- Curtis Emerson LeMay
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Curtis LeMay
Pour les articles homonymes, voir Lemay.Curtis Emerson LeMay, né le 15 novembre 1906 à Columbus (Ohio) et mort le 1er octobre 1990, est un général des forces aériennes des États-Unis (USAAF puis USAF).
Sommaire
Vie privée et carrière
Après des études de génie civil à l'université de l'État de l'Ohio, il entra dans l'United States Army Air Corps en 1928 après avoir eu ses galons d'officier de réserve dans le Reserve Officers and Training Corps.
Il fut promu sous-lieutenant en 1930.
Il se maria avec Helen E. Maitland (décédé en 1994) le 9 juin 1934 et eut une fille, Patricia Jane LeMay Lodge.
Dans les années 1940, sa promotion fut très rapide : capitaine en janvier 1940, major en mars 1941, lieutenant-colonel en janvier 1942, colonel en 1943, général de brigade en septembre 1943, Major-General en mars 1944, lieutenant général en janvier 1948, général d'armée en 1951.
En recevant sa quatrième étoile à l’âge de 44 ans, il fut le plus jeune général depuis Ulysses S. Grant.
Campagnes du Pacifique
Commandant le 305th Bomb Group lors de l’entrée en guerre de son pays, il fut envoyé en Angleterre en 1942 et participa à des missions de bombardement périlleuses sur l'Europe sous domination nazie.
À partir d’août 1944, il dirigea la campagne de bombardements stratégiques lors de la campagne du Pacifique de la Seconde Guerre mondiale, parachevée par les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki.
Son implication dans la planification stratégique des raids menés par les Superforteresses Boeing B-29 de la 20th USAAF au départ des Mariannes fut décisive pour réduire le potentiel industriel permettant au Japon impérial de régénérer ses arsenaux. Face à un phénomène nommé le « courant-jet » (jet stream en anglais) dans la troposphère et rencontré par les avions à haute altitude, les tapis de bombes larguées manquaient leur cible. Curtis LeMay compensa sur le plan tactique cette déficience technique non prévue par les concepteurs de l’avion en recommandant aux pilotes réunis en briefing, à leur grande stupéfaction[1], de voler à basse altitude la nuit sur les villes japonaises, afin de larguer leurs bombes incendiaires. Ce mode opératoire était déjà privilégié par la RAF en Europe.
Le bombardement de Tōkyō de la nuit du 9 au 10 mars 1945, mené par 334 bombardiers B-29 opérant par vagues, fut d’une ampleur sans précédent. Les bombes au napalm causèrent un incendie qui ravagea un tiers de la ville, puisque les usines d’armement se trouvaient au milieu des habitations construites en bois. Quelques quartiers et le palais impérial échappèrent à ce bombardement majeur, qui causa 100 000 morts, soit plus de victimes civiles que les futurs bombardements atomiques.
Le cap des pertes humaines étant passé, ce bombardement ouvrit, dans l’esprit des dirigeants américains, la perspective à l’emploi de l’arme atomique sur des villes moins peuplées.
Interrogé après-guerre sur la dimension morale liée à la planification du bombardement stratégique qu’il avait organisée, le général LeMay répondit de manière laconique sur la nécessité de lier les objectifs aux opérations lors d’un conflit d’une telle ampleur[2]. Cependant, C. LeMay admit aussi publiquement que si les États-Unis avaient perdu la guerre, il aurait été condamné comme criminel de guerre.
Après-guerre
Il organisa ensuite le Strategic Air Command (instance suprême de commandement des forces aériennes stratégiques aux États-Unis d'Amérique) en vue d’une guerre nucléaire durant la Guerre froide.
Il est connu pour ses positions bellicistes qui tendaient à aggraver les tensions lors de graves crises internationales, telles que le blocus de Berlin, en 1948-1949, pendant lequel il recommanda l’usage de l’arme nucléaire contre l’Union soviétique ; ou lors de la crise des missiles de Cuba, en 1962, durant laquelle il fut partisan de l’invasion de l’île. D’après Robert McNamara[3], LeMay était convaincu qu’une guerre nucléaire allait de toute façon avoir lieu, et que dans ces conditions, il fallait veiller à ce que ce soit les États-Unis qui frappent les premiers.
Il prit sa retraite le 1er février 1965.
En 1968, il fut candidat à la vice-présidence des États-Unis, sur le ticket du démocrate dissident et ségrégationniste George Wallace.
Distinctions
Il y eut dans sa carrière de nombreuses distinctions, aussi bien américaines qu'étrangéres telle la Silver Star, la Presidential Unit Citation, la Distinguished Service Cross, la Distinguished Service Medal américaine, l'Ordre la guerre patriotique soviétique, la Distinguished Flying Cross britannique, la Croix de guerre et la Légion d'honneur française, l'Ordre du Soleil levant japonais, la Croix de guerre belge, l'Ordre de l'épée suédois, l'Oissam Alaouite marocain, l'Ordre du mérite aéronautique argentin.
Inspirations
Plusieurs articles ont souligné que Stanley Kubrick se serait largement inspiré d’attitudes et de déclarations de Curtis LeMay pour créer le personnage du général Turgidson, incarné par George C. Scott dans le film Docteur Folamour (Dr. Strangelove). Responsable du déploiement de la force de frappe de l’USAF, LeMay organisa et fit mener, à l’insu du président, des incursions dans l'espace aérien soviétique pour étayer ses théories et convaincre, par la logique du fait accompli, les décideurs politiques.
Voir aussi
Notes
- ↑ Cet emploi non prévu du bombardier le mettait à portée de tir de la défense antiaérienne nippone.
- ↑ Victoire dans le Pacifique, documentaire TV sur Arte, diffusé en septembre 2006.
- ↑ Dans The Fog of War, 2004.
Liens internes
- Arthur Travers Harris, son homologue britannique (théâtre européen)
Lien externe
- Portail de l’histoire militaire
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