- Cœmeteria
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Catacombes
Les catacombes sont des excavations souterraines où les anciens plaçaient dans des tombes les corps qu'ils ne brûlaient pas. La plupart de ces catacombes n'étaient à l'origine que d'anciennes carrières abandonnées. Le mot catacombes vient du latin ecclésiastique catacumbæ, par métathèse et par attraction de -cumbere (reposer), de l’expression cata tumbas (parmi les tombes), du grec κατα (en bas) et τυμβος (tombe) (1).
Les plus fameuses sont celles de Rome, principalement celles de Saint-Étienne, et celle de Saint-Calixte ; celles de Lille, qui, d'abord employées à la sépulture des païens, furent au IVe siècle uniquement réservées aux chrétiens (on y a construit un grand nombre d'églises et de chapelles); celles de Syracuse, les célèbres latomies de Denys le Tyran ; celles de Catane, d'Agrigente et de Païenne. Souvent les catacombes servirent de refuge aux chrétiens des premiers siècles : dans les temps de persécution, ils s'y réunissaient en secret pour prier ainsi que célébrer l'Eucharistie.
Sommaire
Catacombes de Rome
Catacombes de Rome Lieu de construction Extérieur du pomœrium Date de construction à partir du IIIe siècle av. J.-C. Ordonné par République romaine Type de bâtiment Catacombes
Le plan de Rome ci-dessus est intemporel.Liste des monuments de la Rome antique Série Rome antique Les catacombes de Rome furent les lieux de sépultures souterraines dans lesquelles les chrétiens de Rome, notamment, enterraient leurs morts lors des premiers siècles après Jésus-Christ.
Le nom original de ces lieux était « cœmeteria » (dortoirs). Le terme « catacombe » pourrait venir d'une expression hybride gréco-latine, mais ce n'est qu'à partir de Xe siècle que l'expression devint un nom générique pour ce genre de cimetière chrétien souterrain.
Les catacombes les plus importantes étaient chrétiennes, mais il en existait aussi pour les juifs et les païens.
Histoire
Les premières catacombes furent creusées dès le IIIe siècle av. J.-C. en dehors de l'ancienne enceinte des murs (le long des voies d'accès à Rome), pour respecter la loi romaine obligeant d'ensevelir ou d'incinérer les cadavres à l'extérieur de la Ville : c'est la limite du pomœrium. En ce sens les Romains reprenaient l'ancienne pratique des Étrusques. En fait un seul de ces cimetières portait le nom de Catacombe, celui de San Sebastiano sur la Via Appia dont l'entrée se situait au fond d'une dépression, une combe, une carrière.
Ce lieu devint ensuite, au IVe siècle, un lieu de pèlerinage pour honorer les martyrs de Rome. Cependant selon des historiens l'utilisation des catacombes par les chrétiens pour se cacher lors des persécutions ne serait pas établie, ils admettent seulement que les chrétiens les utilisaient pour célébrer leurs rites religieux à l'occasion des funérailles de leurs coreligionnaires.
Au VIe siècle, les catacombes cessèrent peu à peu d'être des lieux de sépulture, mais restèrent un certain temps des lieux de dévotion, attestés par les nombreux graffitis laissés par les pèlerins sur les tombes des martyrs, par exemple les prières adressées à St Pierre et St Paul, laissés dans la Memoria Apostolica (Mémoire des Apôtres) à San Sebastiano.
Cependant, quelques catacombes restèrent des lieux de vénération toujours connus et vénérés, les catacombes de San Sebastiano, San Lorenzo, San Pancrazio et San Valentino. Au IXe siècle, au cours de nombreuses invasions (notamment sarazines), les reliques des martyrs furent transférées dans les églises de Rome, ainsi beaucoup de catacombes sont définitivement condamnées et seront redécouvertes de nombreux siècles après par des archéologues.
L'organisation
Elles furent prolongées sans plan, jusqu'à une hauteur de 5 ou 6 mètres, superposées sur plusieurs niveaux, s'enfonçant jusqu'à 20 mètres. Les couloirs étaient extrêmement étroits (60 à 80 cm).
On compte aujourd'hui une soixantaine de catacombes, abritant des milliers de tombes, réparties sur plusieurs centaines de kilomètres. Chaque galerie principale est entrecoupée de galeries secondaires qui forment un véritable réseau. Dans les catacombes de San Sebastiano, les galeries s'étendent sur plus de douze kilomètres. Les 65 catacombes connues développent au total leurs galeries sur plus de 600 kilomètres.
