Abbé de Lignac

Abbé de Lignac

René-Antoine Ferchault de Réaumur

René Antoine Ferchault de Réaumur

René-Antoine Ferchault de Réaumur, né le 28 février 1683 à La Rochelle et mort le 17 octobre 1757 dans son domaine de la Bermondière, à Saint-Julien-du-Terroux, est un scientifique français qui s'intéressa à des sujets très variés tels que la métallurgie, la température, la porcelaine et particulièrement l'entomologie. Il est aussi l'uns des précurseurs de l'éthologie ; l'étude des comportements animaliers.

Sommaire

Éléments biographiques

La famille des Ferchault possède des terres en Vendée, dans le canton de Pouzauges. Jean Ferchault, le grand-père de René-Antoine, receveur des douanes à Luçon, achète dans les années 1620, une partie de la seigneurie de Réaumur.

Son père, René Ferchault qui est conseiller au présidial de La Rochelle, fonction surtout honorifique, meurt le 20 août 1684, tandis que son frère, Jean-Antoine (1684-1719), naît le 1er octobre de la même année.

René-Antoine fréquente le collège jésuite de Poitiers. En 1699, lui et Jean-Antoine s'installent à Bourges pour poursuivre leurs études auprès de leur oncle, le chanoine Gabriel Bouchel. René-Antoine étudie en particulier le droit et les mathématiques.

Arrivée à Paris

En 1703, il arrive à Paris où il continue ses études de mathématiques et de physique. C'est son cousin, Charles Hénault (1685-1770) qui le reçoit et, connaissant son goût et ses aptitudes pour les mathématiques, le fait connaître de Jean-Paul Bignon (1662-1743), alors président de l'Académie des sciences. Le 12 mars 1708, il devient élève géomètre à l'Académie. Dès le 19 mai 1708, il lit devant l'Académie une communication sur un problème de géométrie, Manière de trouver une infinité de lignes courbes nouvelles, en faisant parcourir une ligne quelconque donnée, par une des extrémités d'une ligne droite donnée aussi, et toujours placée sur un même point fixe, où il utilise une méthode mise au point par Louis Carré (1663-1711). Il présente l'année suivante deux autres mémoires portant sur le même sujet. Il est considéré comme le créateur de la notion de développée imparfaite.

Ce sont les seuls travaux de Réaumur en mathématique. En novembre 1709, il présente un mémoire intitulé De la formation et de l'accroissement des coquilles des animaux tant terrestres qu'aquatiques, soit de mer, soit de rivières. Ce travail, où il précise le mode de croissance des coquilles de Mollusque, inaugure ses recherches sur les invertébrés.

Croyant convaincu, il passe beaucoup de temps dans ses domaines pour y observer la nature, qui reflète les merveilles de Dieu[1]. Il présente en 1710 plusieurs mémoires consacrés aux invertébrés, sur la soie des araignées, les écrevisses, les guêpes... La mort de Louis Carré lui permet d'obtenir le titre de pensionnaire mécanicien à l'Académie des sciences, le 14 mai 1711.

L'Académie des sciences

Il participe dès lors activement à toutes les activités de l'Académie. Il est nommé pour la première fois sous-directeur de l'Académie en 1713 (puis en 1718, 1722, 1723, 1726, 1730, 1734, 1739, 1746 et 1752) et directeur l'année suivante (ainsi qu'en 1716, 1717, 1720, 1724, 1727, 1731, 1735, 1740, 1747 et 1753).

Ses communications se succèdent : en 1712, il s'intéresse aux coquillages, à la reproduction des écrevisses et aux algues. En 1713, il se consacre à la botanique. Parallèlement à ses propres recherches, il est chargé par l'Académie de faire paraître une Description des Arts et Métiers. En 1711, il fait paraître ses deux premières études, sur la fabrication de l'ardoise et des fausses perles, puis, l'année suivante, sur les techniques utilisées pour la fabrication de miroirs, et, en 1713, sur le travail du doreur. Ces premières évaluations de l'artisanat français, où il propose souvent des améliorations techniques, sont rassemblées et publiées par l'Académie de 1761 à 1782 en 18 volumes.

