- Hun Sen
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Dans ce nom asiatique, le nom de famille, Hun, précède le prénom.
Hun Sen Hun Sen (2010)Mandats 54e et 57e Premier ministre du Cambodge Actuellement en fonction Depuis le 30 novembre 1998
( 12 ans, 11 mois et 11 jours)Monarque Norodom Sihanouk
Norodom SihamoniPrédécesseur Ung Huot 14 janvier 1985 – 2 juillet 1993 Président Heng Samrin
Chea SimPrédécesseur Chan Sy Successeur Norodom Ranariddh Biographie Date de naissance 4 avril 1951 Lieu de naissance Peam Koh Sna Nationalité cambodgienne Parti politique Parti du peuple cambodgien Conjoint Bun Rany
Premiers ministres du Cambodge modifier Hun Sen (en khmer : ហ៊ុនសែន), né le 5 août 1952 (officiellement le 4 avril 1951[note 1]) à Peam Koh Sna (District Stoeung Trang, province de Kampong Cham), est un homme d'État cambodgien, actuel Premier Ministre du Cambodge.
Sommaire
Biographie
Né sous le nom de Hun Bunal, Samdech Akka Moha Sena Padei Techo Hun Sen est le troisième des six enfants d’une famille rurale. Il a deux frères ainés et trois sœurs cadettes. Son père, Hun Neang, était un ancien bonze et avait quitté le froc pour rejoindre les Khmers Issarak qui luttaient contre les forces coloniales françaises. Les parents du jeune Nal étaient de riches propriétaires terriens qui avaient été ruinés quand Dy Yon, sa mère – décédée en 1998 - avait été enlevée et relâchée après paiement d’une forte somme[2].
À partir de 1958, il fréquente l’école primaire de son village où il aurait été considéré comme un bon élève, avant en 1964, d’aller à Phnom Penh poursuivre ses études au lycée Indra Dhevi. Il est hébergé au Wat Neakavoan, dans le quartier de Tuol Kork, par un religieux proche de la famille[1].
C’est là qu’il aurait aussi démarré des activités politiques dès 1965[note 2]. Il devra interrompre sa scolarité en 1968 pour fuir la capitale et la répression qui s’abat sur les militants communistes après les émeutes de Samlout. Il trouve alors refuge à Memot, à 80 kilomètres de Kampong Cham, et travaillera dans les plantations d’hévéas de Ton Luong. Il s’y livrera à des activités syndicales et devra même un temps fuir la police et se réfugier à Kratie[3].
Le 14 mars 1970, il répond à l’appel de Norodom Sihanouk, destitué de ses fonctions de chef de l’État, et rentre dans la guérilla qui lutte contre le régime de la république khmère[4].
En 1972 il rejoint les commandos parachutistes et prend, en 1974, le commandement du 55e bataillon de la zone est. Bon soldat, toujours en première ligne, il sera blessé cinq fois et perdra l’œil gauche le 16 avril 1975, dans l'assaut final des khmers Rouges et restera hospitalisé jusqu’en octobre[2].
Il fut par la suite, à moins de 25 ans, élevé à la tête d’un régiment basé dans la Zone Est du Kampuchéa démocratique[2] Toutefois, il n'existe pas de témoignages le mettant personnellement en cause dans les massacres commis au sein de la population par le régime khmer rouge[5].
En 1977, les incidents à la frontière vietnamienne se multiplient et amènent des ripostes des Bộ đội que les unités khmères ont bien du mal à contenir. Le haut commandement de Phnom Penh met la faible réactivité des troupes sur le compte du manque de loyauté de l’encadrement et ordonne une épuration massive visant à éliminer tous les éléments suspects d’être à la solde de Hanoï. C’est pour échapper à ces purges qu’Hun Sen décide de franchir la frontière[6].
Refoulé en juin, il se réfugie dans la forêt avant de pouvoir enfin gagner le Viêt Nam en décembre 1977. Il est d’abord emprisonné plusieurs mois puis libéré et participe avec notamment Heng Samrin et Chea Sim à la formation d’une organisation politique destinée à renverser les khmers rouges, le Front uni du peuple Khmer pour le salut national (FUNSK). Il accède le 2 décembre 1978 au comité central de cette organisation[3].
