur du château de Versailles, monsieur Sainsaulier, architecte en chef des bâtiments civils et des Palais Nationaux, les commandants des six compagnies, un élève par compagnie, l'adjudant-chef Chêne, président des sous-officiers, et le père Rey, aumônier du collège. L'acte officiel porte également le nom de l'auteur de ces lignes, au titre de président de l'amicale des professeurs.

Autre épitaphe

À noter qu'il existe dans le château de Maintenon un cénotaphe de Madame de Maintenon comportant le fac-similé de la plaque épitaphe du premier tombeau de Madame de Maintenon à Saint-Cyr.

Postérité

  • Honoré de Balzac en a fait un de ses archétypes féminin de La Comédie humaine : « Mais ne serait-ce pas une Maintenon aidée par un confesseur, ou plutôt une femme ambitieuse qui voulait gouverner son mari[12]? », «  Il vint un moment où Joséphine se trouva devant Balthazar comme madame de Maintenon en présence de Louis XIV; mais sans avoir ni les pompes du pouvoir, ni les ruses d'une cour qui savait jouer des comédies[13] »

Bibliographie sélective

Œuvres en ligne

Biographies et romans

  • Philippe Cougrand, Madame, Monsieur ou l'Impromptu de Saint-Cloud, Théâtre, Pleine Page Editeur, 2008, ISBN 978-2-913406-85-8
  • Éric Le Nabour, La Marquise de Maintenon, l'épouse secrète de Louis XIV, Paris, Pygmalion, 2007, ISBN 978-2-85704-893-0.
  • Jean-Paul Desprat, Madame de Maintenon, le prix de la réputation, Paris, Éditions Perrin, 2003, ISBN 978-2-262-01754-5.
  • Éric Le Nabour, La Porteuse d'ombre. Madame de Maintenon et le Roi Soleil, Paris, Tallandier, collection « Raconter l'histoire », 1999, ISBN 2-235-02242-1.
  • Alain Niderst, Autour de Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon : actes des Journées de Niort, 23-25 mai 1996, Paris, H. Champion, 1999.
  • Simone Bertière, Les Femmes du Roi-Soleil, Paris, Éditions de Fallois, 1998, ISBN 2-253-14712-5.
  • André Castelot, Madame de Maintenon, La reine secrète, Paris, Éditions Perrin, 1996, ISBN 2-262-01249-0.
  • Françoise Chandernagor, L’Allée du roi : souvenirs de Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon, épouse du Roi de France, Paris, Julliard, 1995, ISBN 2-266-06787-7.
  • André Lambert, La reine sans couronne : Françoise de Maintenon, l'épouse secrète de Louis XIV, Paris, Del Duca, 1962, ISBN 2-86647-008-7.
  • Louis Mermaz, Madame de Maintenon - Livre de poche
  • Anne-Marie Desplat-Duc, Les Colombes du Roi-Soleil, Flammarion, fiction junior en plusieurs tomes dont le 1er décrit très librement la vie à Saint-Cyr.
  • Antonia Fraser, Les Femmes dans la vie de Louis XIV, Flammarion, 2007.

Dans les arts

Notes et références

  1. http://books.google.fr/books?id=zuwWAAAAYAAJ&pg=PA307&dq=scarron+martinique&ei=kfrfSKrwE5bQzASsqIChAg#PPA306,M1
  2. a et b http://books.google.fr/books?id=Oroj200EhvcC&pg=RA1-PA266&dq=%22fran%C3%A7oise+d%27aubign%C3%A9%22+biographie&ei=qKcVSYzqJ4jcygTl--z3BA#PRA1-PA267,M1
  3. http://books.google.fr/books?id=zuwWAAAAYAAJ&pg=PA307&dq=scarron+martinique&ei=kfrfSKrwE5bQzASsqIChAg#PPA307,M1
  4. http://www.jesuismort.com/biographie_celebrite_chercher/biographie-madame_de_maintenon-3128.php
  5. D'après Françoise Chandernagor, « Maintenon » dans François Bluche (dir.), Dictionnaire du Grand Siècle, Paris, Fayard, 1990, p. 937.
  6. Les Souvenirs de Mme de Caylus (nièce de Mme de Maintenon), Amsterdam, Jean Robert, 1770, p. 32
  7. http://books.google.fr/books?id=cpd5igMpvzgC&pg=PA284&dq=%22Maintenon%22+tobacco&ei=wK7TSLTYCILoyAT3ounpAw&sig=ACfU3U3v3AEFcjIuSazQtCmaO8_Iwt_SaQ#PPA284,M1
  8. http://www.gmarchal.net/HTML%20PAGE%20DE%20GILLES/aubignette-2.htm
  9. Après un quart d'heure humiliant que lui infligea Madame de Montespan à propos de son mariage avec Monsieur Scarron, le roi lui dit, peu de temps après cette dispute et en public : « Je vous sais un gré infini de toutes les choses que vous faites pour mon service, Madame de Maintenon. », et d'une seule phrase, il balaya ainsi le vieux poète Scarron dont Françoise d'Aubigné disait elle-même : « Ce passé malheureux qui collait à ma peau. »[réf. nécessaire]
  10. a, b, c, d, e et f http://pagesperso-orange.fr/coldo/CHistorique.htm
  11. ,
  12. Physiologie du mariage, édition Charles Furne|Furne, 1845, vol.16, p.491
  13. La Recherche de l'absolu, Furne, 1845, vol.14, p.374

Annexes

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Articles connexes

Liens externes

Voir aussi

Précédé par Madame de Maintenon Suivi par
Marie Thérèse d'Autriche
Épouse du roi de France
1683-1715
Marie Leszczyńska

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