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Nikita Khrouchtchev
Nikita Khrouchtchev Surnom(s) Mr K Naissance 17 avril 1894
Kalinovka
Empire russeDécès 11 septembre 1971 (à 77 ans)
Moscou, RSFS de Russie
Union soviétiqueNationalité Russe, puis Soviétique Nikita Sergueïevitch Khrouchtchev (en russe : Никита Сергеевич Хрущёв, IPA : /[nʲɪˈkʲitə sʲɪˈrgʲejɪvʲɪt͡ʃʲ xruˈʃʲ:of]/ ; 17 avril 1894 - 11 septembre 1971), parfois surnommé Monsieur K, est un homme d'État soviétique, qui s'affirma progressivement comme le principal dirigeant de l'URSS entre la mort de Staline (5 mars 1953) et son éviction du pouvoir le 14 octobre 1964.
Il doit son ascension politique à partir des années 1930 à la protection personnelle de Joseph Staline, dont il intègre le cercle des intimes. Il est premier secrétaire du Parti communiste de l'Union soviétique de mars 1953 à octobre 1964 et, à partir de 1958, président du Conseil des ministres (Gouvernement) de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).
Principal inspirateur de la politique de déstalinisation à l'intérieur et de la coexistence pacifique à l'extérieur, il marque aussi les limites de ce nouveau cap en revenant sur certaines mesures de libéralisation du régime, en écrasant la révolution hongroise de 1956, ou en affrontant les États-Unis lors de la crise de Cuba en 1962. Ses hésitations et ses échecs le font écarter du pouvoir par la nomenklatura, inquiète de la remise en cause de ses privilèges. Il a laissé d'importants Mémoires qui en font un témoin-clé de l'ère stalinienne et post-stalinienne.
Sommaire
Parcours politique sous l'ère stalinienne
Les jeunes années
Nikita Khrouchtchev est né d'une famille paysanne dans le village de Kalinovka, ouyezd de Dimitriev, gouvernement (goubernia) de Koursk, dans l'Empire de Russie, qui se situe aujourd'hui dans l'Oblast de Koursk en Russie.
En 1908, sa famille s'installe à Iouzovka, aujourd'hui Donetsk en Ukraine. Il ne reçoit qu'environ deux années d'instruction durant son enfance. Sa véritable instruction ne commence qu'à la vingtaine, voire à l'approche de ses trente ans.
Khrouchtchev, dans ses jeunes années, avait travaillé comme ajusteur dans la ville minière de Iouzovka dans la région du Donbass en Ukraine. Grâce à ce métier, il est exempté de ses obligations militaires au cours de la Première Guerre mondiale. Il participe à la révolution d'Octobre 1917. Il devient membre du parti communiste russe.
Le proche de Staline
À l'Université à Moscou, il fait la connaissance de Nadejda Allilouïeva, la femme de Joseph Staline, qui l'introduit auprès de son mari. Il intègre vite le cercle des intimes du tout-puissant secrétaire général du PCUS.
Il devient membre du comité central du parti en 1934. De 1935 à 1937, il est premier secrétaire de la région de Moscou. Il joue à ce titre un rôle important dans l'achèvement du métro de Moscou et dans la politique de constructions monumentales qui remodèle le visage de la capitale soviétique.
La terreur de masse (1937-1940)
L'année suivante (1938), il est promu premier secrétaire en Ukraine. Comme à Moscou et dans le reste de l'URSS, il y met en œuvre les épurations sanglantes des Grandes Purges.
Ainsi, alors que le Bureau Politique avait fixé à 50 000 le nombre de gens à condamner à mort à Moscou, Khrouchtchev fait procéder à 55 741 exécutions, et le 10 juillet 1937, demande à Staline le "droit" de fusiller 2 000 ex-koulaks de plus pour remplir le quota pré-fixé[1].
