- Famille-Sans-Nom
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Famille-sans-nom
Famille-sans-nom Un des 82 dessins de Georges Tiret-Bognet pour Famille-sans-nom
Auteur Jules Verne Genre Roman d'aventures Pays d'origine France Éditeur Pierre-Jules Hetzel Collection Voyages extraordinaires Date de parution 1889 Famille-Sans-Nom est un roman de Jules Verne écrit en 1887-1888 qui illustre la vie d'une famille du Bas-Canada pendant la rébellion des Patriotes de 1837-1838. Le roman est paru en édition grand format illustré chez HETZEL en 1889, en deux parties.
Ce livre ne se termine pas par une fin heureuse. En parlant de la période de 1837-1838, Jules Verne voulait rappeler à ses compatriotes les problèmes qu'avait la communauté française au Canada à l'époque de la sortie de son livre, en 1888. Le ton de son livre s'en ressent, on n'y retrouve pas son sens du suspense et très peu de son humour habituel ; néanmoins, certaines scènes avec le paisible notaire, maître Nick, sont assez savoureuses.[non neutre]
Sommaire
Résumé du livre
Le Canada francophone est sous le régime du Royaume-Uni depuis le Traité de Paris de 1763. Un homme prépare différents soulèvements successifs contre les injustices britanniques. Cet homme ne révèle à personne son nom de famille, même à ses partisans les plus proches ; il se fait appeler Jean-Sans-Nom. Il a un terrible secret...
Voir Synopsis détaillé
Matriarcat et Jules Verne au chapitre 10 p. 145 (et p. 165 édition québécoise).
Contrairement à la plupart des autres livres de Jules Verne, ce livre montre un Jules Verne qui met en relief certains aspects du matriarcat de l'époque. Il souligne l'esprit de domination des femmes franco-canadiennes qui dirigent le travail ménager partagé avec leurs maris (faire le ménage, dresser le lit, mettre la table, laver la vaisselle, peler les patates, habiller les enfants, couler la lessive, plumer les poulets, traiter les vaches, battre le beurre, allumer le feu, etc.). L'un des personnages de ce roman, Catherine Harcher, se montre autoritaire envers son mari et ses fils, mêmes s'ils sont adultes.
A l'inverse, Jules Verne se montre aussi très rétrograde par rapport aux idées de la fin du XXe siècle : il admire les familles canadiennes très nombreuses qui ont 10 enfants et plus, "Au-delà de 25, on en cite encore". On retrouve cette vision de la femme, typique du XIXe siècle, dans un autre livre de Jules Verne, Paris au XXe siècle.
Admiration pour Fenimore Cooper
Jules Verne était un admirateur de Fenimore Cooper. Il cite cet écrivain dans ce roman (notamment, son livre, La Prairie, de 1837).
Un prêtre catholique comme personnage positif
Jules Verne montre dans ce livre un prêtre catholique, Joann, qui appelle à la lutte armée et qui est prêt à risquer sa vie sans hésiter.
Les personnages de prêtre sont rares dans l'œuvre de Jules Verne ; dans un autre de ses romans, dans la première version de Les Naufragés du « Jonathan », il y avait deux prêtres qui réussissaient à convaincre le héros du livre de se convertir au christianisme (NB : le fils de l'écrivain, Michel Verne, a supprimé ces deux personnages dans la version définitive du livre Les Naufragés du Jonathan).
Dans un autre roman, Le Superbe Orénoque, paru en 1898, le colonel de KERMOR, à la recherche duquel sa fille Jeanne parcourt le Vénézuela en compagnie d'une expédition scientifique recherchant les sources de l'Orénoque, s'est retiré après le décès de son épouse sur ce continent sud-américain et se fait ordonner prêtre pour consacrer sa vie à la charité chrétienne et évangéliser les indiens autochtones. C'est la figure du père Espérante (jeu de mots, dont Jules Verne fut friand, sur l'espéranto, langage auquel il s'initia à la fin de sa vie et qui se veut être universel entre les hommes, un peu comme ce prêtre breton venu prêcher les incroyants autochtones sud-américains).
Dans une nouvelle, Le Comte de Chanteleine devient lui aussi prêtre après une carrière militaire dans la chouannerie au temps de la Grande Vendée.
L'édition de 1978
L'allusion anachronique à 1967
Dans l'édition de 1978 de ce livre (éditeur "Union générale d'Editions"), sur la couverture, il est marqué Pour le Québec libre. C'est anachronique, mais il s'agit d'une référence à une phrase célèbre de de Gaulle de 1967 Vive le Québec libre. Cette phrase avait sans doute un rôle publicitaire.
Il y a aussi l'édition québécoise de 1978 dans la "collection Québec 10 sur 10" sous la direction de Jeanine Féral. Sur la couverture il est écrit, au dessus du titre, "1837...les patriotes...le Québec".
