Jeanne Laganne

Jeanne Laganne

Jeanne Laganne, née Jeanne Canavaggia en 1930 à Castelsarrasin et morte en 1995, est un des rares peintres abstraits femme qui ait marqué la seconde moitié du XXe siècle.

Dans la révolution abstraite, elle occupe une place à part du fait de limportance quelle accorde, au-delà des couleurs, de la matière et du mouvement, à la forme : Les formes cest nouveau, cest même unique en matière de peinture abstraite ou la plupart du temps le gestuel et/ou la couleur ont été privilégiés. La forme cela semble de plus en contradiction avec la notion même dabstraction. Pas pour Laganne. Dans un entretien avec le critique dart François Pluchart[1] publié dans Combat, on peut lire : « La forme mintéresse avant tout. Cest la chose la plus difficile. Les rythmes et les couleurs sappellent lun lautre. Le plus difficile est de trouver des formes qui rejoignent la vie sans quelles soient ni humaines, ni animales ».

L'État acquerra successivement trois toiles de Jeanne Laganne aujourd'hui détenue par le Fonds national d'art contemporain. On peut voir aussi des peintures de Jeanne Laganne au Musée de Beaux Arts d'Alger.

Laganne, cest aussi une femme de lettres qui publiera quatre romans et un essai.

Sommaire

La genèse artistique

Jeanne Laganne est née en 1900 dans la bonne société provinciale à Castelsarrasin, petite ville près de Toulouse, dans le sud de la France. Son père, dorigine corse, sappelait Jérôme Canavaggia et exerçait la profession de magistrat. Sa mère, Louise Patry était limougeotte. Ils eurent trois filles, Marie Canavaggia, lainée et future collaboratrice de Louis-Ferdinand Céline, Jeanne, la cadette et Renée Canavaggia la benjamine, future astrophysicienne à l'Observatoire de Paris.

Jeanne Canavaggia fait lÉcole des Beaux Arts de Nîmes elle apprend les bases des techniques du dessin, de la gravure, du pastel, de la gouache et de lhuile. Elle sort de cette école avec deux premier prix. Jusqu'à son mariage, Jeanne Laganne signe ses œuvres avec le monogramme JC pour Jeanne Canavaggia, avec un C majuscule encadrant un J majuscule.

En 1921, Jeanne Canavaggia épouse André Laganne le fils du procureur de la République que sa famille avait connu à Castelsarrasin. Il avait embrassé une carrière militaire, dans cette nouvelle arme quétait alors laviation, comme pilote de chasse.

Avec les copies faites dans les musées, les portraits et les dessins sont la partie sage, montrable, pastel de lœuvre de Jeanne Laganne. Mais, à côté de cela, il y a les peintures à lhuile, les portraits de caractères, de personnages ayant une gueule, de la bonne, Suzanne, de lordonnance, Charles. On sent déjà une forte personnalité, une certaine violence dans la façon de peindre. Il y a de la matière, on sent la comédie humaine, ou plutôt la tragédie humaine, cette sensibilité à lautre, ce regard qui va au fond du cœur, de la personnalité.

Le début de la carrière d'artiste

1932 constitue une étape importante pour Jeanne Laganne : cest sa première participation à une manifestation artistique dimportance nationale : le Salon des beaux arts au Grand Palais. Elle a 32 ans. Elle est immédiatement remarquée et le critique du journal Le Temps écrit « Jeanne Laganne fait preuve dun talent pénétrant » tandis que le critique Clément Morro, dans[2]. de la Revue moderne des Arts écrit : « A une artiste aussi douée et si éprise de sa vocation, qui ne se risque à quelques nouveauté que lorsquelle a la certitude du terrain primitivement conquis, lexpérience apportera sans nul doute la virtuosité et le brio que mérite sa sympathique personnalité. Ses œuvres présentes justifient quon lui fasse confiance pour lavenir ». Ces premières huiles montrées au public sont signées Jeanne Laganne puis très vite J Laganne. Cette participation à un grand salon sera renouvelée en 1933 au même endroit, puis en 1935 au salon des Tuileries.

