- Développement urbain de Lille
-
Lille, contrairement à beaucoup de villes françaises, ne s'est pas développé circulairement autour d'un hyper-centre. Elle s'est développé par la construction de quartiers entiers et en absorbant des villes avoisinantes. Ce processus est encore d'actualité avec l'intégration de Lomme en 2000. Ces quartiers-ville, tel Wazemmes, gardent leur âme un peu à l'image de Belleville à Paris.
Sommaire
Les principales étapes du développement
Un héritage médiéval malmené
Lille a toujours été relativement prospère et a profité de son activité commerciale puis de son rôle de métropole d'une région fortement industrialisée. Son tissu urbain n’a jamais été figé et des ajouts et des modifications de toutes époques la parsèment. De plus, après sa conquête par Louis XIV, l’imposition d’une identité française s’est en partie réalisée à travers l’architecture. La création d’un nouveau quartier et de bâtiments publics a été accompagnée d’une tendance à la négation des héritages antérieurs. Ceci explique peut-être la propension, jusqu’à une époque récente, à négliger son passé et les héritages architecturaux civils les plus anciens (à l’exception peut-être de l’incontournable Vieille Bourse).
Un des quartiers médiévaux (Saint-Sauveur) n’est plus perçu comme tel, depuis sa destruction et son bétonnage massif au cours des années 1960. Seuls quelques bâtiments isolés, parfois exceptionnels (tel l’hospice Gantois transformé en hôtel) témoignent de son passé.
Le quartier du Vieux-Lille, pendant en rive gauche de Saint-Sauveur, longtemps misérable et laissé à l’abandon, a failli subir le même sort, comme le rappelle le détonnant contraste entre l’hospice Comtesse et le palais de Justice. Sauvé grâce à une mobilisation associative, le Vieux-Lille est aujourd’hui restauré et est devenu un secteur de tourisme et de commerces de luxe.
La conquête française et le développement vers l’ouest
Après la conquête française, Vauban modernise les fortifications et construit la citadelle, dans une zone marécageuse à l’ouest de la ville. Entre l’ancienne ville et la citadelle, un nouveau quartier est créé sur un plan quadrangulaire (avec pour axe principal la rue Royale). On y trouve quelques hôtels particuliers (dont l’immeuble de la Banque de France).
Au cours du XVIIIe siècle, le canal reliant la haute et la basse Deûle est construit entre la citadelle et la ville. Permettant une liaison fluviale facile d'amont en aval via des écluses, il court-circuite les petits canaux urbains qui perdent alors leur raison d'être et semblent, dès lors, subir des problèmes d'envasement et de salubrité. Comblés depuis les années 1860, ces canaux du centre ville tendent aujourd'hui à réapparaitre dans le cadre des nombreux projets d'urbanisme visant à redonner un certain cachet au centre ville (ex: le quai du Wault).
Le XIXe siècle et l’explosion urbaine
Lille ne cesse d'acquérir un poids économique et est à l’étroit dans ses fortifications. En 1858, une nouvelle enceinte est construite et la ville s’agrandit vers le sud, en englobant les communes d’Esquermes, de Wazemmes (toutes deux en rive droite de la Deûle) et un espace rural au sud-est (le futur quartier Moulins[1]). L’ancienne fortification méridionale est détruite (il n’en subsiste que la porte de Paris) et est remplacée par le boulevard de la République (bordés d’habitats de rapport et de maisons de maître). À la même époque des percées sont réalisées à travers la ville médiévale (rue Faidherbe, rue Nationale, débouchant sur la Grand’place).
La Nouvelle zone intra-muros est très vite bâtie. Elle est desservie par de grandes artères rectilignes. À côté des anciens noyaux villageois d’Esquermes et de Wazemmes se juxtaposent des secteurs d’habitats bourgeois (sur les axes principaux et dans les anciennes zones humides de la Deûle) et des secteurs industriels et un habitat ouvrier (courées). L’ancien lit de la Deûle est remblayé et, à la même époque, les canaux qui caractérisaient la ville médiévale sont couverts et transformés en égouts. Plus à l’Est, la gare de marchandises Saint-Sauveur se développe à proximité de la porte de Paris.
