- Indépendance du Tibet entre 1912 et 1951
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Indépendance de facto du Tibet entre 1912 et 1951
En 1908, la Chine, profitant du départ des troupes britanniques, envahit le Tibet pour en reprendre provisoirement le contrôle[1] en tant que puissance suzeraine, jusqu'à la révolution de 1911 qui marque l'effondrement de l'Empire Qing et l'installation de la République de Chine. Cette invasion entraîne la fuite en Inde du 13e dalaï-lama qui est déposé par la Chine.[1]
Sommaire
La déclaration d'indépendance
Les troupes et les autorités officielles chinoises sont expulsées du Tibet en 1912 par les Tibétains. En 1912, suite à une lettre de Yuan Shikai souhaitant restaurer le rôle du dalaï-lama, celui-ci répond qu'il ne demande aucun titre du gouvernement chinois car il entend exercer son pouvoir spirituel et temporel au Tibet.[2] Cette lettre est considérée comme une déclaration d'indépendance.[1] Le 13e dalaï-lama proclame publiquement puis par un édit l'indépendance du Tibet en 1913. La même année le Tibet et la Mongolie (indépendante depuis 1911, qui avait adopté le bouddhisme tibétain et était devenue vassale de l'Empire chinois) signent un traité de reconnaissance mutuelle de leur indépendance de la Chine en présence d'Agvan Dorzhiev. Mais, selon Charles Bell, le Kashag et le 13e dalaï-lama n'auraient pas reconnu cet accord[3],[4]. Selon Charles Bell, la communauté internationale n'a pas reconnu l'indépendance de la Mongolie, ni celle du Tibet[5].
Le règne de Thubten Gyatso
Dès 1912 le 13e dalaï-lama Thubten Gyatso, engage de profondes réformes, notamment des modifications des structures administratives. Thubten Gyatso décide notamment de créer en complément des pièces de monnaie tibétaines, des billets de banque tibétains, des timbres spécifiques au Tibet. On lui doit aussi la création du drapeau du Tibet à partir des différents drapeaux des armées des frontières.
En 1914, il a renforcé les forces militaires tibétaines en organisant un entraînement spécial pour l'armée tibétaine. En 1916, il a choisi plusieurs moines jeunes et intelligents des divers monastères pour préserver la Médecine tibétaine traditionnelle spécifique et il a établi l'Institut de médecine et d'astrologie tibétaine bien connu aujourd'hui sous le nom de Men-Tsee-Khang. En 1923, il a établi un siège principal de police à Lhassa pour la sécurité et le bien-être du peuple tibétain et la même année, il a aussi établi la première école anglaise à Gyantse qui du fermer en 1926 en raison de l'opposition des monastères[6]. Il est mort en 1933 à l'âge de 58 ans.
Le règne de Tenzin Gyatso
La diplomatie tibétaine
Un Traité d'amitié et d'alliance entre le Gouvernement de Mongolie et le Tibet a été signé en janvier 1913 et porte les sceaux des représentants du Tibet et de la Mongolie. Dans les premières lignes du traité, le Tibet et la Mongolie attestent de s'être libérés de la domination Mandchoue et d'avoir chacun constitué un état indépendant. De courts articles portent notamment sur :
- L'engagement mutuel de secours et d'assistance du Tibet et de la Mongolie ;
- Les dispositions commerciales et financières[7].
En 1914, à l'issue de la Conférence de Simla où la Grande-Bretagne, le Tibet et la Chine sont représentés, les régions de population tibétaine sont divisées en « Tibet Extérieur » administré directement par le dalaï-lama et « Tibet Intérieur » administré par la Chine et sous l'autorité uniquement spirituelle du dalaï-lama, les deux secteurs étant considérés comme étant sous la « suzeraineté » chinoise[8]. Bien que représentée, la Chine ne signa pas cette convention, ce qui introduisit une durable incertitude sur sa reconnaissance de cette proposition et donc sur ses possibles revendications sur le Tibet.
L'invasion chinoise de 1950
Article détaillé : Intervention militaire chinoise au Tibet (1950-1951).En 1950, l'Armée populaire de libération entre dans la région tibétaine orientale de Chamdo pour envahir le Tibet[9] et rencontre peu de résistance de la part d'une armée tibétaine faible et mal équipée[10].
Le 23 mai 1951, des représentants du Dalaï-lama signent à Pékin l'Accord en 17 points sur la libération pacifique du Tibet, sous la menace d'une poursuite de l'avancée de l'APL[11].
En 1954, le 14e dalaï-lama, le 10e panchen-lama et le 16e karmapa se rendent à Pékin pour discuter de la question du Tibet avec Mao Zedong[12]. Lors d'une entrevue avec le dalaï-lama, Mao lui donne l'assurance que l'identité tibétaine sera respectée et qu'aucune grande réforme ne sera entreprise au Tibet pendant six ans[13].
Les États-Unis, dans une visée anticommuniste, apportent leur soutien à la guérilla tibétaine opposée au parti communiste chinois, entraînent les guerriers tibétains[14], et invitent le dalaï-lama à s'exiler en Inde[15].
