- Jean de Nivelle
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Pour l’article homophone, voir Jean de Nivelles.
Jean de Nivelle (1422 - 26 juin 1477) également connu sous le nom de Jean III (Ier) de Montmorency-Nevele, est un personnage français du Moyen Âge (XVe siècle) à l'origine de l'expression populaire « être comme ce chien de Jean de Nivelle (qui fuit quand on l'appelle)[1] » et dont le nom apparaît dans plusieurs chansons traditionnelles françaises.
Il s'agit du fils aîné de Jean II de Montmorency (1402-1477) (pour plus de détails, voir les articles Maison de Montmorency et Liste des barons de Montmorency). Vers 1455, il épouse la baronne de Liedekerke Gudule Vilain, fille du baron de Liedekerke Jean Vilain et Gudule Raes de Malines[2]. Il est à l'origine de la branche Montmorency-Nivelle[1] (en flamand Montmorency-Nevele).
Sommaire
Ascendance
Hugues Capet → Robert II de France → Henri Ier de France → Philippe Ier de France → Louis VI de France → Robert Ier de Dreux → Alix de Dreux → Gertrude de Nesle-Soissons → Bouchard V de Montmorency → Mathieu III de Montmorency → Mathieu IV de Montmorency → Jean Ier de Montmorency → Charles de Montmorency → Jacques de Montmorency → Jean II de Montmorency → Jean III (Ier) de Montmorency-Nevele (Jean de Nivelle)
Descendance
Jean de Nivelle et Gudule ont eu cinq enfants :
- Baron Jean II (IV) de Montmorency-Nevele (1461-12 avril 1510)
- Jacques de Montmorency-Nevele
- Baron Philippe de Montmorency-Nevele (décédé en 1526).
- Marguerite de Montmorency-Nevele (décédée après 1517).
- Honorine de Montmorency-Nevele (décédée en 1510).
Talleyrand est un de ses descendants.
Biographie
Jean prend le parti du duc de Bourgogne Charles le Téméraire lors de la guerre du Bien public et refuse de lui faire la guerre aux côtés du roi de France Louis XI, comme le lui demande son père. Son père furieux l'ayant alors déshérité, il s'enfuit à Nivelle (Nevele en flamand) en Flandre, fief qu'il tient de sa mère, Jeanne de Fosseux[3], première épouse de son père Jean II de Montmorency. L'exhérédation est officiellement prononcée le 24 juillet 1463 au château de la Chasse, situé au cœur de la forêt de Montmorency.
Du fait de cet épisode, c'est Guillaume de Montmorency, le plus jeune fils de Jean II de Montmorency, né d'un second mariage avec Marguerite d'Orgemont, qui hérite de la baronnie de Montmorency près de Paris. En effet le second fils de Jean II, Louis de Montmorency-Fosseux, également né de Jeanne de Fosseux, avait pris le même parti que son frère Jean. Malgré des procès et des transactions entre les branches de Nivelle, de Fosseux et de Montmorency, les terres familiales situées en France resteront la propriété des descendants de Guillaume (au premier chef desquels, son fils le renommé Anne de Montmorency) qui gardera le titre héréditaire ainsi que les armes de la maison de Montmorency et sa fameuse devise « Dieu aide au premier baron chrétien ».
Origine de l'expression sur Jean de Nivelle
Jean de Nivelle était devenu en France, à cause du refus qu'il fit de répondre à l'appel de son roi, un objet de haine et de mépris et le peuple lui donna le surnom injurieux de chien, d'où le proverbe[1].
Mais très vite il y a confusion et on utilise le mot chien dans le sens propre, comme s'il s'agissait du chien de Jean de Nivelle[4].
A noter que le caractère symbolique de Jean de Nivelle a été transféré au jacquemart de la ville belge de Nivelles qui est surnommé Jean de Nivelles. Les habitants de Nivelles ont finalement adopté le personnage en l'associant à leur ville de diverses manières (par exemple : la confrérie gastronomique « Confrérie de Jean de Nivelle »[5], la société carnavalesque « Les enfants de Jean de Nivelles », la bière « Jean de Nivelles », etc.)[6],[7].
Chansons populaires
De nombreuses chansons populaires ont été composées sur Jean de Nivelle pour moquer son comportement. Le terme de chien y est souvent repris, mais dans le sens de l'animal de compagnie. Toutes ces chansons sont construites sur la même tournure et utilisent le même air (cette tournure et cet air seront repris en 1792 par Gaspard de Chenu pour créer la chanson Cadet Rousselle qui est en fait une parodie des chansons sur Jean de Nivelle). J. B. Wekerlin a écrit une analyse sur ces chansons dans le Bulletin de la société des compositeurs de musique en 1863[8].
Chaque paragraphe de ces chansons est composé de six vers et a généralement pour thème un élément que Jean de Nivelle possède en trois exemplaires. Cet élément est souvent cité dans le premier vers : « Jean de Nivelle a trois enfants », « Jean de Nivelle a trois gros chats », « Jean de Nivelle a trois châteaux »… Il y a souvent un paragraphe qui parle du chien ou des chiens de Jean de Nivelle.
