- Famille Benay
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La famille Benay a développé la soie dans la région du Pilat, surtout dans le secteur de Pélussin, près de Lyon et ses nombreux canuts tisseurs de soie qu'ils approvisionnaient, puis d'Aubenas, non loin de là, aux XVe et XVIIe siècles, en provenance de Bologne, où les nombreux moulins ont permis un développement de la soie très tôt.
Le moulinage de la soie à Bologne, qui possède dès le XIIe siècle un réseau de canaux à forte déclivité avec de nombreux moulins, par Borghesano Luccesi, est en effet attesté dès 1372 par des documents historiques[1].
Historique
Antoine Gayotti, de Bologne s'installa le premier, en 1536, à La Valla-en-Gier et fut suivi par son compatriote Horace Benay en 1572 et son fils Jean-Antoine Benay, qui s'installa à Virieu, en 1586, pour bénéficier de la protection du château de Virieu et son châtelain Jean de Fay, qui avait participé lors des campagnes d'Italie au siège de Bologne.
Protestant, puis catholique, afin de trouver une solution pacifique aux conflits religieux très vifs dans cette région proche du bastion protestant d'Annonay, Jean de Fay accorde une concession à Pierre Benay pour ses moulins à soie. Antoine Benay, César Benay et Jean-Antoine Benay, les trois fils de Pierre, continuaient, en 1590, leur activité dans la région, l'un à La Valla-en-Gier et l'autre à Virieu[2].
Le XVIe siècle est aussi l'époque où Olivier de Serres devient un agronome réputé, qui convaincra Henri IV de développer la culture du murier pour le ver à soie.
Plus tard, en 1669, au moment de la Révolte de Roure, qui sera dans les années suivantes durement réprimée, un autre bolognais, Pierre Benay, installait dans la région (près de Condrieu) un moulin à soie plus perfectionné, à la demande du conseil municipal de la Ville de Lyon, où les tisserands à soie, les canuts, sont très nombreux dès cette époque, avec 13 000 métiers à tisser. Pierre Benay et son protecteur Jean Deydier, un bourgeois né en 1607 et installé dans la région, obtiendront l'assentiment de Colbert, mais plus guère de soutien une fois que celui-ci entrera en disgrâce. L'industrie de la soie, mal vue à la cour de Versailles, va stagner dans la région pendant le reste du règne de Louis XIV, jusqu'en 1715[3].
C'est Jean-Marie Roland, vicomte de la Platière, inspecteur des manufactures royales, qui a révélé dans son encyclopédie méthodique de 1780 que Pierre Benay s'est installé, en 1669, à Fores près d'Aubenas en créant un établissement modèle, utilisant la technologie italienne (tour et moulins à soie du Piémont), dont les élèves sont partis à Privas et Chomerac. Pierre Benay meurt en 1690 sans descendance, pendu en effigie pour traitrise à Bologne[4].
Pierre Benay a cependant eu le temps de travailler avec Jean Deydier, dont la famille va développer, soixante ans plus tard, une des premières industries de la soie « mécanisée », mais cette fois en utilisant, en 1751, les travaux de Vaucanson pour installer à Aubenas et Privas, toujours en Ardèche, une manufacture royale importante. Cette manufacture, qui emploiera jusqu'à 2 000 personnes en 1830, sera cependant critiquée, dès 1780, par Jean Marie Roland de la Platière, qui la juge moins compétitive que les moulins à soie du Piémont[3].
Bibliographie
- Emmanuel Le Roy Ladurie, Les paysans de Languedoc, Éditions de l'EHESS, 1985.
- Reproduction of original from Kress Library of Business and Economics, Harvard University, Histoire du commerce, de l'industrie et des fabriques de Lyon.
- Histoire de la rubanerie et des industries de la soie à Saint-Étienne De Louis Joseph Gras
Notes et Références
- Travaux de la commission française sur l'industrie des nations
- Annales De Société d'agriculture, industrie, sciences, arts et belles-lettres du département de la Loire
- Famille DEYDIER : Jean, Jacques, Jacques, Henri, Mouliniers
- Histoire de la rubanerie et des industries de la soie à Saint-Étienne De Louis Joseph Gras
Catégories :- Soie
- Famille célèbre
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