Au printemps 1938, il est, avec son ami proche Nikolaï Iejov, le principal artisan de la Grande Terreur en Ukraine, où il fait arrêter 35 des 38 secrétaires des comités du Parti de la province et des villes. Il va souvent à Moscou apporter les listes collectives de condamnés directement à Staline et Molotov. À Kiev, la terreur conduite par Khrouchtchev et Iejov se conclut par 30 000 arrestations. Au total, la terreur qu’il orchestre en Ukraine aurait fait 106 119 victimes en 1938. Il soutient par ailleurs la tenue des procès de Moscou[1].
Parallèlement, comme tous les responsables staliniens, Khrouchtchev doit instaurer son propre culte de la personnalité dans son fief : ainsi les Ukraniens doivent-ils entonner un « chant pour Khrouchtchev » ou couvrir leurs murs de son portrait.
Lorsque l'URSS annexe une bonne partie de la Pologne grâce au pacte germano-soviétique, Khrouchtchev joue un rôle clé à la soviétisation forcée des régions rattachées à l'Ukraine. On compte en un an 1 117 000 habitants déportés au Goulag, soit 10 % de la population. 30 % des déportés seront décédés un an plus tard. On compte aussi 60 000 arrestations et 50 000 fusillés[1].
La Grande Guerre patriotique et l'après-guerre
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est commissaire politique au front, en particulier durant la bataille de Stalingrad où il joue un rôle important pour surveiller et galvaniser le commandement militaire. Lui-même doit rendre compte auprès de Staline qui lui fait plusieurs fois sentir la possibilité d'une disgrâce, surtout pendant l'offensive allemande du printemps 1942 en Ukraine.
Son fils Léonid Khrouchtchev, engagé dans l'aviation militaire, se tue en vol le 11 mars 1943. Son corps n'étant pas retrouvé, il est accusé de passage à l’ennemi. Sa veuve Lioubov est alors arrêtée et condamnée à 5 ans de camp de travail suivis de 5 ans d’exil. Elle ne revient à Moscou qu’en 1954. Nikita Khrouchtchev, qui a entre-temps élevé sa petite-fille Julia refuse alors de la revoir - Julia elle-même la voit en 1956, mais les deux femmes ne seront plus que des étrangères l'une à l'autre[1].
Après la guerre, Khrouchtchev est témoin privilégié des luttes de clan qui se livrent autour d'un Staline vieillissant, qui lui-même terrorise et humilie régulièrement son propre entourage. Khrouchtchev développe en particulier une solide inimitié avec le chef de l'appareil policier, Beria. Rappelé à Moscou, il est en charge des questions agricoles. Il est régulièrement victime de sarcasmes et d'humiliations de la part de Staline, envers qui ses doutes et sa répulsion augmentent, même s'il affirmera dans ses Mémoires avoir pleuré sincèrement sa mort, survenue le 5 mars 1953.
À la tête de l'URSS (1953-1964)
Après la mort de Staline, quatre des personnalités politiques les plus influentes en URSS se disputent le pouvoir : Gueorgui Malenkov, Lavrenti Beria (chef du KGB), Molotov et Khrouchtchev.
La situation tournera en faveur de Khrouchtchev. Dès fin juin 1953, il joue un rôle clé dans la chute de Beria, destitué et arrêté sur ordre de ses collègues, puis fusillé. Malenkov lui ayant cédé la tête du PCUS dès le 14 mars pour se consacrer à la direction du gouvernement, Khrouchtchev sera confirmé en septembre 1953 comme premier secrétaire du parti communiste, ce qu'il restera jusqu'à son éviction en 1964. En 1955, il fait mettre à l'écart Malenkov, et sa préémience commence à apparaître clairement aux yeux du monde extérieur. En 1957, l'élimination de Molotov et de la fraction du Politburo la plus hostile à la déstalinisation achève de laisser Khrouchtchev seul au premier plan.
