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Jacques de Vaucanson
Pour les articles homonymes, voir Vaucanson (homonymie).Jacques de Vaucanson Naissance 1709
GrenobleDécès 1782 (à 73 ans)
ParisNationalité France Profession(s) Inventeur, mécanicien Jacques de Vaucanson, né le 24 février 1709 à Grenoble et mort le 21 novembre 1782 à Paris, est un inventeur et mécanicien français.
Sommaire
Biographie
Les dispositions de Jacques de Vaucanson[1], dixième enfant d’une famille de gantiers de Grenoble, pour la mécanique se révélèrent de très bonne heure et d’une manière significative. Conduit par sa mère, tous les dimanches, chez certaines vieilles dames, celles-ci avaient l’habitude de s’en débarrasser en le reléguant dans une chambre non habitée et qui avait pour principal meuble une grande et antique horloge. Frappé du mouvement égal et constant du pendule, l’enfant voulut en pénétrer la cause, et il y parvint au point d’exécuter, à l’aide de son couteau et de quelques morceaux de bois, une horloge qui ne laissait pas de marcher avec quelque régularité.
Il commence par réparer les horloges et les montres de son quartier. Il est élève au Collège de Juilly de 1717 à 1721, et souhaite suivre sa vocation religieuse. L’Église étant alors distante des sciences et techniques, il préfère finalement renoncer. Il suit alors à Paris, de 1728 à 1731, des études de mécanique, physique, anatomie et musique.
Il tente de reproduire mécaniquement les principales fonctions de l’organisme humain, encouragé par les chirurgiens Claude-Nicolas Le Cat et François Quesnay qui souhaitent de cette façon mieux comprendre ces fonctions. Il ne réussit pas à mener à bien ses constructions.
À partir de 1733 ou 1735 et jusqu’en 1737 ou 1738, il construit son premier automate, le flûteur automate, qui joue de la flûte traversière. Il semblait être grandeur nature, habillé en sauvage et jouant assis sur un rocher. Il fait forte impression au public, qui peut le voir à la foire de Saint-Germain, puis à l’hôtel de Longueville[2]. La grande partie du mécanisme de l’automate était placée dans un piédestal ; celui-ci, entrainé par un poids, consistait en un cylindre de bois couvert de picots, qui, par l’intermédiaire de quinze leviers et de chaînes et de câbles, pouvait modifier le débit d’air, la forme des lèvres, et les mouvements des doigts. L’air était généré par neuf soufflets de puissances différentes, une sorte de langue artificielle ouvrait ou fermait le passage[3]. La flûte n’est pour l’automate qu’un instrument remplaçable par un autre, et ce sont les mouvements des lèvres, doigts, et le contrôle du souffle qui lui permettent de jouer de la musique, comme un humain[4]. Le flûteur automate a disparu au début du XIXe siècle.
Son deuxième automate est lui aussi un joueur de flûte et de tambourin, de taille humaine, habillé en berger provençal. Mais son instrument, un galoubet, est plus complexe à utiliser : l’instrument nécessite des modulations d’un souffle puissant, des doigtés complexes (les trois trous de la flûte doivent être à moitié découverts pour jouer la bonne note), et des mouvements précis de la langue [5]. Jacques de Vaucanson en dit qu’il joue mieux du galoubet que des êtres humains : « L’Automate surpasse en cela tous nos joueurs de tambourin, qui ne peuvent remuer la langue avec assez de légèreté, pour faire une mesure entière de doubles croches toutes articulées. Ils en coulent la moitié & mon Tambourin joue un air entier avec des coups de langue à chaque note ». Ce Joueur de Tambourin, qui a lui aussi disparu au début du XIXe siècle siècle, est présenté en même temps que son troisième ouvrage.
Il construit ensuite son automate le plus sophistiqué : un canard digérateur, exposé en 1844 au Palais-Royal, qui peut manger et digérer, cancaner et simuler la nage[6]. Le mécanisme, placé dans l’imposant piédestal, était laissé visible par tous, dans le but de montrer la complexité du travail accompli. La digestion de l’animal en était le principal exploit : il semble rendre ce qu’il a avalé après une véritable digestion. Ce point est soupçonné d’être une exagération de la part de Vaucanson, et Jean-Eugène Robert-Houdin, entre autres, le dénonce comme une mystification. Il reste possible que cette mystification n’ait eu lieu que pour les répliques du canard de Vaucanson, réalisées plus tard[7]. Quel que soit le fonctionnement de cette digestion, le reste du mécanisme reste très complexe, les ailes étant par exemple reproduites os par os. Des témoignages attestent que les mouvements du canard étaient d’un « réalisme quasi naturaliste »[8].
Cet automate est acheté en 1840 par Georges Tiets, mécanicien[9], mais il brûle en 1879 lors de l’incendie du musée de Nijni Novgorod. Il n’en reste que quelques photographies du milieu du XIXe siècle.
