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Le Livre noir de la psychanalyse
Le Livre noir de la psychanalyse, publié sous la direction de Catherine Meyer, est un corpus d'articles de plus de 800 pages dont l'ambition affichée est de remettre en cause les théories et de souligner les échecs de la psychanalyse. Ce livre, paru en septembre 2005, rassemble une quarantaine d'auteurs de différentes nationalités et de différentes spécialités : historiens, psychiatres, philosophes...
Sommaire
La critique
Le livre vient décrier la psychanalyse comme théorie (métapsychologie) et comme pratique selon plusieurs axes, dont on peut dégager l'essentiel, à partir des cinq parties qu'il contient :
- La Face cachée de l'histoire freudienne,
- Pourquoi la psychanalyse a-t-elle eu un tel succès ?,
- La Psychanalyse et ses impasses,
- Les Victimes de la psychanalyse,
- Il y a une vie après Freud.
Les mensonges (La Face cachée de l'histoire freudienne)
Dans ce livre sont présentés de manière synthétique, sinon résumée, les principaux travaux des historiens indépendants et critiques du freudisme et de la psychanalyse. Cette présentation s'articule autour des sections suivantes :
- Mythes et légendes de la psychanalyse,
- Les Fausses Guérisons,
- La Fabrication des données psychanalytiques,
- L'Éthique de la psychanalyse ?
Leur principal objectif de recherche est de démontrer le décalage important entre l'histoire réelle de la psychanalyse et celle concernant le personnage de Freud par rapport à l'histoire officielle. Ces historiens, pour la plupart anglo-saxons, et se nommant, entre eux, les Freud Scholars (« érudits de Freud »), démontreraient avec des preuves historiographiques vérifiables, que ce sont des légendes construites autour de Freud et de la psychanalyse qui obstruent la vérité sur ce que furent et ce que sont encore aujourd'hui l'un et l'autre. Ils argumentent, comme l'écrit Mikkel Borch-Jacoben, sur le fait que la psychanalyse ne résisterait pas à « la police du passé ».
Ces historiens démontrent les mensonges de S. Freud (et de certains de ses hagiographes) au sujet de: 1. ses études cliniques, 2. son matériel clinique, 3. ses résultats thérapeutiques, 4. de la portée et de l'innovation de ses résultats théoriques et pratiques, et 4. sur ses méthodes de travail. Ils révèlent, par ailleurs, l'édification progressive de légendes autour de sa personne, de son prétendu génie scientifique, et de l'efficacité révolutionnaire de la thérapie psychanalytique.
Le travail d'historiens comme Frank Sulloway dans Freud biologiste de l'esprit, celui de Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani dans Le Dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse, ainsi que les travaux de Frédérik Crews, Frank Cioffi, Han Israëls, Jacques Van Rillaer, Robert Wilcocks, Alen Esterson, Richard Webster, Richard Pollak, Patrick Mahony (psychanalyste), etc., tendent tous vers la démystification de ce qui est perçu par les auteurs de ce livre, comme les diverses légendes mensongères et désinformatrices construites et entretenues autour de Freud et de la psychanalyse. La publication des lettres de Freud à Fliess, va également dans le sens de ce travail, même si beaucoup d'archives entreposées à la bibliothèque du Congrès à Washington sont encore sous clé et interdites jusque vers 2052 aux regards des historiens.
Le Livre noir de la psychanalyse représente non la somme exhaustive des travaux des historiens, mais une approche résumée de ces travaux. Il fut écrit dans le but d'inciter à s'informer plus en détails sur ces travaux, mais aussi de divulguer des informations indispensables au grand public français.
Certains historiens importants et critiques de la psychanalyse, comme Jacques Bénesteau, n'ont pas participé à ce livre, ainsi que des philosophes, comme Jacques Bouveresse.
La méthode
La psychanalyse (comme méthode d'exploration du psychisme, comme ensemble de théories et comme thérapie) se voit critiquée d'un point de vue méthodologique et, à la suite de Karl Popper, épistémologique. Cependant, certains auteurs du Livre noir, comme Crews ou Cioffi, contestent quelque peu la critique de Karl Popper sur l'irréfutabilité du corpus freudien.
