- Faux saint
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Toponymes dénaturés
Les toponymes dénaturés sont des toponymes qui ont été modifiés, altérés, à cause de réinterprétations fautives (attraction paronymique, mauvaise transcription, métraduction, etc.).
Sommaire
Attraction paronymique
Article détaillé : Attraction paronymique.On note de nombreuses déformations de toponymes par attraction paronymique :
- L'écluse (Pyrénées-Orientales) : réinterprétation de Les Cluses, comme si quelque péniche avait pu s'y aventurer pour traverser les Pyrénées.
- l'Araignée : interprétation de l'Arénier, a priori de arena « sable », en tout cas de *ar « pierre ».
- Le Blanc (Indre) : pour un préceltique Oblenko.
- Le Bar-sur-Loup : originellement Albarn > Aubarn
- Bonnoeil (Calvados) : rien à voir avec « bon œil » ; du gaulois Bono-ialo « défrichage de *Bonos »
- Bordeaux (Gironde) : ancien Burdigala, devenu *Burdial, réinterprété en un diminutif masculin de borde « grange », devient Bordeu en gascon. Bordeaux en langue d'oil est l'ancien pluriel de bordel, au sens de "maison isolée". Il est aujourd'hui interprétable par « bord de l'eau » alors que son origine est tout autre : Burdigala serait peut-être un nom basco-aquitain. Burd signifierait « marais » et Gala se traduirait par « abri ». Le nom aurait ensuite évolué en Bordigala, puis en Bordale en basque, Bordèu en gascon et finalement en « Bordeaux ».
- Bonnœuvre (Loire-Atlantique) : rien à voir avec une bonne œuvre ; du gaulois Banno-briga « place forte de Banna ».
- Corps-Nuds (Ille-et-Vilaine) : ancien Cornut (villa de Cornutus).
- Orgueil (Tarn-et-Garonne) : du gaulois Orgo-ialo « défrichage de *Orgos ».
- Trasponte « après le pont » est réinterprété en Trespuentes « trois ponts » (ES Alaba).
- les deux sœurs : déformation de les deux sources
- l’Homme, et ses variantes (la plus célèbre : l'Homme mort, les deux hommes, etc.) : de ulmus, « orme » (donc l'orme mort, etc.)
Parfois de belles histoires sous-tendent les transformations. Ainsi le rude Guatarram, nom d'une grotte creusée par une rivière souterraine, est-il sublimé en Betharram (« beau rameau » en Gascon) qui aurait sauvé de la noyade une fillette en perdition.
D'autres fois les assimilations sont moins plaisantes. Pourquoi continuer à trouver "Vilaine" la Visnaine (en Latin Vicinonia) ?
Il existe de très nombreux autres exemples de toponymes dénaturés et des centaines de toponymes dont le nom est expliqué par une "légende toponymique" fondée sur une étymologie populaire. Voir à ce sujet l'ouvrage de Jacques E. Merceron, La Vieille Carcas de Carcassonne. Florilège de l'humour et de l'imaginaire des noms de lieux en France, Paris, Seuil, 2006.
Faux Saints
- Saint-Dos (Pyrénées-Atlantiques) : d'un nom aquitanien Sendoz, gascon Sendòs.
- Saint-Boès (Pyrénées-Atlantiques) : d'un nom aquitanien Sembe, gascon Sembuès
- Saint-Goin (Pyrénées-Atlantiques) : peut-être d'un terme aquitanien *zingen, mais hypothèse sur Gaudentius.
- Saint-Igny-de-Vers (Rhône) : d'un nom gallo-roman Sentiniacum.
- Saint-Inglevert (Pas-de-Calais) : d'un toponymie germanique Santingeveld.
Bibliographie sur le sujet: Jacques E. Merceron, Dictionnaire des saints imaginaires et facétieux, Paris, Seuil, 2002.
Noms de Saints déformés
- Saint-Chély (Aveyron) : de Sanch Ely (St Eloy).
- Saint-Chinian (Hérault) : de Sanch Inhan, en occitan (ou Saint Aignan).
- Sainte-Olive (Ain) : de Sanctus Ellidius (Saint Illog).
- Saint-Merd (Creuse) pour Saint Médard[1]
Graphies ambiguës
- Le Néouvielle est écrit avec des conventions hispaniques : v = b et -elle = -eille ; la prononciation devrait être Néoubieille du Gascon neu bielja, Oc neu vielha 'vieille neige'.
Agglutination de l'article
Le phénomène est très fréquent avec les noms de rivière :
Il existe même des doubles agglutinations :
- Lalacelle (Orne), à l'origine seulement La Celle.
Extraction de l'article
Le phénomène inverse se produit pour :
- Le Bar (Alpes-Maritimes) d'un ancien Albarn.
- La Nive pour un ancien *Unibar > Gascon lou Nibà(r) > lou Nibe, Français la Nive.
- La Rhune pour Larrune, du Basque Larr-hun « lieu de lande ».
Voir aussi
- Toponymie
- Toponymie française
- Noms de lieux insolites
Notes
- ↑ Il s'agit en fait d'une hypercorrection pour « Saint-Mard » (« Mard » représentant l'évolution phonétique normale de « Medardu(s) ». Comme le [e] devant un [r] implosif s'était ouvert en [a] dans la langue populaire (voir « Piarrot » pour « Pierrot » chez Molière), on cru bien faire en revenant au [e], comme c'est le cas de « gerbe » qui devrait se dire « jarbe ».
Catégorie : Toponymie
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