Il tente de construire un nouvel automate, « dans l’intérieur duquel devait s’opérer tout le mécanisme de la circulation du sang »[10], mais celui-ci ne sera jamais fini. Il semble qu’un des écueils ait été la fabrication de l’appareil circulatoire en caoutchouc, matière qui devait alors provenir de Guyane[10]. L’invention du concept de tuyau en caoutchouc lui est parfois attribuée[11].
Vaucanson n’était âgé que de 32 ans, lorsque Frédéric II, qui cherchait à s’entourer de tous les grands hommes en Europe, lui fit faire des offres brillantes, mais Vaucanson ne voulut pas quitter la France. Peu de temps après, le cardinal de Fleury l’en récompensa en l’attachant à l’administration et en lui confiant le poste d’inspecteur général des manufactures de soie en 1741, le roi souhaitant réorganiser cette industrie, ce qui entrainera l’arrêt de ses travaux sur les automates.
De mai à octobre 1742, Jacques Vaucanson, accompagné d’un spécialiste lyonnais de la soie, le sieur Montessuy, inspecte les manufactures de France, mais aussi d’Italie. S’ensuivent des perfectionnements sur les diverses machines, dont le moulin à organsiner, qui fonctionne à l’aide d’une chaîne sans fin appelée « chaîne Vaucanson », pour laquelle il invente une machine de fabrication[9].
Entre autres, de 1745 à 1755, il y perfectionne les métiers à tisser de Bouchon et Falcon, en les automatisant par hydraulique et en les commandant par des cylindres analogues à ceux de ses automates[12]. Ces modifications inspireront ensuite Joseph Marie Jacquard, qui créera ses célèbres métiers Jacquard quelques années après. Jean-Eugène Robert-Houdin raconte que ses perfectionnements de machines entraînant une simplification de travail firent à Vaucanson des ennemis parmi les ouvriers lyonnais de la soie, qui se croyaient seuls capables d’exécuter certaines étoffes dont le dessin était alors à la mode. Pour se venger de ceux-ci qui l’avaient poursuivi à coups de pierres, à Lyon, il dit : « Vous prétendez, leur dit-il, que seuls vous pouvez faire ce dessin… Eh bien, je le ferai faire par un âne ! » Et il construisit une machine, avec laquelle un âne exécutait une étoffe à fleurs, qu’on voit encore aujourd’hui au Conservatoire des arts et métiers, telle qu’elle fut construite, avec une partie du dessin exécuté[13]. Ses travaux ont permis de mécaniser la manufacture royale de soie de la famille Deydier, près d'Aubenas et Pélussin, où la technologie italienne des moulins à soie avait été importée au 16e siècle par la famille Benay
En 1746, Jacques de Vaucanson entre à l’Académie des sciences française.
Il meurt le 21 novembre 1782, à Paris, en léguant ses machines au roi, legs qui sera une des bases de la collection du Conservatoire national des arts et métiers. Sa fille Victoire Angélique de Vaucanson, qui épousera le comte François de Montrognon Salvert, est la seule descendante de l’inventeur.
Œuvre
Il est donc connu pour sa production d’automates, dont:
- Le fluteur automate, pouvant jouer plusieurs morceaux en soufflant naturellement dans sa flute.
- Le joueur de tambourin
- Un canard qui donnait l’illusion de manger, digérer et éliminer la nourriture et l'eau qu'il ingérait[9].
Les deux automates musicien ont disparu au début du XIXe siècle, le canard est détruit lors de l’incendie du musée de Nijni Novgorod.
Il est crédité de l’invention du premier tour métallique, le tour à charioter, en 1751[12].
Il automatisa ou améliora les machines des manufactures de soie.
Il créa une chaîne qui porte son nom ainsi qu’une machine pour en fabriquer les mailles toujours égales[9].
Son but était de faciliter l’activité humaine, ce qui le conduisit à siéger à l’Académie des sciences et à participer à l'Encyclopédie de Diderot et D’Alembert.
Hommages
- Il existe un lycée Vaucanson à Tours[14] et un autre dans sa ville natale à Grenoble[15].
- Dans la bande dessinée Mystérieuse matin, midi et soir de Jean-Claude Forest, un robot androïde porte le nom de Wladimir Vaucanson.
- Dans la série de bande dessinée Donjon de Joann Sfar et Lewis Trondheim, le duché de Vaucanson, dont le plus célèbre représentant est le canard Herbert duc de Vaucanson,descendant de Julien de Vaucanson réputé pour son savoir-faire sans égal dans la réalisation d’automates volants et d’autres automates si réalistes qu’ils se fondent parmi les êtres vivants et suivent des lois inspirées des trois lois de la robotique, ces automates ne peuvent mentir ni tuer et sont animés grâce à une flamme de vie obtenue auprès du grand Kalador, un démon.
- Jacques de Vaucanson apparaît dans le roman La Vénus anatomique de Xavier Mauméjean.
