Fêtes johanniques d'Orléans

Fêtes johanniques d'Orléans
Fêtes johanniques d'Orléans
FeteOrleans5.JPG
Défilé en habits d'époque

Autre nom Fête de Jeanne d'Arc
Observé par Orléans
Type Commémoration
Signification Délivrance d'Orléans par Jeanne d'Arc
Date Du 29 avril aux 7 et 8 mai
Célébrations Civiles, militaires, religieuses. Avec défilés, feu d'artifice, Son et lumière, etc...
Lié à Jeanne d'Arc

Les Fêtes johanniques d'Orléans sont une manifestation annuelle française célébrée à Orléans (Loiret) depuis 1431 ou 1432 pour fêter la délivrance, le 8 mai 1429, par l'armée de Jeanne d'Arc, de la ville assiégée par les Anglais.

Sommaire

Déroulement moderne des fêtes johanniques

Les fêtes sont présidées chaque année par un invité de marque. Il est de tradition d'ailleurs que le Président de la République nouvellement élu fasse le voyage à Orléans (ou l'année qui suit son élection, puisqu'actuellement celle-ci a lieu en mai). Presque tous les présidents de la Cinquième République ont répondu à l'invitation, depuis le Général de Gaulle. Valéry Giscard d'Estaing n'a pas présidé les fêtes en 1975 mais plus tard, en 1979. François Mitterrand, élu lui aussi pour deux septennats, est venu deux fois. Jacques Chirac a répondu à l'invitation dès 1996. Nicolas Sarkozy s'est fait représenter en 2008 par Rachida Dati, alors Ministre de la Justice.

En 1997, c'est Elisabeth Guigou (PS), député au Parlement européen et future Garde des Sceaux, qui présida les festivités.

Daniel Fontaine, qui a conçu le Son et lumière présenté le 7 mai au soir, a été impressionné par la popularité des fêtes johanniques à Orléans : « Je viens de Lorraine. Je connais Jeanne d’Arc. Mais je ne connaissais pas la ferveur que les Orléanais peuvent avoir pour elle. Je n’imaginais pas que c’était à ce point-là. Les fêtes de Jeanne d’Arc, c’est leur 14 juillet. C’est la fête nationale d’Orléans… »[1]. Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, on célèbre le même jour la capitulation de l'Allemagne nazie (8 mai 1945). Fatalement, la teneur des discours s'en ressent. Toutes les municipalités, de quelque bord politique qu'elles soient, organisent ces fêtes chaque année, depuis bientôt six siècles (leur déroulement n'a été interdit qu'en de rares occasions, par exemple entre 1941 et 1944, par les autorités d'Occupation).

En 1932, les fêtes (qui étaient prévues pour les 11 et 12 mai) ont dû être annulées in extremis, du fait de l'assassinat à Paris, quelques jours auparavant, du Président de la République, Paul Doumer.

Déroulement traditionnel des fêtes

Leur conception et leur déroulement a plusieurs fois varié au fil des siècles. Avant la Révolution de 1789, c'était avant tout une « procession générale », qui avait lieu le 8 mai uniquement et où défilaient les différents corps de la ville[2]. A certains endroits (par exemple devant la chapelle Notre-Dame des Miracles de l'église Saint-Paul), au cours de cinq poses, les chœurs - professionnels - de la cathédrale et de la collégiale Saint-Aignan, faisaient entendre des antiennes en chant grégorien auxquelles on ajoutait des motets polyphoniques composés spécialement pour l'occasion[3]. Cette procession fut supprimée au début de la Première République.

Après le Concordat de 1801, Bonaparte l'autorisa de nouveau, même si les formes que la fête avait pris sous l'Ancien Régime ne pouvaient pas survivre telles quelles aux bouleversements. Les choses évoluèrent en fonction des différents régimes politiques qui se succédèrent au cours de ce siècle instable... Voici la description d'une partie des fêtes johanniques, telles qu'elles se déroulaient (déjà...) en 1878, dans les premières années de la 3e République : « Le 7 mai, à huit heures du soir, un cortège militaire part de l'extrémité sud du pont d'Orléans, à l'endroit même où étaient les Tourelles. Accompagné d'hommes qui tiennent des torches allumées, ce cortège se dirige vers la cathédrale au son des clairons et des tambours, en suivant l'itinéraire de Jeanne d'Arc. Arrivé sur la place Sainte-Croix, il va chercher à l'Hôtel-de-Ville le Conseil municipal et le Maire d'Orléans, qui porte la bannière de Jeanne. Les grandes portes de la cathédrale s'ouvrent, et l'Évêque d'Orléans, entouré de son Clergé, se place sur le parvis pour recevoir la bannière que vient lui remettre le Maire de la ville. À ce moment, on illumine aux feux de bengale les tours de Sainte-Croix ; le Clergé chante le Magnificat et le Regina cœli [tirés du répertoire grégorien], et l'Évêque d'Orléans donne solennellement sa bénédiction au peuple »[4]. A cette époque (de 1865 à 1890), le maître de chapelle de la cathédrale était Alexandre Lemoine, formé au chant grégorien à l'abbaye de Solesmes auprès de Dom Prosper Guéranger, à partir de 1851[5]. Le maître de chapelle, qui avait participé aux recherches sur la restauration de ce chant proprement liturgique, était également féru de culture classique[6].

