- Eglise Saint-Germain d'Auxerrois
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Église Saint-Germain-l'Auxerrois de Paris
Pour les articles homonymes, voir Église Saint-Germain-l'Auxerrois.Église Saint-Germain-l'Auxerrois de Paris Vue générale de l'édifice Latitude
LongitudeNon renseigné
(Chercher ce lieu)Pays France Région Île-de-France Département Paris Ville Paris Culte Catholique romain Type Église paroissiale Rattaché à Archidiocèse de Paris Début de la construction XIIe siècle Fin des travaux XVe siècle
(aménagements aux XVIe et XVIIIe siècles)Style(s) dominant(s) Gothique
Roman (tour)
BaroqueClassé(e) Monument historique (1862) modifier L'église Saint-Germain-l'Auxerrois est un édifice religieux situé dans l'actuel Ier arrondissement de Paris.
Ce site est desservi par les stations de métro : Louvre - Rivoli et Pont Neuf.
Sommaire
Historique
Saint-Germain-l'Auxerrois est une église située en face du Louvre et à proximité de la mairie du Ier arrondissement. La simple observation permet de s'apercevoir que Jacques Hittorff, architecte de la mairie, a souhaité réaliser un pendant à la façade de Saint-Germain l'Auxerrois, ce qui donne un effet de fausse symétrie tout à fait inhabituel. Elle est nommée en l'honneur de l'évêque Germain d'Auxerre.
Si l'histoire de Saint-Germain-l'Auxerrois débute à l'époque mérovingienne, il ne reste aucune trace visible de cette période. La partie la plus ancienne est la tour romane, qui date du XIIe siècle. Elle était surmontée d'une flèche qui fut abattue vers 1754 et remplacée par la balustrade actuelle. Au siècle suivant, sont édifiés le portail occidental, le chœur et la chapelle de la Vierge. L'église est en grande partie reconstruite au XVe siècle avec, en particulier, l'élévation du porche. Saint-Germain-l'Auxerrois devient l'église attitrée de la famille royale au moment où les Valois s'installent à nouveau au Louvre, au XIVe siècle. Paroisse des rois de France, en raison de sa proximité avec le palais, l'église est l'une des plus anciennes de Paris.
Contrairement à ce qui est souvent dit et écrit, ce n’est pas le carillon du beffroi construit au XIXe siècle, en façade nord de l'édifice près de la mairie du 1er arrondissement, qui sonna le rassemblement des catholiques pour le sinistre épisode de la Saint-Barthélemy en 1572, mais les cloches situées dans la petite tour au sud de l’église. Son tocsin marqua le commencement du massacre des protestants de Paris. Une de ces cloches, nommée Marie, datant de 1527, existe toujours.
L'église est ravagée au XVIIIe siècle : de 1745 à 1750, sous prétexte de restauration, le jubé[1], dessiné par Pierre Lescot et sculpté par Jean Goujon au XVIe siècle, disparaît[2], de même que les vitraux et le tympan du portail. Au début de la Révolution, après le retour forcé de la famille royale de Versailles aux Tuileries, le futur Louis XVII y fit sa première communion. Sous la Terreur, Saint-Germain est vidée de son contenu, et convertie en magasin de fourrage, en imprimerie, en poste de police, en fabrique de salpêtre. En 1795, le culte théophilanthropique y est pratiqué.
Sous le Premier Empire, un vieux projet de destruction de l'église, initié par Colbert afin de dégager la colonnade du Louvre par une vaste place au mileu de laquelle le pont-Neuf aboutirait, est envisagé puis abandonné dès la Restauration.
Le 14 février 1831, à l'occasion de la onzième commémoration de l'assassinat du duc de Berry, l'église, puis l'archevêché de Paris, sont dévastés par des émeutiers anti-monarchistes qui interprètent la cérémonie comme une provocation. Suite aux importantes dégradations, l'église restera fermée quelques années. Sa destruction est encore proposée, mais finalement des restaurations sont entreprises pendant la monarchie de Juillet dirigées par Jean-Baptiste-Antoine Lassus et Eugène Viollet-le-Duc. L'église est rendue au culte catholique vers 1840.
Au second empire, le baron Haussmann refuse une nouvelle fois de la détruire alors que le ministre d'état et de la maison de l'empereur, Achille Fould le lui suggére. En effet, après démolition des vieux immeubles délabrés qui l'entourent, un vaste espace se dégage face à la colonnade du Louvre et l'église se retrouve posée de travers sur un des cotés, donnant un air inesthétique à l'ensemble. Cependant, en tant que protestant, le baron ne veut pas qu'on lui reproche d'avoir détruit le symbole qui avait donné le signal de la Saint-Barthélémy. Il développe alors un projet pour équilibrer le tout : il demande à l'architecte Jacques Hittorff de construire un édifice jumeau pour la mairie du 1er arrondissement. Entre les deux, il fait construire un campanile (ou beffroi) de style gothique flamboyant édifié entre 1858 et 1863 par l'architecte Théodore Ballu, Prix de Rome en 1840.[3] L'ensemble réalisé fut parfois jugé trop symétrique, au point d'être comparé à "un huilier et ses deux burettes". Vu de l'extérieur, il est impossible de différencier la mairie de l'église. [4]
Le monumental retable flamand situé dans l'une des chapelles latérales Nord fut offert par le comte de Montalivet, ministre de Louis-Philippe.
