- Le Quai des brumes (film)
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Le Quai des brumes
le Port du Havre, lieu de l'action où se déroule le film
Données clés Réalisation Marcel Carné Scénario Jacques Prévert (adaptation) Pierre McOrlan (roman) Acteurs principaux Jean Gabin Michel Simon Michèle Morgan Pierre Brasseur Sociétés de production Gregor Rabinovitch Pays d’origine France Genre Drame Sortie 1938 Durée 91 minutes Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Pour les articles homonymes, voir Le Quai des brumes.Le Quai des brumes est un film français réalisé par Marcel Carné en 1938, rattaché à la veine du réalisme poétique, adapté du roman Le Quai des brumes de Pierre Mac Orlan publié en 1927.
Le film, récompensé du Prix Louis Delluc en 1938[1] et marquant la troisième collaboration entre Carné et Jacques Prévert après Jenny et Drôle de drame, met en vedette Jean Gabin, Michel Simon, Michèle Morgan et Pierre Brasseur et est devenu un classique du cinéma français, notamment pour sa célèbre réplique « T'as d'beaux yeux, tu sais! », dite par Jean Gabin.
Bien qu'ayant rencontré un énorme succès public et critique à l'époque de sa sortie en salles, Le Quai des brumes a fait l'objet de controverses à l'époque, en raison de ses personnages à l'opposé des films tournés à l'époque du Front Populaire, la noirceur du script et la réaction très critique du réalisateur Jean Renoir.
Le titre est parfois orthographié Quai des brumes[2].
Sommaire
Synopsis
Jean (Jean Gabin), un déserteur de l'armée coloniale, arrive au Havre d'où il veut quitter la France. Dans le bistrot de Panama, un original, il fait la connaissance de Nelly (Michèle Morgan), jeune fille mélancolique terrorisée par son tuteur Zabel (Michel Simon) qu'elle soupçonne d'avoir assassiné Maurice, son amant. Pour défendre Nelly, Jean tue Zabel. Alors qu'il s'enfuit pour le Venezuela, il est assassiné par Lucien (Pierre Brasseur), un jeune truand local dont il s'est attiré la haine.
Fiche technique
- Titre : Le Quai des brumes
- Réalisation : Marcel Carné
- Scénario d'après Le Quai des brumes de Pierre Mac Orlan (Gallimard 1927)
- Adaptation et dialogues : Jacques Prévert
- Société de production : Ciné-Alliance
- Chef de production : Gregor Rabinovitch
- Directeur de production : Simon Schiffrin
- Distribution : Ciné Alliance Mondial - Les films Osso
- Photographie : Eugen Schüfftan
- Opérateur : Louis Page, assisté de Marc Fossard et Pierre Alekan
- Assistants réalisateurs : Claude Walter et Guy Lefranc
- Son : Antoine Archimbaud
- Montage : René Le Hénaff, assisté de A. Chourat
- Décors : Alexandre Trauner assisté de Paul Bertrand
- Maquillage : Paule Déan
- Photographe de plateau : R. Kahan
- Régisseur général : Mme Goulian
- Costumes : Chanel
- Musique : Maurice Jaubert
- Affiche : Clément Hurel
- Genre : Drame
- Durée : 91 minutes
- Format : 35 mm, noir et blanc - 1,37:1
- Mixage : RCA Photophone System
- Tournage : janvier et février 1938
- Pays : France
- Lieux de tournages : Studios de Joinville et Le Havre pour les plans extérieurs
- Dates de sorties en salles :
Distribution
- Jean Gabin : Jean, le déserteur
- Michèle Morgan : Nelly, la jeune fille sous tutelle
- Michel Simon : Zabel, le tuteur de Nelly
- Pierre Brasseur : Lucien Le Gardier, chef de bande
- Édouard Delmont : Panama, le patron de l'auberge
- Aimos : Quart-Vittel
- Robert Le Vigan : Michel Krauss, le peintre
- René Génin : Docteur Mollet
- Marcel Pérès : Le chauffeur du camion
- Jenny Burnay : Une fille, amie de Lucien
- Roger Legris : Le garçon d'hôtel
- Claude Walter : « L'orphelin » (non crédité)
- Raphaël : Bébé, le deuxième complice (non crédité)
- Gaby Wagner : un complice (non crédité)
- Martial Rèbe : Le client
- Léo Malet : un soldat (non crédité)
- Marcel Melrac (non crédité)
- Raymond Pélissier (non crédité)
- Jacques Soukoff : homme de main de Lucien
- Le chien Kiki : le chien[3]
T'as d'beaux yeux, tu sais!