En 1936, Jeanne Laganne quitte Tours car son mari est nommé à Alger, au cabinet militaire du gouverneur. les choses changent : Alger est une grande ville, grouillante, active, ou les ombres méditerranéennes ne sont plus noires mais colorées. La vie mondaine sélargit au-delà du milieu militaire et embrasse une société civile de hauts fonctionnaires. On se reçoit beaucoup et le talent de Jeanne Laganne est immédiatement reconnu, encouragé. Sa participation aux salons parisiens renforce sa position ; les expositions senchaînent et elles ont du succès. Interviewée en 1962 par François Pluchart[1], le critique dart du journal Combat Jeanne Laganne dira à propos de linfluence de ce pays sur son œuvre : « LAlgérie ma beaucoup apporté dans le sens de lamour de la vie. Les choses qui peuvent vous aider sont intangibles. Un choc, une connaissance apportent alors que cétait imprévu. Pour cela on devrait être superstitieux, amoureux de hasard. De loin en loin on a un choc important. » LAlgérie fut clairement un choc pour cette artiste. Première exposition dès son arrivée à la galerie Charlet en 1936. Le musée des Beaux Arts dAlger achète quelques peintures. Sa dernière exposition à Alger sera à la Galerie Dominique en 1944 car désormais ce sera à Paris quelle montrera ses œuvres.

La rencontre avec Jean Dubuffet

Ses sœurs Marie et Renée CANAVAGGIA sont installées dans la capitale et les visites que Jeanne leur rend sont aussi une occasion de contacts avec le milieu artistique parisien. Jouvet, Giraudoux, Céline, DubuffetMarie Canavaggia est traductrice. Cest aussi la secrétaire et la correctrice de Louis Ferdinand Céline pour qui Dubuffet a une profonde admiration et qui veut monter pour lui un comité de Défense pour laider à faire face à ses difficultés daprès-guerre. Les deux hommes font donc connaissance par lintermédiaire de Marie Canavaggia et cest tout naturellement que Jean Dubuffet fait appel aux talents de traductrice de cette dernière pour traduire les critiques de ses premières expositions aux États-Unis dès 1945. Cest donc par sa sœur ainée que Jeanne fait la connaissance du futur pape de lart brut et quelle réalise que cest «  », à Paris, que ça se passe. Dans son livre Les Bras ouverts [3], publié en 1952, elle écrit : « Jai regardé ce que faisaient les autres : jai été stupéfaite. Ces toiles aucun peintre ne les auraient faites dans la solitude : elles étaient le produit de cerveaux frottés les uns contre les autres, très vite, très fort, jusqu'à faire jaillir des feux dartifice à tout incendier. Des surenchères stupéfiantes. Plus de sens, plus de sensibilité, plus de bon sens, un parti pris de sens dessus dessous peut être, mais quelle audace, quelle liberté !... ».

La rencontre avec Jean Dubuffet et la multiplication des voyages à Paris sont déterminants dans lévolution de la peinture de Jeanne Laganne. Jean Dubuffet (1901-1985) lui-même est en pleine recherche. Pendant les 25 premières années de sa vie dadulte, Dubuffet a dirigé lentreprise familiale et peint par intermittence. Ce sont des aquarelles, des gouaches et des huiles au vocabulaire postcubiste, mais qui nen laissent pas moins transparaître les signes dune personnalité naissante. Lélément fondateur de son œuvre est sa première exposition en 1944 à la galerie Drouin il vient de faire connaissance avec Michel Tapié, le conseiller artistique de la galerie qui la repéré, ainsi quavec Jean Paulhan, Paul Eluard, Francis Ponge, Jean Fautrier

Les deux peintres se rencontrent à Paris comme à Alger (1947), sécrivent [4] dès 1945, échangent. La peinture de Jeanne Laganne se libère, progressivement la matière de ses toiles sépaissit, les personnages prennent une allure ou le fantastique se mêle à linquiétant. Jean Dubuffet lui écrit dans une lettre de 1947 « Ce que vous me dites de leffet stimulant quont exercé sur votre travail mes peintures me donne une grande joie ». Il faut dire que le peintre dans ses recherches, dans sa rupture, est déstabilisé par la critique : « Vous avez vu comment les journaux mont traité et me traitent encore ? Je suis cette semaine homme aussi célèbre que le docteur Petiot. Je nai pas besoin de vous dire je pense que tous ces articles ignominieux sont faits daffirmations complètement fausses. »

Les deux artistes se soutiennent, se recommandent lun lautre auprès de galerie, commentent leurs évolution, se font des recommandations. Toujours en 1947, après son passage à Alger, Jean Dubuffet écrit : « Jai eu limpression que vous êtes arrivée assez loin dans le chemin qui peut vous mener à des créations fortes et intéressantes et que vous approchez ces créations, mais que vous ny êtes pas encore tout a fait, la technique vous manque ; il vous faut à force dessais et de tâtonnement inventer de manière plus décisive les techniques qui vous conviennent, les découvrir et mettre au point lune après lautre (vous serez aidée par le hasard pour ces découvertes pour peu que vous deveniez experte à le laisser fonctionner et le mettre à profit) (et vous verrez quen mettant au point vos techniques cest aussi vos conceptions elles-mêmes qui se mettront au point du même coup, lun portant et entrainant lautre). Tels quils sont, et déjà au point ou ils sont, vos travaux mont paru fort intéressants et tels, quils donnent à penses (et votre personne et votre conversation aussi le donnent à penser) que vous êtes susceptible de parvenir quelque jour à quelque chose dimportant. »

