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Jérôme de Stridon
Pour les articles homonymes, voir Jérôme.Saint Jérôme de Stridon, en latin Eusebius Sophronius Hieronymus Stridonensis (vers 340 - 30 septembre 420) est surtout connu pour ses traductions en latin de la Bible à partir du grec et de l'hébreu (la Vulgate). Les catholiques romains le considèrent comme un des Pères de l'Église et, avec les orthodoxes, le vénèrent comme saint. Depuis Boniface VIII, en 1298, il est qualifié de docteur de l'Église.
Père de l'Église latine, né vers 340 ou 331, à Stridon, à la frontière entre la Pannonie et la Dalmatie (actuelle Croatie), il est mort à Bethléem le 30 septembre 420.
Une tradition a fait de lui le patron des traducteurs[1].
Jérôme de Stridon fait des études à Rome, se convertit à l'âge de 25 ans suite à un rêve mystérieux lors d'une maladie, puis, après un séjour en Gaule, part pour la Terre Sainte en 373 où il vit en ermite à Chalcis de Syrie dans la « Thébaïde de Syrie », au sud-ouest d'Antioche. Il est ensuite fait prêtre à Antioche (Asie Mineure). En 383, le pape Damase Ier le choisit comme secrétaire et lui demande de traduire la Bible en latin. À la mort du pape, il doit quitter Rome et retourne en Terre Sainte en compagnie de Paula, noble romaine. Ils fondent un monastère à Bethléem où il meurt en 419. Durant les 34 dernières années de sa vie, Jérôme se consacre à l'écriture de l'Ancien Testament en latin à partir de sa propre traduction de l'hébreu et à rédiger ses commentaires sur la Bible. Ses restes sont d'abord enterrés à Jérusalem puis transférés à la Basilique Sainte-Marie-Majeure, une des quatre grandes basiliques de Rome. Sa traduction constitue la pièce maîtresse de la Vulgate, traduction de la Bible officiellement reconnue par l'Église catholique.
Sommaire
Biographie détaillée
Jérôme de Stridon, bien que né de parents chrétiens, ne fut pas baptisé avant 360, date à laquelle il partit pour Rome avec son frère Bonosus pour continuer ses études de rhétorique et de philosophie. Il étudia sous la férule d'Aelius Donat, un excellent grammairien. Jérôme apprit aussi le grec, sans avoir encore l'intention d'étudier les textes fondateurs du christianisme. Après quelques années à Rome, il se rendit avec Bonosus en Gaule, et s'installa à Trèves « sur la rive à moitié barbare du Rhin ». C'est là qu'il entama son parcours théologique et copia, pour son ami Rufin, le commentaire d'Hilaire de Poitiers sur les Psaumes, et le traité De synodis. Il séjourna ensuite pendant quelque temps (plusieurs années ?) avec Rufin à Aquilée. Quelques-uns de ses amis chrétiens l'accompagnèrent lorsqu'il entama, vers 373, un voyage à travers la Thrace et l'Asie Mineure pour se rendre au nord de la Syrie.
À Antioche, deux de ses compagnons moururent, et lui-même tomba malade plusieurs fois. Au cours de l'une de ces maladies (hiver 373 - 374) il fit un rêve qui le détourna des études profanes et l'engagea à se consacrer à Dieu. Dans ce rêve, qu'il raconte dans une de ses lettres, il lui fut reproché d'être « Cicéronien, et non pas chrétien ». Il semble avoir renoncé pendant une longue durée après ce rêve à l'étude des classiques profanes, et s'être plongé dans celle de la Bible sous l'impulsion d'Apollinaire de Laodicée. Il enseigna ensuite à Antioche. Désirant vivement vivre en ascète et faire pénitence, il passa quelque temps dans le désert de Chalcis de Syrie, au sud-ouest d'Antioche, connue sous le nom de « Thébaïde de Syrie », en raison du grand nombre d'ermites qui y vivaient. C'est à cette époque qu'il commença à apprendre l'hébreu avec l'aide d'un juif converti. Il fut en relation à cette époque avec les Chrétiens d'Antioche, et semble avoir commencé alors à s'intéresser à l'Évangile des Hébreux, qui était, selon les gens d'Antioche, la source de l'Évangile selon Matthieu.
