- Histoire de l'anatomie
-
Le développement de l'étude anatomique, pendant longtemps n'a pas été parallèle au développement médico-chirurgical. Cette nécessité actuellement évidente, pour le médecin, le chirurgien ou l'imageur, ne s'est véritablement établie qu'au XIXe siècle.
Sommaire
Histoire primitive de l'anatomie
Article détaillé : Médecine dans la préhistoire et la protohistoire.La connaissance élémentaire de l'anatomie animale pour une dissection utilitaire (découpe du gibier, prélèvement des peaux, de certains os, des tendons, des intestins) est ancienne.
Au cours du paléolithique supérieur (-30 000 ans) apparaissent les premières représentations graphiques, surtout animales et parfois humaines (Venus de Lespugue). C'est un début d'analyse des formes. Il s'établit une ébauche de relation entre l'anatomie et la pathologie. L'archéologie a ainsi mis en évidence la pratique de la trépanation pour les traumatismes ou dans le cadre de rituels, ce qui impose une connaissance anatomique même sommaire du crâne et de son contenu.
Certains auteurs considèrent qu'à cette époque se développent des théories sur le pouvoir et la vertu de certains viscères, et des comportements anthropophages (cœur, foie, cerveau)[réf. nécessaire].
Époque antique
En Mésopotamie vers 3500 av. J.-C., le savoir anatomique est au service de l'art divinatoire. L'analyse des viscères d'animaux sacrifiés a des valeurs prédictives très diverses (météo, récoltes, issue d'une bataille…). Le cœur est le siège de l'intelligence, le sang représente la vie, la forme des lobes hépatiques prédit le destin. Le médecin est aussi prêtre et devin.
En Égypte
La connaissance anatomique est essentielle à la technique d'embaumement, autant qu'à la pratique médico-chirurgicale. Certains papyrus (comme le papyrus Edwin Smith ou le papyrus Ebers, écrits aux alentours du -XVIe siècle) contiennent les descriptions anatomiques médicales les plus anciennes attestées à ce jour.
L'extraction du cerveau par les fosses nasales nécessite la connaissance de la lame criblée de l'ethmoïde, les viscères conservés dans les vases canopes sont identifiés. Des notions de formes et topographies viscérales sont rapportées dans des papyrus, avec des erreurs importantes ; par exemple, le cœur est identifié comme le centre des vaisseaux, mais toutes les structures canalaires sont des vaisseaux (artères, veines, voies urinaires, tube digestif…). L'importance donnée à la préservation des cadavres interdit la pratique de dissections « scientifiques ».
En Grèce antique
La dissection des défunts est interdite, les observations sont faites sur des animaux.
Les Grecs du IVe siècle av. J.‑C. (Platon) développent la réflexion, le discours, le raisonnement, mais ne sont pas des scientifiques (exemple de raisonnement : la forme parfaite est la sphère, la tête humaine a globalement une forme de sphère…, c'est ainsi que s'élabore la théorie du microcosme.)
Pour Hippocrate, la santé et la maladie sont matière à penser, à interpréter et raisonner, mais il reste plus dans le domaine de la philosophie que de la science. Hippocrate, contemporain de Platon est un mauvais anatomiste, certes le cœur est le siège de la circulation, mais la physiologie est fausse : « le cerveau est le siège de l'intelligence parce que la tête est sphèrique ».
L'essor anatomique à Alexandrie
Il se crée le Musée (=centre de recherche) et la bibliothèque. Hérophile (340 av. J.-C.) décrit de nombreuses structures : le cerveau, les méninges, les sinus veineux de la base du crâne, les nerfs crâniens… Érasistrate (320 av. J.-C.) pratique environ 600 dissection, il décrit les valvules du cœur, il distingue les nerfs moteurs des nerfs sensitifs et suppose que l'intelligence est proportionnelle au nombre de circonvolutions cérébrales… Mais l'incendie de la bibliothèque (en 47 av. J.-C.) et la conquête romaine de l'Égypte entraînent un déclin des recherches anatomiques.
L'empire romain
Galien (130 apr. J.-C.) est plus médecin que chirurgien, il pratique des dissections sur le singe, peut-être sur des gladiateurs ; il décrit : les fonctions des muscles et des articulations, les viscères thoraciques, le tronc cérébral… Mais les dissections humaines seront interdites sous Marc Aurèle, et pendant 10 siècles l'œuvre de Galien sera copiée, sans vérification et sans progrès.
L'anatomie au Moyen Âge
Il n'y a pas de recherche structurée, ni de développement médical et chirurgical. En Andalousie, quelques textes latins et grecques sont transcrits, avec souvent une exégèse accommodée aux contraintes religieuses. À Salerne (IXe siècle) puis à Bologne, Montpellier et Paris, des privilèges sont accordés par l'Église à des confréries, pour des dissections sur des corps de suppliciés, mais on se limite à des commentaires selon Galien, il n'y a pas d'étude anatomique.