Il faut dire que cette période qui va de 1945 à 1955 est particulièrement agitée sur le plan artistique pour Jeanne Laganne. Cet abandon du monde figuratif et ce passage à labstraction est loin de se faire en une fois ! Il sétale sur dix ans. Cest une période de recherche, de remise en cause permanente tant sur les plans personnels quintellectuels et artistiques. La peinture est aussi influencée par le cheminement politique de Jeanne Laganne qui se gauchit jusqu'à aboutir à ladhésion au Parti Communiste, sans que sa peinture nadhère, ne fut ce quun instant, au « réalisme socialiste » qui ne fut quun pétard mouillée ; en mars 1950, Dubuffet lui écrit mi amusé, mi admiratif : « Êtes-vous toujours aussi passionnée pour lamélioration de la vie des hommes par le moyen dune plus équitable distribution des richesses ? » : des ouvriers, des gueules. Dans deuxième roman publié en 1952[5] Les Bras ouverts, il y a cette scène : « Jai regardé : sur un mur de chaux au-dessus du poêle, il y avait de grandes traces de fumée. Jai longé la force de ces traces, jai suivi leur étirement vers le haut ; ces lignes mavaient lair de celles qui pouvaient avoir un sensEt tout a coup jai vu, jai vu deux formes. Ah oui, de ces mineurs dont on parlait en ce moment, "à la pointe du combat", comme on disait. Ils étaient , hautains, hiératiques, chevaliers de la guerre moderne, tels que, toute seule je ne les aurais jamais imaginés, bien plus beau quen réalité ils ne pouvaient lêtre, dépouillés par ce passage à travers la matière inerte de létait mon travail danimer. »

La période expressionniste

Jeanne Laganne multiplie les séjours à Paris et les expositions dans les galeries et les salons : Galerie Carmine (novembre 1946), Salon d'automne (1947), puis Jeanne Laganne franchit un pas avec sa première grande exposition, dans un style expressionniste avec 25 toiles à la Galerie Jeanne Castel (mai 1948) avenue Matignon. Suite à cet évènement, Jean Dubuffet lui écrit une lettre très amicale : « Vos peintures mont donné très grand plaisir, sont très intéressantes, ont beaucoup de pouvoir, décho, sont très chargées de courant. Jignore quel succès feront à cela les cuistres parisiens qui gouvernent par le moyen des journaux et de revues imbéciles lopinion des milieux dits artistiques ». En fait la critique nest pas mauvaise : « Peinture dun expressionnisme fougueux » dans les Nouvelles Littéraires, « Jeanne Laganne présente des monstres et des personnages de cauchemar de belle manière » dans les Lettres françaises, « Art franchement expressionniste, lart de Laganne se signale par la cruauté de ses sujets, lacidité de ses thèmes et la puissance émotive des moyens » dans Arts [6], « Une révélation. Des toiles expressionnistes dune étonnante intensité. Quelques traits, quelques touches suffisent à lartiste pour vous émouvoir au plus profond de vous-même. Ça dépasse parfois Rouault » dans Rayonnement.

Sur le plan technique, Laganne peint en quatre phases :

  • Lidée, le thème de la future toile ;
  • Les croquis au crayon sur un carnet à dessin, souvent plusieurs croquis à la suite lidée saffine, prend corps puis, dans la version qui lui sembles aboutie, des notes en marge indiquant les couleurs à utiliser ;
  • Un dernier croquis colorisé ;
  • Et enfin la toile.

Fin des années 1940 et début des années 1950, cest aussi la période Laganne sessaye à la gravure. Non pas pour exposer et vendre, mais pour maîtriser la technique. Elle prend pour thème les sujets de ses tableaux. Les tirages sont très rarement numérotés et signés et lon peut considérer quil sagit dun travail personnel.

Les expositions senchaînent : Galerie du Faubourg (1950), Galerie MAI (novembre 1951) et le style continue dévoluer : Lhomme, le mâle, sculptural, colossal comme les statues de lîle de Pâques envahit ses toiles. Un critique danois[7] écrira au sortir de la galerie MAI : « Jeanne Laganne a peint des arabes en Algérie et dans la banlieue parisienne, des dockers, des hommes du type soutiers. Est-ce que ce type dhomme avec des visages de granit, avec des traits grossiers, énormes comme les statues de lîle de Pâques est lunique Licorne de notre époque ? Il faut le croire ! Si lon pose à Laganne cette question directe, elle répond queces personnages symbolisent ce quelle appelle le réflexe latin selon lequel lhomme est le maître et seigneur de la femme. La femme est brisée par ces blocs de granit, elle est complètement dominée par eux, tout dépend de leur bonne grâce. La Licorne 1951 sans poésie. »

