Festival Burning Man

Festival Burning Man

Burning Man

L’Homme (« The Man »), de nuit, en 2002.
L'évènement qui clôt la rencontre est le bûcher du géant de bois, image qui ramènerait à des rites païens si elle n'était commentée sous le registre religieux, quoique la spiritualité de ce sujet partagé reste à considérer.

Le festival Burning Man est une grande rencontre artistique et bariolée qui se tient chaque année dans le désert du Nevada. Elle a lieu la dernière semaine d'août, le premier lundi de septembre étant férié aux États-Unis (Labor Day).

En anglais, burning man signifie homme qui brûle.

C'est Larry Harvey qui a initié en 1986 la crémation festive d'un mannequin géant sur la plage de Baker Beach, qui fait face au Golden Gate Park à San Francisco. En 1990, l'événement est déplacé dans le Nevada pour avoir la place d'accueillir, dans une sorte de ville temporaire en plein désert, des installations (Art Camps) et des participants (Burners) de plus en plus nombreux.

Cette cité nomade, qui est reconstituée chaque année, et qui a pris le nom de Black Rock City, est aujourd'hui, avec ses quelque 50 000 participants (2008), la troisième ville la plus peuplée du Nevada. L'évènement attire désormais des groupes de participants provenant d'Europe et d'Asie, pourvu qu'ils aient les finances et l'intérêt de se retrouver dans l'ambiance de cet environnement hors normes. La publication de photos sur des sites Internet de participants renforce une surenchère dans la créativité pour faire « fort » et se déguiser.

Les participants ont tendance à se regrouper en bandes affichant des thèmes vestimentaires et identitaires marqués, mêlant la culture développée par les groupes urbains avec une certaine forme de tribalisme revécu dans l'improvisation.

D'un point de vue individuel, l'expérience fait la part belle à l'expression personnelle et à la créativité reprenant l'esprit des mouvements dits alternatifs, quoique la densification des participants ne la rende radicale (on peut parler d'une épreuve physique et sensorielle). Le festival, qui a les traits d’une utopie temporaire mais aussi d’une fête paienne s’achevant en apothéose par le bûcher d’une grande effigie humaine, est sous-tendu néanmoins par une philosophie passablement élaborée, que les organisateurs ont tenté de structurer par l’énoncé de dix préceptes, dits principes Burning Man. Ce décalogue porte tant sur la morale individuelle (expression de soi, auto-suffisance) que collective (bénévolat, proscription du commerce, créativité en commun) ; il convient ainsi d’abattre toutes les barrières, aussi bien à l’intérieur de soi qu’entre les individus de la collectivité.

Sommaire

Historique

De 1986 à 1989

Deux des fondateurs de Burning Man : John Law (à gauche) et Michael Mikel (à droite).

La manifestation annuelle connue aujourd’hui sous la dénomination de Burning Man débuta comme un feu de joie rituel au solstice d’été de 1986, lorsque Larry Harvey, à ce moment jardinier paysagiste de son état, Jerry James et quelques-uns de leurs amis se réunirent sur la plage Baker Beach à San Francisco et brûlèrent une figurine humaine en bois haute de 2,4 mètres, ainsi qu’un chien en bois de taille plus petite. Selon la légende qui entoure ce moment fondateur, les gens seraient accourus pour assister à ce spectacle, ce qui aurait donné la conviction à Harvey, qui n’avait tout d’abord aucune intention particulière, qu’une telle cérémonie répondait à quelque besoin fondamental. Harvey a décrit cette action d’incendier ces effigies comme une « expérience » et un « acte spontané d’expression de soi radicale ».

Cependant, la manifestation apparaît avoir des racines qui plongent plus loin dans le temps. Le sculpteur Mary Grauberger, un ami de Janet Lohr, compagne de Harvey, tenait des rassemblements autour de bûchers de solstice sur la plage Baker Beach depuis déjà plusieurs années avant 1986, à quelques-uns desquels assista Larry Harvey lui-même. Lorsque Grauberger cessa de les organiser, Harvey reprit le flambeau. Ainsi, lui et Jerry James construisirent, pour l’événement de 1986, une effigie de bois de 2,4 mètres, donc de dimensions beaucoup plus modestes, et aussi d'une facture plus grossière que la figure de néon qui est la vedette des éditions récentes du festival. En 1987 déjà, la hauteur de l’effigie avait crû à 4,6 mètres, et en 1988, elle avait atteint environ 12 mètres.

Harvey jure qu’il n’a vu le film The Wicker Man (litt. l’Homme d’osier) que de nombreuses années plus tard, de sorte que ce film n’a pu jouer aucun rôle dans son inspiration. Dès lors, plutôt que de laisser le nom Wicker Man devenir la dénomination du nouveau rituel, il choisit d’utiliser le nom de Burning Man.

De 1990 à 1996

Le désert de Black Rock dans le Névada.

En 1990, indépendamment de ces crémations à San Francisco, Kevin Evans et l’artiste californien John Law organisaient une manifestation dans une plaine sablonneuse du Névada, sorte de chott (playa en anglais), écarté, très peu connu du grand public, paraissant relever d’un autre monde, situé à quelque 150 km au nord de Reno, et désigné sous le nom de Black Rock Desert. Ladite manifestation avait été conçue par Evans comme un événement dadaïste, avec une sculpture temporaire destinée à être incendiée et des performances de type situationiste. Il pria John Law, qui était un des fondateurs de la Cacophony Society et avait aussi une certaine expérience du chott, de se charger des fonctions centrales de l’organisation. Dans le bulletin d’information de la Cacophony Society, l’événement fut annoncé sous la dénomination de Zone Trip #4, A Bad Day at Black Rock (inspiré du film éponyme Bad Day at Black Rock).

