- Litterature belge
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Littérature belge
Parce que la Belgique est un pays biculturel, il n'y a pas, à proprement parler, de "littérature belge" qui réunisse l'ensemble des auteurs flamands et wallons. Les écrivains belges font partie et participent soit à la littérature française, soit à la littérature néerlandaise, voire allemande (dans les Cantons de l'Est). D'autrepart, la Belgique n'existant pas avant 1830, on entendra par "auteurs belges", les écrivains, francophones ou néerlandophones, vivant ou ayant vécu sur le territoire belge actuel.
Les écrivains flamands sont couramment lus aux Pays-Bas, et vice-versa ; les écrivains belges francophones sont couramment lu en France et inversement. Mais il est très rare qu'une oeuvre en néerlandais pénètre la sphère culturelle francophone et réciproquement les auteurs belges francophones se tournent généralement vers Paris plutôt que vers leurs voisins du nord.
On peut également ajouter qu'il existe une littérature régionale, notamment wallonne.
Sommaire
Littérature belge francophone
La Belgique actuelle devient pour une grande partie francophone au XVIe siècle dans les cercles aristocratiques et les sphères de pouvoir. Cependant le flamand ou plutôt le néerlandais se maintient par exemple dans la justice, ainsi que dans la législation. La littérature n'atteint plus le niveau des siècles précédents, en grande partie à cause de l'émigration d'une importante élite vers les Provinces Réunies de Hollande pendant les guerres de religion.
Le peuple non éduqué reste essentiellement dialectal (flamand occidental, flamand oriental, brabançon et limbourgeois au nord, wallon et picard au sud, avec quelques nuances. La cour bourguignonne, puis habsbourgeoise espagnole et surtout autrichienne, est francophone. Ce phénomène de francisation sera encore plus vrai durant la période française qui se termine en 1815 (cf. histoire de Belgique). Mais il en est ainsi de toute l'Europe.
Néanmoins des tentatives de valorisation de la langue flamande et néerlandaise ont vu le jour en Belgique (cf. l'œuvre écrit de David Joris). La répression espagnole et la contre-réforme tridentine ont cependant étouffé ces velléités dans l'œuf (interdiction de la lecture de la Bible, etc.). De plus l'intelligencia flamande avait fui sous Charles Quint et Philippe II vers le Nord essentiellement, au-delà des frontières des Pays-Bas du Sud. L'élite restée au pays était donc en grande partie francophone ou plutôt l'élite en Flandre pouvait s'exprimer dans les deux langues.
La Belgique actuelle date de 1830. C'est un état francophone bâti en opposition au régime orangiste néerlandais. L'enseignement est donc essentiellement francophone également dans un souci jacobin de franciser les classes sociales supérieures puis moyennes et par là les masses populaires.
C'est à partir de la fin du XIXe siècle que la littérature belge francophone prend véritablement son essor avec des grands noms comme : Georges Rodenbach, Émile Verhaeren, Maurice Maeterlinck. Au XXe siècle des auteurs comme Géo Norge, Marie Gevers, Thomas Owen, Jean Ray, Arthur Masson, Michel de Ghelderode, Camille Lemonnier, Simenon, les surréalistes Paul Nougé, Louis Scutenaire, Irène Hamoir, ou plus récemment Suzanne Lilar, Françoise Mallet-Joris, Conrad Detrez et Amélie Nothomb montrent que la littérature belge francophone est bien vivante. De plus, la Communauté française de Belgique est si l'on peut dire le pays de la bande dessinée et de grands noms comme Hergé, Jijé et Franquin ont beaucoup apporté au rayonnement culturel du pays.
Article connexe : Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.Les différentes phases
[réf. nécessaire] On constate l'existence de différentes phases dans la littérature belge francophone.