C'est dans cette série que s'insèrent ses premières observations en métallurgie, intérêt activement soutenu par le Régent, Philippe d'Orléans (1674-1723). Il présente à l'Académie, entre 1720 et 1722, dix mémoires consacrés à ce sujet. Il les rassemble et les fait paraître en deux parties sous les titres L'Art de convertir le fer forgé et l'art d'adoucir le fer fondu ou de faire des ouvrages de fer fondu aussi finis que le fer forgé et L'Art d'adoucir le fer fondu ou l'art de faire des ouvrages de fer fondu aussi finis que le fer forgé. En décembre 1721, le Régent le récompense pour ses recherches en lui attribuant 12 000 livres de rente annuelle, dont il fera cadeau à l'Académie.

En 1725, il fait paraître son Explication des principes établis par M. de Réaumur pour la construction des thermomètres dont les degrés soient comparables. En 1734, il publie le premier tome de ses Mémoires pour servir à l'Histoire des Insectes. Le deuxième tome paraît en 1736, le troisième en 1737, le quatrième en 1738, le cinquième en 1740, le sixième en 1742. En 1749, il publie l’Art de faire éclore et d'élever en toutes saisons des oiseaux domestiques de toutes espèces.

En 1751, un collaborateur, Pierre Baux, célèbre médecin, météorologiste, botaniste et naturaliste, devient son correspondant à l'Académie.

Dans son Art de convertir le fer forgé, Réaumur exprime avec force les principes qui vont désormais guider les Académiciens et selon lesquels il s'agit de faire progresser les connaissances et de contribuer au développement de la communauté scientifique internationale[N 1]

La métallurgie

L'acier

Il s'intéresse à la fabrication de l'acier et tente d'améliorer la médiocre production française. Le premier, il démontre que l'acier contient du carbone. Grâce à ses recherches sur les alliages ferreux, il démontre la possibilité de transformer la fonte en acier, par addition de fer métallique ou d'oxyde. Il étudie également les traitements thermiques de l'acier: cémentation et trempe en inaugurant l'utilisation du microscope pour l'étude de la constitution des métaux, créant la métallographie. Il publie en 1722 « L'Art de convertir le fer forgé en acier » et « L'Art d'adoucir le fer fondu ». Il se consacre en effet à la mission d'appui au développement industriel confiée à l'Académie par Louis XIV, qui comprend notamment l'examen des inventions et la publication de la Description des Arts et Métiers[1].

Le fer-blanc

Il met au point un procédé économique de fabrication du fer-blanc en 1725 et prend même la direction d'une usine[1]. Tout d'abord, il préconise de choisir les feuilles d'acier assez souple, de les décaper avec une solution acide (vinaigre, eau de seigle ?), puis de les frotter au sable avant de les étamer. Il indique également que le bain d'étain doit être recouvert d'une couche de suif pour limiter la formation d'impuretés. (Principes de l'art de faire le Fer blanc, registres de l'Académie royale des sciences, 21 avril 1725.)

Les ancres

Réaumur présente en juillet 1723 à l'Académie Fabrique des ancres, avec des notes et des additions de Duhamel. Cet ouvrage est publié en 1761 dans les Descriptions des Arts et Métiers, faites ou approuvées par messieurs de l'Académie Royale des Sciences.

Le thermomètre

Réaumur expose dans un mémoire de 1730 [2] l'idée du premier thermomètre comparable à alcool qui immortalisera son nom. L'anglais Robert Hooke avait déjà eu l'idée d'un thermomètre à alcool avec la température de congélation de l'eau comme graduation zéro. Réaumur a calibré son thermomètre de 0 à 80, entre le point de congélation de l'eau et le point d'ébullition de l' « esprit-de-vin » (alcool), qu'il confondait avec le point d'ébullition de l'eau. Remarquons que le point d'ébullition de l'éthanol est très précisément de 78,4 °C (en degrés Celsius) et qu'un thermomètre à alcool ne permet donc pas de mesurer la température d'ébullition de l'eau. (Voir aussi: échelle Réaumur).

