Charles François d’Angennes

Charles François d’Angennes

Charles François d'Angennes

Charles François d’Angennes, marquis de Maintenon, (décembre 1648 - avril 1691) est l'un des personnages les plus importants, les plus controversés et les plus méconnus de l'histoire des Antilles. Corsaire pendant deux ans, il devient rapidement le plus riche planteur de Martinique en 1685 après avoir désarmé de nombreux flibustiers pour Louis XIV, dont la maîtresse a acheté son château.

Sommaire

La vente du château familial à la maîtresse du roi Louis XIV

La famille d'Angennes fut une noble maison de France, ainsi nommée de la terre d'Angennes en Thymerais (Perche).

Fils aîné de Louis d’Angennes de Rochefort de Salvert, Marquis de Maintenon et de Meslay et de Marie Le Clerc du Tremblay, il a hérité le château et titre de marquis de Maintenon, non loin de Chartres, dans la Beauce, au sud de Paris.

Catholique, il est devenu corsaire à l'âge de 25 ans dans la Mer des Caraïbes après avoir vendu en 1674 son château, et son titre à Françoise d'Aubigné, alias Madame de Maintenon, devenue la même année maîtresse puis épouse du roi Louis XIV. Quatre ans plus tard, Charles s'installe comme planteur à la Martinique à Le Prêcheur, le village où Françoise d'Aubigné a passé les dix premières années de sa vie.

Officier de marine, il guerroie contre les Hollandais et les Anglais

Il s'est engagé comme enseigne de vaisseau dans la marine en royale en 1669 à Toulon, cinq ans avant la vente du château familial à Françoise d'Aubigné et partit en 1670 sur le navire La Sybille, dont il prend le commandement en 1672 après la mort du capitaine.

François d'Angennes a participé à une expédition contre les flibustiers hollandais de Curaçao puis attaqué des bateaux anglais mouillant à Saint-Domingue avant de revenir en France en 1673, au moment où bat son plein l'affaire des poisons, qui vise directement la première maitresse du roi, Madame de Montespan, et la plupart des proches du ministre des finances Jean-Baptiste Colbert, puis de repartir aux Antilles en 1674, après la vente de son château.

À la tête d'une flotte de flibustiers entre 1676 et 1678

En octobre 1675, il quitte Nantes en tant que commandant de la Fontaine d'Or, (24 canons) accompagné d'un célèbre corsaire de ce port, le capitaine Bernard Lemoigne. En 1676, il réunit une flotte de 10 navires et 800 boucaniers pour attaquer Isla Margarita Trinidad et Cumaná, dans un raid dont le récit a cependant suscité la curiosité et le scepticisme des observateurs[1].

Lors de cette opération, le flibustier John Coxon s'est séparé de la flotte du marquis, puis pilla en juillet 1677 le port de Santa Marta, et rentra avec ses associés à la Jamaïque où il fit sa soumission au gouverneur Vaughan, auquel il livra même l'évêque de Santa Marta que ses associés et lui avaient fait prisonnier pour obtenir une rançon. En échange John Coxon reçut une amnistie.

En juin 1682, Coxon donne sa soumission à Sir Thomas Lynch, le gouverneur de la Jamaïque, qui lui donna comme mission de chasser les pirates, tant anglais que français, qui troublaient alors le commerce maritime de la colonie[2].

Thomas Lynch est gouverneur de la Jamaïque depuis 1671 et sa première décision est de faire arrêter Thomas Modyford son prédecesseur, pour avoir autorisé le raid sur Panama, ainsi qu'Henry Morgan, qui a organisé l'attaque. Tous deux sont emprisonnés à Londres, mais Morgan est libéré sur décision du roi[3].

Le marquis de Maintenon s'est fait un nom chez les flibustiers par de terribles récits où il raconte avoir été victime des indiens caraïbes. C'est l'année où Henry Morgan et son beau-frère Byndloss sont interrogés devant le Conseil de la colonie de la Jamaïque par lord Vaughan pour leurs liens avec les écumeurs des mers[4], alors que Morgan avait été nommé lieutenant-gouverneur en 1672. Sur l'île anglaise de Nevis, le gouverneur Stapleton, d'une grande famille de jacobite irlandais qui investiront dans le sucre, surveille les opérations françaises[4].

Comme Henry Morgan en Jamaïque, le marquis de Maintenon devient ensuite riche planteur de sucre et gouverneur, avec pour mission d'évincer les petits planteurs de tabac qui trafiquaient avec les flibustiers.

