Les grands noms de l'art verrier et leurs oeuvres

Les grands noms de l'art verrier et leurs oeuvres

Grands noms de l'art verrier et leurs œuvres

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Les gentilshommes verriers

Les nobles étaient d'abord des hommes de guerre. Ils pouvaient aussi cultiver la terre, mais non point se livrer à l'industrie ou au commerce.

Cependant, par exception, la verrerie était considérée comme un art noble. Cela ne voulait pas dire qu'on devenait noble en devenant verrier, mais qu'un noble pouvait exercer ce métier sans déroger. Un dicton du Moyen-Âge, relevé dans l'ouvrage de Gerspach, dit que pour faire un vrai gentilhomme-verrier, il fallait d'abord trouver un noble né et en faire un bon ouvrier.

La noblesse d'alors acceptait assez mal ce partage de privilèges, elle appelait les verriers : « roturiers du verre ». Boileau, qui raillait tant le poète français de Saint-Amand, descendant justement de la noblesse verrière, lui fit décocher par Meynard cette petite épigramme :

Votre noblesse est mince Car ce n'est pas d'un Prince Daphmis que vous sortez, Gentilhomme de verre Si vous tombez à terre Adieu vos qualités.

Mais eux, les rudes travailleurs des fournaises à verre, tenaient beaucoup à leur qualité de noble. Ils avaient le titre d'Écuyer du Roi, portaient l'épée et le chapeau brodé. Ils possédaient cheval et chiens de chasse et profitaient des privilèges de la noblesse.

Par privilège du roy...

Les gentilshommes verriers ont toujours soutenu que leurs privilèges avaient été octroyés par le roi saint Louis qu'ils avaient suivi en croisade; en réalité c'est plus vraisemblablement à Philippe III le Hardi (règne : 1270-1285) son fils, qu'ils durent les privilèges attachés à la qualité de verrier.

Il n'existe pas de documents authentiques se rapportant à cette époque, mais le procureur du roi, Ignace Chrétien, disait : « ce n'est qu'après avoir versé leur sang et ruiné leur fortune que ces nobles obtinrent de la générosité du roi saint Louis une planche après leur naufrage. »

Pour établir une verrerie, il fallait un privilège, c’est-à-dire une autorisation du roi donnée par lettre patente :

...En l'an 1330 fut donné le pouvoir par le roi Philippe IV à Philippe de Cazeray, écuyer, premier inventeur des plats de verre appelé verre de France, comme portant son nom, de faire établir une verrerie proche Bézu en Normandie, qui fut nommée La Haye.

En Normandie, quatre familles nobles, les Caqueray, Bongars, Brossard et Le Vaillant, reçurent de tels privilèges pour l'établissement de grosses verreries fabriquant du verre à vitres.

Dans les petites verreries, on soufflait vases, gobelets et verres à boire.

Les verriers bouteillers soufflaient bouteilles et flacons. Les patenôtriers fabriquaient chapelets, perles, boutons, bracelets, colliers en verre coloré ou émaillé.

Un des plus anciens privilèges octroyé aux verriers est un acte signé de Charles VII. Ce document, daté du 24 janvier 1399, fait partie de la collection Moreau à la Bibliothèque nationale. On peut y lire que « Droicts et privilèges sont donnés à tous gens travaillant aux fours à verre. Permission est donnée aux nobles de naissance d'exercer le mestier de verrier sans déroger à leur « noble estat ».

En 1448, après les guerres qui par longue espace de temps ont régné audit pays (la guerre de cent ans), quatre familles nobles de verriers lorrains obtenaient d'importants privilèges : - Ils étaient autorisés à établir ou rétablir des verrières (ou voirreries). - Ils étaient dispensés de tous impôts et du logement des gens de guerre. - Leurs marchandises pouvaient circuler librement sans payer aulcun passaige, gabaile, ni tributz quelconques. - Ils avaient le droit de couper dans les forêts le bois nécessaire au chauffage au four et aux réparations des bâtiments moyennant une faible redevance. - Ils pouvaient enfin chasser les bestes grosses et rousses à chiens et harnois de chasse et faire paître dans les bois 25 porcs par verrerie.

Pour tous ces droits et privilèges, le cens (ou la redevance) réclamé était souvent minime. En exemple, en 1416, les de Cacqueray, propriétaires exploitants de plusieurs verreries versaient « ung escu d'or » par année. D'autres 60 boisseaux d'avoine. En Lorraine, en l'an 1502, les de Hennezel (que l'on retrouve aussi en Languedoc) avaient à fournir au duc de Lorraine comme charge « ung petit assortiement de voèrres pour la table à chaque an ». Jusque vers la fin du XVIe siècle, les gentilshommes-verriers vivaient comme de véritables patriarches. Leurs rudimentaires demeures construites sommairement et en pleine forêt tenaient beaucoup plus des cabanes de charbonniers ou de bûcherons que des somptuaires habitations des « aultres nobles du Royaume ».

Les fréquents déplacements dans les forêts, à la recherche continuelle de combustible, leur dictait un batissemen rapide et simplifié. Il est vrai que la vie active menée par ces artisans du feu les obligeait à demeurer plus souvent autour du four qu'à l'intérieur de leurs rustiques maisons.