Le rapport Khrouchtchev (février 1956) et la déstalinisation
À son arrivée au pouvoir, Khrouchtchev amorce une critique de la période stalinienne appelée déstalinisation condamnant particulièrement le caractère dictatorial et répressif du pouvoir stalinien. L'attaque la plus sérieuse a lieu lors d'une séance de nuit du XXe congrès du Parti communiste d'Union soviétique entre le 24 et le 25 février 1956, durant laquelle il lit un rapport dévastateur sur les écarts de Staline à la « légalité socialiste ».
Bien que la révélation ait lieu à huis-clos, le rapport est rapidement diffusé de par le monde, et dès le 16 mars, le New York Times en publie des extraits[2]. Le pouvoir soviétique ne nie pas l'authenticité du rapport, même si Maurice Thorez, chef du PCF, n'utilise jamais que l'expression « rapport attribué au camarade Khrouchtchev » pour s'abstenir de mettre en œuvre la déstalinisation au sein du PCF.[réf. nécessaire]
En lançant de lui-même la déstalinisation, qu'il jugeait inévitable, le chef du PCUS espérait contrôler lui-même le mouvement, et lui fixer des limites claires : le monopole du Parti-État n'est pas remis en cause, ni le modèle de développement imposé par Staline. En effet, Khrouchtchev date de 1934 la dégénérescence de Staline, qu'il attribue à la seule psychologie du personnage et à sa « paranoïa » personnelle. Ce qui permet de ne pas remettre en cause la dékoulakisation et les famines meurtrières du début des années 1930, ni l'industrialisation forcenée initiée par les plans quinquenaux, et de présenter le Parti comme innocent en soi.
De même, Khrouchtchev fait son tri parmi les victimes des Grandes Purges. Il insiste avant tout sur les victimes qui étaient membres du Parti, laissant dans l'ombre les millions de simples particuliers fusillés ou déportés au Goulag, et il ne réhabilite aucun de ceux qui furent les adversaires de Staline dans les années 1920 (Boukharine, Zinoviev, Kamenev, encore moins Trotski). La déstalinisation a enfin un but politique: elle permet à Khrouchtchev d'écarter ses rivaux en les accusant de rester « staliniens ».
Ce rapport marque le coup d'envoi de la politique officielle de déstalinisation. Très vite, des articles paraissent sur le culte de la personnalité du dictateur et qui le qualifient de venin. Peu à peu, on assiste à la réhabilitation des victimes de purges et des répressions. Ceux d'entre eux qui ont été envoyés en prison ou déportés commencent à revenir massivement du Goulag.
Ce revirement politique a pour visée première la reconstruction économique du pays. Les privilèges du socialisme sont considérés comme des acquis pouvant à eux seuls, assurer le développement et la prospérité du pays.
Toutefois, surpris par l'ampleur de la vague de déstalinisation dans les pays du bloc soviétique, Khrouchtchev s'emploie à en limiter les effets, surtout si elle remet en cause l'appartenance du pays au camp soviétique.
Le 15 octobre 1956, il débarque en personne à Varsovie avec le Politburo, et négocie le maintien au pouvoir de Gomulka, réclamé par la population en révolte, en échange de la confirmation de l'allégeance de la Pologne au pacte de Varsovie.
En revanche, lorsque le nouveau gouvernement hongrois d'Imre Nagy proclame la neutralité du pays et son retrait du pacte de Varsovie, Khrouchtchev décide l'intervention militaire. Le 4 novembre, Budapest insurgée est assaillie par les chars de l'Armée rouge et réduite après une sanglante bataille de rues. La répression s'abat sur les chefs du mouvement, enlevés puis exécutés, et sur des milliers d'insurgés. De nombreux Hongrois fuient le pays, où Khrouchtchev installe un nouveau gouvernement conduit par Janos Kadar. Ce gouvernement se révéle au demeurant plus libéral que celui de Gomulka en Pologne.