C'est dans ce film qu'on trouve le célèbre dialogue entre Jean Gabin (Jean) et Michèle Morgan (Nelly) :
JEAN. – T'as d'beaux yeux, tu sais!.
NELLY. – Embrassez-moi.
JEAN. – Nelly!
NELLY. – Embrasse-moi encore.
On trouve également d'autres répliques savoureuses, comme « vaut mieux avoir cette tête-là que pas de tête du tout », prononcée par Michel Simon.
Le film sortit en Italie avec des dialogues modifiés par la censure fasciste, qui transforma le personnage de Jean Gabin (un déserteur) en un militaire en permission.
Récompenses
- Prix Louis-Delluc 1939
- Grand Prix national du cinéma français 1939
- Prix Méliès de l'Académie du film (ex æquo avec La Bête humaine de Jean Renoir)
Anecdote
Lors du tournage, Pierre Brasseur, qui parla en mal de Michèle Morgan, s'attira la rancune de Jean Gabin. Ce dernier, très fâché, lorsqu'il dut gifler Pierre Brasseur dans l'une des scènes, ne retint pas son coup. Et on obtint alors l'une des plus belles paires de claques de l'histoire du cinéma.
Autour du film
- L'action du roman se déroule à Paris, sur la Butte Montmartre, dans les années 1910 à l'époque des apaches. Marcel Carné et Jacques Prévert déplacent l'intrigue au Havre. Après lecture, Pierre Mac Orlan approuve avec enthousiasme le scénario.
- Le film a été interdit aux moins de 16 ans lors de sa sortie en salles, et même interdit sous l'Occupation par la censure française[3].
Polémiques
Dès sa sortie, le film est l'objet de nombreuses polémiques.
Un soldat déserteur, un vieillard assassin qui tente de violer sa filleule, un peintre qui peint les choses derrière les choses, le noyé derrière le nageur, un patron de bistrot fournissant des faux papiers, un voyou et sa bande sont des personnages n'ayant aucun rapport avec ceux mis en scène à l'époque du Front populaire.
Le réalisateur Jean Renoir est très critique baptisant le film Le Cul des brèmes et disant que « ce film est une propagande fasciste parce qu'elle montre des individus tarés, immoraux et que l'on pense immédiatement qu'il faudrait un dictateur pour remettre de l'ordre là-dedans ». À l'époque, Jean Renoir était proche du parti communiste et avait réalisé des films glorifiant la classe ouvrière : Le ciel est à nous , Le Crime de Monsieur Lange.
Le scénariste et dialoguiste Henri Jeanson prend la défense de Carné et Prévert et accuse Renoir d'être du « parti à cellules et à oubliettes ».
Marcel Carné racontera plus tard qu'une grave altercation opposa Jean Renoir à Jacques Prévert, ce dernier menaçant Renoir de lui casser la gueule s'il continuait à dire que ce film est un film fasciste (bien qu'ils aient tous deux auparavant travaillé ensemble en 1936 pour le film Le crime de Monsieur Lange). Renoir lui rétorque qu'il voulait simplement dire que les personnages avaient la tripe fasciste.
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
- Le Quai des brumes sur l’Internet Movie Database - Version plus complète en anglais
- (fr) Le Quai des brumes sur AlloCiné
- (fr) Le Quai des Brumes sur Studio Canal.com
Notes et références
Catégories :- Film français
- Film réalisé par Marcel Carné
- Peinture au cinéma
- Adaptation d'une œuvre littéraire au cinéma
- Prix Louis-Delluc
- Film en noir et blanc
- Mac Orlan
- Jacques Prévert
- Film sorti en 1938
- Film dont l'action se déroule en Haute-Normandie
- Film tourné au Havre
- Film de StudioCanal
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