Cette cérémonie n'a pas beaucoup varié depuis... Le Son et lumière a remplacé l'"Embrasement des tours", la bénédiction a disparu (du point de vue du clergé, elle était toutefois un des éléments significatifs de cette soirée), et les textes liturgiques chantés (assortis le 7 mai 1895 d'un chœur patriotique extrait du Faust de Gounod : Gloire immortelle de nos aïeux) ont laissé place à un Hymne à l'Étendard composé en 1899 par le bouillant chanoine Marcel Laurent, à une époque de forte rivalité entre laïcisme et cléricalisme. La partition a les allures curieusement profanes d'une Marseillaise exaltée. En son temps, elle avait été proposée pour devenir l'hymne national de la France. De nos jours, on préfère plutôt constater que ce n'est pas (et de loin) le seul épisode musical de ces fêtes.

Chaque année depuis 1457 (année qui a suivi l'arrêt de réhabilitation de Jeanne d'Arc, solennellement prononcée à l'archevêché de Rouen le 7 juillet 1456), les Fêtes johanniques d'Orléans donnent également lieu (le matin du 8 mai) à la lecture d'un Panégyrique de Jeanne d'Arc, au cours d'une messe solennelle, où sont conviées les différentes autorités, croyantes ou non.

On peut signaler que la toute première gare d'Orléans a été inaugurée le 7 mai 1843, veille des fêtes johanniques, ces "fêtes nationales" orléanaises.


Contre-fêtes johanniques

Depuis 1998 (mais déjà dans les années 70) existent des « Contre-fêtes johanniques » également appelées « Fête du mouvement social ». Elles sont peu suivies. Les initiateurs de cette manifestation dénoncent pêle-mêle, dans un grand excès de langage, la « célébration nationaliste, militariste et cléricale » que représentent à leurs yeux les fêtes johanniques, et la « politique sécuritaire » attribuée au maire actuel. Continuant sur la même lancée, ils voient dans les fêtes johanniques une « tribune annuelle à la réaction militariste et religieuse » ainsi qu'une « pitoyable collusion entre les autorités politiques, religieuses et militaires ».

Le texte des "initiateurs de cette manifestation", passablement diffamatoire, n'engage que ses auteurs. Il exprime, entre autres, un point de vue qui tend à amalgamer Jeanne d'Arc et ses célébrations par le Front national. À Orléans, cette récupération nationaliste n'a pas cours.

L'édition du 8 mai 1998 fut organisée à l'initiative d'Alternative libertaire, le Groupe action gay (GAG), Ras l'Front (bien qu'aucun membre du Front national n'aît jamais été invité aux fêtes officielles, et qu'il est exclu que ce soit le cas un jour) et le Rassemblement orléanais des objecteurs de conscience (ROOC). Sont venus successivement s'y adjoindre l'ACIRAD (antinucléaires orléanais), l'Association de solidarité Loiret-Algérie (ASLA), AC ! 45, Attac 45, la Confédération paysanne, l'association Droit au logement, la Fédération anarchiste (FA), l'Union syndicale Solidaires 45, Les Verts et le Mouvement des jeunes socialistes (MJS). D'autres associations se sont ajoutées par la suite, comme l' « union pour l'organisation des contre-fêtes johanniques »[7] et l'antenne orléanaise du CADTM[8].

Autres fêtes johanniques

La ville de Reims organise également des Fêtes johanniques, à la fin du mois de juin. Le contexte est évidemment différent, puisqu'il s'agit dans ce cas de commémorer le sacre de Charles VII en la cathédrale de Reims le 17 juillet 1429.

Voir aussi

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Bibliographie

E. Bimbenet, « Le 8 mai à Orléans depuis le consulat jusqu'à nos jours », dans Revue Orléanaise. Recueil historique, archéologique et litteraire, 1848, p. 121-158 [texte intégral] 

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. La République du Centre, 10 mai 2008.
  2. Le 9 mai, à la collégiale Saint-Aignan, on célébrait un office pour les morts du siège de 1429 et de la guerre de Cent Ans.
  3. François Le Maire, Histoire et Antiquitez de la Ville et Duché d’Orléans, Orléans, Maria Paris, 1645-1646, pp. 306-308 (les textes des motets chantés le 8 mai : Motets chantés devant l’église de Nostre Dame des Miracles de S. Paul ; Motets chantés devant la Porte d’Unoise [dunoise]). Textes et musiques d'Eloy d'Amerval.
  4. Tel que rapporté par Frédéric Godefroy dans la Mission de Jeanne d'Arc, Paris : Philippe Reichel, 1878.
  5. Jules Brosset, Alexandre Lemoine, professeur de musique au lycée de Vendôme, maître de chapelle de la cathédrale d'Orléans (1815-1895), Vendôme, Vilette, 1907, 19 p.
  6. Alexandre Lemoine, Cantiques faciles ... mis en musique à l'usage des maisons d'éducation, Paris, Fouraut, 1860, 2e éd. 1867, VIII-98 p.
  7. Annonce de sa création en 2001 dans le J.O. sur www.journal-officiel.gouv.fr
  8. bulletin de 2006 du CADTM France

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