Koinê

Koinê

Koinè

Histoire de la
langue grecque

(voir aussi : alphabet grec)
Proto-grec (vers 2000 av. J.-C.)
Mycénien (vers 1600–1100 av. J.-C.)
Grec ancien (vers 800–300 av. J.-C.)
Dialectes :
éolien, arcado-cypriote, Ionien-attique,
dorien, pamphylien ; grec homérique.
Dialecte possible : ancien macédonien.

Koinè (dès 300 av. J.-C.)
Grec médiéval (vers 330–1453)
Grec moderne (dès 1453)
Dialectes :
cappadocien, crétois, chypriote,
démotique, griko, katharévousa,
pontique, tsakonien, yévanique

La koinè ou koinê (en grec ancien κοινή / koinḗ, « [langue] commune ») est, au sens propre, une forme de grec ancien, ayant servi de langue commune au monde hellénistique et normalisée à cette époque. Elle est issue principalement du grec ionien-attique et s'est imposée comme langue administrative et véhiculaire dans les zones sous influence hellénistique, en concurrence par la suite avec le latin.

Par extension, une « koinè » est une langue véhiculaire dans laquelle se sont fondus différents dialectes et parlers locaux. La koinè peut être seulement écrite ou orale. Elle peut être limitée à la littérature (poésie, théâtre…), aux textes administratifs, de droit, etc. Il devient donc difficile de reconnaître l'origine géographique d'auteurs de textes écrits dans une koinè.

Les exemples les plus remarquables de constitution d'une koinè poussée sont bien sûr le grec ancien, mais également, le français, l'occitan ou l'arabe littéral. Une koinè peut aussi être une lingua franca permettant la communication entre des interlocuteurs parlant des langues différentes. Ainsi, actuellement l'anglais dans le monde des affaires peut servir de koinè. Le français a servi, jusqu'au milieu du XXe siècle, de "koinè" diplomatique, entre autres.

La koinè doit cependant être bien distinguée du sabir : en effet, élément complètement absent d'un sabir, la koinè est une langue aboutie et souvent pensée (d'où sa capacité à servir la littérature) et non un disparate créé dans un seul but utilitaire.

On utilise aussi le mot koinê pour nommer la variété relativement uniforme d'ancien occitan utilisée dans les manuscrits des troubadours, quelle que soit leur origine (péninsule ibérique, Saint Empire, comté de Toulouse, royaume d'Aragon)[1].

Sommaire

Histoire

La koinè grecque s'est développée comme dialecte commun entre les armées d'Alexandre le Grand, différents dialectes grecs plus ou moins intercompréhensibles étant utilisés jusqu'alors.

À la fin des conquêtes macédoniennes, le nouveau dialecte était donc parlé depuis l'Égypte jusqu'aux frontières de l'Inde. Bien que les éléments de la koinè grecque prirent forme durant la fin de l'ère classique, la période post-classique des Grecs date de la mort d'Alexandre le Grand en 323 avant J.C. La période suivante, appelée Grec médiéval, date de la fondation de Constantinople par Constantin Ier en 330. La période post-classique de la Grèce se réfère donc à la création et à l'évolution de la koinè grecque pendant toute l'ère hellénistique et romaine de l'histoire grecque, et ce jusqu'au début du Moyen Âge.

Le terme Koinè

Le terme Κοινή vient du grec et signifie « commun ». Ce terme a précédemment servi aux anciens érudits pour qualifier plusieurs formes du parler grec. Une école d'érudits comme Apollonius Dyscolus et Aelius Herodianus a maintenu le terme de Koinè pour se référer au Proto-grec tandis que d'autres l'emploient pour parler de toute forme vernaculaire du grec, distincte de la langue littéraire. Quand la Koinè est progressivement devenue une langue de lettrés, certaines personnes ont alors distingué deux formes : l'Hellénique comme la forme littéraire Post-Classique, et la Koinè comme la forme du parler populaire. D'autres ont choisi de lier la koinè au dialecte alexandrien (Περὶ τῆς Ἀλεξανδρέων διαλέκτου (ce qui signifie « le dialecte d'Alexandrie », terme souvent utilisé par les philologues modernes)).

Origines

Les origines linguistiques de la koinè sont floues depuis les premiers temps. Pendant l'âge hellénique, la plupart des savants pensaient que la Koinè était le résultat d'un mélange des quatre principaux dialectes grecs, conséquemment nommée "ἡ ἐκ τῶν τεττάρων συνεστῶσα" (la composition des Quatre). Cette optique a été soutenue pendant le début du XIXe siècle par un linguiste autrichien, P. Krestschmer, dans son livre Die Entstehung der Koine (1901), tandis que l’Allemand Wilamowitz et le linguiste français Antoine Meillet, se basant sur les éléments attiques de la koinè (tel le σσ au lieu du ττ et ρσ au lieu de ρρ; cf. θάλασσα — θάλαττα, ἀρσενικός — ἀρρενικός), considérèrent la koinè comme une forme simplifiée de l'ionique. La réponse finale désormais acceptée par les intellectuels d'aujourd'hui a été donnée par le linguiste grec G. N. Hatzidakis, qui a prouvé que, malgré la "composition des Quatre", le noyau stable de la koinè grecque est résolument attique. En d'autres termes, la koinè grecque peut être vue comme attique avec un mélange d'éléments ioniques, principalement, et également composée d'autres dialectes. L'influence, sur la koinè, des éléments linguistiques qui ne sont pas d'origine attique peut varier en fonction de la région. À cet égard, les idiomes de la koinè parlés dans les colonies ioniennes de l'Asie Mineure et de Chypre auraient des caractéristiques plus marquées que les autres. La koinè littéraire de l'âge hellénique ressemble de plus tellement au parler attique qu'elle est souvent mentionnée comme de l'Attique Commun.

