ECOPORT

ECOPORT

ECOPORT, Ecoports (ou EcoPorts) est une dénomination désignant un ou des ports européens adhérant volontairement à de « bonnes pratiques » en matière de développement durable, dans le cadre d'un projet datant de 1999, soutenu par l'« EcoPorts Foundation » (EPF) qui est un réseau associant des acteurs volontaires qui sont "parties prenantes" de la gestion portuaire, et voulant partager leur expériences en matière d'environnement.

Les nouveaux enjeux environnementaux et de sécurité liés au trafic maritime croissant et aux navires géants sont un des défis que les EcoPorts doivent relever
Un trafic portuaire croissant génère aussi des transports amont et aval dont les impacts doivent être maîtrisés
Une priorité des projets EcoPort est de diminuer les impacts négatifs des transports (L'une des recommandations est d'utiliser la voie d'eau pour les déplacements qui le justifient (comme ici à Chicago, avec ce Bateau-Taxi)


Ce réseau créé par des Ports maritimes, s'est ouvert[1] aux ports intérieurs, « ports secs », industries portuaires, autorités environnementales ayant des responsabilités dans les aires portuaires, universités volontaires pour adhérer.
EcoPorts focalise ses efforts sur le travail de terrain, alors qu'ESPO, qui soutient EcoPorts se concentre sur le lobbying vers les décideurs[2].

Dans un autre domaine, « ecoport » est le nom d'une base de données environnementales[3].

Sommaire

Principes et objectifs généraux

Les ports contribuent ou peuvent contribuer à un développement plus durable en favorisant des transports moins polluants que la route ou l'avion, cependant, ces transports et l'économie portuaire tels qu'ils existent génèrent néanmoins également des impacts environnementaux importants, qui pourraient être réduits par de bonnes pratiques. La perception des ports et de leur environnement urbain par le public ne s'est pas améliorée en Europe, et le public considère que les autorités portuaires ont une responsabilité environnementale.
Selon l'ESPO, les ports commencent à accepter leur rôle sociétal et ils ont intérêt à mettre eux-mêmes en œuvre une autorégulation au lieu d'attendre qu'un durcissement des lois le leur impose.

il s'agit donc, pour Ecoport, selon l'ESPO, de ;

  • Essayer d'éliminer l'environnement comme facteur de compétitivité entre les ports
  • Créer des règles du jeu équitables dans les enjeu portuaires liées à soutenabilité de la gestion.
  • Échanger sur les solutions efficaces et respectueuses de l'environnement
  • Travailler ensemble dans des projets collaboratifs environnementaux

Une démarche proactive, permet aux autorités portuaires, selon l'ESPO, de :

  • Anticiper et se préparer à une nouvelle législation plus soucieuse de protéger l'environnement (et peut-être les équilibres sociaux) ;
  • Développer leur propre cadre juridique, fondé sur de « bonnes pratiques » testées dans les ports par les ports, plutôt que mises au point par défaut à Bruxelles ;
  • Choisir et optimiser les solutions les plus rentables ;
  • mieux évaluer les performances environnementales des ports (forces/faiblesses) ;
  • Améliorer les relations avec les parties prenantes proches (citoyens, monde de la pêche, de l'agriculture, etc) ;
  • Améliorer les relations avec les autorités compétentes ;

Une partie de ces efforts sont soutenus par l'Europe qui depuis 1998 soutient les échanges sur deux thèmes principaux  ; un management plus vert des ports et un effort sur la chaîne logistique.

Management environnemental portuaire

Il passe par une intégration transversale de l'environnement plus en amont, dans la conception et gestion des ports, incluant une approche de type HQE, une possible intégration ou restauration de la biodiversité via par exemple une trame verte et bleue. Une gestion plus rationnelle et sobre de l'énergie est aussi à mettre en place, de même qu'un système de recyclage des déchets. La généralisation de l'écologie industrielle, une meilleure gestion des sédiments pollués, une diminution des nuisances et pollutions (dont pollution lumineuse) et émissions de gaz à effet de serre, son d'autres pistes, qui nécessitent la coopération des acteurs industriels et des transports...

Dans le cadre d'Ecoport, le port d'Oslo a par exemple fait une priorité[4] de la remédiation des sédiments dont 5 à 10 % du volume sont de la matière organique, des PCBs, composés du Tributylétain, hydrocarbures aromatiques polycycliques, mercure, plomb et cadmium, sur 0,1 à 4,5 m d'épaisseur (650,000 m³ doivent être pompés rien que dans le port). Ces sédiments doivent être exportés dans une zone profonde, laquelle sera recouverte de matériaux propres pour reconstituer un fond marin normal.
Une meilleure gestion des eaux de ballast, facteur de dispersion d'espèces invasives[5] est un autre exemple de cible possible.