À son retour à Antioche, en 378 ou 379, il fut ordonné par l'évêque Paulin. Peu de temps après, il partit à Constantinople pour continuer ses études de l'Écriture sous l'égide de Grégoire de Nazianze. Il passa deux ans là-bas, puis revint à Rome pendant trois ans (382-385), en contact direct avec le pape Damase et la tête de l'Église de Rome. Invité au concile de 382, qui était convoqué pour mettre fin au schisme d'Antioche, il sut se rendre indispensable au pape. Entre autres tâches, il accepta de prendre en charge la révision du texte de la Bible Latine, sur la base du Nouveau Testament grec et du texte de la Septante, pour mettre fin aux divergences des textes qui circulaient en occident (connus sous le nom de Vetus Latina). Ce travail l'occupa pendant de très nombreuses années, et constitue son œuvre majeure. Il exerça une influence non négligeable au cours de ces trois années passées à Rome, notamment par son zèle à prôner l'ascétisme. Il s'entoura d'un cercle de femmes de la noblesse, dont certaines étaient issues des plus anciennes familles patriciennes, comme les veuves Marcella et Paula, et leurs filles Blaesilla et Eustochium (destinataire de la lettre la plus fameuse de Jérôme de Stridon, la 22e dans sa Correspondance). L'inclination de ces femmes à la vie monastique, et la critique virulente que faisait Jérôme du clergé régulier, firent naître une hostilité croissante à son égard de la part du clergé et de ses partisans. Peu de temps après la mort de son protecteur Damase (10 décembre 384), Jérôme quitta Rome.
En août 385, il retourna à Antioche, accompagné par son frère Paulinianus et quelques amis. Il fut suivi peu de temps après par Paula et Eustochium, résolues à quitter leur entourage patricien pour finir leurs jours sur la Terre Sainte. Au cours de l'hiver 385, Jérôme les accompagna. Les pèlerins, rejoints par l'évêque Paulin d'Antioche, visitèrent Jérusalem, Bethléem et les lieux saints de Galilée, puis partirent en Égypte, où vivaient les grands modèles de la vie ascétique. En Alexandrie, Jérôme put rencontrer et écouter le catéchiste Didyme l'Aveugle expliquer le prophète Osée et raconter les souvenirs qu'il avait de l'ascète Antoine, mort trente ans plus tôt. Il resta quelque temps à Nitrie à admirer la vie communautaire des nombreux habitants de cette « cité du Seigneur » ; mais il ne fut pas sans critiquer le « serpent » qu'il voyait en Origène. À la fin de l'été 388, il revint en Palestine, et s'installa jusqu'à la fin de ses jours dans une cellule près de Bethléem, entouré par quelques amis, hommes et femmes.
Vivant grâce aux moyens que lui fournissait Paula, et accroissant sans cesse le nombre de ses livres, il écrivit sans cesse. On doit à ces trente-quatre dernières années de son existence la majeure partie de son œuvre : sa version de l'Ancien Testament à partir du texte hébreu, ses meilleurs commentaires sur l'Écriture, son catalogue des auteurs chrétiens, ainsi que le dialogue contre les Pélagiens. De cette période date également la majeure partie de ses textes polémiques, et notamment les traités dus à la controverse sur Origène avec l'évêque Jean d'Alexandrie. Suite à ses écrits contre les Pélagiens, une troupe de partisans de ces derniers envahit sa retraite, y mit le feu et contraignit Jérôme à se réfugier dans une forteresse avoisinante. La date de sa mort nous est connue par la chronique de Prosper d'Aquitaine. Ses restes, enterrés d'abord à Jérusalem, ont été ensuite transférés, dit-on, à l'église Sainte-Marie Majeure de Rome.
