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Affaire Barrau - Solages
L'Affaire Barrau - Solages. Dossier sieur et dame de Barrau née de Solages. 1765-1790
Affaire de lettre de cachet mettant en scène deux familles nobles de la province du Rouergue dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Cette affaire a été évoquée dans différentes publications mais celles-ci ne semblent pas en mesure de jeter l'entière lumière sur les raisons et les faits.
Sommaire
Les lettres de cachet
Au XVIIIe siècle, à Paris, le département des lettres de cachet est attribué à un secrétaire d'État dépendant du garde des sceaux : Jérôme Phélypeaux, comte de Pontchartrain ; Louis Phélypeaux de Saint-Florentin, comte puis duc de la Vrillière ; Guillaume de Lamoignon de Malesherbes en 1775 ; Louis-Auguste Le Tonnelier, baron de Breteuil, de 1777 à la Révolution française.
En province, dans l'instruction des demandes les intendants s'appuient sur l'avis des subdélégués.
L'Affaire
« L'Affaire de Solages peut prendre rang parmi les histoires les plus célèbres de lettres de cachet, entre celle de Latude et celle du marquis de Sade. Et elle a passionné presque au même titre nombre d'érudits, de chercheurs et de curieux. Elle est intéressante d'abord par le mystère qui plane encore sur toute cette ténébreuse machination ; ce mystère peut-il s'éclairer quelque peu à la lumière des pièces des Archives de la Haute-Garonne, que nous publions, à la suite, intégralement ? Elle nous montre en tous cas, sur le vif, l'action modératrice et éclairée d'un subdélégué intelligent, Ginesty, juriste probe et pénétrant ; action inefficace, du reste, car elle paraît se heurter à des préventions puissantes, à cette sorte de force d'inertie qu'oppose l'administration quand elle s'aperçoit d'une faute lourde ou d'une grande injustice, et aussi à un réseau compliqué d'intrigues. »[1]
Le mariage
Par contrat du 22 mai 1759, messire Jean Antoine de Barrau, chevalier, co-seigneur de Trémouilles, seigneur de Caplongue, et autres places, prend pour épouse, damoiselle Marie Françoise Charlotte Pauline de Solages, fille de haut et puissant seigneur messire Antoine Paulin de Solages, chevalier, marquis de Carmaux, seigneur et baron de Maussans et de Rouffiac, seigneur de Saint-Benoît, Puellat, Ferradour, La Guimerie, et autres places, et de feue dame Françoise Marie Guionne de La Roque-Bouillac.
Le marié a 22 ans et la mariée 19 ans. Elle appartient à l'une des plus grandes familles du Rouergue et de l'Albigeois. Les La Roque-Bouillac sont admis aux Honneurs de la Cour en 1787.
Les faits
En 1765, six ans après son mariage, Pauline de Barrau est arrêtée par lettre de cachet sur la demande de son mari et de son père. Elle est alors enfermée au couvent de Lisle-sur-Tarn en Albigeois. Deux années plus tard, elle est transférée au monastère des religieuses du Tiers Ordre de Saint-François à Toulouse.
Sur la demande de sa famille elle est remise en liberté en 1777, mais dès 1782, elle est nouveau conduite au couvent, celui de Notre-Dame de Saint-Affrique, en Rouergue. En 1786, après avoir été menacée d'internement à nouveau à Toulouse, elle est finalement conduite dans un couvent de la ville de Castres, en Languedoc.
Le frère de Pauline, le comte Hubert de Solages, est lui aussi arrêté par lettre de cachet en même temps que sa sœur. Il est d'abord enfermé au château de Ferrières près de Castres, puis en 1767, dans le fort de Brescou au large du cap d'Agde. En 1771, il est emmené au château de Pierre-Encize, aux portes de Lyon, d'où il s'évade. En 1782, il est transféré au château de Vincennes, puis il est enfin enfermé à la Bastille, à Paris, en 1784. Il y occupe un logement proche de celui du marquis de Sade. Il occupe ses journées en jouant du violon, en lisant et en écrivant. Le 14 juillet 1789, lors de la prise de la Bastille, il est libéré et conduit par la population parisienne jusqu'à l'Hôtel de Ville où il est félicité par la municipalité qui lui trouve « une figure noble et imposante ».
Plusieurs motifs ont été invoqués pour ces deux arrestations : Pour Pauline, mauvaise conduite et désordre, mauvaises fréquentations, endettement, « aliénation mentale », ... . Pour Hubert, « crimes atroces », « action monstrueuse » (liés également au fait qu'Hubert avait aidé sa sœur à s'échapper de la demeure de son mari)...
La réalité est probablement plus triviale avec des questions de dot, d'héritage, d'influences et de revirements familiaux, de menaces de vengeance...
Le mystère
Plusieurs questions demeurent encore sans réponses de nos jours :
- Quelle est la part réelle de chacun des motifs invoqués à l'origine de cette affaire ?
- Pour quelles raisons et dans quelles circonstances s'est déroulé « l'enlèvement » de Pauline de Barrau ?
- Quelle est cette vengeance dont parle Pauline de Barrau ?
- Quel a été le rôle exact de l'administration royale ?
Notes
- ↑ Auguste Puis. Les Lettres de cachet à Toulouse au XVIIIe siècle, pages 139 à 186.
Bibliographie
- Gabriel Bernet, La Dame de Barrau aux Tiercerettes et le 14 juillet du comte de Solages (Cf. L'Auta. Juin 1989)
- Frantz Funck-Brentano, Les Lettres de cachet à Paris : étude, suivie d'une liste des prisonniers de la Bastille (1659-1789)
- Auguste Puis, Les Lettres de cachet à Toulouse au dix-huitième siècle (D'après les documents conservés aux Archives départementales)
- L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, 15 août 1899, article d'Alfred Bégis
Voir aussi
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