Les galeries donnent accès à des chambres funéraires, appelées cryptes (crypta), certaines contenaient la tombe d'un martyr ou étaient destinées à la célébration de cérémonies liturgiques et d'anniversaires des défunts (Refrigerium). La crypte la plus connue est la crypte des Papes, dans la catacombe de Saint-Calixte.
Le long des galeries sont creusées des niches rectangulaires où les corps étaient déposés. Les niches qui refermaient les sépultures étaient recouvertes par une plaque de marbre, de terre cuite ou de bois. La plupart de ces niches pouvaient contenir deux ou plusieurs corps et les noms des défunts étaient gravés sur la plaque, ou on y apposait des objets ayant appartenu au défunt. Ce type de sépultures se nommait loculus. Plus tard des loculi ont été creusés dans les chapelles, sous les pavements et même dans les escaliers. Ce type de sépulture était réservé aux plus pauvres (d'où le fait qu'ils pouvaient contenir jusqu'à cinq corps, souvent des gens de la même famille, qui, faute de moyens ne pouvaient s'offrir mieux comme dernière demeure). Ces loculi étaient étagés le long d'une paroi en piles ou pilae.
Il existe un autre type de sépulture proche du loculus, appelé « tombes à mensa ». Mais à la différence des loculi, il s'agit non plus de niches creusées en longueur dans le mur, mais plutôt en profondeur (un peu comme le système de nos morgues actuelles...)
Les galeries peuvent aussi mener à des cubicula, qui sont des chambres funéraires pouvant contenir plusieurs loculi. Ce type de chambre était réservé aux plus aisés et pouvait faire office de caveau familial, on y rencontrait également des membres d'un même métier.
Certaines niches, nommées arcosoliums, étaient des tombeaux plus vastes et plus soignés et portaient des décorations. Au-dessus de la tombe, creusée dans le tuf il y avait un arc, d'où leur nom. Plus tard elles furent construites et la pierre qui recouvrait la tombe, disposée à l'horizontale, pouvait servir d'autel pour célébrer la messe.
Les catacombes pouvaient être éclairées par quelques rares soupiraux, des lampes à huile, des candélabres, des lampes suspendues ainsi que des lucernaires — ces grands puits remontant à la surface ont servi aux ouvriers, lors de la construction des galeries, à faire passer leurs divers outils et à déblayer la terre.
Les décorations
Les catacombes étaient fréquemment décorées de stucs ou de peintures expressives et riches de contrastes chromatiques.
Le style pictural le plus employé est le style linéaire rouge et vert. Il consiste à délimiter de façon géométrique, par des lignes de peinture rouge et verte sur fond blanc, des cadres pouvant accueillir une scène ou divers motifs. Ce style est inspiré d'un style décoratif romain, le quatrième style pompéien.
Au niveau iconographique, les thèmes varient selon les périodes. En effet, avant la date de 313 qui est celle de la proclamation de l'édit de Milan par Constantin, accordant la liberté de culte, les chrétiens souffrent de persécutions et ne peuvent donc s'exprimer ouvertement. Les peintures des catacombes sont donc à cette époque symboliques et étaient souvent utilisés les symboles de la nouvelle foi : le poisson, l'olivier, le pain, les rameaux, la vigne, la colombe et le bateau. Puis, après la date de 313, les chrétiens peuvent enfin s'exprimer librement ; l'iconographie change alors et des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament sont représentées sur les parois. Les thèmes que l'on rencontre le plus souvent sont ceux des épisodes de la vie de Jonas — notamment celui de Jonas dévoré par le monstre marin — ou des passages de la vie du Christ (la Guérison du Paralytique, la Résurrection de Lazare...).
Cependant, il est bon de souligner que, tous les individus enterrés dans les catacombes n'étant pas chrétiens, il existait aussi des décorations païennes faisant par exemple allusion à la mythologie gréco-romaine.
Catacombes de Paris
Article détaillé : Catacombes de Paris.Par extension, c'est aussi le nom que l'on a donné à la partie des Carrières souterraines de Paris dans laquelle ont été entreposés les ossements de millions de personnes lorsque l'on a décidé de vider les cimetières parisiens à partir de 1786, ainsi que les restes que renfermaient les églises, et on en a formé d'immenses ossuaires. Les catacombes de Paris sont une partie des anciennes carrières s'étendant sous une grande partie de la ville de Paris. L'appellation de catacombes, dans le cas de la ville de Paris, est abusive. Il s'agit en réalité d'un ossuaire, les os ayant été déplacés depuis des cimetières.
Les carrières de Paris se composent aujourd'hui, d'un réseau de galeries d'inspections dont l'accès est strictement interdit depuis 1955, et de l'ossuaire municipal situé 1 avenue du colonel Rol-Tanguy, où sont entreposés les restes de 6 millions de Parisiens.
