- Abstraction Lyrique
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Abstraction lyrique
L'abstraction lyrique est un mouvement artistique qui se développe à Paris après la Seconde Guerre mondiale. L’expression « abstraction lyrique » est employée pour la première fois par Jean José Marchand et Georges Mathieu lors de l'exposition « L'imaginaire » organisée en 1947.
Après la Seconde Guerre mondiale, la France cherche à reconstruire son identité dévastée par l'occupation allemande et la collaboration. Certains critiques d'art s'emparent d'un nouveau courant abstrait pour tenter de redorer le blason artistique de Paris, qui avait occupé le rang de capitale des arts jusqu'à la guerre. À la sortie de cette dernière, on pouvait en effet assister à une lutte entre Paris et la nouvelle école de peinture américaine basée à New York (Jackson Pollock, Willem de Kooning…).
Ce courant s'oppose non seulement aux mouvements cubiste et surréaliste qui le précèdent mais encore à l'abstraction géométrique (ou « abstraction froide »). Les artistes de ce courant sont en quelque sorte les premiers à appliquer les leçons de Kandinsky (considéré comme un des pères de l'abstraction). Une critique de l'époque tendait à montrer que l'abstraction géométrique n'avait pas grand chose d'abstrait en ce sens qu'elle exposait des figures géométriques connues et reconnues, un carré, une ligne… L'abstraction lyrique était donc vécue comme cette ouverture à l'expression personnelle de l'artiste.
De nombreuses expositions ont lieu dans le Paris de l'après-guerre ; galerie Drouin par exemple où l'on put voir Jean Le Moal, Gustave Singier et Alfred Manessier en 1946, Roger Bissière en 1947, Wols dès 1945.., ou encore galerie Conti avec Pierre Soulages ou Gérard Schneider.
Un vent souffle sur la capitale et, le sentant arriver, ce singulier personnage qu'est Georges Mathieu décide d'organiser deux expositions ; L'imaginaire au palais du Luxembourg en 1947, avec Camille Bryen — figure bien connue de Saint-Germain-des-Prés, franc-tireur du surréalisme, dadaïste solitaire, poète, dessinateur, graveur et peintre — puis « HWPSMTB » (Hans Hartung, Wols, Francis Picabia, François Stahly, Georges Mathieu, Michel Tapié, Camille Bryen) en 1948. Il avait pour but d'imposer son terme d'abstraction lyrique qui devait d'ailleurs figurer en lieu et place de L'imaginaire.
Puis en mars 1951 vint la grande exposition Véhémences confrontées chez Nina Dausset où sont présentés pour la première fois côte à côte des artistes abstraits français et américains. Cette manifestation est organisée par Michel Tapié, dont le rôle de défenseur du mouvement est de la plus haute importance. Avec ces événements, il déclare triomphalement que « l'abstraction lyrique est née ».
Ce fut toutefois un règne assez court (fin 1957), qui fut rapidement supplanté par le nouveau réalisme de Pierre Restany et Yves Klein.
Les autres membres les plus célèbres en sont Huguette Arthur Bertrand, Jean Bazaine, Roger Bissière, Olivier Debré, Maurice Estève, Jean Fautrier, Pierre Fichet, Oscar Gauthier, Elvire Jan, Serge Poliakoff, Nicolas de Staël, Vieira da Silva, Zao Wou-Ki…
Une exposition intitulée L'envolée lyrique, Paris 1945-1956, rassemblant les œuvres de soixante peintres, est présentée à Paris au Musée du Luxembourg (Sénat) en 2006.
Une résurgence de ce mouvement a vu le jour au début des années 1970 avec une génération d'artistes nés pendant ou juste après la deuxième guerre mondiale, parmi lesquels on peut citer Paul Kallos, Georges Romathier, Michelle Desterac, et Thibaut de Reimpré.
Bibliographie
- Sylvain Lecombre, Vivre une peinture sans tradition, dans Paris-Paris, Centre Pompidou, Paris.
- L'Envolée lyrique, Paris 1945-1956, textes de Patrick-Gilles Persin, Michel Ragon et Pierre Descargues, Musée du Luxembourg, Paris et Skira, Milan, 2006, 280 p. (ISBN 8-8762-4679-7)
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