L'église Saint-Germain l'Auxerrois est, depuis l'Ancien Régime où les artistes étaient logés au Louvre, la "paroisse des artistes". La Société de Saint-Jean pour le développement de l'art chrétien, fondée en 1839 par Henri Lacordaire, y dit la messe et s'y réunit chaque troisième vendredi du mois ; et la messe selon le voeu de Willette pour les artistes morts dans l'année y est dite le Mercredi des Cendres.
Chronologie
- 1e moitié du XIIe siècle : première construction d'une église sous le vocable de Saint-Germain-le-Rond.
- 2e moitié du XIIIe siècle : reconstruction de l'église. Il en subsiste le vaisseau central et le premier collatéral du chœur, les parties latérales du flanc droit de la nef et le portail.
- 1420-1425 : reconstruction du vaisseau central et des bas-côtés de la nef à l'exception de la chapelle de la Vierge.
- 1435-1439 : le maître maçon Jean Gaussel construit le porche et les chapelles du flanc gauche de la nef.
- Début du XVe siècle : construction du second collatéral, des chapelles du flanc droit du chœur et des chapelles de l'abside.
- 1541 : construction du jubé sur les plans de Pierre Lescot.
- 1560-1570 : construction des chapelles du flanc gauche du chœur.
- 1570 : construction du portail donnant accès au cloître canonial.
- 1710 : dépose du pilier central avec la statue de saint Germain ainsi que du tympan du Jugement Dernier pour permettre le passage des processions.
- 1728 : les vitraux sont remplacés par du verre blanc.
- 1745 : destruction du jubé de Pierre Lescot pour agrandir le chœur.
- 1754 : l'architecte Claude Baccarit et son beau-frère, le sculpteur Louis-Claude Vassé, mettent le chœur de l'église au goût du jour.
- 1767 : mise en place des grilles de fermeture du chœur par le serrurier Pierre Dumiez.
- 1838-1855 : restauration de l'église par Jean-Baptiste Lassus et Victor Baltard.
- 2007 : la forme extraordinaire du rite romain de l'Église catholique selon le missel de 1962 y est célébrée[5], conjoitement à la forme ordinaire du rite romain.
Les grandes orgues
Il ne reste aucune trace de ce qu'ont été les grandes orgues de la Paroisse royale avant la Révolution. On sait seulement que Louis-Claude Daquin en fut organiste autour de 1738. L'orgue actuel fut transporté en juillet 1791 depuis la Sainte-Chapelle, où il avait été construit vingt ans auparavant par François-Henri Clicquot[6], dans un buffet dessiné par Pierre-Noël Rousset.
Cette attribution n'est pas sans poser quelques interrogations : d'une part, les dimensions du grand buffet de Saint-Germain-l'Auxerrois laissent difficilement imaginer son intégration dans la Sainte-Chapelle ; d'autre part, son vocabulaire décoratif néo-classique et son mouvement concave, sans véritable tourelle autre que les tourelles latérales, semblent très modernes pour la date du dessin de Rousset (1752). Enfin, du matériel instrumental fut également récupéré de l'École militaire et de la collégiale Saint-Honoré. L'orgue est alors un "grand huit-pieds" (c'est-à-dire avec Bourdon de 16') sur quatre claviers et pédale en 16'.
Louis-Paul Dallery, qui avait entretenu l'orgue depuis son installation, eut en 1838 la charge d'une restauration importante, suite à la réouverture de l'église ; c'est à l'issue de ces travaux, le 1er août 1840, qu'Alexandre Boëly (1785-1858) fut nommé organiste. C'est lui qui avait demandé à Dallery d'installer le premier pédalier "à l'allemande", pour pouvoir jouer les œuvres de Jean-Sébastien Bach.
Entre 1847 et 1850, il supervise de nouveaux travaux par Ducroquet, qui modifient profondément la structure de l'instrument : réduction à trois claviers manuels, sommiers neufs pour le Grand-Orgue, création d'un clavier de Récit expressif en haut de l'instrument (commençant au Fa 2), réduction des mutations et introduction de jeux à anches libres (Euphones de 16' et 8' respectivement au Grand-Orgue et au Positif, Cor anglais au Récit). Cette évolution de l'instrument montre aussi celle du goût de Boëly, jusque là considéré comme le conservateur des traditions de l'orgue français d'Ancien Régime.