De son côté l'Europe a encouragé en 2011 l'intégration de la biodiversité dans les ports[6].

Chaîne logistique plus durable

Ecoport encourage des « transports durables » en amont et aval des ports. La marine doit devenir moins polluante et les transports plus multimodaux) [7]. Dans le cadre de la démarche ECOPORT, les anglosaxons parlent de « Green logistics » (logistique verte), ou « Sustainable Logistics »(logistique soutenable)[8] ) ; par exemple via une motorisation plus propre et énergétiquement plus sobre, en ralentissant la vitesse des bateaux, etc.

Méthode, outils

EcoPorts promeut une démarche en 4 étapes

  1. .. identifier les 10 priorités environnementales de l'aire portuaire (phase d'auto-diagnostic, sur la base d'une liste de vérification)
  2. .. développer et échanger savoir et savoirs-faire pour améliorer l'environnement de l'aire portuaire (EcoPort propose des outils de coopération, incluant une base de donnée de bonnes pratiques, des projets collaboratifs de R&D, des conférences et formations...)
  3. .. monitorer les progrès de la qualité environnementale de l'aire portuaire (EcoPorts propose un benchmarking européen, et un outil dit « EPI » qui est un set d'indicateurs de performance environnementale, qui permet la comparaison avec d'autres ports européens)
  4. .. dire ce que l'on fait et faire ce que l'on dit, en démontrant les compétences environnementales de base développées par l'organisation portuaire. (certificat PERS, et guide de mise en œuvre d'un système de management environnemental ('SME')

Les participants

Pour l'instant seule une trentaine de grands port a adhéré à la démarche, dont ceux d'Amsterdam, Anvers, Barcelone, la British Ports Association, Gênes, Göteborg, Rotterdam, Gdansk, Hambourg, Valence.. Mais de "petits" ports pourraient suivre.

Des certificats PERS (Port Environmental Review System) peuvent être décernés dans le cadre de cette démarche. Des guides et appuis sont fournis, dont par l'ESPO (« European Sea Ports Organisation ») qui a par ailleurs rédigé un code de bonnes pratiques (en 2 tomes A et B), un document dit « ESPO Environmental Survey - 2004 » et un Code de bonne pratique pour l'application des Directives Oiseaux et Habitats.

Thèmes de travail

Les thèmes les plus préoccupants pour les autorités portuaires des grands ports, mis en évidence par l'ESPO lors de deux enquêtes (1996, 2004) sont : le développement portuaire, les déchets portuaires, la qualité de l'air, de l'eau et des sols, le dragage et la gestion des sédiments, des boues de dragage et de leur clapage en mer, les poussières, le bruit, les sites pollués, la gestion des Transport de matières dangereuses et des effluents pollués, la gestion du volume de trafic, la perte d'habitats naturels, le déchargement des navires.

Guide de bonnes pratiques environnementales

Ecoport s'appuie notamment sur un guide[9] réalisé par l'ESPO (en anglais), en deux parties ;

  • Partie A : Elle évoque les cibles d'amélioration environnementale qui sont un enjeu retenu par les ports. Cette partie est présentée comme les "10 Commandements environnementaux" que les ports européens devraient appliquer.
  • Partie B : C'est un outil pratique d'aide et conseil aux gestionnaires de ports, basé sur un recueil des pratiques environnementales recommandées.


Une première section aborde de problème selon 3 approches ;

  1. La zone portuaire (terrestre, maritime)
  2. L'interface navire - port
  3. La Zone maritime

Une seconde section est consacrée aux ports et au management environnemental ; avec 2 outils :

  1. Audit par Auto-diagnostic (Self Diagnostic Method - SDM) s'appuyant sur l'approche SWOT;
  2. Système d'examen des questions environnementales pour les ports (Port Environmental Review System – PERS). Le PERS est un système inspiré de la démarche ISO 14001. Il aide les ports à développer leur système de management environnemental et à produire un rapport environnemental périodique. Celui-ci fournit aux autorités, et au public ou à toute personne intéressée des informations sur la prise en compte de l'environnement par la gestion portuaire. L'outil comprend une liste de vérification, un guide d'application, et une certification indépendante de vérification (par Lloyd's Register, de Rotterdam). Une fois certifié, le port est autorisé à afficher le l' « éco-logo » PERS sur ses documents de communication. Selon l'ESPO, début 2008, une trentaine de ports étaient déjà certifiés selon cette méthode.