Inquiets de ces soubresauts, Molotov, Kaganovitch et la fraction la plus fidèlement stalinienne du Politburo tentent d'évincer Khrouchtchev, qui se retrouve mis en minorité à une séance du Bureau politique (juin 1957). Khrouchtchev exige de faire appel au Comité central. Le rôle du maréchal Joukov, ministre de la Défense, est décisif : il fournit les appareils militaires qui transportent rapidement à Moscou les membres du Comité central, lesquels se prononcent en faveur du maintien de Khrouchtchev.
Ses rivaux évincés, ce dernier confirme son pouvoir en remplaçant Nikolaï Boulganine à la tête du gouvernement soviétique (mars 1958). Auparavant, dès octobre 1957, il a disgrâcié son sauveur Joukov, privé de toute responsabilité militaire et politique.
En 1961, au XXIIe Congrès du PCUS, la critique des crimes de Staline devient publique. Khrouchtchev ordonne de retirer son corps embaumé du mausolée de Lénine. Par ailleurs, il autorise personnellement la publication retentissante de la nouvelle de Soljenitsyne, Une journée d'Ivan Denissovitch.
En revanche, il persécute Boris Pasternak, qu'il oblige à refuser le prix Nobel de littérature (1957). Il ne remet pas en cause le réalisme socialiste dans l'art, affichant son mépris pour les innovations esthétiques. Il refuse toute introduction de la musique rock en URSS. Dans les sciences, la déstalinisation n'a pas lieu, puisque Khrouchtchev continue à couvrir d'honneurs le biologiste Trofim Lyssenko, qui n'est désavoué par le pouvoir qu'après sa chute.
Les essais de réforme
Khrouchtchev desserre la pression mise par le stalinisme sur les paysans et les ouvriers. Début 1958, il supprime les MTS (stations de machines et de tracteurs), les yeux et les oreilles du pouvoir dans les campagnes depuis la dékoulakisation, et qui y possédaient le monopole de l'outillage moderne. Il abolit aussi les livraisons agricoles obligatoires et les paiements en nature. À destination des ouvriers, il supprime les décrets draconiens de 1938-1940 qui empêchaient tout libre changement d'emploi et punissaient d'envoi au Goulag tout retard répété de plus de 20 minutes[3].
Pour assurer la prospérité du pays, Khrouchtchev entreprend deux réalisations majeures :
- le développement accéléré de l'agriculture ;
- la construction d'habitations.
La période khrouchtchévienne est marquée par un rééquilibrage de la production en faveur des industries de consommation, sacrifiées au temps de Staline: pour Khrouchtchev, "bien beurré, le marxisme-léninisme aura meilleur goût". De ce fait, la population connaît dans ces années-là une hausse réelle de son niveau de vie.
Volontariste, il parle en public de dépasser le niveau de vie des États-Unis, au moins sur le plan agricole (15 juillet 1957)[4]. À la fin des années 1950, il affirme que la société soviétique aura bâti le socialisme d'ici à 1980. Il fait adopter fin 1958 un ambitieux plan sur six ans qui prévoit d'augmenter la production industrielle de 80 % et d'acquérir en 1965 la même production par tête d'habitant qu'aux États-Unis[5].
Mais les grandes réformes qu'il lance tombent souvent à l'eau par manque d'organisation. Par exemple, après sa visite aux États-Unis, impressionné par les champs de maïs américains, il exhorte les soviétiques à cultiver cette plante. Mais cette céréale ne peut s'adapter que sur une toute petite partie du territoire, et cette grande campagne agricole est un échec cuisant. Elle lui vaudra le surnom de « Monsieur Maïs » (Koukourousnik).
Son ambition de défricher et cultiver les "terres vierges" en Asie centrale n'aboutit qu'à des résultats guère plus concluants.
Le mécontentement ouvrier ne disparaît pas non plus totalement : en juin 1962, des émeutes ouvrières sans précédent depuis 30 ans sont réprimées dans le sang à Novotcherkassk.
