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Jean-Pierre Timbaud
Jean-Pierre Timbaud, né le 20 septembre 1904 à Bossavy de Payzac, mort le 22 octobre 1941 à Châteaubriant (Loire-Atlantique), est un syndicaliste français appartenant à la Confédération générale du travail.
Entré en résistance contre l'occupation allemande, il est fusillé comme otage en représailles à l'attentat du 20 cotobre 1941 contre le Feldkommandant Karl Hotz.
Sommaire
Biographie
Il naît en Dordogne, département d'origine de sa mère.
Dans les années 1930, Jean-Pierre Timbaud devient secrétaire du syndicat des métallurgistes parisiens, affilié à la CGT . À ce titre, il lutte activement durant les grandes grèves des années qui précèdent le Front populaire.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il rejoint la Résistance et organise les comités syndicaux clandestins. Il est arrêté et placé en détention au camp de Choisel à Châteaubriant.
Le 20 octobre 1941, Karl Hotz, commandant des troupes d'occupation de Loire-Inférieure, est abattu à Nantes par un commando de l'Organisation spéciale (branche armée du PCF). En représailles, les Allemands décident de fusiller 27 prisonniers communistes du camp de Châteaubriant et 21 autres prisonniers pour faits de Résistance incarcérés à Nantes et Paris.
L'après-midi du 22 octobre, les « 27 de Châteaubriant » font preuve d'une grande dignité face à la mort. On raconte que Jean-Pierre Timbaud est mort en criant : Vive le Parti communiste allemand. Léon Blum, lors du procès de Riom, dit qu'il chantait La Marseillaise.
Parmi les 27, se trouvaient aussi Guy Môquet, le plus jeune d'entre eux (il n'a que dix-sept ans et refuse que ses camarades intercèdent en sa faveur. Je suis communiste autant que toi, déclare-t-il au dentiste Ténine) et Charles Michels, qui, en 1936, avait été élu député communiste du 15ème arrondissement de Paris.
Le 23 octobre, les 27 sont enterrés par groupe de trois dans neuf cimetières des environs : Jean-Pierre Timbaud dans celui de Saint-Aubin-des-Châteaux, où il repose encore, sa famille n'ayant pas souhaité le transférer ailleurs après la Libération. En octobre 1941, l'instituteur de Saint-Aubin est René Guy Cadou, qui assiste au passage du camion funéraire, et écrira ensuite un poème célèbre sur cette fusillade.
Documents
Lettre d'adieu à sa femme, quelques heures avant d'être fusillé
Lettre écrite par le fondeur Jean-Pierre Timbaud, ouvrier syndiqué et militant communiste qui ne fut quasiment pas scolarisé, à sa femme et à sa fille :
« Mes deux gran amours sait la dernier lettre que je vous ecrit, je vait etre fusillé dans quelque instant mai cheri ma main ne tremble pas je suis un honnette travailleur sait vous qui ettes a plaindre il vous faudra surmonté se grand malheur soyet courageuse comme je le suis.Toute ma vie jais combattue pour une humanité mailleure jais le grandes confiance que vous verait realise mon rêve ma mort aura servie a quelque choses mai dernière pensée serront tout d abord a vous deux mes deux amours de ma vie et puis au grand ideau de ma vie. Au revoire me deux chere amours de ma vi du courage vous me le juré vive la France vive le proletariat international. encore une fois tan que jai la force de la faire des million de baiser celui qui vous adore pour l'éternité. Toute ma vie j'ai combattu pour une humanité meilleure. J'ai la grande confiance que vous verrez réaliser mon rêve. Ma mort aura servi à quelque chose. Mes dernières pensées seront tout d'abord à vous deux, mes deux amours de ma vie, et puis aux grands idéaux de ma vie. Au revoir mes deux chers amours de ma vie. Du courage, vous me le jurez. Vive la France. Vive le prolétariat international.