L'efficacité
La psychanalyse comme thérapie, soit la cure psychanalytique, est critiquée en tant que peu efficace, peu sûre, par opposition aux thérapies cognitivo-comportementales issues du béhaviorisme et de la psychologie cognitive qui lui a succédé.
La légitimité du praticien
Dans certaines sociétés ou groupes, l'analyste est un ancien analysé sans autre légitimité universitaire ni d'obligation de diplômes, sa pratique flirte, selon certains, avec l'exercice illégal de la médecine. Melanie Klein, Anna Freud, Otto Rank, Theodor Reik, Marie Bonaparte, Lou Andreas-Salomé, pour ne citer qu'eux, n'étaient ni médecins ni psychologues. Des auteurs du livre font par ailleurs savoir que la pratique de l'analyse freudienne s'est démodée dans une grande partie du monde, à l'exception de la France, de l'Argentine et la Suisse.
La sclérose
Le livre pointe du doigt l'inertie des psychanalystes freudiens et lacaniens dont les pratiques et les théories s'éloigneraient de plus en plus des avancées de la connaissance de la psyché :
« Hier insurgés et de toutes les avant-gardes, les freudiens et les lacaniens sont devenus aujourd'hui des intellectuels sourcilleux et volontiers agressifs, défendant leur bastion avec dogmatisme. La sclérose de la réflexion est patente : refus de diffuser les travaux des historiens critiques de Freud, fermeture aux découvertes scientifiques dérangeantes et censure des travaux qui évaluent l'efficacité des psychothérapies (peu favorables à la psychanalyse...) »— Extrait du dossier de presse du Livre noir de la psychanalyse
L'omerta
De nombreux auteurs du livre et ceux qui sont responsables de sa création, dénoncent une loi du silence médiatique qui entoure d'après eux, en France, la critique de la psychanalyse. Le verrouillage d'une partie des archives de Freud par ses ayants droit est aussi critiqué.
Auteurs
Auteurs principaux
- Mikkel Borch-Jacobsen, auteur de Anna O. une mystification centenaire, historien de la psychanalyse.
- Jean Cottraux, psychiatre des hôpitaux, thérapeute cognitivo-comportemental, directeur de l'Unité de traitement de l'anxiété au CHU de Lyon
- Didier Pleux, docteur en psychologie du développement, psychologue clinicien et directeur de l’Institut français de thérapie cognitive
- Jacques Van Rillaer, Professeur de psychologie à l'Université de Louvain-la-Neuve et aux Facultés universitaires Saint-Louis, practicien des thérapies comportementales et cognitives.
Autres collaborateurs
- Catherine Barthélémy, chef de service de pédopsychiatrie au CHU de Tours
- Aaron Beck, spécialiste en thérapies cognitives
- Madeleine Beaudry, professeur à l'Université Laval - Québec
- Jean-Marie Boisvert, professeur à l'Université Laval - Québec
- Filip Buekens, philosophe à l'Université de Tilburg aux Pays-Bas.
- Frederick Crews, professeur émérite à Université de Berkeley en Californie
- Frank Cioffi, philosophe et historien des sciences à l’université du Kent, Cantorbéry.
- Jean-Jacques Déglon, psychiatre suisse spécialisé dans l'étude de la toxicomanie.
- Albert Ellis, psychothérapeute de l'approche émotivo-rationnelle (70 ouvrages)
- Allen Esterson, physicien et mathématicien, auteur de Seductive Mirage : An Exploration of the Work of Sigmund Freud.
- Violaine Guéritault, spécialiste du syndrome du burn-out, docteur en psychologie, diplômé de Georgia State University où elle a enseigné plusieurs années
- Émilie Hermant, psychologue clinicienne, coordinatrice du Centre Georges Devereux
- Allan Hobson, professeur de psychiatrie à la Harvard medical School et directeur du laboratoire de neurophysiologie au Massachusetts Mental Health Center.
- Han Israëls, enseignant en psychologie judiciaire à l'Université de Maastricht
- Patrick Légeron, médecin psychiatre à l’Hôpital Sainte-Anne à Paris.
- Malcolm Macmillan, président de la Société internationale pour l’Histoire des Neurosciences, et professeur à l’école de psychologie de l’Université de Deakin en Australie
- Patrick Mahony, psychanalyste américain [1], enseignant à l'Université de Montréal, membre de la Société royale de psychanalyse du Canada et lauréat d'une bourse Killam.