Politique extérieure
Bien que Khrouchtchev ait entamé la déstalinisation et prôné la coexistence pacifique, cette période sera marquée par des événements violents ou des moments de tension comme l'insurrection hongroise (1956), « l'ultimatum de Khrouchtchev » (1958), la construction du mur de Berlin (1961) et le bras de fer qui l'opposera à Kennedy lors de la crise des missiles de Cuba en 1962. Il est aussi incapable d'empêcher la rupture sino-soviétique entre l'URSS et la République populaire de Chine de Mao Zedong, consommée entre 1960 et 1963.
Au contraire de Staline qui n'était presque jamais sorti d'URSS, Khrouchtchev voyage énormément, et multiplie les tournées internationales, dont il se sert comme instrument de diplomatie et de propagande. Il aime à jouer de son caractère en apparence bonhomme et de ses sautes d'humeur imprévisibles pour séduire ou intimider tour à tour l'opinion internationale.
Ainsi, lorsqu'il rencontre le président Dwight Eisenhower lors d'un voyage aux États-Unis en 1959, il intimide les Américains en leur expliquant à la télévision que leurs petits-enfants vivront sous le communisme. De même, début 1960, il quitte brusquement la conférence des Quatre Grands à Paris suite à l'affaire de l'avion espion U-2, abattu au-dessus de l'URSS avec son pilote Gary Powers.
Le volontarisme de Khrouchtchev et son activisme au plan international sont servis par les succès soviétiques dans la conquête spatiale, qui s'accumulent sous son mandat : prenant de vitesse les Américains, les Soviétiques envoient le premier satellite en orbite (le Spoutnik, 4 octobre 1957), le premier être vivant dans l'espace (la chienne Laïka, 3 novembre 1957), la première fusée sur la Lune (1959), ou enfin le premier homme dans l'espace en la personne de Youri Gagarine (1961).
En 1955, Khrouchtchev opère la réconciliation soviéto-yougoslave, mais sans ramener pour autant Tito dans le giron soviétique.
Soucieux de ménager des alliés à l'URSS dans le Tiers-Monde en pleine décolonisation, Khrouchtchev appuie des régimes anticolonialistes et antiaméricains, même lorsque ceux-ci répriment leurs propres partis communistes à l'intérieur.
En 1956, ainsi, allié du colonel Gamal Abdel Nasser en Égypte, il menace la France et la Grande-Bretagne d'intervenir militairement, voire d'employer la bombe atomique s'ils ne stoppent pas immédiatement leur intervention à Suez. Il finance le barrage d'Assouan. En 1959, la révolution cubaine menée par Fidel Castro lui procure un allié aux portes des États-Unis. En Afrique, Khrouchtchev s'oppose violemment et publiquement au secrétaire général de l'ONU, Dag Hammarjsköld, à propos de la guerre civile dans l'ex-Congo belge (1960-1961).
Hostile à la "voie chinoise vers le socialisme" prônée par Mao Zedong, Khrouchtchev s'attire aussi l'inimitié des Chinois par sa politique de déstalinisation et de dialogue est-ouest, et en refusant de partager avec eux les secrets nucléaires et d'aider à la construction de leur propre bombe atomique. En 1960, il retire les experts soviétiques de Chine. En 1963, la rupture définitive est consommée. Sous la Révolution culturelle (1966-1969), les rivaux de Mao seront stigmatisés par les gardes rouges comme les "Khrouchtchev chinois".
Depuis 1958, Khrouchtchev met violemment en cause le statut quadripartite de Berlin. En avril 1961, à la conférence au sommet de Vienne, il se montre délibérément très brutal face au jeune nouveau président américain, Kennedy, surpris et déconcerté de sa virulence. Pensant avoir jaugé la faiblesse du dirigeant américain, Khrouchtchev autorise alors Walter Ulbricht à construire le mur de Berlin pour enrayer la fuite massive des citoyens est-allemands vers l'Ouest. Son érection commence le 13 août 1961, sans grande réaction des Occidentaux.
