- Flottage du bois
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Le flottage du bois est l'une des plus anciennes méthodes de transport sur de longues distances.
Sommaire
Histoire
Du Moyen Âge jusqu’à la fin du XIXe siècle, en Europe occidentale, le flottage est le mode de transport le plus courant et le moins onéreux pour le bois. La méthode la plus rudimentaire consiste à rassembler le bois sur la rive, à marquer chaque pièce du symbole choisi par son propriétaire et à laisser les grumes descendre librement le cours d’eau au gré du courant, de préférence lors des crues annuelles. Arrivé à destination, le bois est arrêté par un barrage dressé au travers de la rivière, par des pieux fichés dans le lit de la rivière ou par un câble tendu. Ce procédé, dénommé flottage à bûches perdues, se traduit par des pertes assez importantes, notamment à la suite de chocs contre les ponts ou les rochers. Ce fut cependant le seul à être employé sur la Dordogne. Il fut employé sur l'Yonne et la Cure préalablement à la constitution des trains à Clamecy et Vermenton. Dans les Vosges cette technique fut également employée notamment sur le cours de la Meurthe et de la Moselle. Elle permettaient d'alimenter entre autres les usines qui se trouvaient au bord de ces rivières (Cristalleries de Baccarat, Faïenceries de Saint Clément et Lunéville, Salines de Rosières aux Salines ...)
La technique du flottage en trains tend à remédier aux inconvénients de la précédente. Elle demande que les troncs ou les bois débités soient coupés et reliés entre eux pour former une sorte de radeau gouvernable qui descend le courant. Un mât et une voile peuvent y être installés pour s'aider du vent dans les manœuvres. Ce mode de transport n’est possible que sur des tronçons où le cours d’eau est suffisamment large et peu tumultueux pour éviter que le radeau ne se casse. Il a été utilisé très tôt dans le Morvan, sur la Durance et dans les Vosges[1]. Sur la Seine, certains radeaux mesuraient 75 m de long sur 5 m de large[2]. Hormis le bois dont elles étaient faites, ces embarcations pouvaient convoyer d'autres biens, parfois même du bétail.
Dans les Vosges, le flottage du bois de chauffe ou d'œuvre, en bois brut ou débités, se pratiquait autour de la commune de Raon-l'Étape, située à une quinzaine de kilomètres au nord de Saint-Dié. Le réseau hydrographie assez développé, bien que souvent constitué de petits ruisseaux permettait grâce à des aménagements (vannes, retenues, canaux, ...) d'alimenter un centre de regroupement à Raon-l'Étape. Les hommes chargés de conduire ces "trains de bois" s'appelaient des voileurs dénommés des "oualous" en patois local. Ce nom tire son origine du terme "voile" donné aux radeaux de planches ou de grumes qui associés entre eux constituaient des "trains de flottage". Souvent ce travail rude se faisait en famille (père, fils, frères, ...). Les quantités de bois ainsi constituées allaient jusque Saint-Nicolas-de-Port, voire Nancy ou Metz. Leurs périples pouvaient les emmener très loin de leur base. Ils auraient ainsi mené des livraisons jusqu'en Allemagne à Coblence, à la confluence de la Moselle avec le Rhin, à 350 kilomètres. Et à l'époque, le retour se faisait à pied.
Le flottage du bois a naturellement été repris dans d'autres régions du globe, surtout dans les grandes forêts boréales de résineux. Aux États-Unis, au Canada, la méthode a eu son heure de gloire avant l'avènement du chemin de fer puis du camion. Au Québec, les ouvriers conduisant les trains de bois sont appelés draveurs, et la pratique du flottage du bois, drave . La Finlande et la Russie profitent encore largement de la voie fluviale pour le transport par flottage.
Le métier de flotteur
Il est particulièrement dangereux : les ouvriers travaillent en équilibre sur des troncs dont la trajectoire peut être chaotique dans une rivière en crue.
Impacts environnementaux
Si le flottage a pu diminuer l'appel aux camions ou bateaux motorisés, ses inconvénients et impacts écologiques ne sont pas mineurs.
Dans les rivières où le flottage du bois est pratiqué, la qualité de l'eau devient douteuse, la faune et la flore aquatiques en souffrent. De plus, le cours de la rivière a parfois du être rectifié, et certains obstacles îles, seuils ou sauts naturels éliminés pour faciliter la descente des troncs ou radeaux. Ces aménagements ont modifié le rythme et l'importance des inondations et de la sédimentation qui jouent un rôle crucial dans la structuration des communautés végétales riveraines.
La régression de grands migrateurs comme le saumon, puis l'anguille, a entrainé une prise de conscience, puis une sensibilisation croissante de la nécessité de rétablir des régimes d'écoulement naturel ("libre circulation des poissons") pour les poissons, mais la naturalité des régimes de crues et décrue joue aussi un rôle dans a préservation de la biodiversité végétale des ripisylves et zones humides associées au cours d'eau.
Les effets de la restauration de berges et des méandres commencent à être étudiés, dont sur la rivière Ume (dans le nord de la Suède) où les écosystèmes riverains ont été affecté par des rectifications voire par une canalisation faites au 19e siècle et au début du 20e pour faciliter le flottage du bois. La Suède a entrepris de restaurer cette rivière, et une étude a comparé la biodiversité des communautés végétales rivulaire et riveraines des zones restaurées par rapport à leur état antérieur. En 3 à 10 ans après les travaux de renaturation, la richesse en espèces a augmenté significativement tout comme la fréquences d'inondation du lit majeur[3].Dans certaines régions reculées, au Canada notamment, il faut légiférer pour imposer le transport par route qui coûte parfois dix fois plus cher que la drave. C'est par exemple le cas depuis février 1994 sur la rivière des Outaouais.
Au Québec, Le Saint-Maurice a été la dernière rivière à être utilisée pour le flottage du bois, interdit dans les rivières fréquentées par le saumon[4].
Références
- O. Guatelli, Le flottage du bois et les "oualous" (1830-1899), Kruch, 1991.
- Journal des connaissances utiles en mars 1896 représente un train de bois amarré dans le port de Paris. Une gravure de la page 186 du numéro 39 du
- esajournals Résumé [PDF], 448 KB) James M. Helfield, Samantha J. Capon, Christer Nilsson, Roland Jansson & Daniel Palm. ; 2007 ; Restauration of firvers used for timber floating : effects on riparian plant diversity. Ecological Applications 17:3, 840-851 Online 2007/04/01. (
- http://www.canlii.org/fr/qc/legis/lois/lrq-c-r-13/derniere/lrq-c-r-13.html (Loi sur le régime des eaux, L.R.Q., c. R-13 section VI)
Voir aussi
Liens externes
- Le flottage sur le site Lormes.net
- Les radeliers de la Durance
- Site de l’Association Internationale des Flotteurs et Radeliers
- Flottage en Morvan
- Les Traine-bûches du Morvan
- Photo d'un train de bois (Canada)
- Photo de trains de bois (Canada)
- Portail du bois et de la forêt
Catégories :- Transport fluvial
- Ancien métier du Morvan
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