1952 : Jeanne sinstalle définitivement à Paris dans cette capitale qui vit une véritable révolution artistique. Par lintermédiaire de Jean Dubuffet, elle a connu Michel Tapié, le conseiller artistique de la Galerie Drouin, mais aussi celui qui est en passe de devenir l'un des quatre critiques de référence de cette révolution artistique qui se produit dans le Paris de la libération et dont létincelle date de 1943 avec lexposition Fautrier à la galerie Drouin et 1944 avec lexposition Dubuffet au même endroit. Paris vit vraiment au début de ces années 1950 une véritable agitation artistique les non figuratifs, bien que divisés en courant et sous courants, sopposent aux figuratifs, aux surréalistes, aux neo-cubistes, sapostrophent, pérorent. Labstraction lyrique, chaude, soppose à labstraction géométrique, froide. Aux côtés de ces peintres et des galeries qui les soutiennent, un grand nombre de critiques darts qui animent des rubriques importantes, souvent plus dune demi page, dans les différents quotidiens de la capitale et publient de nombreux ouvrages. Michel Seuphor, Michel Ragon, François Pluchart et surtout Michel Tapié sont de ceux . Pour couronner cette agitation créatrice, des revues spécialisées comme Art daujourdhui puis Cimaises voient le jour. Ce que lon a appelé la Nouvelle école de Paris navait en fait aucune unité !

Michel Tapié de Céleyran (1909-1987) quant à lui, est un homme élégant, aussi intellectuel quaristocrate, capable de parler aussi bien de cigares et de football que de littérature ou de physique nucléaire. Lune de ses très grandes qualités était de rendre immédiatement intelligent celui qui prenait la peine de lécouter même si, hors la peinture, sa compréhension des problèmes quil abordait pouvait paraître un peu brumeuse à beaucoup. Son expression la plus courante était : « Comme vous le savez ». Suivait un long développement mêlant mystique Zen, Lois de Cantor et les responsabilités de lartiste. Petit neveu de Toulouse-Lautrec, élevé chez les jésuites, il avait commencé par dilapider sa fortune personnelle dans une usine de traitement des algues marines, puis sétait tourné vers le vitrail et la sculpture dans latelier de Amédée Ozenfant avant de sinvestir dans la défense de la modernité en peinture sans cesser de sintéresser de très près à la musique, ni de jouer de la contrebasse. Dans les années 1950-1960, il est devenu LE grand critique dart contemporain, le promoteur de «  lArt Autre », le conseil de nombreuses galeries en Europe, en Amérique latine et au Japon. Cest vraisemblablement Dubuffet qui présenta Tapié à Jeanne Laganne lors de sa première exposition chez Drouin en 1944. Tapié qui assurera une promotion enthousiaste de Jeanne Laganne et de tout un groupe de peintres abstraits pendant près de 20 ans. Cest notamment lui qui lui présentera le photographe et galeriste Paul Facchetti qui la fera rentrer dans son écurie de peintres et de sculpteurs. Facchetti est le premier galeriste avec qui Laganne passe un contrat. Dans cette époque de bouillonnement artistique, des galeries souvrent de tous côtés et soutiennent le mouvement en cours avec un parti pris non dissimulé pour tel ou tel courant : Nous avons déjà cité Douin place Vendôme, Jeanne Castel, avenue Matignon. Il faut aussi parler de la Galerie Colette Allendy qui lancera labstraction lyrique en 1948 au travers de sa célèbre exposition intitulée « Limaginaire », la galerie des deux Îles, place forte de Michel Seuphor et bien entendu le Studio Facchetti.