Entre-temps, le bûcher sur la plage fut interrompu par la police de San Francisco, faute d’autorisation officielle. Après avoir négocié un compromis selon lequel l’Homme pouvait être monté, mais non plus incendié, les organisateurs de la manifestation démontèrent l’effigie et la rapportèrent au terrain vacant où elle avait été construite. Mais il advint que peu après les jambes et le torse de l’Homme furent découpés à la tronçonneuse et les pièces enlevées après que le terrain eut été inopinément donné en location pour servir de parc de stationnement. Ce fut le deuxième moment fondateur de Burning Man : en effet, sous la direction de Dan Miller, qui partageait le même appartement avec Harvey depuis de longues années, l’effigie put être reconstruite, juste à temps pour être emmenée à Zone Trip #4.

Michael Mikel, autre cacophoniste actif, s’avisa qu’un groupe de personnes peu familiarisées avec l’environnement de la playa auraient intérêt à se faire aider de gens connaissant bien les lieux afin d’éviter qu’elles ne s’égarent sur cette vaste étendue et n’y risquent la déshydratation et la mort. Il se choisit pour nom Danger Ranger et créa les Black Rock Rangers, service d’ordre constitué de bénévoles, jouant un rôle de médiation, et destiné à prêter main-forte à la police officielle.

Ainsi furent jetées les bases de Black Rock City ― organisé en un premier temps par Law et Mikel, à partir d’une idée d’Evans, et en collaboration avec Harvey et James et l’équipe de Burning Man. À l’instar du bûcher sur la plage de San Francisco, la nouvelle manifestation devait doubler son affluence année après année, par le seul effet du bouche à oreille, accueillant à chaque fois un échantillonnage plus large du monde des créateurs et artistes.

L’année 1991 fut la première où la manifestation, qui cette année encore avait Burning Man pour unique appellation, reçut une autorisation officielle de la part du BLM, le Bureau of Land Management, l'office fédéral d’aménagement du territoire.

Cependant, à la fin de 1996, Law, Evans et James s’étant retirés, Law, Harvey et Mikel dissolvèrent leur association et constituèrent la société Paper Man LLC (Limited Liability Company, ± société en commandite simple), propriétaire de l’appellation Burning Man, mais qui à son tour céda cette appellation à la Black Rock City LLC nouvellement créée et appelée à devenir le nouveau groupe organisateur de la manifestation.

De 1997 à aujourd’hui

L’année 1997 fut une année charnière pour le festival. La playa, qui voyait alors déferler vers elle déjà plus de 10.000 visiteurs, tout en étant d’un accès facile pour les voitures, était devenue trop dangereuse pour continuer de la même manière, sans que fût imposée quelque restriction à la circulation automobile. Afin de pouvoir appliquer une interdiction de l’usage de la voiture et de requalifier le festival en une manifestation réservée aux seuls piétons, bicyclettes et véhicules d’art, il fut décidé de déménager la manifestation vers une proprieté privée. Fly ranch, avec la zone Hualapai adjacente, mini-playa d’un lac desséché, fut choisi à cet effet. Mais en même temps, Burning Man relevait désormais, pour les questions d’autorisation, de la juridiction du comté de Washoe. Pour se conformer aux nouvelles conditions d’obtention de permission, et pour gérer la charge de responsabilité accrue, les organisateurs fondèrent la société Black Rock City LLC.

Depuis lors, un des défis affrontés par cette société a été de trouver un équilibre entre la liberté des participants ― élément déterminant de l’expérience ― et les prescriptions du BLM et de divers autres organismes de la puissance publique. Au fil des ans, de nombreuses obligations et restrictions ont été introduites, telles que :

  • Un agencement des rues selon une grille semi-circulaire.
  • Une limitation de vitesse à 8 km/h.
  • Une interdiction de rouler en voiture, excepté pour les « véhicules mutants » et les voitures de service.
  • Restrictions et imposition de normes de sécurité pour les « véhicules mutants ».
  • Interdiction des feux de camp et des torches dites « tiki ».
  • Obligation de brûler ses œuvres d’art au-dedans d’enceintes prévues à cet effet et approuvées.
  • Interdiction de feux d’artifice.
  • Interdiction d’armes à feu.
  • Interdiction des chiens.

Une autre restriction notable imposée aux visiteurs concerne la clôture temporaire en plastique, d’une longueur de 11 km, qui entoure la manifestation et fixe les limites d’une zone de forme pentagonale utilisée par le festival sur le bord méridional de la playa de Black Rock. Cette barrière haute de 1,2 mètres est connue sous le nom de « clôture à immondices » (trash fence), son objet ayant été à l’origine d’intercepter les débris qui, poussés par le vent, s’échappaient des campements au cours de la manifestation. Depuis 2002, l'étendue au-delà de cette enceinte n’est plus accessible aux visiteurs de Burning Man pendant toute la semaine du festival.

Participants à Burning Man, édition 2007.

En janvier 2007, en réponse à une action en justice engagée par Michael Mikel, cofondateur de Paper Man LLC, John Law annonça qu’il saisirait le tribunal à l’encontre de Mikel et Harvey, en offrant de faire tomber les marques de Paper Man LLC dans le domaine public. Au début de 2008, l’affaire fut jugée, aboutissant à un accord aux termes duquel Paper Man LLC fut dissous et la propriété de la marque échut à Black Rock City LLC.

Le 28 août 2007, à 1h25 du matin environ, au moment précis de l’éclipse lunaire totale, un participant de longue date à Burning Man, individu bien connu, opposé à la politique menée par les organisateurs, qui auparavant déjà, dès 1997, s’en était pris à l’effigie de l’Homme, fut mis en état d’arrestation et accusé d’avoir mis de propos délibéré le feu à l’effigie quatre jours avant le moment prévu. L’on s’employa à construire sur les lieux une effigie de substitution, laquelle put être installée à temps pour être brûlée le samedi comme prévu. En juin 2008, il plaida coupable de destruction de propriété et encourut une condamnation pour vol (destruction de biens d’une valeur de plus de 5000 $) de un à quatre ans d’emprisonnement.