- Voltaire fit sur lui les vers suivants : « Le hardi Vaucanson, rival de Prométhée, / Semblait, de la nature imitant les ressorts, / Prendre le feu des cieux pour animer les corps. »[9]
- Jacques de Vaucanson est cité dans le roman de Theodore Roszak Les Mémoires d'Elizabeth Frankenstein. Dans ce livre, son célèbre canard fait partie de la collection privée d'automates du baron Frankenstein, le père adoptif de l'héroïne.
- Frédéric Bastiat cite Vaucanson à la fin de La Loi, à propos de l'humanité : « Je m'en occupe non comme Vaucanson, de son automate, mais comme un physiologiste, de l'organisme humain : pour l'étudier et l'admirer ».
- Benoît Sokal rend hommage aux automates et à Jacques de Vaucanson dans Syberia, jeu vidéo duquel il est le scénariste. L'intrigue débute dans un petit village des Alpes, Valadilène (ville de fiction), où se trouve une ancienne fabrique d'automate ayant été autrefois prospère, et qui n'est pas sans rappeler le développement de l'industrie métallurgique aux alentours de Grenoble au début du 19ème siècle[16]. De plus, le nom de la ville et de la propriétaire de l'usine (Valadilène et Voralberg) ont des consonnances fortes avec celui de J. de Vaucanson...
Iconographie
- Joseph Boze, Portrait de Jacques de Vaucanson, académicien, huile sur toile, 70 par 58 cm, Paris, Académie des Sciences, donné par Boze à l’Académie en 1784.
- Joseph Boze, Portrait de Jacques de Vaucanson, académicien, pastel, 68 par 56, Collection particulière,( toujours chez les descendants du modèle en 2004.
Notes et références
- ↑ Il semblerait que la particule de ait été rajoutée à son nom dans le courant du XIXe siècle.
- ↑ Heudin 2008, p. 56.
- ↑ Jacques de Vaucanson 1738, p. 9-11.
- ↑ Dans la préface du livre Le mécanisme du fluteur automate présente à messieurs de l’Académie royale des sciences, Fontenelle en dit: « […] L’Académie (royale des sciences) a été témoin; elle a jugé que cette machine étoit extrêmement ingénieuse, que l’Auteur avoit su employer des moyens simples & nouveaux, tant pour donner aux doigts de cette Figure, les mouvemens nécessaires, que pour modifier le vent qui entre dans la Flute en augmentant ou diminuant sa vitesse, suivant les différents tons, en variant la disposition des lévres, & faisant mouvoir une soupape qui fait les fonctions de la langue; enfin, en imitant par art tout ce que l’homme est obligé de faire [...] ».
- ↑ Jacques de Vaucanson 1738, p. 21: « On croiroit d’abord que les difficultés ont été moindres qu’au Flûteur Automate, mais sans vouloir élever l’un pour rabaisser l’autre, je prie de faire réflexion qu’il s’agit de l’instrument le plus ingrat & le plus faux par lui même ; qu’il a fallu faire articuler une flute à trois trous où tous les trous dépendent du plus ou moins de force du vent & de trous bouchés à moitié, qu’il a fallu donner tous les vents différents avec une vitesse que l’oreille a de la peine à suivre donner des coups de langue à chaque note, jusque dans les doubles croches, parce que cet instrument n’eut point été agréable autrement. ».
- ↑ Jacques de Vaucanson 1738, p. 21: « Toute cette machine joue sans qu’on y touche quand on l’a montée une fois. J’oubliois de vous dire que l’animal boit, barbotte dans l’eau, croasse comme le Canard naturel. Enfin j’ai tâché de lui faire faire tous les gestes d’après ceux de l’animal vivant, que j’ai consideré avec attention. ».
- ↑ Heudin 2008, p. 58.
- ↑ Heudin 2008, p. 59.
- ↑ a , b , c , d et e Cité par Jean-Eugène Robert-Houdin dans Comment on devient sorcier, Une vie d’artiste, p. 151-153.
- ↑ a et b Condorcet, Eloge de Vaucanson, 1804.
- ↑ Heudin 2008, p. 61.
- ↑ a et b Henri Jorda, Le Métier, la Chaîne et le Réseau (petite histoire de la vie ouvrière), l’Harmattan, 2002.
- ↑ Ad.-F. de Fontpertuis, Journal des économistes, Paris, Presses universitaires de France, 1883, p. 452.
- ↑ Lycée Jacques de Vaucanson à Tours.
- ↑ Lycée Jacques de Vaucanson à Grenoble.
- ↑ [1].
Bibliographie
- Jacques de Vaucanson, Le Mécanisme du fluteur automate presenté à messieurs de l’Académie royale des sciences, 1738
- Jean-Claude Heudin, Les Créatures artificielles: des automates aux mondes virtuels, 2008
- A. Doyon et L. Liaigre, Jacques Vaucanson, mécanicien de génie, Paris, PUF, 1966
Liens externes
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