Boëly est renvoyé en 1851 ; Eugène Vast (1835-1911), organiste de chœur, "continuera à faire les fonctions de suppléant"[7], sans jamais être nommé titulaire, jusqu'en 1909.
En 1864, l'instrument est encore remanié par Joseph Merklin : construction d'une machine Barker pour le Grand-Orgue et les accouplements de claviers, nouveaux sommiers de pédale, extension du Récit (qui commencera désormais au Do 2) suppression des jeux à anches libres (sauf l'Euphone du Positif, rebaptisé Clarinette), décalage en Bombarde 16' de la 2e Trompette du Grand-Orgue. Les jeux de fonds sont pavillonnés.
Après Eugène Vast, l'orgue a pour titulaires Marcel Rouher, Jean Pergola, Michel Chapuis, Édouard Souberbielle et Ricardo Miravet.
Dans les années 1970-80, c'est avec celui-ci que le facteur d'orgues Adrien Maciet remplace au Positif le Salicional (de Ducroquet), la Flûte de 4' et la Clarinette (ancien Euphone) par une Tierce, un Cromorne et des Pleins-jeux, dans l'idée d'un illusoire "retour à Clicquot", dont un sommier subsiste en effet à ce clavier. Plus judicieusement, il re-décale la Bombarde pour restituer les deux Trompettes de Clicquot.
Cependant, l'orgue continue de se dégrader et devient muet en 1995.
L'actuel titulaire, Henri de Rohan-Csermak, est nommé en 2002. En octobre 2004, des Journées d'études internationales, à l'initiative de l'Association Aristide Cavaillé-Coll, sont organisées autour de l'instrument. En 2005, celui-ci est remis en vent par Michel Goussu, grâce à qui il peut fonctionner occasionnellement jusqu'à ce qu'en 2008, la ville de Paris confie à Laurent Plet un relevage a minima qui, effectué dans le respect le plus précautionneux du matériel historique, permet aujourd'hui de l'entendre dans un état correct de vent, d'accord et d'harmonie. Les ajouts de Maciet ont été conservés, mais réharmonisés et reclassés. Les grandes anches du XVIIIe, qui avaient été décalées d'un ton, ont retrouvé leur emplacement d'origine, restituant ainsi le grand jeu de Clicquot, puisque la plupart des tuyaux de ces jeux sont intacts. Le fond d'orgue, en revanche, reste marqué par l'harmonie romantique que lui a donnée l'intervention de Merklin, dont le dépoussiérage permet de découvrir le grand intérêt. Une autre redécouverte est celle du Récit de Ducroquet, qui était devenu inaudible.
L'orgue étant classé Monument historique depuis 1961, une étude préalable est en cours[8] par le technicien-conseil compétent, Christian Lutz, en vue d'une véritable restauration : on sait combien, pour un instrument à l'histoire aussi complexe et au matériau aussi disparate, le choix d'une option est délicat et les controverses violentes.
Bibliographie
- Le Grand Orgue de Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris : historique, situation, perspectives, actes des Journées d'étude des 22-23 oct. 2004, Paris, La Flûte harmonique, 2005-2006.
- DUMOULIN (Pierre) dir., Orgues de l'Île-de-France, Tome IV, Paris, ARIAM Île-de-France/Aux Amateurs de livres, 1992.
- Id., "Le Souffle de Boëly, l'orgue de Saint-Germain-l'Auxerrois", in Orgues nouvelles n° 2, automne 2008.
- LARTIGAU (Georges), "Alexandre Pierre François Boëly et l'orgue", in BOËLY (A. P. F.), Œuvres complètes pour orgue, volumes I & II éd. BERTRAND-TOURNEUR (Nanon) & ROHAN-CSERMAK (Henri de), Paris, Publimuses, 2001.
- RAUGEL (Félix), Les Grandes Orgues des églises de Paris et du département de la Seine, Paris, Fischbacher, 1927.
Références
- ↑ Quelques débris sont conservés au Louvre, département de la Renaissance française
- ↑ Claude Baccarit en est l'architecte, approuvé par l'académie des arts. Son marteau destructeur détériorera également les piles du choeur et de beaux chapiteaux du XIIIe siècle (Lance, Les architectes français)
- ↑ Mémoires du baron Haussmann, Georges Eugène Haussmann, Publié par Victor-Havard, Paris, 1893 - tome III - p.500 et 501
- ↑ Paris, rive droite par Philippe Krief, Éditions Massin, 2004, 210 p., ISBN : 2-7072-0488-9
- ↑ dépêche AFP du 16/10/2007 17:04
- ↑ Inauguration en 1771 par Daquin et Balbastre
- ↑ Délibération du Conseil de fabrique, 28 juillet 1851.
- ↑ à la date de mai 2009
Voir aussi
Liens externes
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