Tableau synoptique

Année Taille de l’effigie (depuis le sol) Localisation Nombre de participants Prix du billet Thème Notes
1986 2,4 m Baker Beach, San Francisco 20 Gratuit Néant Au solstice d’été, Larry Harvey & Jerry James construisent & brûlent un homme en bois sur Baker Beach, une plage de San Francisco, prolongeant une tradition instaurée par Mary Grauberger.
1987 6 m Baker Beach 80 Gratuit Néant
1988 10 m Baker Beach 150-200 Gratuit Néant
1989 12 m Baker Beach 300+ Gratuit Néant Première mention du rituel Burning Man dans « Rough Draft », bulletin d’information de la Cacophony Society de San Francisco.
1990 12 m Baker Beach / Black Rock Desert, Nevada 500 / 120 Gratuit Néant Au solstice d’été, une effigie est érigée sur la Baker Beach, mais sans être incendiée. L’Homme est invité à Zone Trip #4 organisé par la Cacophony Society le week-end de la fête du travail (début septembre aux É.-U.) à Black Rock desert, en plein désert du Nevada.
1991 12 m Black Rock Desert 250 Néant Première année où l’effigie est dotée de tubes au néon.
1992 12 m Black Rock Desert 600 Néant
1993 12 m Black Rock Desert 1000 Néant
1994 12 m Black Rock Desert 2000 Néant
1995 12 m Black Rock Desert 4000 $35 Le Bien et le Mal (Good and Evil)
1996 15 m Black Rock Desert 8000 $35 L’Enfer de Dante (The Inferno) Le thème met en vedette l’Enfer de Dante via HeLLCo (jeu de mots sur hell, enfer+LLC). Première année où l’Homme est monté sur une pyramide de ballots de paille et où les armes à feu sont proscrites du camp central. Première mort accidentelle suite à collision de motos. Trois personnes grièvement blessées lorsqu’une voiture roule sur une tente. Violation de 10 parmi les 16 stipulations de l’Office fédéral d’occupation des sols (BLM), ce qui met le festival en situation de probation pour son édition suivante. Suite à une réclamation en dommage et intérêts pour blessure, le montant de la prime d’assurance-responsabilité est multiplié par un facteur 6.
1997 15 m Hualapai Playa 10 000 $65 Fertilité (Fertility) Le comité organisateur de BM crée une structure de gestion, la DPW, chargée de veiller à ce qu’il soit satisfait aux nouvelles conditions d’autorisation imposées au festival. Première année où les rues de la ville temporaire (BRC) sont agencées en demi-cercle et où la circulation automobile est interdite. Les autorités policières du comté de Washoe prennent le contrôle du portail d’entrée, mettant en réquisition toutes les recettes ― après que les redevances de protection incendie et de sécurité avaient augmenté en flèche peu avant la manifestation.
1998 16 m Black Rock Desert 15 000 $80 - $90 Entité nébuleuse (Nebulous Entity)
1999 17 m Black Rock Desert 23 000 $65 - $130 La Roue du temps (Wheel of Time) Le festival est recensé dans le guide de l’Association américaine des automobilistes, sous la qualification « Grandes destinations ».
2000 17 m Black Rock Desert 25 400 $200 Le Corps (The Body) Première intervention active des autorités policières et judiciaires, conduisant à 60 gardes à vue et poursuites pour délits BLM (aménagement du territoire) et infractions, pour la plupart délits mineurs relatifs à la drogue constatés après surveillance et fouille.
2001 22 m Black Rock Desert 25 659 $200 Les Sept Âges (Seven Ages) Les Sept Âges sont une références à Seven Ages of Man, monologue de Comme il vous plaira de W. Shakespeare. Plus de 100 poursuites BLM et 5 gardes à vue.
2002 24 m Black Rock Desert 28 979 $135-$200 Le Monde flottant (The Floating World) L’aérodrome de BRC entre dans sa première année au titre d’aérodrome agréé par la FAA. 135 poursuites BLM et 4 comparutions.
2003 24 m Black Rock Desert 30 586 $145-$225 Par delà les Croyances (Beyond Belief) Chiens interdits pour la première fois. 177 poursuites BLM, 9 comparutions, 10 gardes à vue et 1 décès.
2004 24 m Black Rock Desert 35 664 La Voûte céleste (The Vault of Heaven) 218 poursuites BLM, dont plusieurs après verbalisation par agents dissimulés dans un ‘véhicule mutant’ de camouflage. Contrôle des camps au regard de la législation d’État sur les boissons alcoolisées, donnant lieu à 1 garde à vue. Commissariat de police du comté de Pershing : 27 verbalisations, 4 gardes à vue, 2 comparutions. Police routière : 2 détentions pour conduite en état d’ivresse, 217 comparutions, et 246 avertissements.
2005 22 m Black Rock Desert 35 567 $145 - $250 Psyché ― Le Conscient, le Subconscient et l’Inconscient (Psyche - The Conscious, Subconscious & Unconscious) Les participants peuvent désormais faire pivoter l’effigie de l’Homme. 218 poursuites BLM et 6 gardes à vue.
2006 22 m Black Rock Desert 38 989 $185 - $280 Espoir et Crainte : l’Avenir (Hope and Fear: The Future) L’Homme monte et descend au gré d’un espéro-craintomètre. Édification et incendie de Uchronia, vaste coupole faite de lattes de bois enchevêtrées, œuvre de Jan Kriekels & Arne Quinze. 155 poursuites BLM et 1 garde à vue. Commissariat du comté de Pershing : 1 comparution et 7 gardes à vue. Police routière du Nevada : 234 comparutions, 17 détentions, et 213 avertissements.
2007 20 m Black Rock Desert 47 366 $195 - $280 L’Homme vert (The Green Man) L’effigie est incendiée le 28 août à 3 h. du matin, pendant une éclipse de lune complète. L’auteur, Paul Addis, coutumier des dénigrements à l’encontre de Burning Man, est arrêté sous l'inculpation de vol, et l’effigie est reconstruite pour le bûcher prévu du samedi. Addis, plaidant coupable de destruction de propriété, est condamné en mai 2008 à quatre ans de détention dans une prison du Nevada et à 30 000 $ de dommages et intérêts. 331 poursuites BLM.
2008 25 m Black Rock Desert 49 599 $210 - $295 Le Rêve américain (American Dream) Première année où les tickets ne sont pas vendus au portail d’entrée. Des vents trop violents et une tempête de sable conduisent à différer de plus d’une heure et demie la crémation de l’Homme, et le conclave du feu est annulé. Le BLM ordonne six gardes à vue et 129 comparutions. De nombreux contributeurs de longue date se désistent au motif du thème choisi, mais les circonstances économiques pourraient aussi avoir joué un rôle dans la désaffection de la population lors de cette édition. Le périmètre de BRC est agrandi à 9 milles (14 km).
2009 Height TBA. Black Rock Desert (à déterminer) $210 - $300 Évolution : une Banque empêtrée (Evolution: A Tangled Bank)