La croissance urbaine et l’industrialisation profitent aussi aux faubourgs et aux villes limitrophes avec un tissu industriel et ouvrier dense (industrie ferroviaire, sidérurgie, mécanique, textile) mais aussi avec la création de zone résidentielles bourgeoises (à l’ouest de la Citadelle et sur l’axe du Grand Boulevard reliant Lille à Roubaix-Tourcoing). Les faubourgs sont séparés de Lille intra muros par les fortifications et une bande non aedificandus. Pour faciliter la défense de la ville, les constructions y sont interdites ou limitées à des habitations de torchis et bois susceptibles d’être rapidement rasées (quelques exemples subsistent). Cette zone exploitée par les réseaux de communications (chemins de fer puis autoroutes) forme encore aujourd’hui une fracture dans le tissu urbain.
Le XXe siècle : une métropole moderne
Les fortifications ont été rasées après la première guerre mondiale, à l’exception de la Citadelle et des casernes au nord de la ville. Leurs traces restent pourtant bien présentes à travers la zone non aedificandus qui la ceinturait. Libre d’habitation, elle a permis le passage d’axes de communications (boulevards, autoroutes et périphérique, lignes de chemin de fer), la création de quelques grands ensembles (les biscottes) ou d’infrastructures correspondant à son rôle de métropole régionale.
Les communes d’Hellemmes et de Lomme sont intégrées à Lille, respectivement en 1977 et 2000, officiellement pour les dynamiser et favoriser leur équilibre financier. Il est difficile toutefois de ne pas y voir d'arrières pensées électorales : la nombreuse population d’ouvriers et de cheminots de ces deux villes ancrent en effet durablement Lille à gauche (tandis que l’évolution socio-économique des quartiers centraux tend à y réduire le vote socialiste). Ce rattachement a été parfois mal vécu par des habitants, en particulier par des Hellemmois qui revendiquent une identité propre et distincte.
Le XXIe siècle : une ville en mutation sociale ?
Depuis les années 1990, une volonté est affichée de redynamiser le tissu urbain lillois. Allié à la pression immobilière et à la redécouverte du pittoresque de la vie de quartier lilloise (en particulier de Wazemmes), les actions menées contribuent également à éloigner vers la périphérie les populations les plus populaires.
Les extensions du périmètre communal
L’enceinte fortifiée de Lille a connu sept extensions successives qui ont fait passer l’espace intra-muros de dix à 1 000 hectares sur une période de 800 ans[2].
Etapes du développement topographique de Lille Aux XIXe et XXe siècles, la commune de Lille a été agrandie à plusieurs reprises par fusion ou association avec des communes voisines, faisant passer sa superficie de 4,11 km² au début du XIXe siècle à 34,83 km² aujourd'hui.
Extension du périmètre communal de Lille depuis 1789Date Superficie en km² 1789-1857 Création de la commune de Lille en 1789, avec un périmètre communal très restreint ne débordant pas des fortifications de la ville. Le périmètre communal reste inchangé jusqu'en 1858. 4,11 13 octobre 1858 Annexion des communes d'Esquermes (5,75 km²), Fives (5,42 km²), Moulins-Lille et Wazemmes (ces deux dernières communes ayant une superficie combinée de 5,76 km²). 21,04 1859-1976 Pendant ces 118 années, près d'une centaine d'hectares de terrain en bordure de la commune sont rattachés à Lille. 22,18 24 avril 1977 La commune d'Hellemmes-Lille (3,34 km²) est rattachée à Lille (fusion-association). 25,52 27 février 2000 La commune de Lomme (9,31 km²) est rattachée à Lille (fusion-association). 34,83 Sources : [1], [2], [3], [4], [5]. Les quartiers de Lille
Contrairement à la plupart des villes médiévales, Lille ne s’est donc pas développée de manière circulaire autour d’un hyper-centre, mais par la construction de quartiers entiers et en absorbant des villes avoisinantes. C'est pourquoi elle se présente plutôt comme une mosaïque de quartiers, avec chacun une physionomie et un dynamisme propre. Le Vieux-Lille n’est que l’un d’entre eux, largement excentré vers le nord.