En 1956 a débuté à Litang dans le Kham une révolte des Tibétains contre l'occupant chinois, qui s'est étendue aux autres secteurs du Kham, puis en 1957 et 1958 dans les secteurs de l'Amdo, puis en 1958 et 1959, dans le Ü-Tsang, la Région autonome du Tibet, avant de s'étendre à l'ensemble du territoire. En 1959, l'insurrection éclate à Lhassa, le dalaï-lama fuit le Tibet pour se réfugier en Inde. Il sera suivi d'environ 100 000 Tibétains. Cette révolte fut sévèrement réprimée par les autorités chinoises. Le nombre de victimes tibétaines, important sujet de désaccord entre la Chine et le gouvernement tibétain en exil, est généralement estimé à plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Article détaillé : Controverse sur le génocide tibétain.Citations sur la question
Anna Louise Strong, journaliste et militante communiste américaine [16],
- « Aucune puissance étrangère en sept cents ans n'a reconnu le Tibet comme nation distincte ni y a envoyé d'ambassadeur » (« No foreign power in seven hundred years has recognized Tibet as a separate nation or sent an ambassador to Lhassa »).
Tom A. Grunfeld, tibétologue américain [17],
- « Aucune nation n'a jamais reconnnu publiquement le Tibet comme état indépendant » (« No nation has ever publicly accepted Tibet an independent state »).
Fabienne Jagou, tibétologue française [18],
- « Entre 1913 et 1950, le Tibet jouit de l’indépendance avec un pouvoir absolu sur ses affaires intérieures et extérieures »
Lien externe
- (en)Tibet Talk with Jamyang Norbu in Bangalore par Jamyang Norbu (Phayul.com)
- (en)Eyewitness accounts of first generation Tibetan exiles made public, Phayul.com
Références
- ↑ a , b et c Roland Barraux - "Histoire des Dalaï Lamas - Quatorze reflets sur le Lac des Visions" - Edition Albin Michel 1993. Réedité en 2002, Albin Michel, ISBN 2226133178.
- ↑ BRIEF HISTORY OF TIBET
- ↑ Tom A. Grunfeld, in his The Making of Modern Tibet, p. 65.
- ↑ Bell, Charles, Tibet Past and Present, 1924, pp. 150-151
- ↑ Bell, Charles, Tibet Past and Present, 1924, pp150-151
- ↑ “The Birth of a Clinic”? The IMS Dispensary in Gyantse (Tibet), 1904–1910 An English school existed in Gyantse in the period 1923–26; it was closed as part of a general Tibetan movement against modernization at that time
- ↑ Tibet - Mongolia Treaty of 1913, a proof of Tibet’s independence: Interview
- ↑ Cette convention indique que le Tibet demeure entre les mains du gouvernement tibétain à Lhassa (The changing face of recognition in international law: A case study of Tibet, Boston University School of Law, note 147 p. 148)
- ↑ Invasion du Tibet sur l'encyclopédie Universalis
- ↑ Histoire du Tibet, Laurent Deshayes, p. 322, « En septembre 1950, le général Liu Bocheng et Deng Xiaoping, alors représentant de la RPC dans son Sichuan natal, ont annoncé que le Tibet serait « libéré ». C'est le 7 octobre que 40 000 hommes aux ordres du général Zhang Guohua franchissent le Yangtsé en une demi-douzaine de points. [...] Le 17, Ngabo Ngawang Djigmé accepte la capitulation de Chamdo. »
- ↑ Histoire du Tibet, Laurent Deshayes, p. 325, « Les représentants de la RPC, de leur côté, ont déjà préparé le texte de l'acccord qu'ils finissent par imposer en jouant sur un ultimatum simple : sans accord, l'APL continuera sa progression. »
- ↑ (zh)Vidéo documentaire de la rencontre de Mao Zedong du 14e dalaï-lama et du 10e panchen-lama sur CCTV
- ↑ Histoire du Tibet, Laurent Deshayes, p. 329
- ↑ Histoire du Tibet, Laurent Deshayes, p. 331, « Pendant l'hiver 1955-1956, [...] les États-Unis voient dans cette levée d'armes contre la RPC un moyen de renforcer leur politique anticommuniste en Asie. La CIA dans le cadre de l'opération « Garden » va alors former des centaines de membres de l'ANVD (l'Armée nationale volontaire de défense) ou d'autres groupes de résistants aux techniques de guérilla. »
- ↑ Histoire du Tibet, Laurent Deshayes, p. 327, l'épreuve de force (1950-1959) : (en 1952) « Peu après son retour dans sa capitale, le dalaï-lama reçoit un nouveau message des Etats-Unis lui proposant de fuir son pays, de renier l'accord en dix-sept points et d'organiser la résistance en exil. »
- ↑ Anna Louis Strong, Tibetan interview, New World Press, Peking, 1959, p. 74.
- ↑ Tom Grunfeld, The Making of Modern Tibet, M. E. Sharpe, 1996, p. 258.
- ↑ Fabienne Jagou, « Anne-Marie Blondeau, Katia Buffetrille éd., Le Tibet est-il Chinois ? », Perspectives chinoises, n°79, 2003, mis en ligne le 2 août 2006
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