- Narcissique
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Narcissisme
Le narcissime désigne l'amour de soi ou l'importance excessive accordée à "l'image" de soi.
Sommaire
En psychiatrie
Il s'agit d'un mode général de comportements grandioses, de besoin d'être admiré et de manque d'empathie qui apparaissent au début de l'âge adulte et sont présents dans des contextes divers.
- Le sujet (homme ou femme) a un sens grandiose de sa propre importance. Il surestime ses réalisations et ses capacités, s'attend à être reconnu comme supérieur sans avoir accompli quelque chose en rapport.
- Est absorbé par des fantaisies de succès illimité et de pouvoir.
- Pense être spécial et unique et pense ne pouvoir être admis ou compris que par des institutions ou des gens de haut niveau.
- A un besoin excessif d'être admiré et aimé.
- Pense que tout lui est dû et s'attend à bénéficier d'un traitement particulier et favorable à ses attentes.
- Exploite les autres et utilise autrui pour parvenir à ses propres fins.
- Manque d'empathie et n'est pas disposé à reconnaître les sentiments ou les besoins des autres.
- Envie les autres et croit que tout le monde l'envie.
- Fait preuve d'attitudes et de comportements hautains et arrogants.
Référence: American Psychiatric Association. DSM-IV Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Voir aussi: Trouble de la personnalité antisociale.
En psychanalyse
- Freud a introduit le concept. Il parle de narcissisme primaire sain, pour désigner une période de l'enfance où le bébé investirait préférentiellement son "moi", par ailleurs mal différencié de celui de l'objet. Ce narcissisme primaire est actuellement vu comme une fiction théorique qui a donné lieu à nombre de débats (cf. les écrits de Jean Laplanche, etc.). Le "narcissisme secondaire" désignerait un investissement libidinal du moi qui se fait au détriment de l'investissement libidinal d'objet. Il repose sur un moi différencié ce qui le distingue du "narcissisme primaire". Dans les cas les plus graves, cet investissement se fait en circuit fermé. Freud pensait que la schizophrénie était une modalité du narcissisme.
- Lou Andreas-Salomé a souhaité valoriser le bon côté du narcissisme : "Le narcissisme au sens créateur n'est plus un stade à franchir, c'est plutôt un accompagnement durable de toutes les expériences profondément vitales - d'une part toujours présent, de l'autre encore très au-delà de toutes les possibilités de creuser, à partir de notre conscience, divers stades de notre inconscient". (A l'école de Freud, journal d'une année 1912-1913, Mercure, p. 72)
Origine mythologique
Ce terme provient du mythe grec de Narcisse.
Dans la mythologie grecque, Narcisse était un jeune homme dont s'éprit la nymphe Écho. Comme Écho ne savait que répéter la dernière syllabe des mots qu'elle entendait, elle fut incapable de lui exprimer son amour. À défaut de pouvoir lui parler, pour entrer en contact avec lui, elle voulut le toucher. Après qu'il eût repoussé ses avances, elle mourut. Face à cette impossible communication, Narcisse se croit indigne d'amour et incapable d'aimer. Il veut se retrouver en regardant le reflet de son visage dans une mare. À force de soupirer après son image, sans échange humanisant de paroles vivantes, il finit par mourir... Il est alors transformé en un narcisse, la fleur qui porte son nom. Il est important de se rappeler que Narcisse est né de l'inceste (viol) de sa mère par le fleuve Céphise, ce qui restitue l'effraction traumatique et le vide symbolique aux sources de la dérive existentielle du jeune homme.
Narcissisme et société moderne
Le concept de narcissisme est investi par plusieurs auteurs pour décrire l'évolution récente des sociétés contemporaines. Christopher Lasch centre ses interrogations sur les évolutions de la société américaine sur la question du narcissisme[1]. Dans une perspective anthropologique, Pierre Legendre, construit sa critique des processus à l'œuvre dans les sociétés ultramodernes autour du développement du narcissisme : autofondation du sujet, abolition du discours de la limite, destitution des figures séparatrices de l'autorité. Comme il l'écrit :
« Ainsi la fonction sociale de l’autorité a-t-elle pour visée un désenlacement, d’infliger au sujet qu’il renonce au totalitarisme, à sa représentation d’être tout, c'est-à-dire en définitive de le limiter » (Leçons VI, 1992, p. 52).
Une telle analyse permet par exemple de porter le regard sur des phénomènes emblématiques de nos sociétés urbaines :
« Si la notion de narcissisme social a un sens, cela comporte que la question du père se trouve posée d’emblée, à cette même échelle de la culture et de la société. posée, mais comment, sur quel mode ? Je dirai : sur le mode de l’image et de la symbolisation de l’image. Un exemple va le faire comprendre : les « tags », ces inscriptions murales désordonnées, qui sont à la fois essais et déchets esthétiques dans les sociétés occidentales d’aujourd'hui. Que font les jeunes taggers ? Ils inscrivent une énigme, l’énigme de leur demande, de cette demande de séparation qui constitue la créance généalogique de tout sujet ; mais ils l’inscrivent comme demande non fondée, désespérée donc et condamnée par avance. Les laissés-pour-compte de la symbolisation symbolisent ainsi leur position, qu’il faut bien appeler légale, de déchet, en l’inscrivant partout, sur les murs et les objets en représentation de cette légalité de la demande dont ils sont bannis. À la manière des condamnés de la Colonie pénitentiaire décrite par Kafka, sur la peau desquels était tatouée leur sentence de condamnation, les taggers recouvrent les murs, cette peau de la ville, d’un tatouage : la société ultramoderne porte le tatouage de la condamnation du Père » (Leçons VI, p. 205).
Bibliographie
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- Pour introduire le narcissisme 1914,
- Le Moi et le ça 1922
- Bela Grunberger et collectif : Le Narcissisme, l'amour de soi, éd. Sand & Tchou, 1997, ISBN 2710705990
- Bela Grunberger : Le narcissisme, Payot, 2003, ISBN 2228897728
- Cléopâtre Athanassiou-Popesco : Le narcissisme de soi à l'autre, éd. Delachaux et Niestlé, 2003, ISBN 2603012568
- René Roussillon : Agonie, Clivage et Symbolisation, éd. PUF, 1999, ISBN 2130504078
- Alberto Eiguer : Du bon usage du narcissisme, éd. Bayard, 1999, ISBN 2227137665
- Christopher Lasch : La culture du narcissisme. La vie américaine à un âge de déclin des espérances (1979), trad. franç. Michel L. Landa, éd. Climats, 2000, 333 p. ISBN 2 84158 139 X
- Pierre Legendre : Leçons VI. Les enfants du Texte. Étude sur la fonction parentale des États, Fayard, 1992, 470 p. ISBN 2-213-02794-3
- Marie-France Hirigoyen : Le Harcèlement moral: la violence perverse au quotidien, éd. La Découverte & Syros, 1998, ISBN 2841465993
Articles connexes
- Sigmund Freud
- Égocentrisme
- Mégalomanie
- Psychanalyse
- Pervers narcissique
- Névrose narcissique (psychologie)
- Nombre narcissique (mathématiques)
Notes et références
- ↑ Il en fera un ouvrage, intitulé La culture du narcissisme; publié aus Etats-Unis en 1979, il sera traduit en français en 2000 et publié aux éditions Climats.
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