L'étude des insectes et autres invertébrés

Dès le début de ses recherches, il se passionne pour les invertébrés et notamment les insectes. En 1710, il écrit un mémoire intitulé Examen de la soie des Araignées dans lequel il étudie une proposition de François Xavier Bon de Saint Hilaire (1678-1761), président de la Cour des comptes de Montpellier, et qui s'intéresse à la possibilité d'utiliser la soie d'araignée à la place de celle produite par le ver à soie. Réaumur montre que la soie d'araignée est plus onéreuse à produire tout en étant moins belle.

Son cabinet de curiosités

Réaumur constitue un très riche cabinet de curiosités où il tente, non seulement d'obtenir un exemplaire de chacune des espèces, mais surtout d'avoir des informations sur son habitat et ses mœurs. Pour Réaumur, le cabinet n'est pas un lieu simplement voué à l'entassement des collections mais doit être avant tout un outil scientifique à part entière. Son cabinet est l'un des plus riches d'Europe, seulement surpassé, sans doute, par celui de Sir Hans Sloane.

Ses collections ornithologiques sont plus réduites que ses collections de coquillages, probablement à cause des difficultés de préservation des peaux d'oiseaux, notamment des attaques des insectes. Mais elle constitue la plus riche d'Europe. Ses collections d'oiseaux sont connues grâce à l'œuvre de Mathurin Jacques Brisson (1723-1806), conservateur du cabinet de Réaumur. Il fait paraître en 1760 Ornithologie (6 volumes), l'un des plus vastes catalogues ornithologiques jamais écrit. Il accède, outre la collection de Réaumur, à des collections privées parisiennes. L’Ornithologie de Brisson demeurera une référence durant plus d'un siècle.

À la mort de Réaumur, Buffon réussit à obtenir ses collections et à les intégrer dans le Cabinet du roi, dépendant du Jardin du roi, bien que Réaumur les ait léguées à l'Académie.

Ouvrages

  • L'Art de convertir le fer forgé en acier et l'art d'adoucir le fer fondu, ou de faire des ouvrages de fer fondu aussi finis que le fer forgé (1722)
Réaumur démontre le premier que l’acier contient du carbone. Cet ouvrage, qu'il écrit alors, est fondateur de la sidérurgie scientifique et est considéré par certains comme le sommet de son œuvre scientifique.
  • Fabrique des ancres (1723) Extraits en ligne
  • Mémoires pour servir à l'histoire des insectes (1734-1742). Tome I : Chenilles et Papillons ; Tome II : Suite et histoire des Insectes ennemis des Chenilles ; Tome III : Histoire des Vers mineurs des feuilles, des Teignes, des fausses Teignes, des Pucerons, des ennemis des Pucerons, des faux Pucerons et l'histoire des Galles des plantes et de leurs insectes ; Tome IV : Histoire des Gallinsectes, des Progallinsectes et des Mouches à deux ailes ; Tome V : Suite et histoire de plusieurs Mouches à quatre ailes, savoir des Mouches à Scies, des Cigales et des Abeilles ; Tome VI : Suite avec supplément des Mouches à deux ailes ; Tome VII : Histoire des fourmis, Histoire des scarabées Texte en ligne
  • Moyens d'empecher l'evaporation des liqueurs spiritueuses, dans lesquelles on veut conserver des productions de la Nature de differens genres (1746)
  • Art de faire éclore et d'élever en toute saison des Oiseaux Domestiques de toutes espèces, soit par le moyen de la chaleur du fumier, soit par le moyen de celle du feu ordinaire (2 volumes, 1749 ; 1751)
C'est le premier traité d'aviculture. Il se compose de 10 mémoires décrivant les différentes étapes de cette technique. Présentée à l'Académie des sciences en 1747, cette méthode d'incubation artificielle, inspirée des techniques antiques égyptiennes, permit une amélioration considérable de l'élevage avicole en France, et fut utilisée fidèlement pendant plus de deux siècles.
  • Pratique de l'art de faire éclore et d'élever en toute saison des oiseaux domestiques de toutes espèces, soit par le moyen de la chaleur du fumier, soit par le moyen de celle du feu ordinaire (1751)
C'est une sorte d'abrégé, que Réaumur destine plus aux « habitans de la campagne » qui désirent mettre en œuvre ses découvertes qu'au public de « physiciens » et scientifiques qui étaient les destinataires de la première version.
  • Lettres a un Ameriquain sur l'histoire naturelle, generale et particuliere de monsieur de Buffon. Suite des Lettres a un Ameriquain, sur l'histoire naturelle de M. de Buffon ; et sur le Traite des animaux de M. l'abbe de Condillac (4 volumes, 1751-1756)
Prétendument imprimées à Hambourg (à cause de la rivalité opposant Réaumur et Buffon ?), les Lettres - et particulièrement leurs pages de titre - sont pourvues d'une typographie imitant les impressions allemandes. « Pour Reaumur, qui se cache derrière l'abbé de Lignac, le fait de percevoir la puissance divine à travers la complexité et la perfection de ses œuvres interdit d'en faire une synthèse. Bien plus, il est sacrilège de vouloir interpréter les observations humaines, car l'homme n'est pas forcément au centre du monde tel que l'a pensé Dieu. Partant de là, il ne pouvait que s'opposer à Buffon qui se propose de placer l'homme au centre de son Histoire naturelle. » (Pascale Heurtel, Tous les savoirs du Monde).
  • Art de l'Epinglier. Avec des additions de M. Duhamel du Monceau, & des remarques extraites des Mémoires de M. Perronet, inspecteur général des Ponts & Chaussées (1761)
Réaumur a été chargé par la l'Académie des sciences de la direction de la description des divers arts et métiers.
  • Lettres inédites de Réaumur (1886)
  • Morceaux Choisis, Gallimard, 1939.