Le critique F. Lacassin (édition française) et la préface de l'édition québécoise
La préface et la postface de l'édition française sont de Francis Lacassin. La préface s'intitule Jules Verne ou le socialisme clandestin. Il essaie d'expliquer toute la complexité des différents aspects de Jules Verne : par certains côtés, on pouvait le classer parmi les conservateurs, par d'autres, on pouvait le classer comme anarchiste.
Dans la postface, F. Lacassin rappelle l'historique du Québec. Il parle notamment de la Déportation des Acadiens en 1755, ce qu'on a appelé le Grand Dérangement. Selon les chiffres de F. Lacassin, un tiers des déportés moururent.
Dans l'édition québécoise la préface s'intitule "Le voyage de Jules Verne au Canada" et n'est pas signée. On peut présumer que c'est Jeanine Féral qui l'a rédigée puisque cette édition a été réalisée sous sa direction.
Synopsis
Dans ce roman, Simon Morgaz est le traître honni par tous les canadiens français. Contre de l'argent, il avait révélé le nom de ceux qui préparaient une rébellion au détective privé des Britanniques, Rip. Lors du procès, ses déclarations confuses avaient révélé son immonde traîtrise au Canada tout entier. Lui et sa famille sont conspués par la populace, il s'enfuit en emmenant sa femme Bridget et ses deux fils, Jean et Joann. Il se suicide ; sa famille retrouve l'argent de la trahison sur lui . Son fils Jean dépose cet argent chez un notaire français, l'honnête et paisible maître Nick. Il s'en servira pour financer la lutte contre les Britanniques (achat d'armes).
Les autres conjurés sont exécutés sur l'échafaud par les Britanniques.
Quelques années plus tard, plusieurs soulèvements successifs contre les Britanniques ont eu lieu. À leur tête, il y avait le mystérieux Jean-Sans-Nom. Il y a aussi un prêtre catholique, Joann, qui incite les franco-canadiens à se révolter.
Un notaire, maître Nick est descendant de Hurons. Il est placide et conciliant, il essaie de conserver la neutralité entre les deux factions. Il a un fils adoptif, Lionel, qui est clerc de notaire dans l'étude de son père. Maître Nick se conduit comme un bon père, mais prêt à réprimander gentiment son fils. Le fils est en train de rédiger un poème « le feu follet »[1] sur son lieu de travail. Quand son patron et père s'approche de lui, il masque ce papier. Le notaire remarque que ce papier ne ressemble pas à un papier normal pour une étude de notaire Des lignes inégales?...Des blancs d'un côté!...Des blancs de l'autre!...Tant de bonne encre perdue, tant de bon papier gaspillé en marges inutiles! .
Le notaire et son clerc partent à Montréal, à quelques heures de voyage de chez eux. En chemin, ils croisent un inconnu et lui proposent de monter à bord de leur buggy. Cet inconnu est en fait Jean-Sans-Nom. Le poème de Lionel lui plaît, ce qui lui attire la sympathie de Lionel. Un contrôle policier en cours de route inquiète Jean-Sans-Nom, mais il ne se fait pas prendre.
Jean-Sans-Nom et une jeune fille Clary de Vaudreuil commencent à sympathiser.
Jean-Sans-Nom va dans une famille nombreuse, les Harcher, où il est traité comme un fils. C'est une famille franco-canadienne, qui ignore que leur ami est le fameux Jean-Sans-Nom recherché par les Britanniques. C'est le repas de famille, la veille d'un mariage ; par prudence, le clerc se tient à bonne distance du notaire quand celui-ci lui répond.
Jean-Sans-Nom est capturé par des Britanniques. Il est condamné à être exécuté. Son frère Joann se fait passer pour son confesseur. Volontairement, il ne révèle pas à son frère que le directeur de la prison a reçu l'ordre d'exécution ; les 2 frères inversent leurs costumes, ce qui permet à Jean-Sans-Nom de s'enfuir, ignorant qu'en fait son frère va sacrifier sa vie pour lui. Quelques dizaines de minutes après, il rejoint l'orée des bois ; il déclame le poème Le feu follet, ce qui permet à Lionel de l'identifier facilement (c'est le seul admirateur que ce poète clerc de notaire ait jamais eu). Il entend ensuite le bruit de l'exécution, et devine atterré que son frère est mort en se sacrifiant.
Tout le monde croit que Jean-Sans-Nom est mort : les Britanniques, les Franco-canadiens, sa mère et Clary de Vaudreuil.
