Coustant d'Ercuis

Coustant d'Ercuis

Guillaume d'Ercuis

Guillaume d'Ercuis est né vers 1255 à Ercuis[1], comté de Clermont-de-l'Oise et mort certainement en 1315.

Aumônier du roi Philippe III de France (1245-1285) dit Philippe le Hardi, Guillaume d'Ercuis est un pieux prélat, précepteur et familier du futur roi Philippe le Bel (1268-29 novembre 1314)[2], notaire royal, chanoine de Laon, Noyon, Senlis, Mello, Marchais et de Reims, archidiacre de Laon et de Thiérache. Guillaume d'Ercuis fonde plusieurs chapelles dans le Beauvaisis.

Sommaire

Sa famille

Blason des premiers Coustant

Ansold d'Ercuis, peut-être son grand-père, chevalier, vivait, en 1223, ainsi que le constate une charte en faveur de l’abbaye Sainte-Geneviève de Paris. Il y est nommé Ansoldus de Esqueriaco, miles, et il est naturel de voir en ce personnage un membre de la famille d'Erquery [3].

Guillaume d’Ercuis (1240-1302), son père, écuyer épouse Helisende. Elle est veuve de lui suivant un acte du mois de mai 1303[4].

La famille d'Ercuis tire son nom d'une seigneurie du nom latin d'Arquetum, en vieux français Arcuys ou Erquez et aujourd'hui Ercuis, commune du Beauvaisis sur le plateau de Thelle, entre Neuilly-en-Thelle et Cires-lès-Mello. C’est une histoire décousue que celle du village d’Ercuis, où la légende fait naître, en 1081, Suger de Saint-Denis, ministre des rois Louis VI et Louis VII, et où naît Guillaume d'Ercuis un peu moins de deux siècles plus tard. Les droits seigneuriaux et des possessions territoriales de sa famille sont constatés par des actes nombreux, dans lesquels son père et son frère sont qualifiés seigneurs d'Ercuis.

Le blason des Coustant-Ercuis, est Deux fleurs de lis, l'une en chef à sénestre, l'autre en pointe, accompagnées d'une étoile à six rais posée au premier canton, comme on le voit par un ancien sceau. Ces figures héraldiques rappellent les fonctions des membres de la famille Coustant-Ercuis dans la Maison du roi[5]..

Les Coustant sont les descendants de Thibaut Coustant d'Ercuis, son oncle[6].

Biographie

Aumônier du roi Philippe le Hardi (1245-1285)

Guillaume d'Ercuis a passé sa jeunesse dans le Beauvaisis, la plupart du temps à Le Mesnil-en-Thelle[7]. Il est le protégé du sire de Chambly, Pierre V de Chambly, chambellan du roi[8].

Guillaume d'Ercuis est tout d’abord le jeune aumônier ou chapelain[9] de Philippe le Hardi (1245-1285), et notaire royal. Les notaires royaux vers 1260-1300 sont notaires auprès du roi, mais aussi du Parlement et des Comptes. Les signatures au bas des actes permettent de savoir qu’ils restent en poste de longues années...[10].

Guillaume d'Ercuis suit la cour dans ses déplacements, et habite certainement à Paris, comme ses collègues. Les notaires royaux jouent un rôle important dans la vie intellectuelle de Paris et du palais. Le roi recrute ces gens-là par le système du clientélisme, hors du sérail parisien[11]. C'est le cas avec Guillaume d'Ercuis qui est le fils d'un petit seigneur du Beauvaisis. Les Coustant ou Ercuis font partie de la haute domesticité de la maison royale[12].

Précepteur du futur roi Philippe le Bel (1268-29 novembre 1314)

Guillaume sans doute à l'attention du roi, qui lui confie une partie de l'éducation de l'héritier du trône. Guillaume d'Ercuis est d’ailleurs surtout connu comme précepteur du futur roi Philippe le Bel (1268-29 novembre 1314). À la différence de son père totalement inculte, Philippe le Bel reçoit par le soin de son précepteur l'aumônier, une bonne éducation[13]. Il comprend le latin et aime étudier.

Ses mérites et son érudition signalent La qualité de précepteur du roi, bien que la bulle du pape Clément V, de 1307, ratifiant la fondation de la chapelle d'Ercuis, ne le désigne que comme clericus et familiaris régis est établie dès 1297 par une donation du mois de janvier, faite par Philippe IV de France, à Messire Guillaume d'Ercuis, chanoine de l'église de Laon, précepteur dudit seigneur roi, fondateur et chapelain de la chapelle d'Ercuis[14].

