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Laurent-Benoît Dewez
Laurent-Benoît Dewez (14 avril 1731-1er novembre 1812) est un architecte belge originaire de Petit-Rechain dans la banlieue de Verviers. Il est issu d'une famille modeste dont il est déjà le huitième enfant.
Après s’être perfectionné durant quelques années à Rome chez les maîtres de l'art néo-classique et avoir passé un an à Londres au service de l'illustre architecte Robert Adam, il est rentré en 1758 au pays pour la reconstruction de l'abbaye d'Orval.
Sommaire
Spécialiste de l'architecture religieuse
Cette première commande importante, la reconstruction de l'abbaye d'Orval, s’explique par ses liens familiaux avec l’abbaye et par l’intervention de son protecteur, Dom Nicolas Spirlet, futur abbé de Saint-Hubert, bien introduit auprès du gouvernement autrichien. Elle contribue à asseoir sa réputation au sein de la clientèle monastique. Laurent-Benoît Dewez sera associé à la transformation de nombreuses autres abbayes, dont : Saint-Martin de Tournai, Heylissem, Affligem, Floreffe, Forest, Ninove, Gand, Vlierbeek, Dieleghem et Gembloux. Il est également retenu pour reconstruire l’église de l’abbaye du Chapitre Noble à Andenne, l'abbatiale de l'abbaye de Bonne-Espérance à Vellereille-les-Brayeux, la collégiale de Harelbeke et pour remanier le frontispice de l’église abbatiale de Villers. En dehors des commandes religieuses, Dewez est sollicité par Julien Depestre qui cherche à matérialiser sa notoriété par la construction d’une demeure prestigieuse à Seneffe.
Premier architecte du Gouverneur des Pays-Bas autrichiens
Ses travaux dans les abbayes étant strictement contrôlés par l’État, la notoriété de Dewez parvient jusqu’à la Cour où il s’attire la bienveillance de Charles de Lorraine. C’est donc tout naturellement qu’il reprend, en 1766, la direction des travaux du palais du gouverneur-général des Pays-Bas autrichiens à la mort de l’architecte de la Cour, Jean Faulte.
Quelques mois plus tard, le 18 mars 1767, il est nommé par lettre patente Premier architecte du Gouverneur des Pays-Bas autrichiens, Charles-Alexandre de Lorraine. Par cette nomination, il devient l’architecte quasi obligé de la Cour et des institutions publiques et religieuses qui, faute de faire appel à lui, n’obtiendraient pas leurs crédits ou, plus grave, seraient soupçonnés de critiquer les choix artistiques du gouvernement. Il s’attire également les commandes privées de l’entourage de la Cour qui lui demandent de construire ou d’aménager de nombreux châteaux.
C’est ainsi que le baron de Bonlez lui confie, en 1768, la reconstruction de l’église de son patelin. Satisfait de ses services, il lui commande ensuite la reconstruction de son hôtel à Bruxelles et une modification de son château à Bonlez.
Nanti d’une jolie fortune, marié à Marie-Françoise Mertens qui lui donnera quinze enfants, il se construit un hôtel particulier à la rue de Laeken et acquiert le château de la seigneurie du Steen à Elewijt, ancienne propriété de Pierre-Paul Rubens.
La chute brutale et la disgrâce
Réussite et exclusivité des commandes finissent par exacerber le ressentiment et la jalousie de ses confrères qui font tout pour l’évincer des nouvelles commandes ou critiquer la conception et la qualité du suivi de son travail. Les incidents se multiplient et ternissent rapidement sa réputation. Après la prison de Vilvorde et la reconstruction de l’église Saint-Pierre à Uccle dont sa gestion est critiquée, il est écarté du projet d’aménagement de la place Royale et du quartier du Parc. La négligence dont il continue à faire preuve dans la gestion du chantier du petit ermitage du château de Tervueren lui donnera le coup de grâce. Le 5 février 1780, il est démis de ses fonctions d’architecte de la Cour.
Retiré au Steen, il continue à honorer des commandes privées et se livre à quelques opérations immobilières. C’est ainsi qu’il construit dans le quartier Léopold en plein essor plusieurs maisons de rapport, trois hôtels pour le compte de l’abbaye d’Affligem et la salle des fêtes du Concert Noble. Après dix années passées à Prague, il s’installe à Grand-Bigard et tente, en vain, de se réinsérer dans les commandes publiques. Il y meurt, ruiné et oublié, le 1er novembre 1812.
Grâce à sa formation, à ses voyages et à sa position d’architecte de la Cour, Laurent-Benoît Dewez a introduit un nouveau courant architectural, le néoclassicisme – qui s’est répandu en Europe à partir de l’Italie et de la France où il est le mieux théorisé - dans les Pays-Bas autrichiens et ouvert la voie à de nouveaux architectes de talent.
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