Statistiques de fréquentation

Succès progressif du festival Burning Man, selon les chiffres rapportés de (en)a timeline on BurningMan.com : Participants at Burning Man 1986-2005.png

Principes

Logo du festival

La multiplicité des buts poursuivis par les participants actifs, appelés burners (brûleurs), fait que Burning Man n’a pas qu’un seul centre d’intérêt. Si la nature de la manifestation est codéterminée par les participants, le festival se caractérise par un certain nombre de particularités constantes, qui sont : la mise en commun (community), l’activité artistique (artwork), la recherche de l’incongru et de l’inepte (absurdity), la volonté de s’affranchir des lois du marché (decommodification) et une joie de vie bruyante (revelry). « Il n’y a pas de règles concernant la manière dont on a à se comporter ou à s’exprimer pendant le festival (hormis les règles visant à protéger la santé, la sécurité et le bien-être de la communauté au sens large) ; bien plutôt, il appartient à chaque participant de décider comment il contribuera et ce qu’il entend donner à la communauté. (...) Les participants sont encouragés à imaginer les moyens qui permettront de faire prendre corps au thème choisi... »

Les organisateurs ont formulé une série de 10 principes régissant la vie et les activités durant le festival, les principes de Burning Man, qui sont : 1) l’inclusion solidaire radicale (radical inclusion) ; 2) la pratique du don désintéressé (gifting) ; 3) l’affranchissement des lois du marché (decommodification) ; 4) l’auto-suffisance radicale (radical self-reliance) ; 5) l’expression de soi radicale (radical self-expression) ; 6) l’effort en commun (communal effort) ; 7) la responsabilité civique (civic responsibility) ; 8) l’engagement de ne pas laisser de trace de son passage (leaving no trace) ; 9) la participation ; et 10) le décloisonnement (immediacy).

Inclusion radicale

Chacun, américain ou étranger, est le bienvenu. Il n’y a aucun préalable à faire partie de la communauté Burning Man. Toutefois, les participants sont supposés s’être procuré un billet d’entrée, de pourvoir eux-mêmes à leurs besoins fondamentaux, et de respecter les règles de base de la manifestation.

Pratique du don

Burning Man valorise particulièrement le fait de donner en cadeau, sans escompter recevoir en retour quelque chose d’une valeur égale. Au lieu de faire usage de monnaie, les participants sont encouragés à avoir recours à une économie de don, à un type de potlatch. Aux tout premiers temps du festival, une économie de troc souterraine existait également, dans le cadre de laquelle les brûleurs s’échangeaient entre eux des biens matériels ou des « faveurs ». Quoique cette pratique fût à l’origine soutenue par l’organisation de Burning Man, elle est à présent largement découragée, et les brûleurs sont exhortés à s’offrir mutuellement des dons de manière inconditionnelle.

Décommercialisation

Le festival s’applique à créer un environnement social qui ne soit en rien tributaire du parrainage commercial ou de la publicité. L’on entend empêcher qu’à l’expérience participative vienne se substituer une logique de consommation. Aussi aucune transaction financière n’est-elle autorisée, à l’exception des biens et services suivants :

  • les tickets d’entrée. Cependant, les tickets pour l’édition 2008 devaient s’obtenir à l’avance, soit dans un certain nombre de points de vente choisis, soit par la poste, soit par le biais du site officiel du festival.
  • les boissons comme le café, le chai, les limonades, etc. Celles-ci sont vendues au Center Camp Café.
  • l’achat de glace. Les bénéfices de la vente de celle-ci, qui a lieu à trois endroits précis dans la ville, vont au réseau scolaire de Gerlach-Empire, petite localité proche.
  • les bracelets permettant d’entrer et sortir librement du périmètre du festival, qu’on peut se procurer au portail d’entrée au moment de sortir.
  • les billets pour l’autobus faisant la navette entre le festival et les localités les plus proches Gerlach et Empire, service assuré par la firme Green Tortoise.
  • les droits d’utilisation de l’aéroport, payable à l’aéroport à la première arrivée.
  • le service de récupération des ordures et des eaux grises (=eaux usées se prêtant au recyclage), assuré contre paiement par le contractant officiel, Johnny on the Spot.
  • le diésel et le biodiesel, fourni par Sierra Fuels, fournisseur officiel.
  • les toilettes privatives mobiles et services annexes, à négocier avec le prestataire officiel.
Auto-suffisance radicale

Eu égard à la rudesse de l’environnement naturel du festival et à sa localisation très écartée, les participants seront supposés être responsables de leur propre subsistance. Burning Man encourage les individus à découvrir leurs ressources intérieures, à les exercer et à se reposer sur elles. Étant donné que la Société Burning Man interdit toute forme de commerce, avec les exceptions citées sous Décommercialisation, les participants sont tenus de bien se préparer et d’apporter leurs propres moyens de subsistance, tels que eau, nourriture, vêtements appropriés et abri, pour n’en citer que quelques-uns. Le festival en effet ne pourvoit à rien, hormis aux toilettes mobiles.

Expression personnelle et créativité.
Libre expression radicale

Les participants sont incités à s’exprimer de nombreuses manières, à travers différentes formes de création et de projets d’art. L’expression de soi radicale se nourrit des dons uniques que chaque individu détient en propre. Nul autre que l’individu lui-même, ou qu’un groupe en collaboration, n’est habilité à en déterminer le contenu. Le produit de cette expression libre est ensuite offert en cadeau aux autres. Le donneur est tenu de respecter les droits et libertés du destinataire du don. Il est loisible durant le festival de se vêtir ou non ; la pratique du nudisme est courante, mais demeure minoritaire.