A boire pour ces Messieurs (Normandie)

La chaleur était terrible devant le four et le soufflage du verre altérait beaucoup, aussi , à proximité de la halle, était aménagée une sorte de buvette.

Toutes les heures, les petits tiseurs criaient sur un tont chantant: A boire pour ces Messieurs! en ajoutant le nom de celui qui devait aller chercher le cidre frais.

Quand le moment du diner approchait, les petits tiseurs criaient trois fois hors de la halle: A dîner pour ces Messieurs! Les verriers passaient alors un haut-de-chausse et se rendaient à la salle à mangeroù on leur servait une soupe, un morceau de viande bouillie et une entrée. Une heure plus tard le travail reprenait.

La « révéillée »

Les équipes se relayaient toutes les 12 heures sans autre arrêt que celui du dimanche (du samedi vers minuit au lundi à une heure du matin).

Le four restait allumé 12 à 15 mois et même davantage, jusqu'à ce qu'il eût besoin d'être réparé. Le temps de la réparation était appelé la mort du four et la période de travail une révéillée. Les gentilshommes verriers signaient un contrat pour une réveillée et recevaient du maître-verrier un chapeau brodé et un pot à vin en argent. Dès que la révéillée avait commencé, ils devenaient les hôtes du maître-verrier qui les recevait dans son manoir et à sa table, faisait entretenir leur linge et leurs armes, soigner leurs chevaux et leurs chiens.

Emigration des protestants

Vers 1565 des huguenots de Normandie et de Lorraine s'installèrent en Angleterre, pays protestant. Parmi eux se trouvaient des gentilshommes verriers. Ils durent s'adapter à la vie dans leur nouveau pays, et leurs noms furent prononcés puis écrits à l'anglaise: les Caqueray, Bongars, Thiétry, Hennezel devinrent Cockery, Bungar, Tittory, Henzy.

Pour les mêmes raisons des verriers lorrains émigrèrent en Nivernais, Puisaye et Berry, notamment les Hennezel; Finance et du Houx. Certains s'y allièrent aux familles de gentilshommes locaux -voire bourgeoises- en donnant naissance à de nouvelles lignées.

L'origine de la Dame-Jeanne

Chassée de son royaume de Naples, la Reine Jeanne vint se réfugier en 1347 dans son comté de Provence passant par la route de Grasse à Draguignan.

Surprise par un violent orage, on lui indiqua pour asile le petit château du gentilhomme verrier au hameau de « Saint Paul la Galline Grasse ».

Après y avoir passé la nuit, la reine désira voir fabriquer les flacons. Un peu troublé, le verrier souffla dans le mors de sa canne, et réalisa une bouteille énorme qui fit l'admiration de tous par sa contenance d'une dizaine de litres. Il décida d'en lancer la fabrication et l'appela reine-Jeanne, mais la souveraine suggéra modestement de lui donner le nom de « dame-jeanne ». Pour protéger cette grosse bouteille, le verrier l'habilla d'osier.

Liste de gentilshommes verriers

Une liste (non exhaustive) de noms de familles de verriers

  • dans le Languedoc :

Aigalliers, Audoin (d'Audoin) ou Audouy (d'Audouy), Azémar, Bagard, Bertin, de Borniol, de Balfons, Cabanel, Castelviel, Caylar, Colomb, Coursac, Clausel, Faucon, Ferre, Gazelles, Giral, Girard (venus du Poitou), Granier, de Grenier (voir Famille Grenier), Greffeuille, Guizon, Hennezel, La Roque, Lauzières, Michelet, Montolieu, Meylet, Noquez, Odoard, Pelegrin, du Pont, Queylat (Caylar), Ricome, de Riols, de Robert, des Roys, Suère, Thizac, Valette, de Verbizier, Virgile...

  • dans la Nièvre :

La Bussière (de), Brossart (de), Virgille (de)

  • dans les Vosges:

d'Hennezel, du Houx, de Finance, de Massey, Thiétry, Bongard

Notes et references

Michel PHILIPPE, Naissance de la verrerie moderne, XIIè - XVIè siècles (ISBN 2-503-50738-7) 

Verreries anciennes

Les verreries anciennes sont en général désignées par leur lieu de production :

Verriers du XIXe

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, grâce à leurs innovations techniques et artistiques, quelques verriers se font un nom :

Verriers du XXe

Le phénomène se généralise vers l'an 1900 où beaucoup d'œuvres sont signées, en particulier dans l'entourage de l'École de Nancy :

Artistes contemporains

De nombreux artistes contemporains s'expriment dans le verre, beaucoup d'entre eux participent aux activités de l'université du verre de Sars-Poteries.

Groupes industriels

Quelques groupes industriels :

  • Jeumont
  • AGC flat glass Europe
  • GLACES De BOUSSOIS-59 créées en 1898(qui ont repris Jeumont et Recquignies en 1908) devenu après plusieurs changements AGC flat Glass Europe - Usine de Boussois.
  • Cristalleries de Champagne à Bayel (Aube)
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