Felice Orsini

Felice Orsini
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"Testament de Felice Orsini".

Teobaldus Orsus Felice Orsini (né le 10 décembre 1819 à Meldola, près de Forlì, Émilie-Romagne - mort le 13 mars 1858 à Paris) est un révolutionnaire et patriote italien, figure importante du Risorgimento italien, auteur d'un attentat contre Napoléon III, empereur des Français, le 14 janvier 1858.

Felice Orsini, membre du mouvement Jeune Italie - fondé par Giuseppe Mazzini pendant son exil à Marseille - et conspirateur de longue date, qui fait partie de l'Assemblée républicaine de Rome en 1848 est l'instigateur et l'organisateur de l'attentat, qu'il exécute avec ses trois complices, Pieri, Gomez et Rudio. Il reproche à l'empereur sous l'influence du parti de l'Ordre d'entraver l'unification italienne dont il est partisan, notamment en raison de l'intervention des troupes françaises à Rome en 1849 afin de ré-instaurer le pape.

Sommaire

Jeunesse et carrière politique

Ce fils d’officier, né à Meldola, près de Forli, étudie le droit à l’université de Bologne où il obtient son doctorat en 1843. Dès l’âge de 18 ans il rejoint une organisation républicaine et unitaire sécrète «  la jeune Italie » fondée par Giuseppe Mazzini en 1831, ayant pour objectif de redonner une unité et un idéal au peuple italien. En 1844, il participe activement à l’insurrection fomentée par ce mouvement en Romagne, qui échoue. Orsini est arrêté ainsi que son père et il est condamné aux galères à vie mais il est gracié deux ans plus tard par Pie IX.

Il se fixe alors en Toscane mais reprend rapidement ces activités, devenant le principal adjoint de Giuseppe Mazzini. En 1848, il participe à la première guerre d'indépendance italienne contre l’armée autrichienne, et se distingue lors des combats de Mestre le 27 octobre 1848. Il est alors élu, à l’avènement de la République romaine, député de la constituante (février 1849) et envoyé à Ancône pour y rétablir la sécurité publique. Il fait le coup de feu contre les troupes françaises à Rome venues en aide au Pape et il s’illustre aux côtés de Garibaldi. Après l’échec de la république, il se rend à Gênes puis à Nice et reprend son activité de conspirateur, toujours en liaison avec Mazzini. Ses diverses tentatives insurrectionnelles en Italie se soldent par des échecs et l'amènent à la rupture avec son maître à penser.

Finalement, il est arrêté par la police autrichienne, et le 17 décembre, il est emmené à Vienne, où il parvient à prendre la fuite le 30 mars 1856, pour s'établir à Londres, où il prépare un attentat contre l’empereur Napoléon III, qu’il rend responsable de l’échec de la République romaine par son intervention en 1849.

L’attentat contre l’empereur Napoléon III

Orsini cache habilement son action en s’adonnant à des actions de propagande pacifiste en faveur de l’indépendance de l’Italie. Dans le même temps, il cherche à joindre Cavour qui s’abstient prudemment de lui répondre. Dans les derniers mois de 1857, Orsini résolu à passer à l’action s’interroge quant au fait de mener une telle action seul, l'espoir étant de déclencher une révolution en France qui se propagerait en Italie. Mais il s’aperçoit vite que se procurer le nécessaire pour la fabrication d’engins artisanaux et savoir comment atteindre l’empereur posent des problèmes importants, il lui faut des complices.

Il met au point son action avec un Anglais, dénommé Allsop, et avec un chimiste français demeurant à Londres, Simon Bernard, chargé de mettre au point les bombes. En même temps, il recrute trois complices : Pieri et Rudio, comme lui anciens mazziniens convertis au terrorisme, et Gomez qui, avec lui, a en charge l'attentat. Après un long travail de repérage des habitudes de l’empereur, ils apprennent que le couple impérial assistera à une représentation à l’opéra. Ils se retrouvent le 8 janvier pour se distribuer les rôles.

Le jeudi 14 janvier, l’arrivée étant prévue à 20h30, les conspirateurs regagnent leurs places dès 19 heures, munis d’une bombe qu’ils devront lancer selon un plan très précis. Pieri se place dans la rue Le Peletier ; Gomez, Rudio et Orsini se placent juste en face de l’opéra. Pieri, étant déjà l’objet de recherches, est arrêté par un officier de la paix qui l'a reconnu. On découvre sur lui une bombe, un pistolet et un poignard. Il est enfermé au poste de police le plus proche mais ne subit aucun interrogatoire qui aurait pu conduire à l’arrestation de ses complices.

À 20 heures 30, le cortège impérial se présente sur le boulevard des Italiens : un escadron de lanciers, puis la berline de l’empereur et trente mètres plus loin, la voiture de la princesse Mathilde. L’ensemble tourne à gauche dans la rue Le Peletier, l’opéra se situant en face du n°19. Lorsque le convoi s'y arrête, Gomez lance la première bombe sous les chevaux des lanciers ; une énorme détonation retentit fauchant chevaux et cavaliers. Peu de temps après, une seconde détonation se fait entendre. Cette fois, c’est Rudio qui a lancé sa bombe sous l’attelage. La troisième bombe, celle d’Orsini, éclate sous la berline qui se renverse sur le côté. Verrières et vitres d’immeubles environnantes se brisent, des cris se font entendre aux alentours. On compte 156 blessés ; 12 personnes mourront dans la nuit. L’empereur n’est pas touché ; il descend de sa voiture intacte. L’impératrice est retrouvée sur le trottoir couverte de sang, mais elle est saine et sauve.