ci join 500 fran que javai sur moi il vous serviront un million de baisés »L'éloge de Léon Blum lors du procès de Riom
« Je ne crois pas que les dirigeants du Parti communiste eussent pour moi des sentiments de prédilection particulière. […] Cela dit, qu'il y ait eu entre eux et moi telles ou telles difficultés, cela n'a plus d'importance et pour ma part, je les efface entièrement de ma pensée. Je n'oublie pas qu'à l'heure où je parle l'Union soviétique est engagée dans la guerre, dans la même guerre que nous, il y a deux ans, contre les mêmes adversaires. Je n'oublie pas que, dans la zone occupée, le Parti communiste fournit sa large, sa très large part d'otages et de victimes. J'ai lu l'autre jour, dans une liste d'otages donnée par un journal, le nom du petit Timbaud. J'ai très bien connu le petit Timbaud : c'était un secrétaire de l'Union des syndicats métallurgiques de la région parisienne. Il était à la conversation du 15 mars. Je l'ai vu souvent et j'ai été bien souvent en bataille avec lui. Seulement, il a été fusillé et il est mort en chantant La Marseillaise, cette Marseillaise que, malgré tout, nous avions apprise aux ouvriers à chanter, peut-être pas La Marseillaise officielle, peut-être pas La Marseillaise des cortèges officiels et des quais de gare, mais La Marseillaise de Rouget de l'Isle et des volontaires de l'an II, La Marseillaise du groupe de Rude, La Marseillaise de Hugo « ailée et volant dans les balles ». C'est comme cela qu'est mort le petit Timbaud et que sont morts beaucoup d'autres. Par conséquent, pour ma part, en ce qui concerne le Parti communiste, je n'ajouterai rien. »Citations
« Une sorte de force gaie. […]
Le nom de Timbaud parmi ceux des otages de Châteaubriant devait être ma raison directe, ma raison individuelle d'accepter la tâche clandestine qui m'incombait alors. »« Un de ces militants qui souffrent d'avoir un article à écrire […] mais un agitateur né, une connaissance extraordinaire – jusque dans ses détails – du mouvement syndical. […] [Par son ultime cri] il renouait au plus fort du drame, la chaîne de fraternité entre les ouvriers des deux pays… celle forgée par l'ouvrier mineur Maurice Thorez et le docker Ernst Thaëlmann. »« Timbaud a toujours fait montre d'une confiance d'une foi ardente dans les destinées de la classe ouvrière française et internationale. »« Lancer fièrement à la face de ceux qui vont vous fusiller parce que vous êtes un communiste cette déclaration cinglante et pleine de certitudes en l'avenir : « Vive le Parti communiste allemand » n'est pas à la portée de tous. […] Jamais je n'ai entendu Timbaud se plaindre, rechigner, trouver qu'on lui demandait trop ardu.
Avec cela patient et tenace, acharné à faire triompher, à imposer en fin de compte ce qui n'était encore qu'un devenir incertain. »Hommages
- Voies
- Une place de la commune de Payzac, où il est né, porte le nom de Jean-Pierre Timbaud, mais également une place de Montreuil.
- Les villes de Argenteuil, Bobigny, Châtillon, Courbevoie, Échirolles, Fontaine, Gennevilliers, Goussainville, Issy-les-Moulineaux, Limoges, Montigny-le-Bretonneux, Paris, Poissy, Rosny-sous-Bois, Saint-Germain-sur-Morin, Saint-Quentin-en-Yvelines, Sartrouville, Seysses, Stains, 38 Vif, Vigneux-sur-Seine et Villeneuve-le-Roi ont une rue Jean-Pierre-Timbaud.
- Une avenue porte son nom à Saint-Dizier, Trappes, Saint-Yrieix-la-Perche et Villepinte.
- Établissements
- Des lycées portent son nom à Aubervilliers et Brétigny-sur-Orge.
- Une école porte son nom dans la ville de Drancy.
- Un centre de rééducation professionnelle pour travailleurs handicapés porte son nom à Montreuil.
- Depuis le 26 mai 2007, son nom a été donné à l'école publique de Saint-Aubin-des-Châteaux, où repose Jean-Pierre Timbaud.
- Une salle de la Maison du Peuple (lieu de réunions) porte son nom à Poitiers.
Voir aussi
Bibliographie
- Lucien Monjauvis, Jean-Pierre Timbaud, Éditions Sociales, 1971.
- Fernand Grenier, Ceux de Châteaubriant, Éditions Sociales, 1971.
- Louis Aragon, Le Témoin des martyrs, 1942.
- Lettres de fusillés, 1941-1944.
Liens internes
Liens externes
Notes et références
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