Sources de la koinè

Les premiers érudits qui étudièrent la koinè, à l'époque alexandrine et contemporaine, furent des philologues dont le prototype de réflexion a été la langue attique de la période Classique, et désapprouvaient ainsi toute autre forme du parler grec. La koinè a donc été vue comme indigne d'attention parce que trop détériorée. La reconsidération de l'importance historique et linguistique dont la koinè fut l'objet ne s'est initiée qu'au début du XIXe siècle, où des savants de renom dirigèrent une série d'études sur l'évolution de la koinè sur toute la période hellénique et romaine qu'elle recouvrait. Les sources étudiées de la koinè ont été nombreuses et d'une fiabilité inégale. Les plus signifiantes ont été les inscriptions de la période Post-Classique et des papyrus, car ils possédaient tous deux un contenu authentique et pouvaient être directement étudiés. D'autres sources majeures furent la Septante, la traduction grecque de l'Ancien Testament. L'enseignement de ces derniers visaient en effet les couches populaires et employaient pour cette raison le parler le plus répandu de l'époque. D'autres informations pouvaient aussi être tirées des savants de l'Attique durant les mêmes périodes helléniques et romaines. Ces derniers, par souci de combattre l'évolution de la langue, avaient en effet publié des travaux, enrichis d'exemples, où ils comparaient la langue attique supposément « correcte » et celle de la koinè, jugée « dissidente ». Phrynichus Arabius écrit ainsi au IIe siècle après J.-C. :

  • Βασίλισσα οὐδείς τῶν Ἀρχαίων εἶπεν, ἀλλὰ βασίλεια ἢ βασιλίς.
    • « Basilissa (Reine) les Anciens ne l'emploient aucunement, préférez Basileia ou Basilis ».
  • Διωρία ἑσχάτως ἀδόκιμον, ἀντ' αυτοῦ δὲ προθεσμίαν ἐρεῖς.
    • « Dioria (délai) est impropre, utilisez à la place Prothesmia ».
  • Πάντοτε μὴ λέγε, ἀλλὰ ἑκάστοτε καὶ διὰ παντός.
    • « Ne dites pas Pantote (toujours), mais Hekastote et Dia pantos ».

D'autres sources peuvent émaner de découvertes variées comme des inscriptions sur les tessons faites par des peintres populaires, contenant souvent des erreurs dues à leur connaissance imparfaite de la langue.

  • « Καλήμερον, ἦλθες; — Bono die, venisti? » (Belle journée, tu sortais ?).
  • « Ἐὰν θέλεις, ἐλθὲ μεθ' ἡμῶν. — Si vis, veni mecum. » (Si tu veux, viens avec moi).
  • « Ποῦ; — Ubi? » (Où ?).
  • « Πρὸς φίλον ἡμέτερον Λεύκιον. — Ad amicum nostrum Lucium. » (À notre ami Lucius).
  • « Ἀρρωστεῖ. — Aegrotat. » (Il est malade).

Évolution depuis le grec ancien

L'étude de toutes les sources symboliquement couvertes par la koinè sur six siècles révèle des changements linguistiques depuis le grec ancien sur la phonologie, la morphologie, la syntaxe, le vocabulaire et d'autres éléments du langage parlé. La plupart des nouvelles formes apparaissent avec une certaine rareté, puis deviennent graduellement de plus en plus fréquentes jusqu'à ce qu'elles s'établissent totalement. Suite aux changements linguistiques de la koinè, le grec a gagné une telle ressemblance avec ses successeurs médiévaux et modernes que presque toutes les caractéristiques du grec moderne peuvent être retracées dans les textes de la koinè qui nous sont parvenus. Comme la plupart des changements entre le grec ancien et moderne furent introduits par la koinè, la koinè grecque d'aujourd'hui est largement compréhensible par la plupart des Grecs modernes.

Phonologie

La koinè grecque est une période de transition phonologique : au début, le langage était pratiquement identique au grec ancien classique, tandis que vers la fin le langage avait phonologiquement plus de parenté avec le grec moderne que le grec ancien.

Les trois changements les plus significatifs durant cette période furent la perte de la distinction des voyelles longues, la substitution de l'accent de hauteur par l'accent d'intensité et le remplacement de la plupart des diphtongues par des monophtongues.

Articles connexes

Références

  1. Pierre Bec, La langue occitane, PUF, 6e édition, Paris, 1995
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