Henriette Lorimier

Henriette Lorimier
Henriette Lorimier
Autoportrait (1817) Dijon, musée des Beaux-arts
Autoportrait (1817)
Dijon, musée des Beaux-arts

Naissance 7 août 1775
Paris
Décès 1er avril 1854 (à 78 ans)
Paris
Nationalité Drapeau de France France

Elisabeth Henriette Marthe Lorimier, née le 7 août 1775 à Paris et morte le 1er avril 1854, est une portraitiste en vogue à Paris au début du romantisme et la compagne de vie du diplomate et homme de lettres philhellène François Pouqueville (1770-1838).

Sommaire

Éducation et expositions

Autoportrait 1801

Henriette Lorimier fut l'élève du peintre d'histoire Jean-Baptiste Régnault et elle commença à exposer dans les salons parisiens et au Musée Royal ses portraits et tableaux de genre de 1800 à 1806 et de 1810 à 1814.

En 1805 la Princesse Caroline Murat acheta le tableau "La chèvre nourricière" qui avait été exposé dès 1804 et, au salon de 1806 l'artiste reçu une médaille d'or pour "Jeanne de Navarre" un tableau dont l'Impératrice Josèphine fit l'acquisition en 1807 et qui est toujours visible au chateau de Malmaison de nos jours[1].

Jeanne de Navarre, 1806
(Château de la Malmaison
)

Succès parisiens

Jeanne de Navarre

Il s'agit de Jeanne d'Albret, fille d' Henri II d'Albret et de Marguerite d'Angoulême, veuve d' Antoine de Bourbon prince de sang. Elle est accompagnée de son fils Henri, futur Henri IV. Cette peinture est décrite comme exemplifiant la mère, dans la mesure où la duchesse remplit son devoir d'éducation envers son fils et lui apprend la piété filiale.

Exposé au Salon de 1806, ce tableau a connu un immense succès. L'impératrice Joséphine l'a immédiatement acquis pour sa galerie de tableaux de Malmaison où il est resté jusqu'à son décès en 1814. Il est maintenant exposé en permanence dans le salon de musique de l'Impératrice.

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C'est l'un des premiers exemples du style que l'on appela " troubadour ". Ce goût pour l'évocation du Moyen Âge fut mis à la mode par Alexandre Lenoir qui créa en 1795 le musée des Monuments français dans lequel furent exposés selon un parcours chronologique les statues et monuments français soustraits aux destructions révolutionnaires. Des milliers de visiteurs vinrent ainsi rêver devant les tombeaux des grandes figures du passé rassemblés en un même lieu, jusqu'en 1816 date de la fermeture du musée sur ordre de Louis XVIII

Pour bien des critiques ce tableau était un exemple du succès qu'une femme pouvait obtenir dans ce genre de peinture. L'auteur d'une revue de salons qui apparut dans le Mercure de France félicita Henriette Lorimier pour ne pas s'être écartée des sujets gracieux dans lesquels son sexe avait l'avantage.

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De plus, un article publié dans l'Athéneum, une publication de l'époque, insista qu'elle devait se maintenir dans ce domaine de composition: "Nous lui promettons un succès plus grand encore si elle se contente de dépeindre les douces émotions de l'âme, les sentiments tendres et délicats, en bref de représenter les scènes de la vie domestique, et de laisser les sujets historiques aux hommes."

La chèvre nourricière

Cependant, le premier de ses tableaux qui fit l'objet de commentaires fut La chèvre nourricière qui représente une jeune mère qui est incapable d'allaiter son enfant, regardant tristement une chèvre qui remplit ce devoir à sa place. (Cette composition peut être aperçue dans le fond de l'autoportrait de l'artiste, visible en haut de cette page)
Les critiques s'exclamèrent que seule une femme pouvait avoir fait une telle peinture et confirmèrent que de tels sujets étaient appropriés pour les peintres féminins.

Cet éloge doit être considéré dans son contexte de 1804 et avec le fait que l'achat du tableau en 1805 par Caroline Bonaparte, l'épouse du Prince Murat, propulsa Henriette Lorimier dans les lumières de Paris au temps de l'Empire.
Cet élan culmina avec l'achat, deux ans plus tard en 1807, de sa seconde œuvre majeure par l'Impératrice elle-même.