Traductions
Jérôme était un érudit de langue latine à une époque où cela impliquait de parler couramment le grec. Il savait un peu d'hébreu à l'époque où il commença son projet de traduction, mais il se rendit à Bethléem pour parfaire sa connaissance de la langue et améliorer son approche de la technique juive du commentaire scripturaire. Une aristocrate romaine aisée, Paula, fit construire un monastère pour lui à Bethléem, où il commença son travail de traduction. Il commença en 382 par la modification de la version latine du Nouveau Testament qui circulait à l'époque, connue sous le nom de Vetus Latina. Dans les années 390, il se tourna vers l'Ancien Testament, et le traduisit de l'hébreu, en connaissant en parallèle la version grecque des Septante. Il vint à bout de cette entreprise vers 405.
Au cours des quinze années suivantes, jusqu'à sa mort, il écrivit nombre de commentaires sur l'Écriture, souvent pour expliquer ses choix de traduction. Sa connaissance de l'hébreu donne également à ses traités exégétiques (en particulier ceux écrits après 386) une valeur supérieure à celle de la plupart des commentaires patristiques, même si Jérôme a un penchant marqué pour les subtilités allégoriques et mystiques à la manière de Philon et de l'École d'Alexandrie. Ses commentaires peuvent se ranger en trois catégories :
Des traductions ou adaptations de ses prédécesseurs grecs, comprenant quatorze homélies d'Origène sur Jérémie et le même nombre sur Ézéchiel (traduites vers 380 à Constantinople), deux homélies d'Origène sur le Songe de Salomon (Rome, vers 383), trente-neuf sur Luc (Bethléem, 389). La traduction des neuf homélies d'Origène sur Ésaïe que l'on comprend dans les œuvres de Jérôme ne sont pas de lui. On peut faire mention ici de son importante contribution à la connaissance de la topographie de la Palestine, par le biais de son De situ et nominibus locorum Hebraeorum, qui est une traduction comprenant des additions - et de regrettables omissions - de l'Onomasticon d'Eusèbe. De la même période (390), on peut mentionner le Liber interpretationis nominum Hebraicorum, qui se fonde sur un livre qui prend sans doute sa source chez Philon, pour être ensuite amplifié par Origène.
Des commentaires originaux sur l'Ancien Testament. De son installation à Bethléem et des cinq années suivantes date une série de brèves études de l'Ancien Testament : De seraphim, De voce Osanna, De tribus quaestionibus veteris legis (que l'on classe généralement dans la Correspondance aux chiffres 18, 20 et 36), Quaestiones hebraicae in Genesin, Commentarius in Ecclesiasten, Tractatus septem in Psalmos 10 - 16 (perdu), Explanationes in Michaeam, Sophoniam, Nahum, Habacuc, Aggaeum. Vers 395, il composa une série de commentaires plus longs, portant d'abord sur les sept petits prophètes restant, puis sur Isaïe (395-400), Daniel (407), Ezéchiel (410-415) et Jérémie (415, inachevé).
Des commentaires sur le Nouveau Testament. Ces derniers comprennent seulement les épîtres à Philémon, aux Galates, aux Ephésiens et à Tite (composé à la hâte vers 387-388), les Évangiles de Matthieu (écrit en deux semaines, 398), Marc, quelques passages de Luc, le prologue de Jean et l'Apocalypse. Ayant écrit ce dernier avec la hâte qui lui était coutumière, il se servit d'un extrait du commentaire de Tichonius, un Africain, qui nous est préservé sous la forme d'une sorte de préface au début d'un ouvrage plus long du prêtre espagnol Beatus de Libana. Auparavant, il avait réservé un autre traitement au livre de l'Apocalypse : il avait retravaillé un commentaire de Victorin de Poetovio (303) ; en désaccord avec les vues millénaristes de ce dernier, il avait substitué à la conclusion millénariste de celui-ci un exposé spiritualisant personnel, ajouté une introduction et introduit quelques changements dans le texte.
Écrits historiques
Une des premières tentatives de Jérôme dans le domaine de l'histoire fut son Temporum liber, composé aux environs de 380 à Constantinople. Il s'agit d'une transposition en latin des tables chronologiques mises en place dans la seconde partie de la Chronique d'Eusèbe, avec un supplément pour la période 325-379.
