- Enguerrand De Marigny
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Enguerrand de Marigny
Enguerrand de Marigny, né à Lyons-la-Forêt en Normandie vers 1260 et mort pendu à Montfaucon le 30 avril 1315, était chambellan et ministre du roi Philippe IV le Bel.
Sommaire
Origines
Né dans une vieille famille de petit baronnage appelé « Le Portier », la famille n’avait pris le nom de Marigny que vers 1200, lors du mariage d’Hugues Le Portier avec Mahaut de Marigny, Enguerrand entra comme écuyer au service de Hugues II de Bouville, chambellan et secrétaire de Philippe le Bel, puis fut attaché comme panetier à la maison de la reine Jeanne de Navarre, épouse de Philippe IV le Bel, qui fit de lui son exécuteur testamentaire. Enguerrand épousa la filleule de celle-ci, Jeanne de Saint-Martin. En 1298, il reçut la garde du château d’Issoudun.
Le bras droit de Philippe le Bel
Après la mort de Pierre Flote à la bataille de Courtrai en 1302, il devint le grand conseiller de Philippe le Bel, qui le nomma coadjuteur du royaume, le plaçant ainsi à la tête de l'administration. En 1306, il fut envoyé pour présider la Chambre des Comptes de Normandie. Il reçut de Philippe le Bel de nombreux présents, mais aussi une pension d’Édouard II d'Angleterre.
Cultivé et adroit, il était l’homme qu’il fallait pour servir les plans de Philippe le Bel, dont il avait la confiance. Il partagea la haine que s’attira le roi dans l’opinion publique en dévaluant la monnaie. Il fut son agent dans le conflit qu’il eut avec Louis, comte de Nevers, fils de Robert III de Flandre, emprisonnant Louis et forçant Robert à abandonner Lille, Douai et Béthune.
Il obtint pour ses frères des sièges épiscopaux. En 1306, son demi-frère, Philippe de Marigny, reçut l’évêché de Cambrai et, en 1309, l’archevêché de Sens. Son frère Jean de Marigny reçut en l’évêché de Senlis, l’évêché de Beauvais en 1312. Il deviendra archevêque de Rouen et chancelier sous le règne de Philippe VI de Valois. Un autre de ses parents, Nicolas de Frauville, fut fait confesseur du roi et cardinal.
Le roi le nomma Gardien du Trésor sur lequel sa mainmise fut assurée à partir de 1309. Sa situation devint plus délicate quand les princes du sang, qui tenaient à faire la guerre aux Flamands, furent déçus par ses négociations de paix en septembre 1311. Il fut nommé la même année Chancelier de France. Il fut accusé d’avoir reçu des pots-de-vin et Charles de Valois le dénonça lui-même au roi ; mais Philippe le soutint et cette attaque n’eut aucun résultat. Il harangua les États généraux de 1314 et réussit même à faire décider une augmentation des impôts pour la guerre de Flandre, s’attirant par là une grande rancune.
Disgrâce
La mort de Philippe le Bel, le 29 novembre 1314, fut le signal de la réaction contre sa politique. Le parti féodal, dont le roi avait considérablement bridé le pouvoir, se retourna contre ses ministres et surtout contre le principal d'entre eux, le coadjuteur.
Enguerrand fut arrêté sur l’ordre de Louis X, répondant à la demande de Charles de Valois ; on porta sur lui quarante et un chefs d’accusation (la totalité de ceux-ci sont répertoriés dans les Grandes Chroniques de France). On refusa de l’entendre ; mais comme ses comptes étaient en ordre et ne présentaient aucune irrégularité, Louis le Hutin souhaitait seulement condamner l'ancien bras droit de son père au bannissement dans l’île de Chypre. Charles de Valois présenta alors une accusation de sorcellerie qui, bien que totalement fausse, fut plus efficace.
Enguerrand refusa de se défendre face à un tribunal où l’accusateur principal n’était autre que son propre frère cadet, l’évêque Jean de Marigny. Cette trahison, selon toute vraisemblance, le rendit très amer.
La seule déclaration d'Enguerrand fut d'affirmer avec énergie que, dans tous ses actes, il n’avait fait que servir son roi, Philippe le Bel. Il fut condamné et pendu le 30 avril 1315 au gibet de Montfaucon. Son corps resta exposé au gibet pendant deux ans, jusqu’en 1317, quand un second procès, demandé par le nouveau roi Philippe V le Long, le disculpa des méfaits qu'on lui imputait et réhabilita sa mémoire. Ses restes furent alors inhumés dans l’église des Chartreux de Vauvert, puis transférés en 1325 ou 1326 dans la collégiale d’Écouis, qu’il avait lui-même fondée en 1312-1313, et où l’on peut toujours admirer un remarquable ensemble de statues qu’il avait commandées.
Louis X laissa les enfants prendre possession de l’héritage de leur père.
Sur son lit de mort, en 1325, son ennemi juré, Charles de Valois, fut pris de remords et ordonna qu’on distribuât des aumônes aux pauvres de Paris en leur demandant de prier conjointement pour son âme et pour celle d’Enguerrand.
Il s’était marié deux fois : d’abord avec Jeanne de Saint-Martin, dont il avait eu trois enfants, Louis, Marie et Isabelle (qui devait épouser Robert, comte de Tancarville) ; et une deuxième fois avec Alips de Mons, qui fut inhumée à Écouis.
Dans la fiction
Littérature
C’est un des principaux personnages des premiers volumes des Rois maudits de Maurice Druon.
Télévision
Dans les deux séries télévisées tirées des romans de Maurices Druon, il est interprété :
- par André Falcon dans la version de 1972 (adaptation signée Marcel Jullian et Claude Barma)
- par Jean-Claude Drouot dans la version de 2005 (réalisée par Josée Dayan)
Liens externes
Références
- (en) « Enguerrand de Marigny », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [détail de l’édition] [lire en ligne]
- Chroniqueurs contemporains, volumes XX à XXIII de D. Bouquet, Historiens de la France
- Pierre Clément, Trois Drames historiques, Paris, 1857
- Charles Dufayard, « La Réaction féodale sous les fils de Philippe le Bel », Revue historique, 1894, t. 54 [lire en ligne] et 55 [lire en ligne]
- Jean Favier, Un conseiller de Philippe le Bel : Enguerran de Marigny, PUF, Paris, 1963.
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