Travail collectif

Burning Man est une manifestation coopérative et collaborative, privilégiant le travail créatif pratiqué en commun. Les organisateurs s’attachent à mettre en place, à promouvoir et à protéger des réseaux sociaux, des espaces publics, des formes d’expression artistique et des méthodes de communication propres à permettre une telle interaction collective. Les participants sont encouragés à travailler ensemble et à aider leurs camarades participants.

Responsibilité civique

La société civile est fortement appréciée. Les membres de la communauté qui organisent des spectacles ou des activités sont censés assumer la responsibilité du bien-être public et faire effort pour rendre les participants conscients de leurs responsabilités civiques. Ils sont tenus également d’assumer la responsabilité de ce que ces activités soient menées en accord avec les législations locales, de l’État et fédérales.

Politique visant à ne pas laisser de trace

La communité Burning Man étant respectueuse de l’environnement, elle s’engage à ne laisser aucune trace physique de ses activités, à quelque endroit qu’elle se réunisse. Les participants nettoient les lieux avant leur départ, voire s’appliquent à les laisser, si possible, dans un état meilleur que celui dans lequel ils les ont trouvés. Ils s’assurent que leur passage n’aura pas de répercussions à long terme sur l’environnement.

Participation

La communauté Burning Man adhère à une éthique radicalement participative, dans la conviction que les véritables changements, que ce soit au niveau individuel ou sociétal, ne peuvent s’opérer que par la voie d’une participation profondément personnelle. Les visiteurs du festival sont invités à participer activement, c’est-à-dire à travailler et jouer. Une des devises de Burning Man est We make the world real through actions that open the heart (« c’est par des actions qui ouvrent le coeur que nous donnons une réalité au monde »).

Immédiateté

Dans la culture Burning Man, la principale pierre de touche fondant le jugement de valeur sera la plupart du temps l’expérience immédiate, c'est-à-dire sans intermédiaire. Il s’agit d’être de plain-pied avec soi-même et avec le monde, et par conséquent de surmonter les barrières s’interposant d’une part entre l’individu et la reconnaissance de son être intérieur, et d’autre part entre l’individu et la réalité des personnes qui l’entourent, la participation à la société, et le contact avec un milieu naturel dépassant les capacités humaines. C’est une expérience vécue, à laquelle ne saurait se substituer aucune posture intellectuelle. En conséquence, les participants sont invités à devenir des éléments constitutifs du festival, de ressentir ce qui vit autour d’eux et dans la communauté, et d’explorer leur moi profond et leur rapport à l’événement.

Création artistique

Une artiste d’Afrique du Sud

Les activités artistiques sur la playa sont encadrées par The Artery, qui aide les artistes à placer leurs créations dans le désert, en veillant à ce que les consignes en matière d’éclairage (pour éviter les collisions accidentelles), d’utilisation des plates-formes de brûlage prévues (pour préserver l’intégrité du chott), et de sécurité incendie soient respectées.

Depuis 1995, un thème différent est imaginé ― semble-t-il par les soins de Larry Harvey lui-même ―, pour chaque nouvelle édition du festival. Pour l’année 2006, ce thème fut Espoir et Crainte (« Hope and Fear ») et pour 2007, l’Homme vert (« The Green Man »). Ce thème choisi détermine, dans une certaine mesure, l’aspect qui sera donné à l’effigie de l’Homme (quoique sa silhouette et sa construction soient demeurées, tout en évoluant, relativement inchangées), mais surtout à la structure sur laquelle elle se dresse ― p. ex. un observatoire pour le thème Voûte céleste (« Vault of Heaven »), un phare pour le thème le Monde flottant (« The Floating World ») etc. Ces thèmes transparaissent fortement aussi dans les projets conçus par les participants et mis en œuvre dans leurs créations artistiques, leurs costumes, leurs camps et leurs véhicules.

Bien qu’une ample variété de formes d’expression artistique soit présentée durant la manifestation, la vocation première de Burning Man est de donner à voir de l’art hors normes et de l’art visionnaire. L’expression créative à travers l’art, ainsi que l’art interactif, sont encouragés à Burning Man. De nombreux camps à thème, après que la LLC (la Société Burning Man) les a enregistrés et leur a désigné un emplacement, sont réalisés par les soins d’importantes sous-communautés de participants et fonctionnent comme centres d’activité et de séjour mettant à contribution un vaste éventail d’éléments créatifs et artistiques propres à impliquer aussi le reste de la communauté et à satisfaire ainsi aux impératifs d’interactivité de la LLC. D’ordinaire, les formes d’art présentées dans les camps et les zones développées de la ville sont la musique, les performances et le théâtre de rue. Le chott du lac Lahontan, qui jouxte la ville, fait office de tabula rasa pour des centaines d’œuvres d’art individuelles, allant d’objets menus à des installations de grande envergure, et consistant souvent en sculptures dotées d’éléments cinétiques, électroniques ou de feu.


Si l’œuvre d’art est vue de façon générale comme un don que l’artiste fait à la communauté, les participants peuvent cependant obtenir des aides financières de la part de la LLC par le biais d’un système de subsidiation avec suivi (curatorship and oversight). Ces subsides, qui sont destinés à aider les artistes qui réalisent des œuvres d’une ampleur excédant leurs propres moyens financiers, ne sont habituellement en mesure de couvrir qu’une partie seulement des coûts associés à la création des œuvres, et n’évitent pas aux artistes de faire appel par ailleurs aux ressources de leur communauté. Le montant total de l’ensemble des fonds ainsi octroyés varie selon le nombre et la qualité des soumissions (dont le nombre dépasse d’ordinaire assez largement la centaine), mais s’élève à plusieurs pour cent (de l’ordre de 500 000 dollars ces dernières années) des recettes brutes tirées de la vente de billets d’entrée. Les candidatures à l’obtention de ces aides doivent avoir été déposées au début de l’année concernée. En 2006, 29 œuvres furent ainsi subsidiées.