Les suites de l’action contre l’empereur

Napoléon III a échappé de justesse à l'attentat. Il serait sans doute mort si le constructeur du carrosse n’avait pas fait placer des plaques d'acier dans les parois. Après la tragédie, l’empereur pense s’en aller mais un commissaire l’informe que le public présent dans l’opéra a entendu les explosions et que, s’il ne paraît pas, on pensera qu’il a été touché. En conséquence, le couple impérial gagne la loge, et le gala a lieu finalement comme si rien ne s’était passé.

Orsini sur l'échafaud

Dans la panique engendrée par la tentative d’attentat contre l’empereur les différents protagonistes réussissent à prendre la fuite. Mais la police enfin en alerte ne tarde pas à retrouver leurs traces, notamment grâce la confession de Pieri. Rudio loge rue Montmartre et Orsini rue du mont-Thabor. Quant à Gomez, il se réfugie pris de panique dans un restaurant. Le serveur inquiet prévient un sergent de ville qui le conduit au poste, où il avoue à son tour. Les auteurs de l'attentat sont enfermés à la Conciergerie.

L’instruction judiciaire est brève, Orsini reconnaissant immédiatement le crime et s’accusant d’avoir tout organisé. Les auteurs de l'attentat sont jugés par la cour d'assises de la Seine lors de deux audiences les 25 et 26 février 1858. Ils sont défendus par l'avocat et homme politique Jules Favre. Orsini et Pieri sont condamnés à mort (Rudio également, mais sa peine est commuée en travaux forcés à perpétuité), et ils montent à l'échafaud, place de la Roquette, le 13 mars 1858 en criant « Vive l'Italie ! Vive la France ! ». La veille de sa mort, Orsini a fait parvenir une lettre à l’empereur :

«  J’adjure votre Majesté de rendre à l’Italie l’indépendance que ses enfants ont perdue en 1849, par le fait des Français (…). Que votre Majesté se rappelle que les Italiens, au milieu desquels était mon père, ont versé leur sang pour Napoléon le Grand, partout où il lui plut de les conduire ; qu’elle se rappelle que, tant que l’Italie ne sera pas indépendante, la tranquillité de l’Europe et celle de votre Majesté ne seront qu’une chimère : que votre Majesté ne repousse pas le vœu suprême d’un patriote sur les marches de l’échafaud ; qu’elle délivre ma patrie, et les bénédictions de 25 millions de citoyens la suivront dans la postérité. »

Les conséquences de l’action d’Orsini

Même si l’action en elle-même est un échec elle n'est pas sans conséquences. En effet, suite à ce tragique incident la répression policière est impitoyable. La réaction des milieux officiels, tous affolés par la nouvelle, se rendent compte à quel point l’empire est fragile car il repose sur la vie de l’empereur. Mais les ministres n’en demeurent pas moins partisans d’une réaction autoritaire. Le général Espinasse est placé à la tête du ministère de l’intérieur où il met en application avec sévérité la loi de sûreté générale qui prévoit que tout individu suspecté d'agir contre le gouvernement est passible d’amende ou de prison, et que quiconque a déjà fait l’objet de condamnations politiques depuis 1848 peut être arrêté, déporté et exilé sans procès. Néanmoins ce tragique épisode a aussi permis à l’empereur de prendre conscience de l’urgence de la situation italienne. Ainsi il décide de rencontrer Cavour dans le plus grand secret lui promettant de l’aider à libérer l’Italie et demande en échange la Savoie et Nice.

Bibliographie

  • Alain Plessis, Nouvelle histoire de la France contemporaine, Tome 9 « De la fête impériale au mur des fédérés 1852- 1871 », édition SEUIL 1979, Collection Point histoire, 253p.
  • Jean-Maurice Bizière, Dictionnaire des Biographies, Tome 5 « Le XIXe siècle », édition Armand Colin, collection Cursus 1994, 252p.
  • Jean Tulard, Dictionnaire du Second Empire, édition Fayard, 1995, 1370 p.
  • Edmond Locard, La machine infernale (affaire Orsini), Paris, Éditions de la Flamme d'or, 1955.
  • Françoise Musetti, L'affaire Orsini et la presse parisienne, mémoire de D.E.S., Histoire, Paris Sorbonne, 1960, dactylographié.
  • Adrien Dansette, L'attentat d'Orsini, Paris, Ed. Mondiales, 1964, 223 p.
  • Tulard, Jean (dir.), Dictionnaire du Second Empire, Paris, Fayard, 1995.
  • Alain Decaux,
    • Les Grandes Aventures de l'Histoire, Librairie Académique Perrin, 1968,
    • Les cinq bombes d'Orsini, in Historama, n° 273, août 1973, p. 147-157.

Liens externes

  • (fr) Arthur Léon Imbert de Saint-Amand, La Cour du Second Empire (1856-1858), Dentu, 1898, ch. XXXII, L'Attentat du 14 janvier, p. 317 et suiv. [1]
  • (fr) Vte Édouard-Ferdinand de Beaumont-Vassy, Histoire de mon temps, deuxième série, Présidence décennale, Second Empire, Amyot, 1865, p. 268-299. [2]
  • (fr) A. Fouquier, Causes célèbres de tous les peuples, tome II, Lebrun et Cie, 1859. Cahier 6, 29e livraison, L'Attentat du 14 janvier 1858, Orsini, Pieri, de Rudio, Gomez et consorts, p. 1-36. [3]


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