En dépit de nombreuses erreurs venant d'Eusèbe et d'autres dues à Jérôme, son travail est de valeur, ne serait-ce que pour l'impulsion qu'il donna à des chroniqueurs plus tardifs comme Prosper, Cassiodore et Victor de Tannuna. Nous lui devons également trois hagiographies (les trois premières en langue latine, qui influenceront Sulpice-Sévère dans l'écriture de sa Vie de saint Martin) : la Vie du moine Paul, écrite pendant son premier séjour à Antioche (376), la Vie de Malch (391) qui se fonde probablement sur un travail antérieur, même s'il prétend avoir pour source des discussions avec l'ascète Malch lui-même dans le désert de Calchis, et la Vie d'Hilarion (même date), dont la matière historique est plus fiable que les deux précédentes, et repose en partie sur une biographie d'Epiphanius, et en partie sur la tradition orale. Ce que l'on nomme le Martyrologium sancti Hieronymi est apocryphe : c'est manifestement l'œuvre d'un moine occidental à la fin du VIe siècle ou au début du VIIe, qui se réfère ouvertement au chapitre d'ouverture de la Vie de Malch, où Jérôme fait part de son intention d'écrire une histoire des saints et des martyrs à partir de l'époque apostolique. Le plus important des travaux historiques de Jérôme est le livre De uiris illustribus, écrit à Bethléem en 392, dont le titre et la structure sont empruntés à Suétone. Il contient de brèves notices biographiques et littéraires sur 135 auteurs chrétiens, de Pierre à Jérôme lui-même. Pour les 78 premiers, sa source principale est Eusèbe de Césarée (Historia ecclesiastica) ; la seconde partie, qui commence avec Arnobe et Lactance, comprend une bonne dose d'informations indépendantes, particulièrement en ce qui concerne les auteurs occidentaux.
Correspondance
La Correspondance de Jérôme constitue la partie la plus intéressante de son œuvre conservée par la variété de la matière et la qualité du style. Qu'il discute de points d'érudition, évoque des cas de conscience, réconforte les affligés, tienne des propos plaisants avec ses amis, vitupère contre les vices de son époque, exhorte à la vie ascétique et à la renonciation au monde, ou joute contre ses adversaires théologiques, il offre une peinture vivante non seulement de son esprit, mais également de son époque et de ses caractéristiques particulières. Les lettres les plus reproduites ou les plus citées sont des lettres d'exhortation : ep. 14 Ad Heliodorum de laude vitae solitariae, ep. 22 Ad Eustochium de custodia virginitatis, ep. 52 Ad Nepotianum de vita clericorum et monachorum, une sorte de résumé de la théologie pastorale vue sous l'angle ascétique, ep. 53 Ad Paulinum de studio scripturarum, ep. 57 au même : De institutione monachi, ep. 70 Ad Magnum de scriptoribus ecclesiasticis, et ep. 107, Ad Laetam de institutione filiae.
Œuvre théologique
La quasi-totalité de la production de Jérôme dans le domaine doctrinal a un caractère polémique plus ou moins affirmé. Elle est dirigée contre des adversaires de la doctrine orthodoxe. Même sa traduction du traité de Didyme sur l'Esprit Saint en latin (commencé à Rome en 384 et continué à Bethléem) fait preuve d'une tendance à l'apologétique contre les Ariens et les tenants de la doctrine pneumatiste. Il en est de même de sa version du De principiis d'Origène (vers 399), dont la vocation est de suppléer à la traduction inappropriée de Rufin. Les écrits polémiques au sens strict couvrent la totalité de la carrière littéraire de Jérôme. Pendant ses séjours à Antioche et Constantinople, il dut s'occuper de la controverse arienne, et particulièrement des schismes provoqués par Mélitios et Lucifer de Cagliari. Dans deux lettres au pape Damase (ep. 15 et 16), il se plaint de la conduite des deux partis à Antioche, les Mélétiens et les Pauliniens, qui ont tenté de le faire participer à leur controverse sur l'application des termes « ousia » et « hypostasis » à la Trinité. À la même époque, ou un peu plus tard (379), il rédige son Liber contra Luciferianos, où