Portraits

Milieu intellectuel et artistique

F. Pouqueville à Janina (Château de Versailles)

Vers 1808, Henriette Lorimier a rencontré l'écrivain et diplomate François Pouqueville qui revenait de ses aventures dans les geôles ottomanes et qui fut lui aussi lauréat des Prix décennaux. A cette époque, il vit une grande passion avec Lady Eliza Cossin. Il fut ensuite envoyé en Grèce comme consul général auprès d'Ali Pacha de Janina. Ce n'est qu'après le mariage de l'anglaise et le retour en France de François en 1817 qu'ils vécurent ensemble jusqu'à ce qu'il décède en 1838. Ils ne purent se marier car François avait été ordonné prêtre dans sa jeunesse, mais Henriette fait réellement partie de la famille Boulard-Pouqueville, dont elle dotera les deux filles Cornélie et Eliza. Henriette et François sont inhumés dans deux tombes voisines au Cimetière Montparnasse[2].

Le couple était lié à de nombreuses figures influentes sous l'Empire et la Restauration, tels que Chateaubriand, Alexandre Dumas, Ingres[3], Arago, et David d'Angers, pour n'en nommer que quelques uns. Contrairement à ce qui est souvent écrit, ce n'est pas François, mais son frère cadet Hugues qui fut intime avec la comtesse de Ségur à une époque plus tardive (1850-1867)[4].

Œuvres (partiel)

  • Autoportrait, 1801,
  • Une jeune fille, près d'une fenêtre, pleurant sur un passage d'Atala, 1802,
  • La Chèvre nourrice, 1804,
  • Autoportrait, 1805,
  • Portrait de Sophie Regnault, 1805,
  • Jeanne de Navarre, 1806,
  • Portrait de Madame Desmaret, 1807,
  • L'Enfant reconnaissant, 1810,
  • Portrait de feu M. Joseph Delaleu'', 1812,
  • Portrait de la marquise de Reinepont, 1816,
  • Portrait de Nicolas Lupot, Luthier,
  • Portrait de Madame Marjolin, épouse du docteur Jean-Nicolas Marjolin
  • Portrait de François-Charles-Hugues-Laurent Pouqueville, 1830,
  • Portrait de Céleste Buisson de Lavigne, vicomtesse de Chateaubriand, 1840.

Iconographie

Ingres a dessiné Mademoiselle Lorimier en 1828, œuvre conservée au musée Pouchkine à Moscou.

Bibliographie

  • Magnin, Un Cabinet d'un amateur parisien en 1922 - Peintures et dessins de l'école française, sculptures, II, Paris, 1922 (no 474 repr. (Haudebourg-Lescot)
  • Magnin, Musée Magnin. Peintures et dessins de l'école française, Dijon, 1938 (no 498 (attribué à Haudebourg-Lescot)
  • F. Pupil, Le style troubadour, Nancy, 1985 (p. 501 (H. Lorimier)
  • Catalogue de l'exposition inaugurale de la galerie Charles et André Bailly, Dessins et tableaux de maîtres anciens et modernes, p. 50, 1988.
  • A. Pougetoux, "Peinture troubadour, histoire et littérature : autour de deux tableaux des collections de l'Impératrice Joséphine", Revue du Louvre, no 2, 1994, p. 51-60 (p. 53, fig. 2 (H. Lorimier)
  • A. Pougetoux, "Un autoportrait d'Henriette Lorimier", Bulletin de la société des amis des musées de Dijon, no 1, 1995, p. 47-51" (p. 47-51, fig. 1 (H. Lorimier)
  • I. Julia et J. Lacambre, dans cat. exp. Les années romantiques, Nantes, Paris, Plaisance, 1995-1996 (p. 468 (répertoire Haudebourg-Lescot)
  • L. Starcky, Les Peintures françaises, catalogue sommaire illustré, Dijon musée Magnin, préface d'Emmanuel Starcky, avec la participation d'Hélène Isnard, Paris 2000 (no 340, p. 134 repr. (H. Lorimier)
  • Denton, Margaret, "A Woman's Place: The gendering of genre in post-revolutionary French Painting, History, 21, 1998, p. 219-246
  • Gabet, Charles, Dictionnaire des artistes de l'école française au XIXe siècle, Mme Vergne, Édideur, Paris, 1831, p. 457
  • Oppenheimer, Margaret, Women Artists in Paris: 1791-1814, Ph. D. dissertation, Institute of Fine Arts, New York, 1996
  • Les Chefs d'œuvre du Musée de Grenoble

Notes et références

  1. Le graveur M. Gudin en fit une estampe notable. Charles Joseph Gabet, Dictionnaire des artistes de l'Ecole Française du XIXe siècle. Vergne, Éditeur, Paris 1831
  2. Archives familiales.
  3. Ingres fit d'Henriette Lorimier un portrait au crayon, dédicacé à François Pouqueville, et qui se trouve dans la collection permanente du Musée Pushkin de Moscou, Recherches biographiques - François de Pouqueville (2009)
  4. Archives familiales et "Ma chère maman, la comtesse de Ségur" par sa fille Olga

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