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La Bête humaine
La Bête humaine est un roman d'Émile Zola publié en 1890, le dix-septième volume de la série Les Rougon-Macquart. L'histoire évoque le monde du chemin de fer et se déroule tout au long de la ligne Paris-Le Havre. On a coutume de dire qu'elle comporte deux héros : d'une part le mécanicien Jacques Lantier et de l'autre sa locomotive, la Lison, que Lantier aime plus qu'une femme. Outre son aspect documentaire, La Bête humaine est un roman noir, sorte de thriller du XIXe siècle ; c'est aussi un roman sur l'hérédité, Jacques souffrant d'une folie homicide que Zola rattache à l'alcoolisme des Macquart.
Il est en effet le fils de Gervaise Macquart et d'Auguste Lantier (voir L'Assommoir). Il éprouve depuis l'enfance des douleurs qui lui traversent le crâne. Ces douleurs continuent à la puberté, s'accompagnant de pulsions meurtrières auxquelles il n'arrivera jamais à échapper vraiment : le désir physique d'une femme s'accompagne chez lui d'un irrésistible besoin de la tuer. Sur le point de posséder sa cousine Flore, il préfère fuir, car il s'apprêtait à la tuer. Plus tard, il parvient néanmoins à devenir l'amant de Séverine Roubaud et se croit guéri. Mais un jour, la bête reprend le dessus sur lui et il finit par massacrer sa maîtresse.
Résumé de l'histoire
Mécanicien sur la ligne Paris-Le Havre, Jacques Lantier, 26 ans, vient souvent lorsqu'il est en congé chez sa marraine Phasie Misard, qui vit dans le logement de fonction du garde-barrière. La tâche de garde-barrière est confiée à Misard, son mari et à sa fille Flore. En épousant Misard, Phasie a gardé pour elle un magot de 1000 francs qu'elle refuse de partager avec lui. Pour pouvoir entrer en possession de l'argent, Misard l'empoisonne lentement en versant du salpêtre dans son sel, mais la tuera finalement avec de la mort aux rats. Après la mort de sa femme, Misard fouille toute la maison mais ne trouvera jamais l'argent, soigneusement dissimulé par Phasie dans un endroit connu d'elle seule.
De son côté, Flore, 18 ans, est une jeune fille sauvage, dotée d'une force d'homme, qui repousse toutes les avances de ses soupirants, mais finit par tomber amoureuse de Lantier qui n'aime que sa locomotive. Au moment de la posséder, Jacques est en proie à une pulsion meurtrière et s'enfuit pour ne pas la tuer. Terrifié à l'idée d'assassiner sa cousine, il choisit de s'éloigner d'elle. Un jour où la locomotive est bloquée par la neige, les passagers du train se réfugient chez Flore, qui découvre que Lantier a une maîtresse, Séverine Roubaud. Rongée par le chagrin et la jalousie, elle provoque un accident ferroviaire. Cette catastrophe entraîne la mort de la Lison, mais Séverine et Jacques s'en sortent indemnes. Jacques la sachant coupable, Flore se suicide, happée par un train dans le tunnel de Malaunay, proche de chez elle. Reconstruite, la Lison n'égalera plus jamais ses bonnes performances d'antan, accentuant le malaise dans son équipe de conduite.Parallèlement à la vie chez les Misard se déroule une autre intrigue. Roubaud, sous-chef de gare au Havre, employé modèle, apprend par hasard mais de la bouche de Séverine que Grandmorin, son protecteur et président de la Compagnie des chemins de fer, a abusé d'elle dans son enfance. Fou de jalousie, il ne peut le supporter. Grandmorin ayant invité Séverine à une longue promenade, qui refuse tout d'abord, puis, sur l'injonction de son mari, lui écrit une lettre pour accepter. Cette lettre lui indique de prendre un certain train. Aidé de sa femme, Roubaud assassine sauvagement Grandmorin dans un wagon de l'express Paris - Le Havre.
En regardant passer le train (alors qu'il vient de s'enfuir après son aventure avec Flore), Jacques Lantier entrevoit l'assassinat. L'enquête sur le meurtre est confiée au juge d'instruction Denizet. Appelé à témoigner, Lantier reconnaît les coupables à ce moment mais refuse d'accuser Séverine. Cette dernière, sachant qu'il a vu le crime, le séduit et devient sa maîtresse, tandis que le juge accuse un innocent. Les deux amants se voient le plus souvent à Paris, mais finissent par être surpris par Roubaud. Ce dernier, indifférent, ne dit rien, ivre et préoccupé par les dettes qu'il a contractées dans un bar où il sombre dans un jeu compulsif depuis le meurtre. Séverine, rancunière des maltraitances de Roubaud, veut l'assassiner, mais Lantier n'en a pas le courage.Lors de l'un de leur voyage en train pour Paris, Flore, jalouse de Séverine, arrête sur les rails, dans un éclat de folie meurtrière, le chargement de pierres du carrier. Elle souhaite, par cette action désespérée, tuer Jacques et Séverine d'un coup. L'accident se produit et entraîne bon nombre de voyageurs dans une mort atroce. Cependant, Séverine s'en sort sans blessure et Jacques, lui, se remet des siennes en près d'une semaine. Flore, désespérée d'avoir tué pour rien, de voir leur amour triomphant, se suicide avec toute sa force de jeune vierge fière.
Finalement, voulant vivre librement en Amérique, Jacques et Séverine tendent un guet-apens à Roubaud, à la Croix-de-Maufras, une maison proche de chez Flore qui avait appartenu au président Grandmorin. Elle existait avant la construction de la voie ferrée et est plus ou moins abandonnée depuis. Jacques espère que le meurtre de Roubaud lui permettrait de calmer définitivement ses pulsions meurtrières. Mais, alors que Séverine tente de le séduire pour lui donner le courage d'accomplir son forfait, Jacques retombe dans sa folie meurtrière et égorge sa maîtresse, peu de temps avant l'arrivée de Roubaud. Cabuche, un carrier vivant seul dans sa masure loin de la société, arrive sur les lieux avant le mari. Voyant la jeune femme ensanglantée par terre, il entreprend, terrifié, de la mettre dans son lit. Roubaud arrivera à ce moment accompagné de Misard. Cabuche, couvert de sang, semble déja condamné... Cependant, le juge s'étant élaboré un plan très complexe en son esprit, il accuse simultanément Roubaud et Cabuche du meurtre de Séverine mais aussi de celui du président. Ainsi, ils seront retenus coupables et se mériteront les travaux forcés pour le restant de leur vie. Quelques temps après ces évènements, Jacques et son chauffeur se battent sur leur locomotive un jour où Pecqueux est ivre (car il a découvert qu'il y avait une liaison entre Jacques et Philomène, maîtresse de Pecqueux). Ils chutent et se tuent tous les deux, broyés par le train. Le train poursuit seul sa course folle, rempli de soldats partant se battre contre les Prussiens...
Adaptations
- Adaptation cinématographique La Bête humaine (film, 1938) de Jean Renoir.
- Puis, en 1954, Fritz Lang en a fait un remake (Human Desire), le rôle principal étant confié à Glenn Ford. À noter aussi une adaptation théâtrale en 1989, jouée au Théâtre de la Main d'Or en 1989 et 1990.
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