- Jarosław Dombrowski
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Jaroslaw Dombrowski, en polonais : Jarosław Dąbrowski, en russe : Ярослав Домбровский, surnommé « Łokietek », né à Jitomir (Pologne) le 12 juillet 1836 et mort au combat à Paris le 23 mai 1871, était un général polonais.
Officier polonais, quartier-maître dans l'armée russe, il prépara à l'insurrection de 1863 contre la Russie, fut condamné à la déportation en Sibérie, s'évada pour la France où il combattit en tant que général de la Commune de Paris. Chargé de la défense de celle-ci, il mourut sur les barricades.
Sommaire
Biographie
Né le 13 novembre 1836 à Jytomyr (130 km à l'οuest de Kiev en Ukraine), en Volhynie occupée, dans une famille noble (szlachta) et pauvre[1] du blason Radwan.
Officier polonais dans l'armée du Tsar
Devenu orphelin[1], il fut envoyé à l'âge de neuf ans, en 1845, dans le corps des cadets à Brest de Lithuanie, école militaire réservée aux fils de la noblesse. À seize ans, en 1853, il rejoint le corps de cadets de Saint-Pétersbourg, qu'il termina en 1855 au grade d'aspirant[note 1]. Pendant les quatre années suivantes, il servit dans l'armée russe, combattant les insurgés tchétchènes dans le Caucase. Cette campagne lui valut une décoration.
De 1859 à 1861, il prolonge ses études à l'Académie de l'état-major général, à Saint-Pétersbourg, aux termes desquelles il est promu capitaine. C'est donc au grade de capitaine d'état-major[note 2] qu'il obtient son affectation à la VIe division stationnée à Varsovie.
Complot des patriotes polonais
En mai 1862, il fut appelé au Comité municipal comme chef de Varsovie. Il se fit alors l'organisateur du Comité national central clandestin. Acquis aux idées du parti des « rouges », vingt à vingt cinq mil insurgés rassemblés autour de trois objectifs : l'abolition du servage, une réforme agraire et l'indépendance, Dąbrowski se chargea de mettre en place leur organisation. Il planifia et prévit une insurrection révolutionnaire pour le 14 juillet 1862, soixante treizième anniversaire de la Révolution française. Son action était coordonnée avec celle de l'organisation des officiers russes du Royaume de Pologne partisans de la démocratie[1] et d'un coup d'État. Le plan de Dąbrowski se heurta au rejet d'officiers « blancs », qui réclamaient de prévoir de dédommager les propriétaires terriens et de différer de l'insurrection. Il ne put réussir à en obtenir un ralliement en nombre suffisant. Assez rapidement, les russes réussirent à briser le complot au sein des soldats russes. Lui-même fut arrêté le 14 août 1862 à la suite d'une dénonciation faite par un polonais de l'administration du grand-duc et vice-roi de Pologne Constantin, Alf Wrześniowski.
Exil à Paris
Le 10 novembre 1864, il est condamné à quinze ans de bagne. En partance pour la Sibérie, ses amis[1] le font évader de sa prison de Moscou et, au cours de l'année 1865, l'envoient en France. À Paris, il entre en contact avec les opposants à l'Empire, en particulier l'internationaliste Delescluze revenu de l'île du Diable, le syndicaliste Varlin et le journaliste socialiste Vermorel[1]. Il défend avec son frère Théophile les idées garibaldiennes, en faveur dans les milieux révolutionnaires européens et américains, au sein du Club polonais, lequel est en liaison avec le Club de l'École de Médecine et le Club de la Reine-Blanche[2] où se réunissent, entre autres, les étudiants de la Salpêtrière. La cause des patriotes polonais avait en effet reçu le 22 juillet 1863 le soutien des Trade Unions et des syndicalistes français au cours d'un meeting tenu à Londres sur ce sujet, prélude à la fondation de la Ire Internationale deux mois plus tard.
Chef militaire de la Commune de Paris
Il se met à disposition de la République de 1870 proclamée le 4 septembre en pleine débâcle mais ne réussit, comme beaucoup d'internationalistes, qu'à se faire arrêter, deux fois de suite[1]. Le 18 mars, il se rallie à la Commune et reçoit le 6 avril[3] le commandement de la 11e légion de la Garde nationale à la tête de laquelle, dès le 9 avril, il mène avec succès la défense de Neuilly attaqué après la défaite de Courbevoie. Il y réussit les contre attaques des 11 et 12 avril[4] mais n'est pas suivi dans ses préconisations. Il recommande en effet l'emploi tactique de l'artillerie et la constitution de commandos volants[4] au lieu du bombardement préparatoire et de la manœuvre de fantassins. Toutefois, il n'est pas entendu, ni du ministre de la Guerre Cluseret, pourtant très expérimenté mais opposé à Delescluze, ni des autres armes, pratiquement autogérées. Thiers, qui craint sa valeur, lui adresse discrètement un de ces nombreux émissaires qui parcourent secrètement Paris, Vaysset, avec une offre d'un million et demi de francs[5] mais le général préfère dénoncer la tentative de subornation et faire arrêter le messager[6] qui sera fusillé[5]. Le 19 avril, il est blessé mais reprend le 29 le commandement élargi à toute la division de la rive droite de la Seine qui mène les combats dans la proche banlieue en feu et soutient le siège d'un Paris affamé derrière ses fortifications.
