- Houllières de la région liégeoise
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Houillères de la région liégeoise
L'histoire de Liège et de la houille sont intimement liées d'autant plus que la région liégeoise revendique la priorité de la découverte de la houille sur le continent européen.
Le vocabulaire wallon de ces houilleurs est d'ailleurs utilisé dans le reste de la Belgique et en France.
Le mot houille proviendrait d'un très ancien mot liégeois, "hoye" existant avant sa découverte et signifiant "fragment, éclat, motte"[1] cependant que la légendaire histoire de Jean d'Outremeuse en attribue l'origine à un forgeron de Plainevaux nommé Hullos qui aurait trouvé ce charbon de terre au Publémont.
Cette richesse minérale abondante fit la renommée du bassin liégeois ainsi que sa prospérité durant des siècles.
Sommaire
Les origines
En 1907, on découvrit dans l'hypocauste de la villa romaine de la place Saint-Lambert des morceaux de houille destinés au chauffage.
Phénomène assez rare en dehors du bassin liégeois, cette roche noire affleurait au sol et si son exploitation ne débuta qu'à la fin du XIIe siècle, alors que les qualités de ce charbon maigre étaient déjà connues, quel était l'intérêt de mettre en place des infrastructures pour remplacer le bois que l'on trouvait à foison?
Après la féodalité, les franchises et libertés en Pays de Liège vont garantir la prospérité et l'essor de l'industrie. Les demandes en bois s'accroissent en même temps que les fôrets disparaissent sous les coups des essarteurs: les qualités calorifiques de la houille reconnues vont remplacer le bois et son exploitation se fera plus intensive.
En 1195, le moine Renier écrit dans sa chronique de l'abbaye de Saint-Jacques: "Cette année, de la terre noire propre à faire du feu fut trouvée dans beaucoup d'endroits de Hesbaye[2]".
La houillière "delle Noterie, aux confins de Montegnée et Berleur, "[3] serait la plus ancienne dont l'histoire ait gardé le nom, tandis qu'au XIVe siècle, la bure Stiennon Stêvenol située sous les bois de Saint-Nicolas et appartenant à l'abbaye de Saint-Gilles, était concédée par l'abbaye de Saint-Laurent dont elle dépendait.
L'exploitation
Les premières exploitations se limitaient à un bure [4] recouvrant un puits d'extraction profond de quatre-vingts mètres tout au plus. Ces bures dites de petit athour ou bure â bresses[5] permettaient à dix ou quinze ouvriers de remonter quotidiennement deux cents kilos de houille par le coufade ou panier, en fait une caisse de bois raccordée par des ferrures.
Mal ventilés, on les abandonnait souvent aux mois les plus chauds de l'année, libérant par la même occasion des bras pour les moissons.
Au XVIIIe siècle on distingue un second type de bures dites de grand athour ou bure â ch'vâs[6] divisée en deux compartiments par une cloison de briques, le plus petit étant reservé aux pompes et échelles.
Les infiltrations d'eau posèrent immédiatement un problème et représentaient un réel danger: un système d'évacuation par des araines parfois longues de plusieurs kilomètres engendra des conflits avec certains propriétaires des terrains traversés et fut à l'origine de l'établissement de la Cour des Voir-Jurés de charbonnage fonctionnant déjà au XIIIe siècle.
Dans une civilisation du bois, Liège fut très vite considérée comme le pays des mineurs, d'abord particulièrement, ensuite comme un modèle à suivre. Cette spécificité amena les armées en campagne à utiliser les sapeurs liégeois dans les guerres de siège, comme en 1430 devant Compiègne où ils furent employés par le duc de Bourgogne.
En 1615, Philippe de Hurges[7] dépeint Liège creusée de tant de galeries de mine que le versant gauche de la Meuse apparaît presque entièrement dominés de huttes de bure. Ce n'est donc pas sans raison qu'apparaît au début du XVIIe siècle l'expression "Tièsse di hoye"[8] qui désignera jusqu'à nos jours les Liégeois, volontiers obstinés et insubordonnés.
Cédant à la mode du tourisme charbonnier, le tsar Pierre le Grand descendra, le 28 juin 1717, au fond de la bure Germeau, à Sainte-Marguerite.
La révolution industrielle
Du fait de l'esprit rationnel du XVIIIe siècle et de l'évolution démographique, la proto-industrialisation accroit la demande en source d'énergie. Les techniques nouvelles permettent une exploitation plus importante des ressources charbonnières. C'est à Jemeppe que la "pompe à feu" de Thomas Newcomen trouvera en 1706 sa pleine application dans l'industrie extractive.
Les scientifiques du siècle, tels Mathias-Guillaume de Louvrex, feront progresser la science du charbon en prenant pour étude l'exemple liégeois; ils recueilleront pour ce faire, le savoir et l'expérience des maîtres de fosses. L'ouvrage le plus complet sera le fruit du français Jean François Morand, médecin de Jean-Théodore de Bavière, qui, mandaté par l'Académie Royale des Sciences, contribua par son ouvrage[9] à faire entrer le vocabulaire très technique local dans la langue française.
Le rattachement à la France
Alors que sous le règne des Princes-évêques, les petites gens exploitaient les petites bures pour se chauffer à bas prix, la révolution liégeoise va faire basculer la principauté sous le régime français: celui-ci comprend très vite les bénéfices à tirer de la richesse minière du bassin et l'ancienne principauté devient pour la République et l'Empire, le fer de lance de la technologie industrielle, comptant sur le charbon pour refaire le retard sur l'Angleterre.
La loi de 1810, base de tout régime minier et l'Ecole des Mines de Paris, en attendant celle de Liège, contribuent à approfondir les connaissances utiles en la matière.[10]
Dès 1810, le procédé de la distillation de la houille permit la fabrication de gaz d'éclairage qui servit 1811 à éclairer les rues de Liège pour célébrer la naissance du petit roi de Rome.
De 1810 à 1829, le bassin wallon ,se préparait, grâce à la houille, à devenir la seconde puissance industrielle du monde après l'Angleterre.
Les conditions de travail en bassin liegeois
Les concessions liégeoises
Notes et références de l'article
- ↑ Jean Haust
- ↑ Hesbaye s'entend ici hauteurs de Liège
- ↑ M.Ponthir, Histoire de Montegnée et Berleur, p.410
- ↑ "bûr" en germain signifie maison et désignait la hutte recouvrant le puits - voir article connexe La mine
- ↑ bure à bras
- ↑ à chevaux
- ↑ Voyage de Philippe de Hurges à Liège et à Maestrect en 1615
- ↑ Tête de houille, tête dure et inflammable
- ↑ L'art d'exploiter les mines de charbon, Paris, 1768-1776
- ↑ André Hubert Dumont
Bibliographie
- Claude Gaier, Huit siècles de houillerie liégeoise, histoire des hommes et du charbon à Liège, Edition du Perron, Liège, 1988. (ISBN 2-87114-031-6)
- A. De Bryun, Anciennes houillères de la région liégeoises, Dricot, Liège, 1988. (ISBN 2-87095-056-X)
- Collectif, Histoire de la Wallonie : De la préhistoire au XXIe siècle, Privat, Toulouse, 2004. (ISBN 978-2708947795)
Voir aussi
Articles connexes
Liens et documents externes
- La chaîne des terrils
- Site d'un collectionneur d'objets relatifs à la mine
- Travail et société dans la région de Seraing d'hier à aujourd'hui
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