Les dix quartiers de Lille Bois Blancs Situé à l'ouest de la ville, entre Lomme et Vauban Esquermes, le quartier est entouré par la Deûle et présente une importante activité portuaire. Déjà quartier-pilote pour la décentralisation municipale (première mairie de quartier en 1979), c'est ici que se trouve Euratechnologies. Ce projet, pendant d'Euralille pour l'ouest de Lille et de la Métropole, accueille déjà de nombreuses entreprises (dont Microsoft) et plusieurs centaines d'emplois. Il s'insère de plus dans un vaste projet de renouvellement urbain, « Les Rives de la Haute Deûle ». Avec 7 536 habitants, dont près de la moitié sont actifs, et une population assez jeune, le quartier des Bois Blancs est un quartier vivant « où tout le monde se connaît » dit-on. C'est là l'effet d'une situation géographique particulière et d'une vie associative animée. Les habitants du quartier ont réalisé une visite virtuelle de celui-ci consultable en ligne[3]. Faubourg de Béthune Situé au sud ouest de Lille, le Faubourg de Béthune est l’une des entrées de la ville parmi les plus fréquentées. Plus petit quartier de Lille en superficie, il est coupé en deux horizontalement par le périphérique. La partie au nord du périphérique, qui regroupe les secteurs Concorde et Verhaeren, est traversée par les anciens boulevards industriels le long desquels ont été édifiés de grands ensembles d’habitat social. Construits dès les années 1930 et jusqu'aux années 1950, ces grands ensembles sont élevés sur les anciennes fortifications du XIXe siècle. La partie au sud du périphérique, celle du secteur Vieux-Faubourg, le long de l'ancienne route de Béthune, est plus ancienne. Fives Situé à l'est de Lille, entre le périphérique et Hellemmes, Fives est le produit de l’industrialisation au XIXe siècle qui a fait de ce quartier « l’usine » de Lille. Pendant près de deux siècles, Fives a filé, tissé, forgé, fondu, assemblé, usiné. Le quartier a gardé de cette histoire socialement riche, une identité forte, très imprégnée de culture ouvrière. La restructuration urbaine, la percée de nouveaux axes de circulation interurbains, la construction de nouveaux logements, d’immeubles de bureaux, ont participé à l’effort de rénovation et de mixité sociale tout en permettant le maintien d’une population très attachée à son quartier. Une nouvelle place, la place Pierre De Geyter, a été aménagée au cœur de Fives, avec comme objectif de constituer un vrai centre autour de la mairie de quartier avec de nouveaux axes, des activités économiques et de nouveaux services à la population. Lille-Centre Le Centre, c'est la vitrine de Lille... Mais c'est aussi un quartier important de Lille, avec plus de 23 000 habitants. Il couvre un vaste secteur qui s'étend de la gare Saint Sauveur aux halles Solférino, jusqu'à Euralille. Ce quartier atypique offre une densité commerciale et une vie culturelle intense. Le quartier n'est pas monolithique, on distingue quatre secteurs : le noyau ancien avec l'hypercentre autour de la Grand' Place, le quartier « haussmannien » du côté de la place de la République et du boulevard de la Liberté, le secteur plus récent des années 1960 qui concentre une partie de l'habitat collectif du quartier à proximité de l'Hôtel de Ville, avec notamment la résidence Delory, et le nouveau quartier Euralille encore en cours d'aménagement. Lille-Moulins Situé au sud est de Lille, Moulins est l’un des quartiers de la ville qui s’est le plus transformé au cours de ces dernières années. Les anciennes usines textiles ont été conservées pour accueillir des logements sociaux, un théâtre, une Médiathèque et des services administratifs. La Faculté de Droit, l’Institut d'études politiques de Lille, l’Institut régional d'administration ou encore l’École d’Optique s'y sont implantés, apportant au quartier une vie étudiante forte. Ce quartier est également bien doté en clubs et équipements sportifs, culturels et de santé. Au cours des dix dernières années, plus de 2 000 logements ont ainsi été construits à Moulins. Le « Grand Projet Urbain », Porte de Valenciennes, va permettre la réhabilitation et la construction de nouveaux logements, d’équipements et d’espaces publics, dans le prolongement de la dynamique urbaine d’Euralille. Lille-Sud Situé tout au sud de Lille, de l'autre côté du périphérique, le quartier de Lille-Sud est l’un des plus importants de la ville avec plus de 20 000 habitants. Il est bordé à l’ouest par l’immense site universitaire hospitalier qu’est le CHRU et son pôle de développement économique Eurasanté, la nouvelle faculté de médecine et l’hôpital Jeanne de Flandre. Au centre, la rue du Faubourg des Postes profile son devenir de « Faubourg des Modes ». À l'est, le cimetière du sud occupe une superficie de 33 hectares. La mise en œuvre du « Grand Projet Urbain » promet