Désarmer de nombreux flibustiers pour plaire au roi

Après avoir essuyé des désertions, à partir de 1678, il travaille à nouveau pour le roi, période pendant laquelle il pourchasse les boucaniers à bord du navire La Sorcière et les désarme. Il est ensuite gouverneur de Marie-Galante (1679 - 1686), le poste qu'avait occupé en 1645 le père de Françoise d'Aubigné.

Colbert, en fin de vie, disgracié, cherche à protéger l'héritage de son fils, veut désarmer les flibustiers pour plaire au Roi. Maintenon lui écrit pour donner la liste des flibustiers qu'il a désarmés[5]. En 1682, il arrête le flibustier François Grognet, alias Cachemarée[6]

Les désarmements de flibustiers s'amplifient jusqu'au 19 mars 1687, lorsque un ultimatum est fixé à ceux qui n'ont pas encore quitté Saint-Domingue, par le gouverneur de l'île, Pierre-Paul Tarin de Cussy, avec deux possibilité : l'amnistie ou le départ[7]. Un an après en août 1688, le roi catholique Jacques II d'Angleterre, de la dynastie Stuart décrête l'abolition de flibuste anglaise à la Jamaïque et l'emprisonnement de ses capitaines, juste avant d'être balayé par la Glorieuse révolution de septembre 1688.

L'un des premiers clients de la Compagnie du Sénégal

Charles François d'Angennes a été gouverneur de Marie-Galante de 1679 à 1686[8]. Le 16 mars 1679, la Compagnie du Sénégal signe avec le marquis de Maintenon un contrat pour la livraison de 1.600 esclaves noirs[9] sur une période de quatre ans. Mais au bout de seize mois, les officiers royaux de la Martinique se plaignent que seulement 600 à 700 seulement aient été livrés.

Le plus riche planteur de la Martinique, avec un monopole commercial

En 1682, il obtient aussi de Louis XIV le monopole du commerce entre le Venezuela espagnol et l'ensemble des îles de la France, pour une durée de 4 ans, avec le droit de vendre 245 tonnes de sucre par an (10% de la production martiniquaise). Les autres planteurs ont pour leur part l'obligation de vendre leur sucre aux raffineurs de métropole[10].

Le 21 janvier 1684, toute construction de raffinerie sur les îles, qui en compte huit, est sanctionnée d'une amende de 3.000 livres, afin de protéger celles qui existent et celles qui sont installés à Nantes par des jacobites comme Antoine Walsh. Le marquis de Maintenon vit en Martinique, au village du Prêcheur où avait vécu avant lui Françoise D'aubigné, où il possède 200 esclaves en 1685 selon Michel Bégon et détient la plus grande raffinerie de l'île, produisant 400 000 livres de sucre par an. La capacité de raffinage des raffineries existantes dans les îles augmente alors de 35%. Il devient rapidement le plus riche planteur de l'île, où il décède en 1691.

Un héritage représentant l'équivalent de six immeubles parisiens

Dès 1669, les raffineries de Martinique avaient une productivité presque deux fois supérieure à celles de Guadeloupe, au même nombre, avec 3.773 tonnes contre 2.114 tonnes de sucre. En 1674, Saint-Cristophe produit encore 40% d'une production française qui augmente de 50% dans les huit années suivantes [10].

Marié à Catherine Girauld de Poincy, fille de Girauld, seigneur du Poyet de Poincy, un capitaine de la milice de l'île de Saint-Christophe, sans lien direct avec l'un des gouverneurs de l'île de la Tortue Jacques Neveu de Pouancey il laisse trois filles et un fils : Gabriel-Charles-François d'Angennes, dit "Le Comte d’Angennes» (1686-1752), colonel d’un régiment d’infanterie, qui épousa Françoise Marie de Mailly, fille d’André de Mailly, seigneur du Breuil, et de Françoise des Chiens.

Ses héritiers vendent en 1714 une plantation sucrière qui comporte 129 carreaux de canne, pour 318 067 livres, soit la valeur de six immeubles parisiens de l'époque. Les études du Père Labat montre que les prix élevés du sucre vers l'année 1700 (36 à 44 livres le quintal), génèrent des rentabilités de 15% à 25%, qui stimulent la recherche de nouvelles terres et de nouveaux esclaves. Environ 25 ans après, les prix sont revenus à 13 livres le quintal.

Notes et références

Sources

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