Son testament va donner une idée des principales préoccupations de sa vie et de l'usage qu'il fait des faveurs royales. Les fonctions de Guillaume d'Ercuis auprès des deux Philippe lui permettaient de recueillir des informations très sûres[15]. Son frère Jean d'Ercuis est le valet du roi[16].

Son dévouement et sa reconnaissance envers le roi et la famille royale sont sans bornes, et il en fournit la preuve dans les motifs donnés par lui de la fondation de la chapelle d’Ercuis : II l'a établie, fondée et construite en l'honneur de la bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, du bienheureux Louis et de tous les saints, pour la prospérité du culte, pour le salut des âmes du testateur, de ses père et mère défunts Guillaume et Hersende, du roi Philippe qu'il instruisit et forma dans la science des lettres, et de la reine Jeanne de Navarre, du roi Philippe III, son père, qui mourut à Perpignan, et de la reine Isabelle d'Aragon, sa mère…[3].

Chanoine et archidiacre

Les chartes, qui composent le dossier d'Ercuis, nous permettent aussi d'établir qu'en 1290 il est déjà chanoine de Laon. En 1293, on le trouve qualifié clerc du roi, chanoine de Laon, Noyon, Senlis, Sainte-Marie-de-Mello, et Marchais. En 1300, Guillaume d'Ercuis est chanoine en 1303 de Reims, archidiacre de Laon et de Thiérache[17]. Du fait de ses fonctions Ercuis se déplace beaucoup en Picardie et en Champagne contrairement à la plupart des notaires royaux.

Guillaume d'Ercuis est un exemple de gros bénéficier[18] non résidant[19].

Guillaume a des bénéfices importants et acquiert une petite seigneurie à Ercuis[20]. Du fait de ses bénéfices il devient un grand propriétaire terrien[21].

Les chapelles

Guillaume d'Ercuis fonde plusieurs chapelles dans le diocèse de Beauvais, et une entre autres à Ercuis, résidence de sa famille, en 1292 [22] dédiée à la Vierge. Guillaume d'Ercuis acquiert le terrain nécessaire à la construction de cette chapelle de sa sœur Jeanne et de son beau-frère Arnould d'Estrées-Saint-Denis, comme le prouve l'acte suivant : Mars 1297. — Consentement donné par Jean d'Ercuis, écuyer, seigneur dudit lieu, valet du roi, et Arnoul d'Estrées-Saint-Denis, et Jeanne d'Erquy, son épouse, à Messire Guillaume d'Erquy, clerc du roi et chanoine des églises de Laon, Noyon et Senlis, de tenir et posséder sans être obligé de vendre ni mettre hors de ses mains, et sans prestation de finance, une place contenant deux verges de terre tenant aux église et cimetierrre dudit Erquy, pour construire une chapelle. Ladite place relevant du fief dudit seigneur d'Erqny, et acquise par ledit Messire Guillaume d'Erquy desdits Arnoul et son épouse, et environ quatorze toises acquises de deffunt Drocon de Foullenges et sa femme, relevant du fief dudit Messire Guillaume d'Erquy, pour faire une allée par laquelle les chapelains puissent aller et venir à ladite chapelle [23].

Le service de cette chapelle est d'abord confié aux moines de l'abbaye Sainte-Geneviève de Paris. En faveur de cette chapelle, il obtient du roi[24] , et même du comte de Clermont, Robert de France (1256-1317)[25] des terres, des redevances et le titre de Chapelle-Royale. Guillaume d'Ercuis obtient aussi pour elle du pape Clément V l'institution de deux chapellenies. A l'aide des libéralités du roi, il la dote ; mais il veut augmenter encore et constituer sur de larges bases cette dotation, ainsi que le prouvent les nombreuses transactions qu'il fait non seulement avec ses parents, mais encore avec d'autres personnes, et dont la première remonte à 1290[26].