en 1912 en Italie, Paul Facchetti est fils de peintre et photographe. Cest un découvreur de talents. Sa biographe, Frédérique Villemur, rappelle qu'il "est avant tout connu pour avoir défendu dans la décennie de l'après-guerre le courant de l'abstraction lyrique et contribué à révéler en Europe, avec Jackson Pollock, la peinture américaine alors en plein essor. À Paris, le studio qu'il ouvre en 1951, rive gauche, au 17, rue de Lille, dans le quartier de Saint-Germain des-Prés, est sous le double auspice de la peinture et de la photographie. Tout d'abord studio photographique, la galerie d'art en a gardé l'esprit de laboratoire. Le terme de « studio » n'est pas sans évoquer la recherche et l'expérimentation auxquelles Paul Facchetti est toujours resté attaché, alors que celui de « galerie », plus traditionnel, appelle l'idée de collection, collection qu'il n'a jamais par ailleurs cherchée pour lui-même à constituer […]. Son activité de photographe se poursuit après l'ouverture de la galerie, et de manière plus réservée avec certains artistes qu'il expose, avec lesquels se noue une amitié, et dont il réalise les portraits : Wols, Jean Fautrier, Ossorio, Georges Mathieu et Dubuffet, Henri Michaux..."[8]. Frédérique Villemur souligne combien "en défendant un courant qui ne reniait ni l'expression du corps ni la spontanéité du geste, Paul Facchetti a tenté d'en explorer les confins. Il s'est signalé par des choix inattendus au regard des courants dominants, qui ont valu au studio de garder l'étiquette de galerie pilote, prenant parti pour des artistes qui n'étaient pas des valeurs sûres sur le marché de l'art. Dans ces années les critiques s'exprimaient avec passion, Jeanne et Paul Facchetti concevaient leurs expositions comme des lieux de rencontres et d'échanges entre artistes et intellectuels, amateurs et collectionneurs, dans l'esprit de susciter un événement et non d'assurer la pérennité des artistes, Défricheur de talents, Paul Facchetti a été en cela porteur d'espoir pour de jeunes artistes, quand bien même il ne les a que peu accompagnés au long de leur carrière - ce que certains ont pu lui reprocher, n'assurant pas une continuité de vente - mais tel n'était pas l'esprit du studio. De fait, c'est moins en marchands qu'en amateurs que Jeanne et Paul Facchetti se décidaient sur une œuvre. Le Studio Facchetti a toujours privilégié les voies de l'innovation à celles de la consécration. Son indépendance d'esprit lui a permis de traverser ainsi les modes sans se soucier des académismes"[9]. Cest en mars 1953, un an après son installation définitive à Paris que Jeanne Laganne fait sa première exposition personnelle au studio Paul Facchetti, 17 rue de Lille. Une exposition de Groupe avec les peintres et sculpteurs du Studio suivra immédiatement en octobre de la même année : deux expositions la même année, un véritable lancement ! À partir de cette date et plus vraisemblablement dès son installation à Paris lannée précédente les toiles sont désormais signées Laganne.

La période abstraite

Nouvelle exposition personnelle en mars 1955 suivie dune exposition de groupe, toujours au studio, notamment aux côtés de Olivier Debré. 1955 est une date importante ! Cest en cette année que le style de Jeanne Laganne devient totalement abstrait. Labstraction que lon pensait avoir enterrée en 1944 en même temps que Kandinski renait avec « labstract expressionnism » et « laction painting » américains, « labstraction lyrique » terme employé pour la première fois par le peintre Georges Mathieu en 1947 à loccasion de lexposition « limaginaire », « lart informel » de Michel Tapié (1951) ou bien encore « le tachisme » du critique Charles Estienne en 1954 . Le poète André Marissel écrit[10] à propos des peintures quil découvre à l'occasion de lexposition personnelle de Jeanne Laganne en 1955 : « Ici sexprime avec une intensité oppressante la hantise de lasphyxie et la volonté de vaincre coûte que coûte le désespoir. Pour quon le délivre, le poète appelle souvent au secours. Il fait confiance aux mots les plus usuels, à la limite au cri. Dans ce dernier cas il sagit dun pré-langage. Sa signification est immédiate, absolument pure dintentions. Lêtre est arraché à lui-même. Ainsi du peintre qui ne cherche dabord que son salut, dût-il pour cela sexposer a la réprobation. Dominées par le noir et le bleu, les œuvres les moins récentes de Laganne font songer aux grilles dun cachot. Mais le prisonnier a déjà tordu les barreaux, brisé dépaisses ronces ; il est en train de détruire ce qui soppose a son désir de liberté. Du sein dun monde qui demeure souterrain, Laganne heurte violemment les murs. Des pierres volent en éclat ; le mouvement est tel au centre du volcan que nous sommes saisis de vertige. Un drame dont nous pouvons deviner la puissance, se précise sans jamais sachever » La critique est abondante, élogieuse : le journal Le Monde [11], les revue Arts [12] et Cimaises [13], le nouveau Fémina [14] et même en Italie la revue dart Il 4 Soli.

1955, cest aussi lannée une nouvelle galerie sinstalle rue de Seine : la galerie Stadler. Rodolphe Stadler (1927-2009) est issu dune famille dindustriels suisses installée à Lausanne. Il fait des études de droit sans grandes convictions. À partir de 1945, il vient de plus en plus souvent à Paris, commence à fréquenter les galeries et découvre la révolution artistique en marche, les peintres dont on parle et ceux que lon montre, la possibilité dune aventure totale impliquant lintelligence sous toutes ses formes, la culture traditionnelle quil sagit de repenser, linstinct, le goût, y compris celui du risque, voire du scandaleRodolphe inaugure la Galerie Stadler en 1955 et peut mettre en œuvre son tempérament de découvreur. Son rôle nest pas daccueillir les peintres ayant déjà fait leurs preuves, dêtre leur imprésario. Il aime découvrir les choses par lui-même et les imposer même si cela doit prendre du temps. A quelquun qui sétonnait de son silence lorsquil visitait un atelier, il répondait : « Cest bien ce que jattends confusément dun tableau : quil me coupe la parole. » !