Le 30 décembre 1978, une armée vietnamienne de 110 000 hommes passe la frontière et occupe rapidement la presque totalité du territoire cambodgien. Profitant de la chute du régime khmer rouge, il revient à Phnom Penh où il intègre en tant que ministre des affaires étrangères le gouvernement mis en place par les troupes de Hanoi[7].
Suite aux élections du 1er mai 1981 où il est élu député de Kampong Cham, il est confirmé aux affaires étrangères et devient vice-président du conseil[8].
Le 14 janvier 1985, il accède, à moins de 35 ans, au poste de Premier ministre de la République Populaire du Kampuchéa[9].
Dès les années 1980, il mènera les négociations avec Norodom Sihanouk qui aboutiront à la signature des accords de paix de Paris d’octobre 1991[4].
S’il perd les élections de 1993, et en conteste pendant un temps le résultat, il parvient néanmoins à se faire nommer second premier ministre.
Mais le 5 juillet 1997, à l’issue d’un coup de force sanglant, il évince le premier premier ministre Norodom Ranariddh[10], qui s'apprêtait à faire une alliance politique avec Sam Rainsy et les Khmers rouges. Plusieurs dizaines de fonctionnaires du FUNCINPEC (Front uni national pour un Cambodge indépendant, neutre, pacifique et coopératif) dont Ho Sok et Chao Sambath – membres du gouvernement - furent exécutés [11].
La victoire en 1998 du PPC (Parti du Peuple Cambodgien) (Cambodgien: Kanakpak Pracheachon Kâmpuchéa, KPK) dont il est le Vice-président lui assure de redevenir le seul premier ministre du pays[12].
Candidat à sa propre succession aux élections législatives du 27 juillet 2008, le parti d'Hun Sen a remporté sans surprise[13] près de 75% des sièges[14]. Quatre formations d'opposition ont toutefois, comme à l’accoutumé, reproché au Parti populaire cambodgien, d'avoir « truqué » les élections en sa faveur[15].Des Organisations non gouvernementales internationales telles Amnesty International, attribuent quant à elle, cette victoire écrasante principalement à l’effondrement de l’opposition, minée par des luttes intestines, tout en reconnaissant que des manœuvres d’intimidation de la presse, des militants et des électeurs ont bien eu lieu avant ces élections[16].
Famille
Hun Sen est marié avec Bun Sam Hieng, une infirmière qui s’appellera bientôt Bun Rany et qu’il avait connu en 1975, alors qu’il était hospitalisé[6].
Leurs noces eurent lieu le 5 janvier 1976 à Memot et ils auront six enfants (trois garçons et trois filles, l'une d'elle ayant été adoptée) ; leurs noms sont Hun Manet, Hun Mana, Hun Manit, Hun Mani, Hun Mali, et Hun Malis[12].
En octobre 2007, Hun Sen, à la surprise générale, annonce lors d'une cérémonie de remise de diplômes devant environ 3 000 personnes qu’Hun Malis, sa fille adoptive est lesbienne. Bien qu'il ait demandé à l'audience d'accepter les gays et les lesbiennes, il a pris des dispositions pour renier l'adoption de sa fille et la priver de tout droit à l'héritage[17].
Le 21 avril 2010, Hun Manet, fraîchement diplômé de l’académie militaire de West Point, est nommé par son père à la tête de l’unité nationale antiterroriste[18].
Hun Mana, directrice général de la chaine de télévision Bayon TV s’est mariée le 2 janvier 2010 avec Dy Vichea, fils d’Hok Lundy, l’ancien chef de la police nationale. Il s’agit du second mariage entre ces deux familles, vu que Hun Manit, le fils cadet a épousé Hok Chendavy fille de Hok Lundy[19].
Hun Mani, le dernier des fils est quant à lui marié avec Yim Chay Lin, la fille de Yim Chay Li, secrétaire d’État au développement rural alors que Hun Mali, a convolé avec Sok Puthyvuth, le fils de Sok An, vice premier ministre et ministre du conseil des ministres[20].
Action politique
Celui que Lee Kuan Yew – ancien premier ministre de Singapour - décrit comme « parfaitement impitoyable et implacable, dénué de tout sens humain »[21] est l'homme fort du Parti du peuple cambodgien implanté jusque dans le plus petit village du pays, qui contrôle tous les rouages de l’administration et qui monopolise le pouvoir depuis le début des années 1980[22].