- Durant la première phase, qui débuta à la création de la Belgique en 1830 avant de s'atténuer à la fin de la première Guerre mondiale, en 1918, la plupart des écrivains n'hésitent pas à clamer, via leur style, leur langage et leurs thèmes, leur "belgitude" (mais dans un sens qui n'est pas celui du concept forgé par Claude Javeau en 1976 dans Les Nouvelles littéraires), mais plutôt leur sentiment d'appartenir à une Belgique ayant ses propres caractéristiques, la différenciant des autres pays. Ainsi, ils emploient des mots et expressions venant du français de Belgique ou des dialectes populaires, et mettent en action des personnages belges dans différents endroits de la Belgique.
- Pendant la deuxième phase, qui commença au début du XXe siècle, les auteurs préfèrent adopter une attitude plus "française", en respectant les recommandations de l'Académie, et en racontant des histoires se déroulant généralement dans d'autres pays que la Belgique. Cette deuxième phase est souvent appelée lundisme en référence au Groupe du Lundi qui en fit la théorie. Dans cette phase on considère en résumé que la littérature belge de langue française n'est qu'une littérature française en Belgique.
- Une troisième phase se caractérise par la réaction au lundisme. En 1980 l'écrivain Jacques Sojcher fit paraître un numéro spécial de la revue de l'ULB sous le titre La Belgique malgré tout en vue d'illustrer le concept de belgitude. Michel Biron écrit que cette notion recouvre moins une revendication d'ordre identitaire qu'un malaise d'ordre littéraire [qui...] s'explique à la fois par la très grande proximité de Paris, qui rend la Belgique presque superflue, et par la prégnance d'un discours qui confère à la belgitude une connotation tantôt dérisoire tantôt lourdement politique. [1]
- Une quatrième phase constitue une forte réaction à la belgitude, c'est le Manifeste pour la culture wallonne dont Michel Biron écrit: le manifeste wallon et La Belgique malgré tout paraissent antithétiques tant par la forme que le contenu. Aux soixante-huit "je" du recueil de Sojcher s'oppose le "nous" du manifeste; au "nulle part" des écrivains bruxellois s'oppose "un seul et même territoire", celui de la Wallonie; à l'apolitisme de La Belgique malgré tout s'oppose une revendication clairement politique... [2]
On peut dire que ces tendances marquent, dans un sens ou dans l'autre, chaque écrivain belge francophone ou écrivain belge wallon d'aujourd'hui.
Littérature belge néerlandophone
Il s'agit d'œuvres écrites en néerlandais dans le contexte belge. Une littérature flamande ou néerlandophone abondante et de haut niveau depuis le début du moyen-age florissait sur le territoire qui est devenu la Belgique en 1830. (Il est à remarquer qu'en Belgique on emploie souvent le mot flamand pour désigner la langue néerlandaise, ce qui est considéré un abus de langage) La littérature belge néerlandophone est la littérature belge des écrivains s'exprimant en néerlandais. En Belgique depuis sa naissance en 1830 l'éducation a longtemps été entièrement basée sur le français. S'il existait bien une école primaire où l'apprentissage s'effectuait en flamand, les grades supérieurs ne pouvaient se faire qu'en français, quoique les Flamands fussent majoritaires. Cette situation aboutit à la guerre des langues en Belgique et explique ceci : la littérature belge néerlandophone est moins abondante que la littérature belge francophone. En effet, jusqu'au XXe siècle, du moins dans le contexte Belge (depuis 1830), le néerlandais est resté une langue (ou plutôt, même, un ensemble de dialectes) populaire délaissée par l'élite flamande qui s'exprimait souvent en français. Conséquemment, nombreux furent les écrivains flamands de langue française, comme Maeterlinck, Emile Verhaeren et Marie Gevers. Toutefois, il y en eut aussi qui conservèrent leur langue maternelle pour rédiger leurs oeuvres, tels Guido Gezelle, Félix Timmermans et Marnix Gijsen. D'autres enfin passèrent d'une langue à l'autre. Parmi ceux-ci, le plus illustre changeait de nom de plume en même temps que de langue : il signait "Jean Ray" ses oeuvres écrites en français, "John Flanders" celles rédigées en néerlandais.
Les écrivains flamands sont couramment lus aux Pays-Bas, et vice versa. Parmi les écrivains flamands les plus connus, l'on note Hugo Claus, Louis Paul Boon, Kristien Hemmerechts, Tom Lanoye et Geert van Istendael.