- Tobie Nathan, professeur de psychologie clinique et pathologique à l'Université de Paris VIII
- Antoine Pelissolo, docteur en médecine, psychiatre à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris.
- Philippe Pignarre, directeur de la maison d'édition Les Empêcheurs de penser en rond. Ancien employé de l'industrie pharmaceutique, qu'il critique à présent violemment.
- Richard Pollack, journaliste
- Joëlle Proust, Directrice de recherche au CNRS, Agrégée de Philosophie
- Frédéric Rosenfeld, psychiatre libéral à Lyon.
- Sonu Shamdasani, historien de la médecine et des sciences, chercheur au Wellcome Trust Centre for the History of Medicine au University College de Londres, spécialiste de Carl Gustav Jung, auteur notamment de Psychologie du yoga de la Kundalinî.
- Edward Shorter, historien de la médecine, enseignant à la Faculté de médecine de l’Université de Toronto.
- Isabelle Stengers, philosophe et historienne des sciences, chargée de cours à l'Université Libre de Bruxelles.
- Frank Sulloway, historien des sciences à l’Université de Californie à Berkeley
- Pascal de Sutter, docteur en psychologie et sexologue clinicien d’origine belge
- Peter Swales, spécialiste de Freud.
La polémique
De nombreux journaux ont fait état de cette publication et relayé les débats soulevés par le livre, notamment Le Point, Le Nouvel Observateur, Le Monde ou encore Libération.
Les défenseurs du freudisme ont accusé le livre d'être une publicité déguisée pour la psychothérapie cognitivo-comportementale. Elisabeth Roudinesco s'en est, quant à elle, prise à l'éditeur, Les Arènes, qu'elle accuse d'être voué aux « thèmes conspirationnistes »[réf. nécessaire].
Articles connexes
Liens externes
- Dialogue entre Jacques Van Rillaer et Alain de Mijolla
- Un commentaire
- Dossier sur le site de l'éditeur
- Commentaires d'Elisabeth Roudinesco
- L'Inconscient et le Livre noir de la psychanalyse, notes du séminaire (2005-2006) de Guy Massat.
- Une lecture du « Livre noir de la psychanalyse », réponses au livre noir sur le site de la Société Psychanalytique de Paris, par Bernard Brusset
- La fraude de Freud : les glissements polémiques de M. Borch-Jacobsen par Pierre-Henri Castel (article traitant d'écrits antérieurs de M. Borch-Jacobsen)
- Les controverses, les livres noirs (fichier pdf) sur le site du syndicat national des praticiens en psychothérapie
- Le site de l'AFIS, Science et pseudo-sciences avec de nombreux articles et dossier sur la psychanalyse et sur le Livre noir.
Références
- Le livre noir de la psychanalyse, Sous la direction de Catherine Meyer, 2005, Les Arènes, (ISBN 2-91248-588-6)
- L'Anti-Livre noir de la psychanalyse, Sous la direction de Jacques-Alain Miller, Paris, Le Seuil, 2006, (ISBN 2-02085-774-X)
- Sonia Arnal, Daniel Sibony, « Psychanalyse. Freud cloué au pilori », L'Hebdo, 13 octobre 2005
- Jean Birnbaum, « Catalogue de la détestation antifreudienne », Le Monde, 9 septembre 2005
- Pourquoi tant de haine?: Anatomie du Le Livre noir de la psychanalyse, Elisabeth Roudinesco, Jean- Pierre Sueur, Roland Gori, Pierre Delion, Jack Ralite. Navarin Éditeur, Paris, octobre 2005 (ISBN 2-95191-699-X)
- Les arguments des détracteurs du « Livre noir de la psychanalyse », Jean-Paul Krivine, Science et pseudo-sciences no 271, mars 2006, pp.17–23
- Paul-François Paoli, « Psychanalyse : traité de tous les non », Le Figaro, 15 septembre 2005
- "La guerre des psys. Manifeste pour une psychothérapie démocratique", Sous la direction de Tobie Nathan, 2006, Les Empêcheurs de penser en rond, (ISBN 2-84671-149-6)
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