le quartier à des transformations importantes en matière de logements, d’équipements et de qualité du cadre de vie dans les prochaines années. Saint-Maurice Pellevoisin Situé au nord est de Lille, à deux pas du centre-ville, d’Euralille et de la Gare de Lille-Europe, le quartier Saint-Maurice Pellevoisin dispose de nombreux atouts dont la qualité urbaine est marquée par un habitat très diversifié. Saint-Maurice Pellevoisin est situé le long des axes majeurs de la métropole lilloise que sont le Grand Boulevard, le périphérique et la Voie Rapide Urbaine Lille-Roubaix. Il est traversé et irrigué par la rue du Faubourg de Roubaix, vers le Centre, et la liaison Fives - La Madeleine, par les rues Saint-Gabriel et de la Louvière. Le sud ouest du quartier est occupé par le cimetière de l'est, d'une superficie de 22 hectares. Vauban Esquermes Situé à l'ouest, au sud de la citadelle, Vauban Esquermes est le plus jeune de tous les quartiers lillois, le plus « étudiant », avec notamment l'Institut catholique de Lille, l'EDHEC et de nombreux établissements supérieurs. C'est aussi celui qui a le plus progressé en nombre d’habitants depuis dix ans. Deux atouts du quartier sont vivement appréciés de ses habitants, d’une part sa proximité immédiate du centre-ville et d’autre part son ouverture sur les grands espaces verts (Bois de Boulogne, jardin Vauban, Zoo) qui en font le quartier le plus aéré de Lille. Vieux-Lille Situé au nord, le Vieux-Lille est sans doute – avec le Centre – le quartier le plus fréquenté et le plus connu de Lille. L’effort accompli depuis plusieurs années pour mettre en valeur son patrimoine et y créer une ambiance attrayante a fait son succès auprès des habitants mais aussi des touristes qui y viennent de plus en plus nombreux. Avec le label « Lille, ville d’art et d’histoire » ou celui de « Lille, ville touristique », l’attraction est encore plus forte. On a plaqué sur le Vieux-Lille le cliché du quartier riche, parce qu’il est proche de l’hyper-centre et qu’il est historique. Mais contrairement aux idées reçues, il présente une grande mixité sociale. Wazemmes Ce quartier ancien et populaire, bordé à l'ouest par Vauban Esquermes, au nord par le Centre et à l'est par Moulins, a su opérer une profonde mutation. Peu à peu, les friches industrielles, les usines fermées, ont été démolies ou reconquises. Ces espaces libérés ont été transformés soit en équipements collectifs, soit en logements ou en espaces verts, favorisant l’arrivée d’une population nouvelle, plus jeune et plus diversifiée, tout en maintenant la mixité sociale. Le rayonnement de Wazemmes a largement dépassé les limites du quartier et de la ville et l’on vient de loin au marché du dimanche (40 000 visiteurs chaque dimanche matin) mais aussi rue Gambetta qui draine chaque jour de nombreux visiteurs sur ses 1,2 km de linéaire commercial. À ces quartiers traditionnels il faut ajouter Hellemmes à l'est et Lomme à l'ouest, communes associées plus récemment.
Les deux communes associées Hellemmes-Lille Situé à l’est de la ville, dans le prolongement de Fives, Hellemmes se développe comme lui avec la révolution industrielle. Au cours de la première moitié du XXe siècle, Hellemmes est une cité ouvrière organisée autour de l’immense usine de Fives Cail Babcock, des ateliers d’entretien de la SNCF et de nombreuses entreprises textiles. Fortement touché par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, confronté au déclin de ses industries à partir des années 1970, Hellemmes a connu et connaît encore actuellement d’importants programmes de construction et de rénovation urbaine. Lomme Situé à l’ouest de Lille, couvrant une surface de plus de 930 hectares, Lomme s’est dans un premier temps développé le long de la route de Dunkerque, longtemps nommée la Grand'Route, sur un territoire à forte dominante rurale. Dans les années 1920, Lomme accueille la nouvelle gare de triage de Lomme-Délivrance et la cité jardin construite par la Compagnie des chemins de fer du Nord pour y loger ses employés. Forte de 28 000 habitants, Lomme est aujourd’hui une ville résidentielle dont les réserves foncières ont permis d’accueillir le second Marché d'intérêt national du pays, une zone d’activité commerciale et le plus grand complexe cinématographique de France. Références
- Cette zone est alors en champs, avec juste quelques habitats le long de la route d’Arras (qui devient la rue d’Arras). Située sur le versant s’élevant vers le Mélantois, des plans anciens y figurent quantité de moulins à vent
- Agrandissements et enceintes sur lilledantan.com. Consulté le 10 octobre 2009
- Visite virtuelle du quartier des bois blancs
- Portail de l’histoire
- Portail de l’architecture et de l’urbanisme
- Portail du Nord-Pas-de-Calais
- Portail de Lille Métropole
Wikimedia Foundation. 2010.