En octobre 1962, lors de la crise de Cuba, Khrouchtchev fait retirer les missiles soviétiques dans l'île devant les menaces de John Kennedy. Cet épisode permettra à ses successeurs dont Léonid Brejnev de dénoncer durablement la période khrouchtéchevienne comme le temps de "l'aventurisme".
La chute et la retraite
La chute de Khrouchtchev fut sans doute le résultat d'une action concertée de ses opposants au sein du Parti communiste, irrités par la politique fluctuante de Khrouchtchev et par son comportement régi par ses sautes d'humeur. Le Parti communiste accusa Khrouchtchev de commettre des erreurs politiques, comme la mauvaise gestion de la crise cubaine des missiles en 1962, et d'avoir désorganisé l'économie soviétique, surtout dans le secteur agricole.
Les opposants de Khrouchtchev emmenés par Léonid Brejnev, Alexandre Chelepine et le chef du KGB Vladimir Semichastny, agirent brusquement en octobre 1964, alors que Khrouchtchev était en vacances à Pitsounda en Abkhazie. Ils convoquèrent une réunion spéciale du Présidium du Comité central et, quand Khrouchtchev arriva le 13 octobre, le présidium vota le retrait de ses fonctions dans le Parti et dans le gouvernement soviétique. Une réunion spéciale du Comité central fut hâtivement convoquée le lendemain et approuva sans discussion les décisions du Présidium. Le 15 octobre 1964, le Présidium du Soviet suprême d'URSS accepta la démission de Khrouchtchev comme Premier ministre de l'Union soviétique.
Signe des temps, Khrouchtchev put perdre le pouvoir sans perdre ni la vie ni la liberté, ce qui marquait une relative réussite de la rupture avec l'ère stalinienne.
Suite à son éviction, Khrouchtchev passa le reste de sa vie comme un retraité, menant une existence silencieuse à Moscou. Il resta membre du Comité central jusqu'en 1966. Pendant le reste de sa vie, il fut surveillé de près par le KGB, mais réussit à rédiger ses Mémoires et à les faire passer clandestinement à l'Ouest.
Il mourut chez lui à Moscou le 11 septembre 1971 et fut enterré au prestigieux cimetière de Novodevitchi de Moscou, après qu'on lui eut refusé des funérailles officielles et un enterrement près du mur du Kremlin.
Notes
Khrouchtchev, Nikita Sergeïevitch, Souvenirs, Paris, Robert Laffont, 1971, p.35
Sources
- Nikita Khrouchtchev, Rapport secret sur Staline au XXe Congrès du P.C. soviétique, suivi du Testament de Lénine, Paris, éditions Champ libre, 1970.
- Simon Sebag Montefiore, Staline. La Cour du Tsar Rouge, Ed. des Syrtes, 2005.
- Boris I. Nicolaevski, Les dirigeants soviétiques et la lutte pour le pouvoir : essai, Paris , Collection : Dossiers des Lettres Nouvelles, Denoël, 1969
Notes et références
- ↑ a , b , c et d S. Montefiore, Staline. La Cour du Tsar Rouge, Ed. des Syrtes, 2005.
- ↑ Selon Reuven Merhav, le texte du discours aurait été transmis par Victor Grayevsky, un journaliste polonais juif, au Mossad, qui l'aurait à son tour communiqué aux autorités américaines, et in fine à la presse. Cf. Yves Derai et Daniel Haïk, « Israël vu par le Mossad », Le magazine de l'Optimum, numéro 5, 2008.
- ↑ Chronique du XXe siècle, Ed. chroniques, 1993
- ↑ Ibidem
- ↑ Mémoires du XXe siècle, Bordas, 1994
Postes officiels
Précédé par Nikita Khrouchtchev Suivi par Gueorgui Malenkov Premier Secrétaire du Comité central du PCUS 1953-1964 Léonid Brejnev Nikolaï Boulganine Président du Conseil des ministres de l'URSS 1958-1964 Alexis Kossyguine - Portail de l’URSS
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