À partir de 1979 et jusqu’au milieu des années 1980, en tant que ministre des affaires étrangères, sa mission principale sera de faire reconnaitre le gouvernement de la République Populaire du Kampuchéa en dehors des pays de la sphère d’ascendance soviétique, principalement parmi ceux du tiers monde. Cette stratégie était surtout destinée à contrer l’influence de la Chine qui avec les principales puissances occidentales, continuait de soutenir diplomatiquement et militairement les khmers rouges. Au départ, il a insisté sur l’importance de garder des relations étroites avec Hanoï avant de défendre le programme de retrait militaire vietnamien et demander le renforcement de l’indépendance du Cambodge. En 1981, suite notamment à ses nombreuses visites dans les capitales mondiales, Hun Sen avait obtenu la reconnaissance diplomatique de la République Populaire du Kampuchéa dans une trentaine de pays et avait désamorcé l’hostilité de la plupart des nations du tiers monde, même si l’ONU continuait de lui refuser le siège de représentant du gouvernement légitime du Cambodge. Toutefois, malgré la création en juin 1982 d’un gouvernement de coalition du Kampuchéa démocratique (GCKD) regroupant les principales formations d’opposition et reconnu par l’ONU, la République Populaire du Kampuchéa apparaissait de plus en plus comme la seule alternative possible à un retour des khmers rouges aux affaires. En mars 1986 les dirigeants de l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est réunis à Pékin, acceptèrent le principe d’inclure les dirigeants de la République Populaire du Kampuchéa dans un futur gouvernement provisoire cambodgien. De son côté, Hun Sen annonçait un projet de « réconciliation nationale » et proposait de faire entrer des représentants de toutes les factions d’opposition à l’exception des khmers rouges dans le gouvernement de la République Populaire du Kampuchéa. À partir de 1988 eurent lieu des entrevues entre Hun Sen et Norodom Sihanouk à la Fère-en-Tardenois et des réunions informelles de toutes les factions cambodgiennes à Jakarta qui aboutiront, le 23 octobre 1991, à la signature des accords de paix de Paris[23],[24].
Sur le plan interne, Hun Sen montrera dans le même temps son habileté à gérer les dissensions au sein de son propre parti entre les anciens khmers rouges qui avaient quitté Pol Pot et s’étaient rapproché de Hanoï, la ligne dure des jeunes cadres plus nationalistes et méfiants autant à l’égard du Viêt Nam que de l’Union soviétique, le courant proche de Moscou emmené par l’ancien premier ministre Pen Sovan et d’autres factions de moindre importance[25],[26].
Aujourd’hui, pour assoir son pouvoir, Hun Sen met en avant son rôle dans la défaite des khmers rouges, le retour de la paix et la croissance économique[27]. Ses adversaires politiques le présentent pour leur part régulièrement comme une « marionnette d’Hanoï »[28]. Si un tel assujettissement était évident à l’époque où l’armée vietnamienne avait installé le gouvernement et stationnait un véritable corps expéditionnaire au Cambodge, l’affirmation semble toutefois difficile à étayer avec des arguments solides une vingtaine d’année plus tard[29]. Par contre, les affirmations des ONG qui lui reprochent de mettre en place des systèmes de corruption sophistiqués[30],[31],[32], d’être à la tête d’un pays où de graves atteintes aux droits de l'homme continuent à avoir lieu[33],[34] et où ceux qui les commettent bénéficient encore trop souvent d’une totale impunité[16],[35] semblent plus difficiles à contredire.
Si beaucoup, même parmi ses opposants lui reconnaisse une certaine habileté politique[7], Hun Sen est aussi connu pour ses accès de colère[36]. Capable d’improviser un discours fleuve à partir de quelques notes, il n’hésite pas à l’occasion à agrémenter ceux-ci d’accusations virulentes contre ses adversaires politiques ou les délégués de la communauté internationale qui osent reprocher la lenteur à mettre en place certaines réformes[7],[29].
