Jules Brunet

Jules Brunet
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Jules Brunet
Jules Brunet à Ezo en 1869
Jules Brunet à Ezo en 1869

Naissance 2 janvier 1838
Belfort
Décès 12 août 1911 (à 73 ans)
Fontenay-sous-Bois
Origine Français
Allégeance Drapeau français Empire français
Flag of the Republic of Ezo.svg République d'Ezo
Drapeau français Empire français
Drapeau français République française
Grade Général de division
Années de service 1857 - 1899
Conflits Expédition du Mexique
Guerre de Boshin
Guerre franco-prussienne de 1870
Guerre de la Commune de Paris
Faits d'armes Bataille de Toba-Fushimi
Bataille de Hakodate
Siège de Metz
Semaine sanglante
Distinctions Commandeur de la Légion d'honneur
Ordre du Soleil levant
« grand officier du Trésor sacré du Mikado »
Hommages A inspiré le film "Le Dernier Samouraï"
Autres fonctions Officier-instructeur au Japon

Jules Brunet, le 2 janvier 1838 à Belfort et mort le 12 août 1911 à Fontenay-sous-Bois, est un officier militaire français dont le point culminant de la carrière est son activité lors d'une mission d'instruction au Japon. En effet, suite aux difficultés du Shogun qui conservait encore pour un temps le pouvoir politique, cet instructeur d'artillerie venu moderniser son armée de samouraïs, se joignit ensuite à ses troupes contre le nouveau pouvoir impérial nippon.

Sommaire

Carrière

Sorti de Polytechnique comme officier de lÉcole dapplication de lartillerie et du génie, Brunet commence sa carrière militaire dans lexpédition mexicaine chère à Napoléon III. À son retour, il reçoit la Légion dhonneur, en récompense de ses brillantes qualités militaires. Début novembre 1866, il fait partie de la mission envoyée au Japon sous les ordres du capitaine Jules Chanoine et qui arrive à Yokohama début janvier, afin dinstruire larmée du shogun Yoshinobu Tokugawa.

Le shogun a, en effet, mesuré le retard pris dans la modernisation de son pays. Les puissances occidentales avaient imposé à Yoshinogu des traités qui sont, à linstar de ceux passé naguère avec la Chine, jugés « inégaux », et qui ont fini par soulever des troubles à travers le pays et une vague de xénophobie. Les États-Unis dAmérique, les Pays-Bas et la Russie sen tiennent à une prudente neutralité. La Grande-Bretagne, de son côté, aident en sous-main les « clans de louest », favorables au nouvel empereur Tennö Meiji qui ne représente encore que la puissance religieuse ; tandis que la France, toujours désireuse daider le Japon à sindustrialiser depuis le traité de paix, damitié et de commerce de 1858 et le succès de lExposition universelle de 1867, sengage, pour contrecarrer les visées britanniques, sous limpulsion de son ambassadeur Léon Roches, à soutenir le shogun, qui vient de subir les représailles des autres Occidentaux après une vague dattentats à lencontre de leurs résidents et de leurs comptoirs.

peinture d'un Bakufu par Brunet (avril 1867)

Le capitaine Brunet, personnalité affable, communicative et dune vive intelligence, va saisir rapidement les subtilités de la culture japonaise et subjuguer ses élèves artilleurs. Cest un bel homme qui en impose par une élégante stature (1,85 m), il sexprime bien (il a un talent décrivain reconnu) et il a des goûts artistiques très développés qui ne déplaisent pas aux samouraïs (il excelle dans le dessin). Une solide fraternité darmes se crée entre eux.

L'équipe militaire avant le départ pour le Japon (1866). Jules Brunet (officier coiffé, assis à la gauche du capitaine Chanoine qui est debout au centre)
Général Jules Brunet, au centre, képi à la main (1898)

Cependant, dès novembre, devant lurgence de la situation, le shogun, ne croyant plus rattraper son retard, abandonne sa fonction shogunale au profit du jeune empereur Meiji avec lespoir dinstaller un gouvernement composé des seigneurs locaux (les daimyo) ; mais ce pouvoir collégial ne peut empêcher le coup détat des partisans « réformistes » qui rétablissent, le 3 janvier 1868, le modèle de « lancienne monarchie ». Yoshinobu est poussé à prendre les armes par ses samouraïs, inquiets de perdre définitivement leurs prérogatives. Débute la guerre dite guerre du Boshin qui voit, le 27 janvier, les armées du shogun dispersées malgré leur large supériorité numérique par une force impériale déjà entièrement modernisée par les concurrents. Yoshinobu, après cette première défaite, se réfugie à Edo. Repoussant le plan de revanche de Léon Roches, il capitule le 27 avril à Edo qui est conquise, et se retire à Mito. La France dépitée rappelle son ambassadeur, se voit contrainte de proclamer sa neutralité et la mission Chanoine qui est désormais indésirable et sommée de quitter le territoire, se replie sur Yokohama pour être rapatriée en novembre.