Son testament

Son testament, daté du samedi après la Saint-Benoît de l'an 1314, nous est parvenu dans un vidimus de l'official de Paris du 29 juin 1329. Il atteste sa haute piété, son profond dévouement et sa reconnaissance envers la famille royale. L'époque de sa mort ne peut être déterminée d'une manière précise. Cependant elle doit être placée entre le 13 juillet 1314, époque à laquelle, déjà retenu chez lui par la maladie et les infirmités, il reçoit l'acceptation de l'abbé de Sainte-Geneviève, et le 16 janvier 1316, date d'un amortissement fait et donné en faveur des religieux abbé et couvent de Sainte-Geneviève de Paris par Louis, aîné fils du comte de Clermont et Chambrier de France, des biens et héritages donnés par feu Messire Guillaume d'Ercuis, fondateur de plusieurs chapelles en la paroisse d'Ercuis, pour la desserte desdites chapelles. (Arch. F. Sto Gen. D. Ere.) Il est sans doute, d'après le vœu exprimé dans son testament, enterré au monastère du Val-des-Ecoliers de l'ordre de Saint-Victor[26].

L'abbaye Sainte-Geneviève de Paris[27] et sa famille héritent de ses biens. Son cousin germain, fils de Thibault Coustant, dans la dernière charte du dossier Ercuis, est dénommé Roger Coustant. Il hérite de la seigneurie d'Ianville. Roger est d’abord clerc en 1290 et en 1293, puis maître de l'écurie du roi Philippe le Bel, en 1294, suivant l'inventaire des comptes, fait par Robert Mignon...

Son livre de raison (1287-1312)[28]

Guillaume d'Ercuis consigne dans son livre de raison des notes datées relatives à ses dépenses pour l'achat de domaines, de biens meubles, d'objets divers dont des livres. Un certain nombre de notices relatent aussi des événements de sa vie familiale (mariages, naissances…), voire des événements relatifs à la vie à la cour de 1280 à 1315 :

  • la mort de Philippe le Hardi en 1285,
  • l'expédition d'Aragon,
  • l'avènement et le gouvernement de Philippe le Bel,
  • les voyages du roi Philippe le Bel,
  • l'exécution des Templiers,
  • les épidémies….

A titre d'exemple, l'une des notices, f. 13, mentionne : L'AN MIL CCIIIIXX et XVII ala li roys de France en Flandres contre Guy, comte de Flandres[29].

Une autre nous dit que le 27 mars 1307 Aélis de Colone part de Paris à Saint-Jacques de Compostelle et revient le 27 mai[30]. C'est un voyage très rapide qui peut nous amener à nous poser des questions sur le trajet emprunté (en partie par mer ?) et ses temps de prières à Saint-Jacques de Compostelle.

Guillaume d'Ercuis donne des renseignements précieux sur la circulation monétaire à cette époque. On voit courir trois gros simultanément[31]. Guillaume fait un relevé des espèces qu'il avait en caisse à une date antérieure à septembre 1306 et il recopie le montant de cette somme en le convertissent en monnaie de 1312[32]

Le livre de raison de Guillaume d'Ercuis[33] a été publié par J. Petit. C'est le plus ancien document familial et ce manuscrit vient du Nord, alors que seulement 15 des 83 manuscrits recensés avant 1600 ne sont pas provençaux ou du sud-est de la France. Une partie de ce document concerne les affaires les plus privées de la vie de Guillaume d'Ercuis, les plus caractéristiques[34]. Il est conservé à la bibliothèque Sainte-Geneviève.