En 1834, le journal belge l'Émancipation publie un article sur la chanson de Jean de Nivelle. L'article cite neuf couplets de la chanson tels qu'ils figurent sur un imprimé rare publié chez Lambert Tassin à Namur en 1680. L'article affirme que des militaires français, venus dans les Pays-Bas en 1695, y ont découvert la chanson et en ont tellement apprécié l'air, qu'ils ont ramené la chanson à Paris. L'article en déduisait que la chanson était originaire de Nivelles en Belgique.
Mais en 1863, Arthur Dinaux fait remarquer que la farce des deux savetiers[9], écrite entre 1505 et 1530, débute par un des deux savetiers en train de chanter un couplet de la chanson. Cette antériorité flagrante infirme donc la thèse de l'Émancipation[10]. Le texte chanté par le savetier pauvre est le suivant[11] :
- Hay avant Jehan de Nivelle
- Jehan de Nivelle a deux housseaux[12],
- Le roy n'en a pas de si beaux
- Mais il n'y a point de semelle,
- Hay avant Jehan de Nivelle
Paroles de quelques chansons sur Jean de Nivelle
Chanson médiévale sur Jean de NivelleD'après le recueil de chansons populaires intitulé Chansons folastres et prologues tant superlifiques que drôlatiques des comédiens français par Estienne Bellone, écrivain tourangeau, (Rouen, Jean Petit, 1612)
- Jean de Nivelle a trois enfants
- Dont il y en a deux marchands
- L'autre escure la vaisselle
- Hay avant, Jean de Nivelle
- Hay ! Hay ! Hay avant
- Jean de Nivelle est un galant
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- Jean de Nivelle a trois chevaux
- Deux sont toujours par monts et vaux
- Et l'autre n'a pas de selle
- Jean de Nivelle a trois beaux chiens
- Il y en a deux vauriens
- L'autre fuit quand on l'appelle
- Jean de Nivelle a trois gros chats
- L'un prend souris, et l'autre rats
- L'autre mange la chandelle
- Jean de Nivelle a un valet
- S'il n'est ni beau, il n'est pas laid
- Il accoste une pucelle
- Hay ! Hay ! Hay avant
- Jean de Nivelle est triomphant
Chanson ancienne plus récente sur Jean de Nivelle- Jean de Nivelle est un héros (bis)
- Qui n'a ni maîtres, ni rivaux (bis)
- Pour le combattre dans les ruelles
- Connaissez-vous Jean de Nivelle?
- Ah! Ah! Ah! Oui, vraiment
- Jean de Nivelle est bon enfant !
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- Jean de Nivelle a trois châteaux (bis)
- Trois palefrois et trois manteaux (bis)
- Et puis trois lames de flamberges
- Qu'il laisse parfois à l'auberge
- Ah! Ah! Ah! Oui, vraiment
- Jean de Nivelle est bon enfant !
- Jean de Nivelle a trois enfants (bis)
- L'un est sans nez, l'autre sans dents (bis)
- Et le troisième est sans cervelle
- C'est bien dur pour Jean de Nivelle
- Ah! Ah! Ah! Oui, vraiment
- Jean de Nivelle est bon enfant !
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- Jean de Nivelle a marié (bis)
- Ses trois filleules dans trois quartiers
- Les deux premières ne sont pas belles
- La troisième n'a pas de cervelle!
- Ah! Ah! Ah! Oui, vraiment
- Jean de Nivelle est bon enfant !
- Jean de Nivelle a trois beaux chiens (bis)
- Mais y en a deux qui n'valent rien (bis)
- Le troisième s'enfuit quand on l'appelle
- Mais il récure la vaisselle
- Ah! Ah! Ah! oui, vraiment
- Jean de Nivelle est bon enfant !
À savoir
- Jean de Nivelle est un opéra-comique en trois actes de Léo Delibes.
Notes et références
- Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « NIVELLE (Jean de) » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 (Wikisource) p. 1353
- Descendance de Hugues Capet (16e génération) sur le site web Blason.fr de l'héraldiste Gonzague de Lamotte
- gallica.bnf.fr Decrue de Stoutz, Francis, Anne de Montmorency, grand maître et connétable de France : à la cour, aux armées, et au conseil du roi François Ier, Paris 1885, p. 3 -
- Fleury de Bellingen, L'Étymologie des proverbes français, la Haye, 1656.
- Site de la confrérie
- Article sur le folklore et les traditions de Nivelles sur le site web officiel de la ville de Nivelles
- Article sur Jean de Nivelles sur le site web officiel de l'office de tourisme de Nivelles
- texte disponible en ligne sur le site web Google Books J. B. Wekerlin, Bulletin de la société des compositeurs de musique, 1ère année, 1863 -
- Jean de la Fontaine Titre exact : Farce nouvelle très bonne et fort joyeuse des deux savetiers à troys personnages, c'est assavoir, le riche, le pauvre, le juge, cette farce a sans doute inspiré la fable Le savetier et le financier de
- texte disponible en ligne sur le site web Google Books Arthur Martin Dinaux, Trouvères, jongleurs et ménestrels du nord de la France et du midi de la Belgique - IV Trouvères brabançons, hainuyers, liégeois et namurois, Librairies J. Techener (Paris) et F. Heussner (Bruxelles) 1863 - pp 554-555 -
- François et Claude Parfaict, Histoire du théatre françois depuis son origine jusqu'à présent Tome second - page 145 - texte disponible en ligne sur le site web Google Books
- guêtres hautes généralement en cuir, le mot peut également désigner des bottes complètes Les housseaux sont des
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