Dombrowski et Walery Wroblewski étant les seuls officiers supérieurs, à l'exception de lui même, à avoir reçu une formation militaire, Louis Rossel, qui remplace depuis le 1er mai Cluseret, nomme le 5 mai le premier commandant-en-chef de l'armée de la Commune de Paris. En réalité, Dombrowski commande une armée de quarante mille déserteurs hormis quelques desesperados. Le 14 mai, il reçoit le soutien de Delescluze, nommé le 11 « délégué civil à la guerre », par un décret ordonnant la mise en place de barricades[7] en pierre. Le 22 mai, alors que la Semaine sanglante a commencé et que les versaillais sont déjà à l'Opéra et à l'Arc de Triomphe[8], il apparait, alors qu'on le croit mort, sur son cheval noir conduisant à travers la rue de Rivoli un bataillon qui chante le Chant du Départ et fonce au pas de course à l'ennemi depuis l'hôtel de ville[9]. Ce bataillon surréaliste compte des femmes dont l'une porte au bras un bébé[6]. Dombrowski reçoit le lendemain, 23 mai 1871, en fin d'après midi[10], au pied de la barricade de la rue Myrrha, à l'est de Montmartre, défendue par son état major et une brigade cosmopolite[9], une balle mortelle alors qu'il se préparait à conduire une contre offensive[10] et meurt quelques heures plus tard à l'hôtel de ville[9] où il a été transporté inconscient. Il allait avoir trente cinq ans et aura été général quarante sept jours, dont douze en première ligne.
Il est enterré deux jours plus tard[11], le matin, alors que le canon proche se fait entendre, par son frère dans un linceul rouge au cimetière du Père-Lachaise après que Vermorel eut prononcé son éloge funèbre et que ses derniers compagnons survivants l'eurent salué sur son brancard dressé comme de son vivant[9] pour livrer le surlendemain dans le cimetière même leur dernier combat.
Postérité
Sa tombe, aménagée à la hâte ou transportée au cimetière d'Ivry, n'a pas été localisée[6] ni son corps jamais retrouvé. Sa mémoire est donc honorée avec celle de tous les Fédérés au Mur de l'angle nord-est du cimetière du Père-Lachaise ou au monument élevé à l'extérieur du mur dans la square Samuel-de-Champlain. Pour le 140e anniversaire de sa mort, une commémoration a été organisée rue Myrha à Paris, sur le lieu même de son exécution, le 25 mai 2011[12].
Son nom fut donné à une unité polonaise des Brigades internationales durant la guerre d'Espagne.
Sa biographie a fait le sujet d'un film polonais de Bohdan Poręba réalisé en 1975.
Notes
- Chorąży, au-dessus de « sergent », c'est-à-dire adjudant, et en dessous de « lieutenant second » c'est-à-dire sous-lieutenant
- tsariste situé entre ceux de lieutenant et de capitaine Grade de l'armée
Bibliographie
- Catulle Mendès, Les 73 journées de la Commune : du 18 mars au 29 mai 1871., Lachaud, Paris, 1871.
- Comte A. La Guéronière et comte de Nogent, Histoire de la guerre de 1870-71 : l'invasion, les désastres, la Commune., Colle, Charleville, 1871 (2e édition).
- Prosper-Olivier Lissagaray, Histoire de la Commune de 1871, H. Kistemaeckers, Bruxelles, 1876.
- Bronislas Wolowski, Dombrowski et Versailles, Paris, 1871
Références
- p. 257, Les Éditions ouvrières, Paris, 1991 (ISBN 2-7082-2880-3). R. Dubois, À l'assaut du ciel : la Commune racontée par Raoul Dubois,
- Rapports de police 1870-1871, cote 1083, Bibliothèque historique de la Ville de Paris.
- p. 392, Les Éditions ouvrières, Paris, 1991 (ISBN 2-7082-2880-3). R. Dubois, À l'assaut du ciel : la Commune racontée par Raoul Dubois,
- p. 131, Les Éditions ouvrières, Paris, 1991 (ISBN 2-7082-2880-3). R. Dubois, À l'assaut du ciel : la Commune racontée par Raoul Dubois,
- p. 119, Les Éditions ouvrières, Paris, 1991 (ISBN 2-7082-2880-3). R. Dubois, À l'assaut du ciel : la Commune racontée par Raoul Dubois,
- p. 258, Les Éditions ouvrières, Paris, 1991 (ISBN 2-7082-2880-3). R. Dubois, À l'assaut du ciel : la Commune racontée par Raoul Dubois,
- p. 133, Les Éditions ouvrières, Paris, 1991 (ISBN 2-7082-2880-3). R. Dubois, À l'assaut du ciel : la Commune racontée par Raoul Dubois,
- p. 140, Les Éditions ouvrières, Paris, 1991 (ISBN 2-7082-2880-3). R. Dubois, À l'assaut du ciel : la Commune racontée par Raoul Dubois,
- ISBN 2-7082-2880-3). R. Dubois, À l'assaut du ciel : la Commune racontée par Raoul Dubois, Les Éditions ouvrières, Paris, 1991 (
- p. 145, Les Éditions ouvrières, Paris, 1991 (ISBN 2-7082-2880-3). R. Dubois, À l'assaut du ciel : la Commune racontée par Raoul Dubois,
- p. 147, Les Éditions ouvrières, Paris, 1991 (ISBN 2-7082-2880-3). R. Dubois, À l'assaut du ciel : la Commune racontée par Raoul Dubois,
- «Les questions posées par les communards sont encore d'actualité», réponses d'Éloi Valat, auteur de L'Enterrement de Jules Vallès, à des questions d'internautes lors d'un chat, Libération, 25 novembre 2010.
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