Notes et références

Notes

  1. « ... il s'est trouvé des gens qui n'ont pas approuvé que les découvertes qui font l'objet de ces Mémoires eussent été rendues publiques, ils auraient voulu qu'elles eussent été conservées au Royaume ; que nous eussions imité les exemples de mystère, peu louables à mon sens, que nous donnent quelques uns des nos Voisins. Nous nous devons premièrement à notre Patrie ; mais nous nous devons aussi au reste du monde ; ceux qui travaillent pour perfectionner les Sciences et les Arts doivent même se regarder comme les Citoyens du monde entier ».

Références

  1. a , b  et c Dinechin, Duhamel du Monceau
  2. Réaumur, Règles pour construire des thermomètres dont les degré sont comparables et qui donnent une idée d'un chaud ou d'un froid qui puissent être rapportés à des mesures connues. Mémoire de l'Acacémie des Sciences de Paris, 1730

Bibliographie

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  • Jean Torlais, Réaumur. Un esprit encyclopédique en dehors de l’Encyclopédie, Librairie Blanchard, Paris, 1961 : 480 p.
  • Collectif, La Vie et l'Œuvre de Réaumur (1683-1757), Presses universitaires de France, coll. Centre international de synthèse, Paris, 1962,  : 188 p.
  • Jean-Marc Drouin, « René-Antoine Ferchault de Réaumur. Les curiosités d’un physicien » in Aventures scientifiques. Savants en Poitou-Charentes du XVIe au XXe siècle, J. Dhombres (dir.), Les éditions de l’Actualité Poitou-Charentes, Poitiers, 1995 : 196-209. (ISBN 2-911320-00-X)
  • Gilles Bresson, Réaumur, le savant qui osa croiser une poule avec un lapin, Éditions d'Orbestier, Le Château d'Olonne, 2001, : 255 pages.
  • Michael Walters (2003). A Concise History of Ornithology, Yale University Press (New Haven, Connecticut) : 255 p. (ISBN 0-300-09073-0)
  • Bruno de Dinechin, Duhamel du Monceau. Connaissance et mémoires européennes, 1999 (ISBN 2-919911-11-2)
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