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Croiseur
Un croiseur est un navire de guerre, aujourd'hui, le plus puissant et le plus grand des bâtiments de combat, exception faite des porte-aéronefs.
Historiquement, il était considéré comme un navire susceptible d'opérer individuellement, en croisière, comme un cuirassé, mais plus léger et mobile.
Sommaire
Le croiseur aujourd'hui
Dans la terminologie militaire moderne, un croiseur (code OTAN CC, CG, lance-missiles, ou CGN, à propulsion nucléaire) est un grand bâtiment de combat qui dispose des systèmes d'armes lui permettant d'intervenir dans tous les domaines de lutte principaux du combat en mer : lutte anti-sous-marine, lutte anti-navire, lutte anti-aérienne, l'attaque d'objectifs terrestres. Il est de tonnage plus important qu'un destroyer et qu'une frégate, davantage spécialisés dans des domaines de lutte.
Les croiseurs sont généralement dotés de missiles de croisière (attaque d'objectifs terrestres), de missiles anti-navires, de missiles anti-aériens et embarquent des hélicoptères à vocation anti-sous-marine ou anti-navires.
Actuellement, seules l'US Navy et la marine russe possèdent des croiseurs. La Marine nationale française possède également la Jeanne d'Arc, un « croiseur porte-hélicoptères » ; toutefois, il ne s'agit plus d'un navire de combat, mais d'un bâtiment d'instruction destiné aux jeunes officiers diplômés de l'Ecole Navale.
Les États-Unis intègrent leurs croiseurs dans les groupes aéronavals (en anglais CVBG : Carrier Vessel Battle Group) constitués autour de leurs porte-avions à propulsion nucléaire, en les spécialisant plutôt dans un rôle de protection anti-aérienne et anti-missiles, auquel leur système de combat Aegis est particulièrement destiné.
Histoire
Le terme « croiseur » est une invention du milieu du XIXe siècle. A l'époque de la marine à voile, les frégates étaient de petits navires légèrement armés, avec une batterie sur un seul pont, mais capables d'effectuer de longues croisières. Elles étaient censées éviter l'engagement avec le gros des forces ennemies grâce à leur vitesse supérieure aux vaisseaux de ligne.
L'apparition des cuirassés, avec leur armement lui aussi sur un seul pont, qui de ce fait furent souvent désignés par le terme de frégates cuirassées, provoqua le changement de celles-ci en navires de croisière, nom qui fut rapidement abrégé en croiseur. Pendant de nombreuses années, le croiseur constitua le bâtiment intermédiaire entre le cuirassé et le contre-torpilleur ou destroyer. Il assuma donc les missions autrefois dévolues aux anciennes frégates et corvettes, à savoir :
- la guerre de course, dont l'enjeu était la navigation de commerce, où il pouvait agir en attaque lors de raids, ou en défense en escortant des convois, ce type d'opération prendra d'ailleurs souvent le nom de guerre de croiseurs.
- l'éclairage et les liaisons de la flotte, lorsqu'il était intégré dans les escadres de ligne.
- le maintien de la présence dans les colonies lointaines où il servait souvent de bâtiment de combat principal et de symbole de souveraineté.
Les croiseurs comblaient ainsi une des lacunes des cuirassés, qui, bien que sans rivaux du point de vue de l'armement et de la protection, étaient peu capables d'être envoyés loin de leur base, en particulier du fait de leur consommation énorme de charbon.
Cette grande diversité de tâches, associée à l'évolution technologique de la fin du XIXe siècle, provoqua assez rapidement une spécialisation des croiseurs.
Les croiseurs cuirassés
En 1875, apparut le Shannon britannique, qui était le premier représentant des croiseurs cuirassés. Ceux-ci combinaient un armement assez puissant avec généralement deux ou quatre pièces principales d'un calibre de 203 ou 254 mm et une douzaine de pièces secondaires souvent de 152 mm. Une protection, constituée d'une ceinture cuirassée d'épaisseur moyenne, lui permettait de subir seulement le tir de pièces équivalentes à celles qu'il embarquait. Il pouvait en outre filer à une vitesse légèrement supérieure aux cuirassés de l'époque, échappant ainsi à leur chasse. Les croiseurs cuirassés pouvaient être vus comme des cuirassés de deuxième rang, souvent destinés à former les escadres outre-mer.
Les croiseurs protégés
En dessous d'eux, apparut vers 1880, un autre type plus léger, le croiseur protégé, dont la protection était constituée par un pont blindé couvrant les chaudières et les machines à vapeur, ainsi que les soutes à munitions. Ils étaient armés d'une douzaine de canons de calibre moyen, souvent du 152 mm. Leurs missions principales étaient la reconnaissance et la guerre de course.
Les croiseurs auxiliaires
Article principal : Croiseur auxiliaire.Avant la fin du siècle, apparut aussi la pratique d'armer des navires marchands pour la guerre de course, ou la protection des convois. Ces bâtiments furent appelés croiseurs auxiliaires et, bien que moins armés et protégés que les croiseurs conventionnels, ils prirent une part non négligeable dans ces missions, en particulier au cours des deux guerres mondiales.