Le rapprochement Laganne-Stadler se fait à nouveau par lentremise du critique dart Michel Tapié et aboutit à la participation de Jeanne Laganne à lexposition de groupe inaugurale de la galerie Stadler en octobre 1955 aux côtés de laméricain Jenkins et de lespagnol Antoni Tàpies. Lors de la première exposition personnelle de Jeanne Laganne en mars 1956 dans cette toute nouvelle galerie, Michel Tapié rédige la préface : «Il est toujours émouvant, sinon stupéfiant, de voir un artiste, après des périodes plus ou moins longues dans lesquelles sa tourbe primordiale se cherche, arriver à cet état natif qui est le cœur même de laventure, le moment optimum de lefficacité, de la potentialisation du possible contenu. Laganne en est à lun de ces miraculeux moments ou la généralisation abstractive engendre à tous coups son homologue contradictoirement ambigu quest la signifiance structurée ».

Pendant sept ans, de 1955 à 1962, période pendant laquelle, sur le marché de lart, labstraction sous toutes ses formes fut à son apogée, Jeanne Laganne restera chez Stadler. Cest aussi la période ou Michel Tapié se fait le propagandiste de lart « autre » à léchelle mondiale et inclut Laganne dans tous les évènements quil organise ou les livres quil publie.

Michel Tapié est partout et est le premier à sentir quil faut faire sortir cette École de Paris du microcosme parisien : - Il fait partie du comité artistique de la fondation RomeNew York Art Foundation (1957) - Il établit le contact avec le mouvement Gutaï au Japon et fait participer des groupes de peintre abstrait américains et européens au festival dOsaka en 1958 puis en 1960. - Il crée en 1960 à Turin l’ « International Center of Aesthetic Research » - Il organise de très nombreuses expositions collectives à létranger, avec ses poulains, ses découvertes, les artistes quil a toujours soutenus : o Dortmund, Allemagne (1958) o Turin, Italie (1959, 1960, 1962) o Bochum, Allemagne (1963) o Buenos Aires, Argentine (1964) o « Métaphysique de la matière » Charleroi Belgique (1966) o Mannheim, Allemagne (1969) - Il publie « Un Art Autre », « Esthétique en devenir », « Aventure Informelle », « Evidences paroxystiques » et « Morphologie Autre », " Prolégomène à une esthétique Autre" [15] avec à chaque fois un chapitre consacré à Laganne et la reproduction dune de ses œuvres - Il se fait le propagandiste dune véritable révolution artistique : une nouvelle appréhension, non formelle, de la lumière et des couleurs. Labstraction lyrique, chaude et joyeuse, soppose alors à labstraction géométrique, théorisée et froide. Évidemment, le courant de lenvolée lyrique ne sera par le seul représentant de lart abstrait dans le monde, mais il est le premier historiquement à franchir les limites de linformel :Il sagit dun mouvement international, plein de lenthousiasme daprès guerre. Et cette mixité chacun apporte sa personnalité, sa culture, crée un ciment extraordinaire. Ce sont des survivants, qui veulent avancer, et ils avancent très vite”, explique Patrick-Gilles Persin, critique d'art (écrivain et journaliste dans la presse spécialisée comme dans la presse profane), historien et expert sans être marchand d'art. Cest enfin la période ou Jeanne Laganne développera sa présence aux États-Unis, à New York au travers dexpositions individuelles (1960 et 1962) et de groupe (1961)à la galerie Thibaut .

