- Espace normal
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En mathématiques, un espace normal est un cas particulier d'espace topologique. Cette définition est à la base de résultats comme le lemme d'Urysohn ou le théorème de prolongement de Tietze.
Elle provient du mathématicien Heinrich Tietze et date de 1923[1]. Nicolas Bourbaki précise à son sujet : « Les travaux récents ont mis en évidence que, dans ce genre de question (topologie algébrique), la notion d'espace normal est peu maniable, parce qu'elle offre trop de possibilités de pathologie ; on doit le plus souvent lui substituer la notion plus restrictive d'espace paracompact, introduite en 1944 par Jean Dieudonné. »[1]
Sommaire
Définition
Soit X un espace topologique. On dit que X est normal[2] s'il est séparé, et s'il vérifie de plus l'axiome de séparation T4 :
- pour tout couple d'ensembles fermés A et B disjoints, il existe deux ouverts disjoints U et V tels que A soit inclus dans U et B dans V.
Propriétés
Propriétés élémentaires
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- Si X et Y sont deux espaces topologiques homéomorphes et si l'un d'eux est normal, l'autre l'est aussi[3].
En effet la propriété d'être normal est, comme tous les axiomes de séparation, formulée de façon à être invariante par homéomorphisme.
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- Un espace topologique X métrisable est normal[4].
Autrement dit : si la topologie de X est induite par une distance, alors X est normal. En fait, il est même "parfaitement normal" (donc "complètement normal"), comme démontré dans l'article Axiome de séparation (topologie).
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- Un espace compact X est normal[5].
Une démonstration figure dans l'article espace compact.
Conditions nécessaires et suffisantes
Il existe de nombreuses caractérisations de la normalité. Ces caractérisations sont à l'origine des propriétés donnant de la valeur à la définition. Citons-en deux, dont la première n'est qu'une reformulation élémentaire mais la seconde est bien plus technique :
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- Un espace topologique séparé X est normal si, et seulement si, pour tout fermé A de X et tout ouvert U contenant A, il existe un ouvert V contenant A tel que l'adhérence de V soit incluse dans U[6] :
Démonstration- Supposons que X soit normal, les fermés A et cV, où cV désigne le complémentaire de V, sont disjoints donc il existe deux ouverts disjoints U et U1 tels que U contienne A et U1 contienne cV. Le complémentaire cU1 contient U donc contient l'adhérence de U et cette adhérence est incluse dans V, ce qui démontre la première implication.
- Réciproquement, supposons que pour tout fermé A de X et tout ouvert U contenant A, il existe un ouvert V contenant A tel que l'adhérence de V soit incluse dans U. Soit A et B deux fermés disjoints de X, A est inclus dans le complémentaire de B, ce qui montre l'existence d'un ouvert U tel que :
Les ouverts U et le complémentaire de l'adhérence de U vérifient les propriétés demandées.
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- Un espace topologique séparé X est normal si, et seulement si, pour tous fermés disjoints A et B de X, il existe une fonction f continue qui vaut 1 sur A et 0 sur B[7].
Cette deuxième condition nécessaire et suffisante découle de la précédente et du lemme d'Urysohn, dont l'article détaillé propose une démonstration.
Notes et références
Notes
- Nicolas Bourbaki, Éléments d'histoire des mathématiques [détail des éditions] éd. 2006, p. 205
- S. Lang, Analyse Réelle
- (en) J. Dugundji, Topology, Wm. C. Brown Publishers, 1989 (ISBN 0697068897), p. 144
- F. Paulin, Topologie, analyse et calcul différentiel, p. 36
- S. Lang, Analyse Réelle, p. 30
- S. Lang, Analyse Réelle, p. 36
- S. Lang, Analyse Réelle, p. 37
Références
- (en) M. Henle A combinatorial introduction to topology Dover Publications (1994) (ISBN 0486679667)
- S. Lang, Analyse Réelle InterEditions, Paris (1977) (ISBN 9782729600594)
- F. Paulin Topologie, analyse et calcul différentiel École Normale supérieure (2008-2009)
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