De son côté, Brunet, empreint dune éthique toute militaire refuse de revenir afin de continuer à « servir la cause française en ce pays »[1], car il estime de son honneur de ne pas abandonner le shogun et ses fidèles samouraïs, des frères darmes quil avait instruits. « […] jai décidé que devant lhospitalité généreuse du gouvernement shogunal, il fallait répondre dans le même esprit »[2]. Mais Chanoine refuse sa démission et Brunet se retrouve dans une situation fausse. Le ministère de la guerre le placera finalement en congé dun an sans solde le 6 février 1869, régularisant implicitement sa situation, mais en précisant quau Japon il est toutefois autorisé, il naura désormais que le statut dun simple particulier. Brunet a, semble-t-il, bénéficié dun esprit de solidarité de corps. Dailleurs, Roches continue de plaider auprès de lEmpereur la cause du shogun et huit officiers camarades de Brunet partiront le rejoindre. Les forces impériales, en surnombre, ont maintenant, grâce à leur artillerie lourde, la mainmise sur lîle Honshu. Les troupes du shogun pour mieux résister se retranchent sur Hakodate et fondent le 25 décembre 1868, léphémère République dEzo dont Takeaki Enamoto est élu président. Brunet, conseiller militaire du ministère de la guerre, organise la défense et reprend linstruction des soldats, jusquà la survenue de larmée de lempereur qui commence, le 30 juin, lassaut de lîle par terre et par mer. Les quelque huit cents assiégés dune infériorité irrémédiable doivent capituler. Brunet et les officiers français sont récupérés juste à temps par un aviso envoyé pour les soustraire aux représailles des vainqueurs (la torture est coutumière au Pays du soleil levant).

Officiellement, la France félicite le Mikado davoir rétabli lordre dans le pays mais nacceptera pas de rendre lofficier qui a aidé les rebelles, sous prétexte quil est aux mains dune autorité militaire indépendante. Rentré à Paris, Brunet reçoit un blâme réglementaire pour ingérence dans les affaires politiques dun pays étranger, et son ministère le retire des officiers dactive par « suspension demploi ». Napoléon III approuve cette sanction, le 15 octobre. La France laisse courir le bruit que Brunet, passé en conseil de guerre, a été révoqué. En réalité, Brunet na pas été formellement désapprouvé mais il est en quelque sorte condamné à la discrétion absolue. Ainsi, dès le 26 février 1870, soit cinq mois avant que le Japon sestime officiellement satisfait de la punition, Brunet est le directeur adjoint de la manufacture darmes de Châtellerault, nomination qui na pas été insérée au Journal officiel. Dans le même temps, il contracte un beau mariage qui lui apporte une dot de cent mille francs et son ancien supérieur, le capitaine Chanoine, est son témoin. À aucun moment, son équipée japonaise ne lui sera reprochée.

Brunet participera encore à la guerre franco-allemande à Metz il sera fait prisonnier. Après la chute de lEmpire, il est au service de Versailles pour la répression de la Commune de Paris. S'ensuit un cursus militaire honorable et plus tranquille : attaché militaire en Autriche et en Italie, commandeur de la Légion dhonneur, chef de cabinet, en 1898, de Chanoine, devenu général et ministre de la guerre. Brunet finira général de division.

Le 11 mars 1895, le Japon qui vient de sortir dune éprouvante guerre « moderne » avec la Chine, se rappellera de cet ancien « samouraï » qui contribua à lextinction de cette caste à laquelle, dès 1876 il avait été interdit de porter le sabre, en lélevant au grade de « grand officier du Trésor sacré du Mikado ».

Cinéma

Jules Brunet a en partie inspiré le personnage Nathan Algren interprété par Tom Cruise dans le film Le Dernier Samouraï (2003) d'Edward Zwick.

Références

  • Jean-Marie Thiebaud, « La présence française au Japon, du XVIe siècle à nos jours ; éditions LHarmattan (2008) ; isbn 9782296051423
  • Seiichi Iwao & Teizo Iyanaga, « Dictionnaire historique du Japon » ; tome 1 ; éditions Maisonneuve et Larose (2002)
  • Michèle Battesti, « Lhistoire vraie du dernier samouraï » ; Historia n°764 (août 2010)

Notes

  1. extrait d'une lettre à Napoléon III
  2. justification adressée à Chanoine. Citée par M. Battesti

Voir aussi

Lien externe

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