Ses premières avancées dans le monde de labstraction privilégient le geste, le mouvement. On sent linfluence dun Mathieu ou dun Pollock, deux poulains de chez Facchetti. Mais très vite se rajoutent deux dimensions : la forme et la matière. La matière était déjà une caractéristique forte des œuvres des années 1940, de la période expressionniste notamment, trace de linfluence de Dubuffet. Les formes cest nouveau, cest même unique en matière de peinture abstraite ou la plupart du temps le gestuel et/ou la couleur ont été privilégiés. La forme cela semble de plus en contradiction avec la notion même dabstraction. Pas pour Laganne. Dans un entretien avec François Pluchart publié dans « Combat » on peut lire : « La forme mintéresse avant tout. Cest la chose la plus difficile. Les rythmes et les couleurs sappellent lun lautre. Le plus difficile est de trouver des formes qui rejoignent la vie sans quelles soient ni humaines, ni animales »Son inspiration elle la trouve sur les vieux murs, les crépis, le bitume. Le carnet à la main elle décèle puis croque la réparation du macadam faite sur un trottoir, la restauration dune paroi par un maçon, la fissure dans un mur. Ses croquis Jeanne Laganne les travaille, les complète les assemble, notes les couleurs envisagées. Plusieurs centaines ont ainsi pu être conservés. Les couleurs utilisée sont le vert de gris clair ou foncé, le sienne, locre, le blanc, le noir. Elles sont mates sauf pour le noir, toujours brillant. Cest le début de lutilisation de lacrylique. Jeanne Laganne peint la toile posée par terre dans son atelier en raison de la taille de ses œuvres et du caractère liquide de lacrylique. De 1955 à 1960 cest la montée en puissance, de 1960 à 1966 cest lapothéose de Jeanne Laganne et des peintres abstrait des écoles lyriques, tachistes ou informelles. Laganne est à la jonction de ces courants. Georges Piellex, écrivain, journaliste et critique dart suisse écrit[16] à loccasion dune exposition de Laganne à Lausanne en 1962, à la galerie Kasper : « La matière est rugueuse et mêle à la pâte de très petits fragments minéraux pour accentuer le relief . Enfin sur de larges étendues aux colorations brunâtres qui rappellent un peu les texturologies de Jean Dubuffet, des coulées de couleur pure (rouges éclatants) tracent leurs sillons selon lesprit du plus pur tachisme. On sen rend compte, deux tendances au moins saffrontent dans cette peinture et finissent par sassocier fort harmonieusement…… Si lartiste part de prémices qui font penser à Dubuffet, elle aboutit a des résultats opposés. Les effets volontairement ternes et monocordes de lhomme des matériologies font place ici à un séduction que nous dirons bien féminine. Contraste entre les terres neutres et les éclats des couleurs vives, brillance de la couleur qui parfois nhésite pas au plaisir de sabandonner à un certain lyrisme. »

1960, cest aussi lacte de naissance de nouvelles écoles artistique, de nouvelles concurrences pour les abstraits : le nouveau réalisme avec Klein, César, Niki de Saint Phalle, Arman, son pendant américain le PopArt, lOp Art aussi qui, sous ce nouveau nom, nest que la poursuite de labstraction géométrique. En 1967 Michel Tapié et Rodolphe Stadler organisent une exposition sur le thème : « Devenir de labstraction » : 21 peintres et sculpteurs parmi lesquels Laganne, Piaubert et Antoni Tàpies. La révolution sest assagie, les révolutionnaires en prenant le pouvoir sont devenus des classiques, des institutionnels et dautres révolutionnaires, comme les tenants de lart corporel auquel Stadler sera sensible, dautres écoles les remplacent.

