- Cylindre de Cyrus
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Le Cylindre de Cyrus est un cylindre d'argile sur lequel est inscrit en akkadien cunéiforme une proclamation du roi de Perse Cyrus II. Ce texte est consécutif à la prise de Babylone par ce dernier, après sa victoire sur le souverain local, Nabonide, en 539 av. J.-C..
Sommaire
Histoire du Cylindre
Il a été découvert à Babylone en 1879, et est depuis exposé au British Museum de Londres, où il se trouve toujours en 2011
Ce document est couramment mentionné comme étant la « première charte des droits de l'homme », mais une telle filiation est controversée. En 1971, l'ONU l'a traduit dans toutes ses langues officielles. On peut en fait le restituer dans une tradition mésopotamienne présentant l'idéal du roi juste, dont le premier exemple connu est celui du roi Urukagina de Lagash, ayant régné au XXIVe siècle av. J.‑C., et dont un des autres illustres représentants est Hammurabi de Babylone, avec son fameux code datant du XVIIIe siècle av. J.‑C..
Prêt du Cylindre aux autorités iraniennes
Le British Museum avait prévu de prêter ce trésor archéologique à l'Iran en 2010, mais le refroidissement des relations entre l'Iran et la Grande-Bretagne, suite à la réélection contestée du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, a poussé l'Iran, par la voie d'une annonce faite le 7 février 2010[1], à rompre toute relation avec le prestigieux musée britannique, annulant ainsi le prêt du Cylindre. Finalement, il est prêté à l'Iran le 10 septembre 2010 pour une durée de quatre mois afin d'être exposé au public après 40 ans d'absence du pays[2].
Contenu du texte du Cylindre
Présentation générale
Ce texte est avant tout un acte de propagande royale, montrant la façon avec laquelle le nouveau maître de Babylone s'attache ses nouveaux sujets, en mettant en avant sa valeur, en s'inscrivant dans la tradition babylonienne, et en s'appuyant sur les groupes de personnes hostiles à Nabonide.
La proclamation des décisions justes prise par Cyrus II n'est qu'une partie du texte. Le début retrace les événements ayant amené à la prise de Babylone par Cyrus : il y est décrit comment Nabonide était un mauvais roi qui a attiré sur lui la colère du grand dieu national Marduk, qui a alors cherché un nouvel élu pour sa ville et choisi Cyrus. Il a permis à ce dernier de remporter une grande victoire contre les Mèdes, et, devant l'attitude juste de celui-ci, il l'a chargé de prendre Babylone pour devenir le « Roi du Monde ». Le texte décrit comment cet avènement fut reçu avec une grande satisfaction par les Babyloniens, contents d'être débarrassés de Nabonide. Cette partie du texte est très proche dans l'esprit de la Chronique de Nabonide, relatant les mêmes événements avec la même partialité. Elle retranscrit l'état de pensée des anciens opposants de Nabonide, dont devaient faire partie les puissants membres du clergé de Marduk à Babylone que celui-ci avait beaucoup lésé.
Viennent ensuite les mesures prises par Cyrus pour les Babyloniens : il règne pacifiquement, délivre certaines personnes de corvées injustes, octroie aux gens des pays déportés le droit de retour dans leur pays d'origine, laisse les statues de divinités autrefois emmenées à Babylone revenir dans leurs sanctuaires d'origine et, pour conclure, proclame la liberté totale de culte dans son empire.
La fin du texte, lacunaire, commémore la reconstruction de Dur-Imgur-Enlil, une muraille de Babylone.
Extrait de l'édit
« Je suis Cyrus, roi du monde, grand roi, puissant roi, roi de Babylone, roi de Sumer et d'Akkad, roi des quatre quarts, le fils de Cambyse, grand roi, roi d'Anšan, petit-fils de Cyrus, grand roi, roi d'Anšan, descendant de Teispès, grand roi, roi d'Anšan, d'une lignée royale éternelle, dont Bel et Nabû aiment la royauté, dont ils désirent le gouvernement pour le plaisir de leur cœur. Quand je suis entré à Babylone d'une manière pacifique, j'établis ma demeure seigneuriale dans le palais royal au sein des réjouissances et du bonheur. Marduk, le grand seigneur, fixa comme son destin pour moi un cœur magnanime d'un être aimant Babylone, et je m'emploie à sa dévotion au quotidien. Ma vaste armée marcha sur Babylone en paix ; je ne permis à personne d'effrayer les peuples de Sumer et d'Akkad. J'ai recherché le bien-être de la ville de Babylone et de tous ses centres sacrés. Pour ce qui est des citoyens de Babylone, auxquels [[[Nabonide]]] avait imposé une corvée n'étant pas le souhait des dieux et ne [...] convenant guère [aux citoyens], je soulageai leur lassitude et les libérai de leur service. Marduk, le grand seigneur, se réjouit de mes bonnes actions. Il donna sa gracieuse bénédiction à moi, Cyrus, le roi qui le vénère, et à Cambyse, le fils qui est ma progéniture, et à toute mon armée, et en paix, devant lui, nous nous déplaçâmes en amitié. Par sa parole exaltée, tous les rois qui siègent sur des trônes à travers le monde, de la mer Supérieure à la mer Inférieure, qui vivent en des districts fort éloignés, les rois de l'Ouest, qui résident en des tentes, tous, apportèrent leur lourd tribut devant moi et à Babylone embrassèrent mes pieds. De Babylone à Assur et de Suze, Agade, Eshnunna, Zamban, Me-Turnu, Der, d'aussi loin que la région de Gutium, les centres sacrés de l'autre côté du Tigre, dont les sanctuaires avaient été abandonnés pendant longtemps, je retournai les images des dieux, qui avaient résidé [à Babylone], à leur place et je les laissai résider en leurs demeures éternelles. Je rassemblai tous leurs habitants et leur redonnai leurs résidences. En plus, sur commande de Marduk, le grand seigneur, j'installai en leurs habitats, en d'agréables demeures, les dieux de Sumer et Akkad, que Nabonide, provoquant la colère du seigneur des dieux, avait apportés à Babylone. Puissent tous les dieux que j'installai dans leurs centres sacrés demander quotidiennement à Bel et Nabû que mes jours soient longs, et puissent-ils intercéder pour mon bien-être. [...] Le peuple de Babylone bénit mon règne, et j'établis toutes les terres en de pacifiques demeures[3]. »
Notes et références
- « Le Cylindre de Cyrus, enjeu diplomatique » tiré du site LeMonde.fr. Article du 7 février 2010 intitulé
- « Le cylindre Cyrus renvoyé à l'Iran par le British Museum pour 4 mois » tirée du site LeMonde.fr. Dépêche du 10 septembre 2010 de l'AFP intitulée
- une page de l'article de Livius.org consacré au Cyclindre de Cyrus. (Voir Discussion) Cet extrait est une retraduction littérale de la traduction anglaise se trouvant sur
Voir aussi
Liens externes
- Document PDF présentant la numérisation graphique du Cylindre.
- (en) Court article de présentation du Cylindre de Cyrus sur le site Livius.org
Catégories :- Empire achéménide
- Droits de l'homme
- Objet conservé au British Museum
- Babylonie
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