Les navires convertis étaient souvent des paquebots, choisis pour leur grande vitesse, qu'on équipait de pièces de moyen calibre leur permettant de dissuader les croiseurs ennemis de s'en prendre au convoi, non par le risque de destruction directe mais surtout par la crainte d'avaries sérieuses, très loin d'une base amie. Une autre variante, souvent nommée raider, consistait en la conversion d'un cargo dont l'armement était alors dissimulé, lui permettant d'agir avec l'effet de surprise. Cette technique fut employée surtout par l'Allemagne, avec parfois une très grande réussite, comme dans l'affaire du Kormoran en 1941.
Les croiseurs de bataille
Parallèlement à l'apparition du dreadnought pour les cuirassés, les théories de l'amiral britannique John Arbuthnot Fisher provoquèrent l'apparition d'un nouveau type de bâtiment de ligne. Celui-ci concentrait toute son artillerie dans le calibre maximum pour pouvoir détruire ses adversaires à la plus grande distance possible. La protection n'était pas censée protéger le bâtiment contre une artillerie équivalente, mais seulement contre des pièces de calibres intermédiaires. La philosophie de cette réforme de Fisher tient dans une de ses déclarations, speed is protection (la vitesse est la protection). Ces nouveaux croiseurs de bataille seront donc des navires très rapides, environ cinq nœuds de plus que les cuirassés de l'époque, déplacant un tonnage et pourvus de dimensions identiques, armés d'une artillerie équivalente mais, par contre, incapables de supporter le feu de ceux-ci de façon prolongée. Cette doctrine se révélera tout d'abord assez efficace lors, par exemple, de l'engagement des Falklands, où les croiseurs de bataille montreront qu'ils sont les prédateurs naturels des vieillissants croiseurs cuirassés, mais elle montrera ses limites lors d'engagements de plus grande importance contre des dreadnoughts comme à la bataille du Jutland. À cette occasion, les croiseurs de bataille britanniques subiront une véritable hécatombe face à la flotte de ligne allemande. L'apparition des cuirassés rapides peu avant la Seconde Guerre mondiale (dont le Richelieu de la marine française est une parfaite illustration), finira par donner le coup de grâce au concept de croiseur de bataille.
Les croiseurs légers et croiseurs lourds
Vers 1895, les croiseurs protégés commencèrent à être supplantés par un nouveau type de navire bénéficiant de l'apport des nouvelles technologies, en particulier avec l'apparition des turbines pour la propulsion qui leur donnait des vitesses bien supérieures. L'armement bénéficiait, lui, de la généralisation des canons à tir rapide et du blindage, grâce aux progrès de la métallurgie, de l'adjonction d'une ceinture cuirassée en plus du pont de protection. De bons exemples de ce nouveau type, les croiseurs légers, furent les britanniques de la classe County, ou les allemands de la Dresden.
Au cours de la guerre, un accroissement des dimensions et de la puissance offensive fit émerger une nouvelle catégorie, le croiseur lourd, dont les premiers représentants furent les britanniques de la classe Hawkins, armés de canons de 203 mm. Cependant, la distinction entre les deux ne fut réellement codifiée que lors du traité de Washington, où le calibre de l'artillerie des croiseurs légers fut limitée à 155 mm et celle des lourds à 203 mm, le tonnage lui ne devant pas excéder 10 000 t pour les deux types.
Ces limites ne furent franchies qu'à l'approche de la Seconde Guerre mondiale, avec l'apparition des cuirassés de poche allemands de la classe Deutschland (qui malgré leur appellation, du fait de leur mission principale, l'attaque du commerce ennemi, devraient être considérés comme des croiseurs) et dans l'océan Pacifique, par les puissants croiseurs lourds japonais des classes Chokai ou Mogami.
Dans le même temps, l'apparition de la menace majeure constituée par les avions de bombardement, fit se spécialiser certains croiseurs légers. Pour combattre cette menace, ceux-ci furent dotés d'une forte batterie de pièces d'artillerie dite à double emploi (contre la surface et antiaérienne). Les précurseurs furent de nouveau les britanniques avec la classe Dido armés par huit, puis dix canons de 133 mm à grande élévation et munis d'une conduite de tir avec un radar.
Les croiseurs lourds, eux, connurent leur apogée à la fin de la Seconde Guerre mondiale avec la classe américaine Alaska, armée de neuf canons de 305 mm et déplaçant 27 000 tonnes.
L'ère du missile
La prédominance du danger aérien et l'émergence d'une nouvelle arme pour lutter contre celui-ci, le missile anti-aérien, provoqua après la Seconde Guerre mondiale, une profonde mutation dans la construction des croiseurs. L'artillerie principale perdit rapidement de l'importance au profit des moyens de détection et de lancement de ces nouvelles armes et d'une forte batterie de canons antiaériens.
L'éclipse des cuirassés, comme bâtiments principaux de combat de surface, bien que largement au profit des porte-avions, obligea malgré tout les croiseurs à reprendre une partie des missions de ceux-ci, en particulier lorsque les missiles anti-navire à longue portée arrivèrent à maturité. Des nations comme l'Union soviétique, basèrent une bonne partie de leur puissance navale sur de grands croiseurs à forte vocation offensive, dont une partie fut spécialisée dans la lutte contre les sous-marins et une autre dans l'attaque des groupes aéronavals.
Liste des croiseurs par pays
Bibliographie
- 3 siècles de croiseurs français, G. Piouffre et H. Simoni, Rennes, Marines Éditions, 2001, ISBN 2-909675-70-X
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