Des documents[10] guident les autorités portuaires sur les sous-thèmes suivants

  • Développement portuaire
  • Dragages, curages, stockages
  • Sols contaminés
  • Gestion du bruit
  • Gestion des déchets portuaires
  • Qualité de l'eau et Management
  • Qualité de l'air & Management
  • Monitoring & Reporting
  • Préparation aux contigences (gestion de crise)
  • Interface Navires-ports
  • Gestion des déchets des navires
  • Manipulation des cargaisons
  • Cargaisons dangereuses

Plus récemment, suite à des lacunes ou problèmes dans l'application des directives Oiseaux et Natura 2000 (qui n'étaient pas abordés dans les précédents Code de pratiques environnementales de l'ESPO), celui-ci a commencé à produire des recommandations, fondées sur les bonnes pratiques existantes (New Delta, Paralia Nature, GEODE, SEDNET); pour les différentes phases d'application de la directive lorsque les autorités portuaires s'y trouvent confrontées. Ces guides doivent aider les autorités portuaires à mieux communiquer et dialoguer avec les ONG et les parties prenantes, et à inciter les autorités européennes à répondre à d'éventuels problèmes mal solutionnés, pour éviter des retards et des coûts supplémentaires pour le commerce et l'industrie portuaire.

L'ESPO a annoncé en 2008 envisager un guide spécifique pour les estuaires.

Coopération entre port et ville

Un effort de restauration d'une bonne interface entre ville et port est dans ce cadre encouragée, avec 26 recommandations issues du projet "Plan the City with the Port", regroupées dans un guide de bonnes pratiques, d'après les échanges ayant associé les ports et villes suivantes ; Le Havre (France), Amsterdam et Delfzijl (Pays-Bas) Bremerhaven (Allemagne), Gdansk (Pologne), Riga (Lettonie), et l'ONG International Association Cities and Ports (IACP)[11]

Contexte

La nouvelle stratégie marine de l'Europe (Cf. notamment Directive cadre Stratégie pour le milieu marin) comme en France les propositions du Grenelle de la mer, invitent à inventer le port de demain, plus écologique et intégré dans une dynamique de gestion intégrée des zones côtières (GIZC); « (...)Le développement économique de ports « nouvelle génération » nous invite à nous projeter et à véritablement repenser les modalités du développement durable notamment sur les points suivants :

- les entrepôts doivent devenir des « entrepôts verts », qui respectent des contraintes en termes d’insertion architecturale et paysagère, de récupération des eaux pluviales et de ruissellement, d’autosuffisance énergétique et de recyclage de ses propres déchets ;
- les industries doivent respecter des contraintes en termes d’enjeux carbone et écologiques (...) » [12]

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. page 2 d'une plaquette de présentation et adhésion d'EcoPorts
  2. ESPO deals with policy making, Ecoports focuses on practical experience (dans le PowerPoint cité ci-dessous)
  3. ecoport
  4. Document consacré au problème des sédiments pollués du port d'Oslo (anglais)
  5. Barry, S. C., K. R. Hayes, C. L. Hewitt, H. L. Behrens, E. Dragsund, and S. M. Bakke. 2008. Ballast water risk assessment: principles, processes, and methods. ICES J. Mar. Sci. 65:121-131
  6. [Integrating biodiversity and nature protection into port development], Brussels, 08.03.2011 SEC(2011) 319 final Commission staff working document
  7. “Towards A Sustainable Transport Network” selon la formule originelle
  8. Ces deux expressions figurent dans les titres des conférences de la manifestation Ecoports - greenport 2008 conference Sustainable policy and practice in ports, cities and the logistic chain, qui s'est tenue à Amsterdam, du 27 au 28 février 2008
  9. « ESPO Environmental Code of Practice »
  10. Handbook of recommended environmental practices
  11. télécharger synthèse ((en), 8 pages, PDF 100 Ko) et Guide ((en) - PDF 6.5 Mo)
  12. Rapport du Groupe I – « La délicate rencontre entre la terre et la mer » ; Grenelle de la Mer, juin 2009

Bibliographie

  • E. Peris-Moraa, J.M. Diez Orejasb, A. Subiratsb, S. Ibáñezb and P. Alvareza, Development of a system of indicators for sustainable port management, Elsevier, 2008 (INDAPORT)

Liens externes


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