Même s’il a prétendu à plusieurs reprises qu’au cas où il perdait des élections, il se retirerait paisiblement du pouvoir pour se consacrer à sa famille et aux échecs[36],[note 3], son attitude en 1993 – lorsqu’il a contesté le résultat d’élections qu’il avait perdues[37] – ou en 1997 - quand il évinça Norodom Ranariddh, le premier Premier ministre qui risquait de lui porter ombrage[38] – permettent de douter que cette promesse soit un jour tenue si le cas venait à réellement se présenter.
Enfin, concernant ses anciens collègues khmers rouges, il leur mena un combat féroce après avoir quitté leurs rangs, légitimant son régime en le présentant comme le seul recours possible à leur retour. Il fera même, à la fin des années 1980, de leur participation aux pourparlers de paix un prétexte pour en bloquer quelque temps le processus. Après les accords de Paris de 1991, l’intégration à la vie politique des partisans de Pol Pot sera de courte durée et Hun Sen apparaîtra à nouveau comme leur principal adversaire[26]. Toutefois, la donne change à la fin des années 1990 avec les défections de plusieurs hauts responsables khmers rouges en échange de leur amnistie. Hun Sen est devenu le chantre d’une politique de « réconciliation nationale » qu’il combattait encore peu avant et qui entendait sacrifier la justice à la paix et au développement économique du pays[39]. Dans le même temps, dès 1999, le gouvernement engage des pourparlers avec l’ONU pour mettre en place une juridiction visant à traduire devant un tribunal les anciens dirigeants khmers rouges encore en vie[40]. Très vite, ces deux processus vont devenir antinomiques et les tractations en vue de créer les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens seront longues et âpres. Finalement, un accord sera signé en 2004 et le premier procès débute en février 2009. A ce moment, 5 accusés sont incarcérés[41]. Les choses se compliqueront le 7 septembre 2009, lorsque les juges internationaux décideront d’ouvrir de nouvelles enquêtes et surtout de convoquer des membres influents du gouvernement proches du premier ministre. En guise de réponse Hun Sen fera part de son désaccord en fustigeant la communauté internationale et l’ONU dans plusieurs discours virulents dont il a le secret[42],[43].
Distinctions
Au pouvoir depuis plus 25 ans, Hun Sen a eu le temps de réunir un nombre impressionnant de diplômes universitaires, au grand dam de son opposition qui rappelle que l’intéressé n’avait eu qu’une scolarité sommaire et mette en doute la valeur de ces titres[44].
Liste des principales distinctions[12] Date Dignité Lieu 1991 Doctorat en science politique Académie politique nationale de Hanoï 1995 Doctorat en politique Université de Californie du Sud 1996 Doctorat en droit Iowa Wesleyan College 10 avril 2001 Docteur honoraire en science politique. Université de Dankook 15 novembre 2001 Docteur honoris causa en science politique, dans le domaine des relations internationales Université de Ramkhamhaeng 6 août 2002 Membre et médaille de l'académie. Académie de sciences naturelles de la fédération de Russie 9 juillet 2004 Docteur honoraire en science politique. Université du Cambodge 21 mars 2006 Docteur honoraire en science politique Soon Chun Hyang University de Séoul 28 juin 2006 Docteur en éducation pour le développement local Université de Bansomdejchaopraya Rajabhat 29 janvier 2007 Docteur honoris causa en éducation Université nationale d'éducation de Hanoï 12 octobre 2007 Autorisation de porter le titre de Samdech Akka Moha Sena Padei Techo. Roi Norodom Sihamoni 25 novembre 2008 Médaille d'or nationale laotienne Vientiane 7 janvier 2009 Docteur honoris causa en économie Université de Woosuk 3 juin 2009 Docteur honoraire en science politique Université de Séoul 21 décembre 2009 Général 5 étoiles. Roi Norodom Sihamoni 1er avril 2011 Président honoraire. Académie royale du Cambodge Notes
- 1979 lors de sa nomination aux Affaires étrangères et alors qu’il avait été décidé de vieillir d’un an le jeune ministre[1] La nouvelle date aurait été utilisée pour le première fois en
- Raoul-Marc Jennar que ses activités se limitaient alors à livrer des messages cachés dans des pains à des militants sans en connaitre le contenu[1] L’intéressé a affirmé à
- [26] Il a été initié aux échecs lors de son passage au Wat Neakavoan et continue à pratiquer l’activité à un bon niveau
Références
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article en anglais intitulé « Hun Sen » (voir la liste des auteurs)
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