Le père de Clary de Vaudreuil réunit dans une même pièce sa fille et l'un des membres de la rébellion, Vincent Hodge . Ce dernier s'est battu courageusement contre les Britanniques et avait sauvé précédemment Bridget Morgaz et Clary de Vaudreuil d'une capture par les Britanniques. Il croit que la demande de mariage de Vincent Hodge sera acceptée, et non ! Clary révèle qu'elle aimait Jean-Sans-Nom, qu'elle croit mort.
Les révoltés sont sur une île cernée par les Britanniques. La mère de Jean-Sans-Nom, Bridget Morgaz, la femme du traître, est là. Il y a aussi Rip, l'agent des Britanniques, camouflé. Personne ne le reconnaît, pas même Bridget Morgaz. Par hasard, celle-ci le surprend alors qu'il est en train de faire des sigaux aux assiégeants. Il n'a pas le temps de l'éliminer avant qu'elle alerte les sentinelles. La foule se rassemble rapidement ; pour y échapper, Rip révèle le nom de famille de Bridget, le nom du pire traître du Canada français. La foule est prête à massacrer la veuve (et Rip en profite pour s'enfuir). Jean-Sans-Nom arrive à ce moment-là et la sauve. Elle découvre avec horreur que ce n'est pas son Jean son fils qui est mort, mais Joann son autre fils.
Les Britanniques arrivent, Jean-Sans-Nom meurt dans une barque sur le Niagara, expiant le crime de son père.
Personnages
La famille Morgaz
- Simon Morgaz, âgé de 46 ans en 1825, avocat, dénonciateur du complot franco-canadien. Il finira par se suicider.
- Bridget Morgaz, son épouse, 50 ans en 1837
- Joann Morgaz, né en 1807, a opté pour la religion et est devenu abbé
- Jean Morgaz, né en 1808, devient en 1837 le chef de la révolte québécoise sous le patronyme de Jean-sans-Nom
La famille Harcher
Elle compte 26 enfants.
- « Ce ne sont plus des familles, ce sont des tribus, qui se développent sous l'influence de mœurs patriarcales. [...] Quinze fils et onze filles, de tout âge, depuis trois semaines jusqu'à trente ans. Sur les quinze fils, quatre mariés. Sur les onze filles, deux en puissance de mari. Et de ces mariages, dix-sept petits-fils - ce qui, en y ajoutant le père et la mère, faisait un total de cinquante-deux membres, en ligne directe, de la famille Harcher.[2] »
- Thomas Harcher, 50 ans, fermier canadien. Il s'occupe des terres de M. de Vaudreuil.
- Catherine Harcher, son épouse, 45 ans
- Pierre Harcher, 30 ans, pêcheur
- Rémy Harcher, 30 ans, pêcheur, son jumeau
- Michel Harcher, pêcheur, 29 ans
- Tony Harcher, pêcheur, 28 ans
- Jacques Harcher, pêcheur, 27 ans
- Rose Harcher, sur le point de se marier avec Bernard Miquelon
- ... et les autres
Les conjurés de 1825
- Walter Hodge, 60 ans, américain
- M. de Vaudreuil, 35 ans à l'époque, futur père de Clary de Vaudreuil
- Robert Farran, professeur à Montréal
- François Clerc, riche propriétaire de Châteaugay
Les conjurés de 1837
- Clary de Vaudreuil, 20 ans, fille de M. de Vaudreuil, amoureuse de Jean-sans Nom
- André Farran, frère de Robert Farran
- William Clerc, frère de François Clerc
- Vincent Hodge, 32 ans, fils de Walter Hodge, amoureux de Clary de Vaudreuil
- Sébastien Gramont, avocat à Québec, député
Les autorités anglaises
- Lord Gosford, gouverneur général du Québec
- Sir John Colborne, commandant général des armées
- Le colonel Gore
- Gilbert Argall, ministre de la police
- Le colonel Witherall
- Rip, de la maison Rip and Co, policier, anglo-canadien, 45 ans en 1837.
Les autres personnages
- Nicolas Sagamore, dit Maître Nick, notaire Place du Marché Bon-Secours, à Montréal, 50 ans, descendant des Hurons
- Lionel Restigouche, second clerc chez Maître Nick, et poète à ses heures, 17 ans
- Dolly, vieille servante de Maître Nick
- Turner, témoin et dénonciateur de la trahison de Simon Morgaz, en 1825
Références
- ↑ En fait, ce poème a été rédigé par Jules Verne lui-même en 1888, et il le réintroduit avec variantes dans le roman. Ce n'est d'ailleurs pas la première, ni la dernière fois qu'il agit ainsi. Il suffit de se reporter à des œuvres comme Hector Servadac, Les Indes noires, Le Pays des fourrures, Les Tribulations d'un Chinois en Chine ou P'tit-Bonhomme
- ↑ 1ère partie. Chapitre X
Voir aussi
Lien externe
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