Littérature (de langue) wallonne
Il existe aussi une littérature qui s'écrit et s'imprime depuis plusieurs siècles en wallon. Ou encore en picard et gaumais (ou lorrain) depuis moins de temps. C'est à Liège qu'elle a commencé à être imprimée. Maurice Piron a réalisé l'anthologie (voir bibliographie), de cette littérature certes minoritaire, mais qui s'illustre dans tous les genres: l'essai, la polémique politique ou religieuse, le roman, le théâtre (le théâtre en wallon attire plus de 200.000 spectateurs chaque année), la poésie, la chanson... Notons dans ces différents domaines (liste à titre d'exemple et non exhaustive): Géo Libbrecht, Gabrielle Bernard, Paul André, Guy Cabay, Julos Beaucarne..., écrivains qui s'expriment souvent tant en français que wallon.
La littérature française qui s'est édifiée dans les régions correspondant à l'espace actuel de la Wallonie est marquée au Moyen-Âge, linguistiquement, par des traits wallons ou picards [3] et même on s'accorde à considérer que la Séquence de sainte Eulalie, marquée par ces traits, est le premier texte littéraire "français"[4]. C'est aussi le cas par exemple de Froissart et d'autres plus anciens textes français.
Écrivains belges
- Voir Liste d'écrivains belges par ordre alphabétique
- Voir Liste d'auteurs flamands
- Liste des écrivains wallons sur le Wikipédia wallon (WPW)
- Voir Liste d'écrivains wallons (de langue française)
Bibliographie
- G.Charlier et Joseph Hanse, Histoire illustrée des lettres françaises de Belgique, La Renaissance du livre, Bruxelles, 1958.
- Maurice Piron L'Anthologie de la littérature wallonne, Mardaga, Liège 1979
- Frickx (Robert), Trousson (Raymond) et al. Lettres françaises de Belgique. Dictionnaire des œuvres, I, Le roman, II, La poésie, III, Le théâtre. L’essai et IV, 1981-1990 (Paris-Gembloux : Duculot, 1988, 1988, 1989 et 1994).
- J.-P. Bertrand, M. Biron, B. Denis, R. Grutman (dirs), Histoire de la littérature belge. 1830-2000, Paris, Fayard, 2003.
- Benoît Denis et Jean-Marie Klinkenberg, La littérature belge. Précis d'histoire sociale, Bruxelles, Labor, coll. Espace Nord, "Référence", 2005.
- Bibliographie des écrivains français de Belgique, 5 vol. (jusque O), Bruxelles, Palais des Académies, 1958-1988.
- Christian Berg et Pierre Halen (dir.), Littératures belges de langue française. Histoire et perspectives (1830-2000), Bruxelles, Le Cri, « Histoire », 2000
- Eric Lysoe, Voyage à Visbecq. Roman fantastique belge de 1794, Paris, Anacharsis, 2007 [1]
Voir aussi
- Liste d'écrivains belges par ordre alphabétique
- Culture de la Belgique
- Écrivains de langue française, par ordre alphabétique
- Culture de la Wallonie
Liens externes
- Archives et Musée de la Littérature
- Un site sur les écrivains belges contemporains et aussi sur l'histoire littéraire belge de langue française
- Agenda Arts et Lettres contemporaines de Belgique francophone
- Voici un site qui possède un important fichier bio-bibliographique d'auteurs belges. Il s'agit des « dossiers L ».
- la littérature belge de langue française
Notes
- ↑ Michel Biron, Jacques Sojcher publie la Belgique malgré tout in Histoire de la littérature belge, 1830-2000, Fayard, Paris, 2003, pp. 487-496, p.490
- ↑ Ibidem, p. 496
- ↑ Charlier et Hanse, Histoire illustrée des lettres françaises de Belgique, La Renaissance du livre, Bruxelles, 1958, notamment Maurice Delbouille Les romans et les contes courtois pp. 33-51
- ↑ D.A.S Avalle, Alle origini della litteratura francese, Torino, G.Giappichelli, 1966
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