il fait un usage adroit du dialogue pour combattre les meneurs de cette faction. À Rome, vers 383, il écrivit une vibrante tirade contre l'enseignement d'Helvidius, pour défendre la doctrine de la virginité perpétuelle de Marie et la supériorité du célibat sur l'état conjugal. Il trouva un opposant similaire en la personne de Jovinianus, avec qui il entra en conflit en 392 (Adversus Jovinianum, et l'apologie de ce texte, que l'on trouve dans une lettre à son frère Pammachius, ep. 48). Une fois de plus, il prit la défense les pratiques catholiques traditionnelles de la piété et sa propre éthique ascétique en 406, contre le prêtre espagnol Vigilantius, qui s'opposait au culte des martyrs et des reliques, au vœu de pauvreté, et au célibat du clergé. C'est à cette époque que débuta la controverse avec Jean de Jérusalem et Rufin sur l'orthodoxie d'Origène. C'est à cette époque qu'appartiennent ses polémiques les plus passionnées et les plus globales : le Contra Joannem Hierosolymitanum (398 ou 399), les deux Apologiae contra Rufinum qui y sont intimement liées (402), et le « dernier mot » écrit quelques mois plus tard, Liber tertius seu ultima responsio adversus scripta Rufini. Le dernier de ses écrits polémiques est le dialogue Contra Pelagianos (415).
Position théologique
Jérôme fait sans conteste partie des plus érudits des Pères occidentaux. Dans l'Église catholique romaine, il est reconnu comme le saint patron des bibliothécaires et des traducteurs.
Sa supériorité vient notamment de sa connaissance de l'hébreu. Il est vrai qu'il était tout à fait conscient de ses qualités, et qu'il ne se libéra jamais de la tentation de mépriser ses rivaux, particulièrement Ambroise. Son érudition n'est cependant pas dépourvue de faiblesses. Il connaissait bien la littérature grecque et latine, païenne aussi bien que chrétienne, mais on peut parfois constater des manques ou des traces de superficialité. En outre, sa connaissance de l'hébreu prête le flanc à de nombreuses attaques de la part de la critique moderne.
D'une façon générale, ce n'est pas son savoir absolu qui en fait un auteur exceptionnel, mais une élégance proche de la poésie, un esprit incisif, une capacité reconnue à adapter des sentences ou des proverbes connus à ses visées, et une tendance lourde à rechercher les effets rhétoriques. Ses faiblesses sont plus notables sur les points de dogme. Il n'a contribué qu'indirectement au développement de la doctrine. On peut en dire de même de sa contribution à la théologie morale, où il faisait preuve moins d'un intérêt pour la spéculation abstraite portant sur la morale que d'un zèle ascétique obsessionnel et d'un enthousiasme passionné pour l'idéal monastique. C'est pour cette attitude que Martin Luther le jugea d'une façon si sévère. Il fait preuve d'un réel défaut d'indépendance et d'une soumission à la tradition orthodoxe. C'est dans cet esprit qu'il vivait avec le pape Damase, ne faisant jamais preuve du moindre esprit de décision. Quand l'Église dut décider s'il fallait reconnaître avec les Mélétiens l'existence de trois hypostases de l'ousia divine ou, avec les Pauliniens, une hypostase avec trois personnes (prosopa), Jérôme écrit : « Décide, je t'en prie, et je n'aurai pas peur de parler de trois hypostases ». On peut en faire le précurseur de l'ultramontanisme. Sa tendance à reconnaître la supériorité d'autrui ne se manifeste pas moins dans sa correspondance avec Augustin d'Hippone (ep. 56, 67, 102-105, 110-112, 115-116 pour Jérôme, et 28, 39, 40, 67-68, 71-75, 81-82 pour Augustin).
Cependant, en dépit des défauts et des faiblesses évoquées, Jérôme a sa place parmi les Pères d'Occident, ne serait-ce que par l'influence immense de sa version de la Bible sur le développement ultérieur de l'Église et de la théologie. Son accession au rang de saint et de docteur de l'Église catholique ne fut possible que parce qu'il rompit toute relation avec l'école théologique qui avait assuré sa formation, celle des Origénistes.
