- Lucien Leger
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Lucien Léger
Pour les articles homonymes, voir Léger.Lucien Léger, né à Paris le 30 mars 1937 et mort à Laon en juillet 2008[1], était un criminel français, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre d'un enfant[2],[3]. Il fut le plus ancien détenu de France avant d'être libéré le 3 octobre 2005 après 41 ans d'emprisonnement, un record en Europe.
On l'a surnommé l'étrangleur à cause de la signature « L'étrangleur N°1 » apposée au bas des lettres anonymes envoyées à la police[4].
Sommaire
Avant le procès
- Il a grandi en banlieue parisienne, dans une famille de sept enfants. Son père était tourneur sur métaux.
- Il a effectué son service militaire en Algérie mais a réussi à ne pas porter d'arme par conviction philosophique.
- Il a épousé Solange, sœur d'un ami avec qui il avait fait son service militaire. Elle a été internée à plusieurs reprises en raison de sa psychologie fragile.
- Il a travaillé d'abord comme magasinier aux Éditions Denoël avant d'être élève infirmier à l'hôpital psychiatrique de Villejuif (choix dicté notamment par l'état de santé de sa femme).
Le meurtre, le procès
- Le 26 mai 1964, en fin d'après-midi, disparition de Luc Taron, un enfant de 11 ans.
- Le 27 mai 1964, vers 5 heures du matin, découverte du corps de l'enfant, mutilé et étranglé, dans les bois de Verrières-le-Buisson, dans l'Essonne.
- Dans le mois qui suivit, cinquante-six lettres anonymes furent envoyées à la presse, à la police, au père de la victime et au ministre de l’intérieur, revendiquant être l'auteur du crime et en annonçant d’autres.
- 5 juillet 1964, arrestation de Lucien Léger. On retrouve chez lui un projet de roman intitulé : Journal d'un assassin.
- Du 2 au 7 mai 1966 : procès de Lucien Léger. Son avocat est Albert Naud. Bien qu'ayant avoué dans les premiers jours de l'enquête, il clame son innocence. Le meurtrier, un « Monsieur Henri », lui aurait expliqué les circonstances du meurtre, ce serait un ennemi du père de l'enfant.
- Échappant à la peine de mort, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une durée d'épreuve de quinze ans (la période de sûreté n’existant pas encore à l’époque). Il a 29 ans. Son avocat, Maître de Felice, dira plus tard que Lucien Léger serait sorti depuis longtemps s'il avait reconnu le meurtre.
Sa détention
- L'administration le qualifia de « détenu modèle ».
- Il refusa tout examen psychologique en vue d'une libération conditionnelle, sous prétexte de son « innocence ».
- Il aida de nombreux prisonniers à reprendre courage et à tenir.
- Il a forcé l'administration à appliquer les règlements, par exemple pour obtenir des menus végétariens — il ne consommait pas de viande.
- Il clama régulièrement son innocence.
- En prison, il étudia le droit puis se mit à la philosophie.
- La durée de son emprisonnement avait suscité la création de comités de soutien.
- Il a été incarcéré dans une quinzaine d'établissements pénitentiaires pour finir par la prison de Bapaume, dans le Pas-de-Calais.
- Solange, sa femme, décéda en 1970. Lucien Léger n'obtint pas le droit d'assister à son enterrement.
- Libérable depuis 1979, ses treize demandes de libération conditionnelle et trois demandes de grâce présidentielle furent rejetées. Cette réticence trouve sûrement une explication, au moins partielle, dans le fait qu'Yves Taron, père de la victime et fondateur de la Ligue nationale contre le crime et pour l'application de la peine de mort, avait affirmé en 1980 : « Je le tuerai. Pas tout de suite, juste le temps de lui faire éprouver l'angoisse que ma femme et moi avons connue. » Sa libération était d'ailleurs intervenue après la mort d'Yves Taron.
- La mère du petit Luc Taron, devenue veuve, avait simplement fait la demande que Lucien Léger ne publie jamais de livre sur l'affaire.
- En 2004, il avait promis à un journaliste : « Si je sors, je sors intact ».
- Narcissique, d'après les psychiatres, il parlait régulièrement de lui à la troisième personne, et se targuait d'une jurisprudence le concernant.
Sa libération
Depuis sa libération (le 3 octobre 2005, à 68 ans) il avait élu domicile à Landas dans le Nord chez un ami, boulanger à la retraite. Il travaillait à la Croix-Rouge de Douai pour distribuer des vêtements et de la nourriture aux plus démunis.
En 2008, il a saisi la Cour européenne des droits de l'homme contre l’État français en invoquant la violation des articles 5 § 1 a) et 3 de la Convention européenne des droits de l'homme. Le 11 avril 2006, une chambre de la Cour a conclu par cinq voix contre deux à la non-violation de ces deux articles[5]. L'affaire a ensuite été renvoyée devant la Grande chambre.
Lucien Léger est mort à son domicile de Laon début juillet 2008[6], son corps n'ayant été découvert que le 18 juillet. À la suite de son décès, la poursuite de la procédure n'étant pas demandée par une personne justifiant de sa qualité d'héritière ou de parent proche, ou de l'existence d'un intérêt légitime, et compte tenu de l'évolution de la législation française ainsi que du fait que la CEDH avait résolu des questions similaires dans d'autres affaires, la Grande chambre a radié l'affaire du rôle[7].
Notes et références
- ↑ Mort de Lucien Léger, ancien plus vieux prisonnier de France
- ↑ L'Express : Le cas Lucien Léger
- ↑ Affaires-criminelles.com
- ↑ Affaires-criminelles.com
- ↑ CEDH, Léger c./France, 11 avril 2006, requête n° 19324/02
- ↑ Décès de Lucien Léger, ex-plus ancien détenu de France, AFP, 18 juillet 2008
- ↑ CEDH [GC], Léger c./France, 30 mars 2009, requête n° 19324/02
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