Différents critères se rapportant à la nature de l’œuvre candidate, et propres à juger si telle œuvre est susceptible de bénéficier d’une aide financière, ont été fixés par la Commission artistique (Art Department) de la LLC, mais en tout état de cause, la prise en compte par l’artiste du thème choisi et l’interactivité de l’œuvre sont des considerations importantes. Ces aides financières ont favorisé l’éclosion de communautés artistiques, en particulier dans la zone autour de la baie de San Francisco, région qui historiquement a fourni la majorité des participants de la manifestation. Cependant, des efforts d’ouverture actifs et efficaces sont faits pour élargir la portée géographique du festival et du programme de subsidiation. La Black Rock Arts Foundation (la BRAF) en est, parmi d’autres, l’expression. Si la BRAF n’octroie aucune aide à des installations conçues pour le festival lui-même, elle dépend, pour une partie significative de son fonds d’aide, des donations de la LLC, et s’applique à ce que des œuvres initialement créées en vue du festival trouvent ensuite à s’exposer en dehors de celui-ci ; par ailleurs, elle accorde, de son fonds propre, des aides à des œuvres d’art mettant en application le principe d’interactivité et d’autres principes et traditions spécifiques du festival.

Véhicules mutants

Voiture d’art de l’édition 2002 du festival.

Les véhicules mutants, désignés aussi par voitures d’art (art car), souvent motorisés, sont des voitures ou camions soit construits spécialement, soit existants mais transformés avec créativité. Les participants qui souhaitent faire venir des voitures d’art motorisées doivent préalablement, à la date de la manifestation, soumettre pour approbation et inspection technique leur projet au DMV (Department of Mutant Vehicles) du festival. Sont déconseillés ou rejetés les véhicules qui apparaîtraient peu sûrs, insuffisamment métamorphosés, ou dont la fonction première serait restée de transporter des participants. Parmi les véhicules particulièrement intéressants à cet égard on peut citer : des muffins géants motorisés, une araignée mécanique à huit pattes, et un sous-marin jaune à la manière des Beatles.

Temples

Outre la crémation de l’effigie humaine, l’incendie d’un temple est devenu une activité attitrée du festival. De 2000 à 2004, ce sont les projets de temple de l'artiste David Best qui furent rituellement détruits par le feu.

En 2005, Best céda la place à un autre artiste, Mark Grieve, laissant à celui-ci le loisir de proposer sa propre interprétation du temple Burning Man. Si donc Mark Grieve édifia le temple des éditions 2005 et 2006 du festival, David Best cependant assuma cette tâche une ultime fois, en 2007, avant de déclarer qu’il était temps de passer le flambeau du temple à la communauté ; aussi le temple de l’édition 2008, nommé Basura Sagrada, fruit de la collaboration de Shrine et Tucker Teutsch 3.0, fut-il construit grâce à l’aide substantielle non seulement de leurs amis, mais aussi de la communauté Burning Man au sens plus large.

Black Rock City

Tel est le nom, souvent abrégé en BRC, qui a été donné à la cité temporaire créée de toutes pièces chaque année par les participants de Burning Man. Le canevas et l’infrastructure générale de la ville sont, pour une large part, mis en place à l’avance par des volontaires du Department of Public Works (DPW, Ministère californien des Travaux publics), lesquels résident souvent à Black Rock City pendant plusieurs semaines avant et après le festival. Tout le reste de la ville, y compris les camps à thème, les villages, les installations d’art et les campements individuels, est réalisé par les participants.

Black Rock City n’est pas reconnue comme localité par l’office statistique fédéral américain. En supposant qu’elle le fût, le nombre de visiteurs de l’édition 2000 du festival l’eût placée, pour le nombre d’habitants, entre les villes de Carson City et de Pahrump, faisant d’elle, à ce même moment, la septième ville de l’État du Nevada. Depuis, les municipalités de Paradise, Sunrise Manor et Spring Valley, toutes situées dans la banlieue de Las Vegas, ont connu proportionnellement une croissance démographique plus rapide que le reste de l’État ; Black Rock City, tout en restant classée entre Carson City et Pahrump, est ainsi reléguée, selon les estimations du recensement de 2004, au rang de dixième ville la plus grande du Nevada.

Planification urbaine

Image satellitaire de Black Rock City montrant sa forme familière en C ou semi-circulaire.

La partie programmée de la ville consiste en une série de rues en arcs de cercle concentriques qui, depuis 1999, recouvrent les deux tiers d’un cercle de 2,4 km de diamètre, dont la sculpture de l’Homme avec son socle occupe le centre (40°46′9.48″N 119°13′12.36″O / 40.7693, -119.2201 en 2007). À partir de ce centre rayonne un ensemble de rues, qu’il est de coutume de nommer avenues, coupant les arcs de cercle, et courant de l’Homme jusqu’au plus éloigné de ceux-ci. Le tracé de ces rues est visible sur les photos aériennes.

La rue en arc située le plus à l’intérieur est appelée l’Esplanade, et les autres rues sont dotées de noms qui renvoient au thème général choisi, et ordonnées, d’un bout à l’autre, selon un certain système (par ordre alphabétique p.ex.), afin que les noms puissent être retenus plus facilement ; par exemple, en 1999, pour le thème de la Roue du temps, et de nouveau en 2004 pour le thème de la Voûte céleste, les rues furent nommées d’après les planètes du système solaire. Les rues rayonnantes sont d’ordinaire désignées par une indication d’heure, par exemple, 6h.00 ou 6h.15, étant entendu que l’Homme se situe au centre d’un cadran d’horloge imaginaire et que 12h.00 correspond à la troisième des rues rayonnantes (c'est-à-dire généralement avec un relèvement vrai de 60°). Ces avenues ont été identifiées d’autres façons encore, notablement en 2002, en accord avec le thème du Monde flottant, par les degrés d’un compas, par exemple, 180, 175 degrés, et en 2003, en accord avec le thème Par delà les croyances, par des adjectifs (« Rationnel », « Absurde »), ce qui faisait naître, à chaque intersection avec une des rues en arc de cercle, qui pour leur part avaient reçu pour nom des substantifs exprimant des concepts de croyance (comme « Autorité », « Article de foi »), des associations de mots tels que « Autorité absurde » ou « Article de foi rationnel ». Cependant, ce système de dénomination ne fut que modérément apprécié des participants qui, privés de l’ancienne disposition familière en cadran d’horloge, avaient des difficultés à s’orienter dans la ville.