Laganne reste fidèle à labstraction mais son style continue dévoluer : Les couleurs sont moins austères, lacrylique nest plus mate, les formes se complexifient et la matière est toujours présente. La production reste soutenue. À nouvelle ère, nouvelles galeries et nouveaux critiques : au début des années 1970, Jeanne Laganne prend un dernier virage, quitte le quartier latin et la rue de Seine et travaille désormais rive droite avec la Galerie de lUniversité à deux pas des Champs-Elysées ainsi quavec la Galerie Pierre Lescot, située près du centre Beaubourg. Les critiques dart du journal Combat la suivent dans cette traversée de la Seine. En 1972, Joël Derval, qui avec François Pluchart est lun des deux critiques dart du quotidien dAlbert Camus, publie un article intitulé « Lascension de Jeanne Laganne » : « Ceux qui suivent lévolution de la peinture de Jeanne Laganne depuis ses premières expositions chez Stadler éprouverons une grande satisfaction en visitant son exposition de peintures récentes qui se tient en ce moment à la Galerie de lUniversité, dont on sait quelle a changé dadresse depuis plusieurs mois et quelle sest installée dans de très beaux locaux à proximité des Champs-Élysées. Jeanne Laganne occupe une place intéressante dans labstraction dont elle na jamais épousé aucune des querelles et à légard de laquelle elle a toujours conservé une totale liberté desprit, c'est-à-dire quelle a toujours cherché à établir une voie intermédiaires entre la rigueur froide de labstraction géométrique et la violence expressive de labstraction lyrique. Labstraction de Jeanne Laganne procède dune vérité interne, réflexive et méditative et qui sappuie sur une profonde connaissance du monde et une grande gourmandise à légard des choses de la vie. Peinture intelligente, la peinture de Jeanne Laganne nest pas pour autant une peinture intellectuelle, théorique, desséchée par les bonnes raisons. Cest au contraire une peinture qui sappuie sur les réalités de lexpérience individuelle, sur la manière dappréhender la condition humaine, sur les pulsions intenses de lindividu. Cette peinture qui sexprime en toute liberté avec des couleurs chatoyantes, des formes ouvertes et séduisantes, ce qui nexclut pas une composition rigoureuse, sest donné pour tache de révéler les subtilités et les contradictions de lunivers apparent et caché. Ce besoin daller au fond des choses donne à la peinture de Jeanne Laganne sa facture inimitable. Toutes les qualités qui bientôt depuis quinze ans ont fait le succès de la peinture de Jeanne Laganne se trouvent aujourdhui dans son exposition de la galerie de lUniversité qui constitue une leçon de peinture et une grande joie pour lesprit. ». Trois expositions auront ainsi lieu à la Galerie de LUniversité en 1972, 1976 et 1980. En 1971, Laganne se livre à une expérience intéressante et travaille avec un jeune peintre plein de talent : Cyril Abauzit. Cela aboutira à lexposition dune toile réalisée en commun au Salon Comparaisons. Autre expérience qui date à peu près de cette époque : la lithographie avec une dizaine de tirages qui, comme ses gravures vingt ans plus tôt, sont pour la plupart non signées et non numérotées ! La reconnaissance des années 50-60 comme période clé de lhistoire de lart intervient en 1981 avec lexposition PARIS-PARIS au centre Georges-Pompidou. En mars 1985, le mensuel Beaux Arts publie un numéro spécial sur « La Peinture des années 50 » dans lequel Gérag Xuriguéra fait une longue rétrospective des artistes, galeries et critiques clé de cette époque marquée par ce quil appelle la victoire abstraite et cite Laganne et « ses stèles baroques semées de matière », Michel Tapié, « auteur dun « ART AUTRE » en 1952, véritable manifeste », les galeries Facchetti et Stadler.

Au soir de sa vie, Jeanne Laganne continue de peindre, de créer, dexposer : 1988 et 1990 seront ses deux dernières expositions, chez une amie très chère, Michèle Coche, à la galerie Pierre Lescot. Il sagit dune semi rétrospectives, dun mélange dœuvre des années 60 puis 70 et dœuvres contemporaines. Le succès est à nouveau au rendez-vous comme le montre la correspondance échangée avec la Galerie qui indique le volume des ventes, les prix de vente, la nature des acheteurs : particuliers, État, collectionneur australien habitant Hong-Kong. Jeanne Laganne séteint à 95 ans, dans son atelier, laissant une œuvre immense qui couvre tout le XXe siècle.

Romans et essais

    1. « Nous les élus » 1946 aux éditions Grasset sous le nom de JB Canavaggia (grand prix littéraire dAlgérie 1946)
    2. « Les bras ouverts » 1952 chez Horay sous le nom de JB Canavaggia
    3. « Tête et boucan » 1958 chez Horay sous le nom de JB Canavaggia
    4. « Le léopard » 1959 aux éditions Denoël, sous le pseudonyme de Jeanne Castelane, livre traduit en anglais sous le titre « Michele and Marc »
    5. « Proust et la Politique » 1986 chez Nizet

Expositions

Au cours de sa carrière professionnelle, Jeanne Laganne participera à plus de 50 expositions individuelles ou collectives dans une dizaine de pays.

Références

  1. a et b Combat, « La Volonté de reconstruire », entretien avec François Pluchart, 3 janvier 1962.
  2. La Revue moderne illustrée des arts et de la vie, 15 août 1932
  3. Chez Horay sous le nom de JB Canavaggia
  4. La correspondance est conservée par le petit-fils de Jeanne Laganne
  5. Combat, Chez Horay.
  6. Arts, 1948 article de Renée Moutard-Uldry.
  7. Ole Vinding, article du 11 octobre 1951
  8. Frédérique Villemur, "Paul Facchetti: le Studio. Art informel et abstraction lyrique", en collaboration avec Brigitte Pietrzak, Arles, Actes Sud, 2004, p. 7-8.
  9. Frédérique Villemur, "Paul Facchetti: le Studio. Art informel et abstraction lyrique", en collaboration avec Brigitte Pietrzak, Arles, Actes Sud, 2004, p. 205.
  10. dans la préface de l'exposition.
  11. 25 mars 1955
  12. 23 mars 1955.
  13. avril 1955
  14. Mai 1955
  15. Centre International de recherches esthétiques, Barcelone 1960
  16. dans la gazette de Lauzanne, date précise inconnue.

Liens


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Jeanne Laganne de Wikipédia en français (auteurs)

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