Iconographie
Prêtre romain, Jérôme de Stridon est traditionnellement représenté en cardinal. Même lorsqu'il est représenté comme un anachorète avec une croix, un crâne et une Bible pour toute ornementation de sa cellule, on utilise généralement le chapeau rouge ou un autre signe pour indiquer son rang.
L'iconographie de Jérôme de Stridon a fait souvent appel à sa légende : par exemple, sa pénitence au désert (Léonard de Vinci - 1480 - pinacothèque vaticane - Rome) ou encore retirant l'épine de la patte d'un lion (Vittore Carpaccio - Venise)
Il est l'un des quatre principaux Pères de l'Église latins, et il est à ce titre souvent représenté aux côtés de l'évêque Augustin d'Hippone, de l'archevêque Ambroise de Milan et du pape Grégoire Ier.
Vénération et patronage
Les chrétiens d'Occident le vénèrent comme saint et le fêtent le 30 septembre. Il est fêté le 15 juin julien ou le 15 juin grégorien par l'Église orthodoxe. Il est le patron des traducteurs[2].
Éditions modernes
- Apologie contre Rufin, Introduction, texte critique, traduction et index par Pierre Lardet; Editions du Cerf, coll. Sources chrétiennes, 1983
- Commentaire sur Jonas, Introduction, texte critique, traduction et commentaire par Yves-Marie Duval – Ouvrage publié avec le concours du Centre National des Lettres; Editions du Cerf, coll. Sources chrétiennes, 1985.
- Commentaire sur saint Matthieu, tome I, Livres I-II, Texte latin du Corpus Christianorum établi par D. Hurst et M. Adriaen – Traduction, notes et index par Émile Bonnard, ancien élève de l'École Normale Supérieure, agrégé de l'Université; Editions du Cerf, coll. Sources chrétiennes, 1978.
- Commentaire sur saint Matthieu, tome II, Livres III-IV, Texte latin du Corpus Christianorum établi par D. Hurst et M. Adriaen – Traduction, notes et index par Émile Bonnard, ancien élève de l'École Normale Supérieure, agrégé de l'Université; Editions du Cerf, coll. Sources chrétiennes, 1979.
- Débat entre un Luciférien et un Orthodoxe (Altercatio luciferiani et orthodoxi), Introduction, texte critique, traduction, notes et index par Aline Canellis, maître de conférences de latin à l'Université Lumière-Lyon II; Editions du Cerf, coll. Sources chrétiennes, 2003.
- Homélies sur Marc, Texte latin de dom Germain Morin (CCL 78) – Introduction, traduction et notes par Jean-Louis Gourdain; Editions du Cerf, coll. Sources chrétiennes, 2005.
- Trois vies de moines (Paul, Malchus, Hilarion), Introduction par Pierre Leclerc, Edgardo Martín Morales, Adalbert de Vogüé (Abbaye de la Pierre-qui-Vire) – Texte critique par Edgardo M. Morales (Séminaire de Tucumán, Argentine) – Traduction par Pierre Leclerc (Université de Rouen – Notes de la traduction par Edgardo M. Morales et Pierre Leclerc; Editions du Cerf, coll. Sources chrétiennes, 2007.
- Correspondance, Texte et traduction de J. Labourt, 8 t. ; Éditions Belles-Lettres, coll. Collection des Universités de France (Paris)
Notes
- ↑ "Après-midi sur « Jérôme traducteur », animée par Patrick Laurence, professeur à l’université F. Rabelais de Tours. Jérôme et la traduction de la Vulgate : circonstance et modalités de cet aspect de son œuvre et manière dont la tradition a fait de lui le patron des traducteurs." (septembre 2005). Voir Association professionnelle des métiers de la traduction.
- ↑ . Il est le protecteur des docteurs, des étudiants, des archéologues, des pélerins, des bibliothécaires, des traducteurs et des libraires
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
- Œuvres de saint Jérôme sur le site de l'abbaye de Saint-Benoît
- Traduction française des Hommes illustres et de la lettre à Eustochium
- Œuvres de saint Jérôme en latin sur Migne, Patrologie latine
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