Comme cadre de fictions littéraires et cinématographique
Au cinéma plusieurs films furent tournés dans les « catacombes » : Cartouche (avec Jean-Paul Belmondo), mais surtout Les Gaspards avec entre autres acteurs Chantal Goya.
C'est aussi en grande partie dans ce cadre que se déroule L'Affaire du collier de Blake et Mortimer, qui parle de la conjuration de la cagoule (1934).
Visiter les catacombes de Paris
- Les catacombes peuvent être visitées pendant la journée. Une partie est ouverte au public, et bien entretenue. Le parcours se fait pendant un temps au milieu des ossements dont certains sont disposés en motifs de cœur ou de croix. De plus, on trouvera tout au long du chemin des poèmes et autres épitaphes traitant de la mort.
- Sous l'hôpital Cochin, la Carrières des Capucins est transformée en écomusée. Elle présente une concentration de consolidations de diverses époques ainsi que de curiosités comme il n'en existe nulle part ailleurs dans les anciennes carrières. Le musée n'est malheureusement visitable que pour des groupes, sur rendez-vous auprès de l'association (SEADACC) à laquelle la mairie de Paris a confié la gestion du site.
- De nombreuses personnes visitent également le reste du réseau de carrières souterraines. Ceci reste néanmoins une infraction qu'un officier de police peut sanctionner d'une amende. On appelle ces explorateurs des sous sols parisiens les « cataphiles », et nombre de néologismes sont formés sur cette base (cataguide, etc.). Il est bien entendu très dangereux de s'aventurer dans ce dédale de galeries sans être accompagné par quelqu'un connaissant les lieux : le réseau s'étendant sur environ 250 km, il est facile de se perdre.
Catacombes de Lyon
Il existerait aussi des catacombes à Lyon mais elles sont fermées au public du fait des risques élevés d'éboulement. Comme à Paris, ces « catacombes » n'en portent que le nom, n'étant ni des ossuaires ni des cryptes.
Elles s'étendent sous Fourvière, et aussi sous la Croix-Rousse et dans le vieux Lyon. De rares privilégiés ont réussi à les voir. La localisation des différentes entrées des catacombes lyonnaises n'est pas divulguée du fait que ces catacombes ne sont pas ouvertes au public. À la Croix-Rousse, les entrées des catacombes se situent principalement dans des caves profondes ; celles qui ont été découvertes, ont été condamnées. À Fourvière, les entrées connues sont toutes condamnées (même s'il est probable que certaines demeurent accessibles).
Dans le vieux Lyon, les entrées se trouvent dans les caves et dans les égouts (elles sont toutes soit condamnées, soit surveillées). Aucune découverte marquante n'y a été effectuée, mis à part 4 à 5 mètres cubes ossements humains en 1952, et des poteries et autres objets d'époque romaine... Les rumeurs sur des trésors dissimulés par des résistants au cours de la Seconde Guerre mondiale sont donc, jusqu'à ce jour, sans fondement.
Les galeries lyonnaises sont le plus souvent des galeries de drainage creusées au cours des époques soit pour capter, soit pour évacuer l'eau afin d'éviter tout effondrement des collines telle la catastrophe de 1930 où un pan de la colline de Fourvière s'effondra.
Des galeries militaires ont été bâties en même temps que la ceinture de forts autour de Lyon. Enfin certaines galeries gardent leur mystère quant à leur fonction, telles les « Arêtes de poisson », qui portent ce nom à cause de leur forme faisant penser à un squelette de poisson.
En revanche les « réseaux » lyonnais sont multiples de divers tailles, roche, époque et même si quelques uns communiquent entre eux, ces derniers sont relativement éparpillés entre les deux collines lyonnaises.
Bibliographie
Les catacombes de Rome ont été décrites par Antonio Bosio, par Giovanni Gaetano Bottari et par Louis Perret, Paris, 1853-1857.
Le premier art chrétien. André Grabar.
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Références et sources
- « Chambers Dictionary of Etymology », Chambers (New York), 1988, Isbn 0-550-14230-4, articles catacomb et tomb
- « Catacombes », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang [sous la dir. de], Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions] (Wikisource)
Voir aussi
- Antiquité tardive
- Catacombes de Rome
- Catacombe de Saint-Calixte
- Catacombes capucines de Palerme
- Catacombes de Sousse
- Cataphile
- Dessous de Paris
Liens externes
- Encyclopédie minimale des catacombes
- Les catacombes chrétiennes de Rome (français)
- Annuaire de liens sur l'exploration souterraine
- « Policiers en sous-sol »
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