Center Camp

Center Camp est situé sur la ligne médiane de Black Rock City, faisant face à l’Homme dans la position de 6h.00 sur l’Esplanade. Cette zone, qui comprend le Center Camp Cafe, le Camp Arctica et un certain nombre d’autres institutions de la ville, fait office de lieu de rencontre central pour la cité tout entière.

Aérodrome

Une section de la Playa est utilisée pour un aérodrome temporaire, aménagé avant chaque édition du festival. Il figure dans la fiche sectionnelle ('sectional chart') de Klamath Falls, et utilise la fréquence inter-avions de 122.9 MHz. L’Unicom (service de communication air-sol pour aéroports ne disposant pas de tour de contrôle) de Black Rock est opérationnel sur cette fréquence radio aux heures diurnes. La piste d’atterrissage est une simple bande de terrain dûment tassée, dépourvue de balises lumineuses.

Villages et camps à thème

Les villages et camps à thème s’alignent le long des rues situées au cœur de la cité, et offrent souvent des distractions ou des services aux participants.

Les camps à thème sont en général un collectif de personnes qui représente celles-ci sous une seule et même identité particulière. Les villages se composent ordinairement de camps à thème plus réduits ayant décidé de se regrouper en vue de mettre en commun les ressources et de joindre leurs efforts pour améliorer le lieu qu’ils occupent.

Si des camps à thème et des villages se forment, c’est souvent avec l’intention de recréer, au sein de Black Rock City, une atmosphère particulière que le groupe avait à l’esprit. À mesure que Burning Man grandit chaque année et attire une foule chaque fois plus diversifiée, ces camps à thème tiennent lieu, à Black Rock City, de sous-cultures urbaines, à l’instar de ce que l’on rencontre dans n’importe quelle autre ville.

Volontariat

Membre des Black Rock Rangers chevauchant un véhicule mutant lors de la parade du Nevada Day.

Le festival Burning Man est dans une large mesure tributaire d’un grand nombre de volontaires disposés à dépenser leur temps et leur énergie à la manifestation. Effectuer un travail bénévole pour Burning Man est une forme de participation, et n’est pas associé à une quelconque gratification matérielle, ni même à l’octroi d’un billet d’entrée. Ce sont plus de 2000 volontaires dont le festival a besoin pour exécuter tout un ensemble de tâches :

  • avant le festival et tout au long de l’année : les préparatifs se faisant à San Francisco, la plupart des groupes de volontaires devront s’y réunir périodiquement. Les volontaires DPW (Office californien de travaux publics), qui devront s'être libérés pour plusieurs semaines précédant le festival, entament la construction de la ville environ un mois avant le début de la manifestation. Les Rangers (service d’ordre) organisent des activités spéciales (entraînements, week-ends de nettoyage, etc.) tout au long de l’année pour préparer leurs volontaires.
  • durant la manifestation (sur la playa) : une série d’équipes, composées de volontaires venus du monde entier, se charge des différentes tâches (accueil, guichet, installations d’art, navette d’autocar, recyclage, radio d’information, éclairage, aéroport, etc.).
  • après le festival : tandis qu’une équipe (exodus team) veille à ce que le retour des participants se déroule sans accroc, l’équipe des volontaires DPW, transformée en escouade de nettoyeurs, passe la playa au peigne fin, soucieuse de détecter le moindre clou et de ne laisser aucune trace.

Sécurité, ordre public et règlements

Black Rock City est sillonnée par des patrouilles de diverses autorités policières locales et de l’État du Nevada, ainsi que par les gardes officiels (Rangers) du BLM. Burning Man a d’autre part son propre service d’ordre, les Black Rock Rangers, composé de volontaires, intervenant en médiateurs informels chaque fois qu’un conflit surgit entre participants ou entre des participants et les forces de police.

La lutte contre incendie, les secours médicaux d’urgence, les services de santé mentale et les services d’appui aux communications sont assurés par les volontaires du Département des services d’urgence de Black Rock City (Black Rock City Emergency Services Department, sigle ESD).

Critiques

Soucis à propos de la politique du « ne laisser aucune trace »

Burning Man se tient au milieu d’un grand chott (la playa), lequel, quoique inhabité par des êtres humains, n’en est pas moins situé dans une zone qui sert d’habitat à nombreuses espèces animales, végétales et d’insectes.

Les défenseurs de Burning Man font valoir que les participants sont encouragés à ne laisser aucune trace de leur passage (Leave No Trace, abréviation LNT) à Black Rock City et de ne pas contaminer l’endroit d’immondices ou d’objets qui n’ont pas lieu d’y être (anglais MOOP, Matter Out Of Place). Nonobstant l’insistance à la fois du BLM et de la société des organisateurs de Burning Man (la LLC) sur la stricte observation des règles de LNT, la quantité de déchets résiduels abandonnés sur le site augmente au fil des années.

Dégâts causés à la playa

Attendu que le feu est une composante fondamentale de beaucoup des objets exposés et de beaucoup de prestations, il a été décidé que les objets devaient obligatoirement être brûlés sur des plate-formes prévues à cet effet. Il fut un temps où il était permis de brûler à même le sol de la playa, mais cette pratique étant susceptible d’occasionner des cicatrices de brûlage, il y a été mis un terme. Bien que Burning Man ait élaboré des consignes précises sur la manière d’aménager une plate-forme de brûlage et sur ce qu’il faut s’abstenir de brûler, des préoccupations demeurent quant à leur non observance par certains participants, au détriment de l’environnement et des autres participants.

Le Bureau of Land Management, qui est chargé de l’entretien du désert, soumet le festival à des exigences très strictes. Celles-ci comprennent le nettoyage des détritus, l’élimination des cicatrices de brûlage, la réduction des poussières et le ramassage des liquides (huile, carburant) qui se seraient écoulés des véhicules. L’équipe de remise en état de la playa (Playa Restoration Crew) du Département des Travaux publics de Black Rock City (Black Rock City Department of Public Works, BRC-DPW) s’attarde dans le désert pendant encore quatre semaines après la fin du festival pour nettoyer les lieux après la démantèlement de la ville temporaire, en ayant soin de ne laisser subsister aucun indice de l’événement.