A noter cependant l'édit de 1241 promulgué par l'empereur du Saint Empire Fréderic II de Hohenstaufen, autorisant la dissection des cadavres masculins. L'Eglise s'empressa de révoquer l'édit après la mort de l'empereur.
Ultérieurement des chirurgiens demandent le recours à l'étude par la dissection et non plus le commentaire (it:Henri de Mondeville, Guy de Chauliac). La permission du duc d'Anjou (en 1376), améliore ces conditions. Mais surtout les papes Sixte IV et Clément VII favorisent et recommandent les dissections pour l'étude médicale.
Les bases théoriques
L'anatomie de la Renaissance
André Vésale (Bruxelles) bouleverse la connaissance anatomique, il étudie à Paris, Padoue, Bâle… Il décrit l'homme « à partir de l'homme vivant ou qui a vécu », il publie un ouvrage de référence: De Humani Corporis Fabrica illustré de représentations graphiques par Jean Calcar (élève de Titien), c'est un recueil d'anatomie descriptive, topographique, fonctionnelle et biomécanique.
Charles Estienne publie en 1545 : De Dissectione partium corporis humani, traduit en français en 1546 sous le titre de La Dissection des parties du Corps humain.
Jacques Dubois (dit Sylvius), décrit l'artère cérébrale moyenne et corrige de nombreuses erreurs. Ambroise Paré écrit en 1561 : l'anatomie universelle et établit un rapprochement très bénéfique avec les chirurgiens.
Les écoles italiennes s'illustrent par de nombreux travaux : Gabriele Falloppio à Padoue décrit la trompe utérine et le nerf facial. À Bologne se succèdent : Bérenger Da Carpi, Costanzo Varole, Arantius et Barthélémy Eustache.
Pendant ce XVIe siècle, l'imprimerie va faciliter la diffusion, mais surtout la collaboration des artistes avec les anatomistes et le monde médical va rendre très performantes les représentations anatomiques. (Léonard de Vinci, Michel Ange, Paul Véronèse).L'anatomie au XVIIe siècle
Si au siècle précédent le travail était basé sur l'observation et la dissection, au XVIIe siècle on passe à l'étude microscopique.
William Harvey (1625) démontre la circulation sanguine. Malpighi découvre les vaisseaux capillaires, Sténon démontre la contraction musculaire cardiaque. C'est le début d'une anatomie physiologique et fonctionnelle.
Aselli découvre la circulation lymphatique, Pecquet, puis Rudbeck et Bartholin démontrent la totalité de cette circulation.
À la fin du XVIIe siècle, le corps humain fonctionne comme une mécanique organisée et autonome.
Pendant le XVIIIe siècle
L'anatomophysiologie (relation entre la structure et la fonction) se développe. C'est la naissance de l'anatomie comparée, de l'anthropologie et de la biologie. La Mettrie en 1748 soutient: « le cerveau sécrète la pensée comme le foie la bile, les pensées sécrétées s'accumulent de générations en générations… ». C'est l'époque des amphithéâtres de dissection, des galeries d'histoire naturelle (reproduction en cire colorée). Les écoles anatomiques se développent dans toute l'Europe.
L'anatomie au XIXe siècle
C'est la période de l'histologie, la théorie de la cellule est démontrée ; Bichat en 1800 ébauche la science des tissus dans le « traité des membranes ». Le 4 décembre 1803 (12 frimaire An XII) est fondée la Société Anatomique de Paris par Laennec et Dupuytren, Société savante qui crée les bases de l'anatomie pathologique. On étudie le système nerveux, la paléontologie. On élabore une anatomie topographique et chirurgicale pour la sécurité des amputations et les désarticulations, parmi ceux-ci : Béclard, Denonvilliers, Tillaux et Farabeuf. Dans ce même siècle sortent de grands traités d'anatomie comme l'atlas lithographique de J.-M Bourgery en (1830-1848),ou l'ouvrage sur les lymphatiques de Sappey)…
En Italie les travaux portent surtout sur la neuro-anatomie avec : Corti, Pacini, Giacomini, Camillo Golgi. Les anatomistes du XIXe siècle ont des origines et des fonctions très variées (médecins, chirurgiens, physiologistes, biologistes, conservateurs de musée, etc.)
L'anatomie actuelle
L'anatomie devient surtout appliquée, pour la médecine et l'enseignement didactique, la chirurgie et l'imagerie pour une application technique. Sans compter sur le développement d'anatomies nouvelles, comme l'endoscopie, et des images in vivo en temps réel, l'usage des navigateurs.
Voir aussi
Wikimedia Foundation. 2010.