- Hammurabi
-
Pour l’article homonyme, voir Hamurabi.
Hammurabi, parfois également transcrit Hammourabi, ou Hammu-rapi, nom qui signifie « l'aïeul est grand » ou « l'aïeul est un guérisseur », est le sixième roi de la première dynastie de Babylone, dynastie d'origine amorrite, comme celles des autres grands souverains mésopotamiens de son temps. Il a régné de 1792 av. J.-C., jusqu’à sa mort, vers 1750 av. J.-C. Son règne est l’un des plus longs de l’antiquité du Proche-Orient et l'un des plus prestigieux par l'ampleur de son œuvre politique et législative. Il a achevé la conquête de Sumer et d’Akkad. Il a été le premier roi à établir la domination du royaume babylonien sur la Mésopotamie, et peut à ce titre être considéré comme l'un des grands artisans du prestige et de la puissance à venir de cette cité.
Sommaire
Un règne marqué par de grandes conquêtes
Un début de règne mal connu
Hammurabi succède à son père Sîn-Muballit et hérite donc de son modeste royaume qui s’étend le long de l’Euphrate sur les cités entourant sa capitale. Il domine quelques villes importantes de la partie nord de la basse Mésopotamie : Kish, Sippar, Borsippa et Dilbat. Son père avait achevé quelques conquêtes dans le sud mésopotamien, mais elles furent vite reprises par le roi le plus puissant de la région, Rîm-Sîn de Larsa. Babylone est alors une puissance montante, qui ne s'est néanmoins pas encore imposée dans le concert international. Au nord, la Mésopotamie est dominée par Samsi-Addu (aussi appelé Shamshi-Adad), roi originaire d'Ekallatum, qui dirige ce que les historiens contemporains appellent Royaume de Haute-Mésopotamie. Ce dernier est un allié de Hammurabi.
La première décennie du règne de Hammurabi est mal connue. On sait par ses noms d'années qu'il remporte quelques victoires militaires. Il poursuit les entreprises de son prédécesseur vers le sud, et prend temporairement Isin et Uruk, que le roi de Larsa reprend ensuite. Durant la neuvième et la dixième année de son règne, il s'empare des cités de Malgium et Râpiqum, ce qui lui permet de renforcer son emprise sur le nord de la basse Mésopotamie.
Conflits contre Eshnunna et l'Élam
En 1775, Samsi-Addu meurt, et son royaume s'effondre alors, ouvrant des années de conflit pour la domination de la haute Mésopotamie. Le premier roi à tenter d'affirmer sa domination sur la région est celui d'Eshnunna, Ibal-pi-El II. Ce dernier attaque le royaume de Mari, dirigé par le roi Zimri-Lim, que Hammurabi choisit de soutenir, sans doute pour éviter de subir les suites de l'expansion du roi d'Eshnunna, qui est son voisin sur sa frontière nord-est. L'offensive d'Eshnunna échoue face aux alliés. Ces deux derniers entrent alors en négociation sur la domination de leur région frontalière sur l'Euphrate, et finissent par se partager la suzeraineté sur la principale ville de cette région, Hît, faute de meilleure solution.
Après quelques années de paix, avant que le roi d'Élam Siwepalarhuhpak ne décide de s'attaquer à Eshnunna, et demande l'aide des rois de Babylone et de Mari, qui sont en théorie ses vassaux. Ces derniers acceptent, car cela les débarrasse de leur grand rival, qui est vaincu. Mais le roi élamite poursuit son offensive, et cherche à son tour à prendre le contrôle de la haute Mésopotamie, demandant à Babylone et à Mari de se soumettre. Les deux rois montent alors une coalition avec d'autres souverains mésopotamiens, et réussissent à repousser difficilement les Élamites, dont les troupes évacuent finalement la Mésopotamie.
La conquête de la Mésopotamie
Le triomphe contre l'Élam marque un tournant dans le règne de Hammurabi, qui enchaîne alors une série de victoire qui lui permettent de dominer la Mésopotamie. En 1763, un an après l'offensive élamite, l'armée babylonienne triomphe de celle de Larsa, qui ne l'avait pas soutenue lors du conflit précédent. Cela permet à Hammurabi de dominer tout le sud de la Mésopotamie, avec l'ancien pays de Sumer, ce qui constitue son plus grand succès. Il rattache finalement le royaume de Larsa au sien.
Les offensives suivantes conduisent les troupes babyloniennes à la conquête de la haute Mésopotamie. En 1761, ce qui restait du royaume d'Eshnunna est soumis. Cette expansion finit par provoquer un conflit face à Zimri-Lim de Mari, l'ancien allié, qui est vaincu en 1760, et sa capitale est détruite l'année suivante. Les années suivantes, mal connues, aboutissent à la domination des régions riveraines du Tigre en haute Mésopotamie, le cœur de l'ancien royaume d'Ekallatum et la cité d'Assur.