Incidence sur le réchauffement planétaire

Un groupe de scientifiques de San Francisco s’applique à calculer dans quelle mesure le festival pourrait aggraver le réchauffement climatique. Ayant mis sur pied l’organisation CoolingMan, ils ont conçu un système capable de calculer combien de gaz à effet de serre les participants à Burning Man seront amenés à produire. Le projet en tous cas a incité beaucoup de gens à chercher comment agir positivement contre le réchauffement planétaire et le changement climatique et à essayer d'imaginer des solutions. Le site internet de CoolingMan propose des actions qui permettent aux burners de compenser les effets dommageables de leurs activités, en plantant des arbres ou en investissant dans les sources d’énergie alternatives.

Cela n’a pu empêcher Burning Man de récolter, en 2007, force critiques à propos de Crude AwakeningPétrol brut s’éveillant ou Réveil brutal), une tour de forage de 30 mètres de haut qui fut montée à l’occasion du thème de l’Homme vert ("Green Man"), et qui consomma 3 300 litres de kérosène et 55 000 litres de propane liquide afin de propulser un nuage en forme de champignon à 100 mètres de hauteur dans le ciel. Les détracteurs affirmaient que ce spectacle avait consommé une quantité d’énergie pouvant suffir à fournir en énergie toute la baie de San Francisco pendant une minute. Cependant, la quantité de combustible brûlé était en fait grosso modo équivalente à celle que nécessite le chauffage du centre de congrès Harvey Milk à San Francisco pendant seulement une heure ou de faire circuler 10 autobus urbains pendant cette même durée.

Dans le souci de compenser une partie de l’empreinte carbone de la manifestation, des installations photo-voltaïques à demeure de 30 et 50 kilowatts furent implantées en 2007, capables de rapporter un crédit-carbone de 559 tonnes.

Festivals régionaux

La popularité de Burning Man a incité d’autres groupes et organisations à mettre sur pied des manifestations similaires ailleurs. Ainsi, ces dernières années, des brûleurs souhaitant vivre une expérience de type Burning Man plus souvent qu’une seule fois par an se sont-ils associés pour organiser un festival dans leurs régions respectives.

Ce sont, dans le monde anglo-saxon : SOAK dans l’État de l’Oregon ; InterFuse dans le Missouri ; Xara Dulzura et Fuego de los Muertos à San Diego, en Californie ; Apogaea dans le Colorado ; Playa del Fuego dans le Delaware ; Firefly Arts Collective en Nouvelle-Angleterre ; Burning Flipside au Texas ; AuraMan dans l’Indiana ; Recompression près de Vancouver, Colombie-Britannique ; Kiwiburn à Whakamaru, en Nouvelle-Zélande ; Toast dans l’Arizona ; et Freezer Burn, entre Edmonton et Calgary, dans la province de l’Alberta, au Canada.

En Francophonie, on relève les French Burners en France, et les Brûleurs de Montréal au Québec. Est à signaler d’autre part, pour l’Europe, le festival NoWhere qui se tient près de Saragosse en Espagne.

Un certain nombre de ces manifestations sont officiellement affiliées à Burning Man par le biais du Burning Man Regional Network, le réseau des Burning Man régionaux. Pour que cette affiliation officielle puisse être accordée, il est exigé que le festival concerné satisfasse à un ensemble de normes définies par l’organisation Burning Man, et qu’il soit coordonné dans une mesure substantielle par un Contact régional Burning Man, c'est-à-dire un organisateur volontaire dont la lien officiel avec le Projet Burning Man est certifié par une lettre d’accréditation légale dont il est porteur. En contrepartie, les organisateurs d’un festival reconnu conforme auxdites normes seront autorisés à en faire la diffusion sous l’intitulé de Festival Burning Man régional.

Burning Man à la télévision

  • Reportage de Franck Mazoyer, dans l'émission Zone interdite sur M6 (35mn, août 2007) pour les 20 ans du festival.
  • Un épisode de la série Malcolm. Durant la saison 7, le premier épisode 1 (Allumez le Feu) est dédié au Burning Man, où se rend la famille de la série.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Christine Kristen, « Reconnecting art and life at Burning Man », in Raw Vision, Nr. 57 (Winter 2006), p. 28 - 35.
  • (en) Mark Van Proyen et Lee Gilmore (dir.), AfterBurn: Reflections on Burning Man, New Mexico: University of New Mexico Press
  • (fr) François Gauthier, « Le Temple de l’Honneur. Rituels et deuils au Festival Burning Man », in Frontières, Vol. 17, No 1 (Automne), pp. 87-90.
  • (en) Sarah M. Pike, « Desert Goddesses and Apocalyptic Art. Making Sacred Space at the Burning Man Festival », in Eric Michael Mazur et Kate McCarthy (dir.), God in the Details. American Religion in Popular Culture, London/New York: Routledge, 2001, p.  155-176
  • (en) Robert V. Kozinets, « Can Consumers Escape the Market? Emancipatory Illuminations from Burning Man. », in Journal of Consumer Research, 29, June 2002, 20-38
  • (en) Jeremy Hockett, Reckoning Ritual and Counterculture in the Burning Man Community: Communication, Ethnography, and the Self in Reflexive Modernism, Dissertation, Albuquerque, New Mexico: The University of New Mexico, 2004
  • (en) Brian Doherty, This is Burning Man. The Rise of a New American Underground, Boston/New York: Little, Brown and Company, 2004
  • (en) Katherine Chen, The Burning Man Organization Grows Up: Blending Bureaucratic and Alternative Structures, Dissertation, Cambridge, Massachusetts: Harvard University, 2004
  • (de) Bertine Bönner, Das Burning Man Projekt - Religiosität und Spiritualität in Black Rock City? Eine ethnologische Perspektive, Magisterarbeit, Grin Verlag, 2005

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