Notes

  1. Site de la commune d’Ercuis et Quid 2004.
  2. Revue historique - de Gabriel Monod, Charles Bémont, Sébastien Charléty, Pierre Renouvin, Odile Krakovitch - 1901, Page 353 et Société de l'histoire de France. Annuaire-bulletin de la... , 1885, p. 69
  3. a  et b Mémoires, de Société Académique d'Archéologie, Sciences et Arts du Département de l'Oise, Beauvais, Institut royal, p.531 et suivantes.
  4. Séances générales tenues à ... en ... par la Société française pour la conservation des monuments historiques, par Société française d'archéologie, Paris : Derache, 1878, p. 176
  5. Sur les Ercuis : Annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l'Europe, 1869, p. 135 et suivantes
  6. Sur la famille Coustant : Annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l'Europe, 1869, p. 299 et suivantes
  7. Fauvel Studies: Allegory, Chronicle, Music, and Image in Paris, Bibliothèque Nationale De France, de Margaret Bent, p. 308
  8. Pierre V de Chambly, dit le Hideux ou le Prud'homme, né en 1242, entre au service de Saint-Louis et est chambellan du roi et revendique encore ce titre en 1270 bien qu'il ait quitté ce service pour diriger la maison de Jeanne de Blois-Châtillon, comtesse d'Alençon et de Blois, veuve depuis 1279 de Pierre de France. Philippe le Bel fait ériger Chambly en seigneurie en lui rattachant les fiefs de Blincourt et du Mesnil-St-Denis, en 1295 il devient chambellan de Philippe le Bel.
  9. Le règne de Philippe III, le Hardi, Par Charles Victor Langlois du roi, p. 205
  10. Lalou Élisabeth, Les notaires du Roi sous Philippe le Bel, un milieu social parisien ?
  11. Lalou Élisabeth, Les notaires du Roi sous Philippe le Bel, un milieu social parisien ?
  12. Annuaire de la noblesse de France et des maisons, 1869, p. 136
  13. The Middle Ages, par Frantz Funck-Brentano, 1925, p. 854
  14. Arch. F. S"-Genevièvre, D. Ercuis.
  15. Société de l'histoire de France, Annuaire-bulletin de la... , 1885, p. 153
  16. Annuaire de la noblesse de France et des maisons... , 1869, p.136.
  17. Comptes rendus et mémoires, par Société d'histoire et d'archéologie de Senlis, Comite archéologique de Senlis, p. 235.
  18. Le bénéfice ecclésiastique est un revenu dont est pourvu un ecclésiastique catholique en raison de ses fonctions religieuses.
  19. Histoire de l'Église depuis les origines jusqu'à nos jours, de Jules Lebreton, Jacques Zeiller, Augustin Fliche, Victor Martin, 1946, page 482.
  20. Arcuys or Erquez; Latin Arquetum
  21. Le Moyen âge, par Albert Marignan, Jean Georges Platon, Maurice Wilmotte, Maurice Prou dont hériteront ses neveux, 1905, p. 223.
  22. Annuaire de la noblesse de France et des maisons... , 1869, 136
  23. Arch. F. S"-Gen. D. Ere.
  24. Donation de janvier 1297, faite par Philippe IV, roi de France, à Messire Guillaume d'Ercuis, clerc, etc., fondateur et chapelain de la chapelle d'Ercuis, érigée dans le village d'Ercuis, diocèse de Beauvais, de prés sis au lieu dit Tubeuf, entre Beaumont et Berne, et au lieu dit Toury, proche l'Oise, plus de vingt charretées de bois à prendre dans la forêt d'Halalte ou de Cuisy.
  25. Autorisation de 1301 donnée par Robert, fils de Saint-Louis et comte de Clermont (Tige de la maison de Bourbon), à Messire Guillaume d'Ercuys, d'acquérir dans ses terres et fiefs jusqu'à 20 livres parisis de rente annuelle et perpétuelle pour l'augmentation des revenus d'une nouvelle chapelle qu'il a fait construire à Ercuis, Arch. F. S" Gen. D. Ere.
  26. a  et b Mémoires, de Société Académique d'Archéologie, Sciences et Arts du Département de l'Oise, Beauvais, Institut royal, p.531 et suivantes.
  27. Les Cartulaires, actes de la Table ronde, organisé par l'Ecole nationale des chartes et le G.D.R ... , Par Olivier Guyot-Jeannin, Laurent Morelle, Michel Parisse, 1993, p. 314 et Speculum, Par Mediaeval Academy of America, p. 456
  28. Polybiblion, Revue bibliographique universelle, Par Société bibliographique, p. 181
  29. Guy de Dampierre(1226-1305), Comte de Flandre
  30. Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, ms. 2025, Livre de raison de Guillaume d’Ercuis, fol.10-22v°
  31. Le Moyen âge - de Albert Marignan, Jean Georges Platon, Maurice Wilmotte, Maurice Prou - 1905, Page 238
  32. Le Moyen âge, Par Albert Marignan, Jean Georges Platon, Maurice Wilmotte, Maurice Prou, p. 241
  33. Détail du folio 13 du livre de raison de Guillaume d'Ercuis
  34. Annuaire-bulletin de la Société de l'histoire de France, Par Société de l'histoire de France, 1885, p. 69.

Bibliographie

  • Coustant d'Yanville H., Notice sur Guillaume d'Ercuis, précepteur de Philippe le Bel, Beauvais 1864
  • Lalou Élisabeth, Les notaires du Roi sous Philippe le Bel, un milieu social parisien ?, intervention le 27/04/2001 (Les groupes sociaux à Paris – IV) dans Physionomies et inter-relations des groupes sociaux à Paris, année 2000-2001
  • Mémoires de la Société académique de l'Oise
  • Compte-rendu du Congrès archéologique tenu à Senlis (1877)

Oeuvres

  • Livre de raison de Guillaume d'Ercuis, Joseph Petit, 1900.
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