Héritage politique
À sa mort en 1750, Hammurabi domine donc la majeure partie de la Mésopotamie, ce que personne n'avait plus réussi depuis l'époque des souverains de la Troisième dynastie d'Ur trois siècles plus tôt. Babylone est devenue une des principales puissances du Proche-Orient ancien, aux côtés du Yamkhad (Alep) à l'ouest et de l'Élam à l'est. À partir de ce règne, c'est Babylone qui domine le destin de la basse Mésopotamie pour plus d'un millénaire, et le processus qui fait d'elle la principale métropole de la région est enclenché, même si rien n'est joué au moment de la mort de Hammurabi, car la domination babylonienne est alors très jeune. Son fils Samsu-iluna ne réussit pas à préserver la partie nord du royaume dont il hérite, et doit faire face à des révoltes dans l'ancien pays de Sumer, et son règne voit déjà la puissance babylonienne faiblir, même si le royaume amorrite de la première dynastie de Babylone reste la puissance dominante du sud mésopotamien pour un siècle et demi encore.
Œuvre administrative et législative
Le règne de Hammurabi est connu dans ses grandes lignes par des sources essentiellement extérieures au royaume de Babylone, comme les archives royales du palais de Mari qui nous montrent Hammurabi dans son activité diplomatique, avec notamment des comptes-rendus d'audiences de messagers étrangers à la cour babylonienne. La vie du roi et de sa cour nous est pour le reste à peu près inconnue, et on ignore jusqu'au nom de son épouse principale. Ses grands travaux sont connus par quelques inscriptions, mais on ne sait pas grand chose à leur propos. Les archives administratives de son règne sont peu nombreuses en comparaison de celles datant de ses successeurs. La situation du royaume de Babylone sous l'un de ses plus grands souverains est dont relativement mal connue, malgré l'abondance de documents issus de pays voisins ou de règnes précédents et futurs.
L'organisation des territoires conquis
Hammurabi a dû mettre en place son autorité sur des provinces nouvellement créées suite à ses conquêtes. Cela concerne surtout le sud mésopotamien pris sur le royaume de Larsa, qui est la région la plus riche qu'il soumet et celle sur laquelle l'emprise babylonienne est la plus forte et la plus durable. Une fois le royaume conquis sur Rîm-Sîn, Hammurabi ne choisit pas de l'incorporer dans son royaume dans un premier temps. Il se fait roi de Larsa, et proclame un édit de mîšarum qui abolit les dettes contractées dans le royaume auparavant, comme on le faisait à chaque début de règne. Puis il annexe finalement ce royaume au sien, le divise en deux provinces et y impose sa législation.
Un autre problème auquel est confronté Hammurabi suite à sa conquête est la confiscation et la redistribution de terres appartenant à d'anciens notables travaillant pour le royaume de Larsa, et déchus de leurs fonctions après la conquête. Il organise leur redistribution à ses fidèles et à des personnes qu'il veut s'attacher. Cette charge est confiée à un de ses hommes, Shamash-hazir, intendant du domaine royal dans la région de Larsa et chargé à ce titre de concéder des terres. Les lettres que Hammurabi lui a envoyé ont été retrouvées sur le site de Larsa, et permettent de mieux connaître les qualités d'administrateur de ce roi. On dispose également d'autres lettres envoyées par Hammurabi à des responsables de la province de Larsa, dont le plus important, le gouverneur Sîn-iddinam.
Le roi législateur
Article détaillé : Code d'Hammurabi.Hammurabi est probablement le plus connu des rois de Babylone à l'époque actuelle (avec Nabuchodonosor II) par son « Code » de lois dont un exemplaire presque complet a été retrouvé en 1901 sur une stèle exhumée à Suse en Iran où elle avait été amenée suite à un pillage effectué en Babylonie par des rois élamites. Il s'agit en fait d'un recueil de sentences du roi collectées et compilées pour fournir une sorte de traité de jurisprudence, le tout prenant la forme d'une longue inscription à la gloire d'Hammurabi, dans son rôle de roi juste et législateur inspiré par les dieux. Ce texte est également connu par des copies tardives qui permettent notamment de compléter les fragments manquant sur la stèle de Suse. La postérité d'Hammurabi passait donc dès l'Antiquité par son Code, tant il est vrai que son œuvre de conquérant semble avoir peu marqué les historiographes de l'ancienne Mésopotamie.
Voir aussi
Bibliographie
- D. Charpin, Hammu-rabi de Babylone, P.U.F., 2003
- (de) H. Klengel, König Hammurabi und der Alltag Babylons, 2004
- (en) M. Van de Mieroop, King Hammurabi of Babylon : A Biography, Blackwell Publishers, 2005
Articles connexes
Liens externes
- (en) Noms des années de règne de Hammurabi (commémorant les événements majeurs de celles-ci) - CDLI.
- Le Code de Hammurabi à la loupe- Musée du Louvre.
- JP Morenon : Code d'Hammurabi : traductions intégrales, comparées et commentées par 4 traducteurs (JV Scheil, LW King, A Finet et P Cruveilhier).
Souverains de Babylone Précédé par
Sîn-muballitHammurabi
1792 - 1750 av. J.-C.Suivi par
Samsu-iluna- Portail de l’histoire
- Portail du monde antique
- Portail du Proche-Orient ancien
Catégories :- Souverain de Babylone
- XVIIIe siècle av. J.-C.
Wikimedia Foundation. 2010.