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Coévolution
En biologie, le terme coévolution[1] désigne les transformations qui se produisent au cours de l'évolution de deux espèces vivantes suite à leurs influences réciproques.
Le phénomène de coévolution est souvent observé dans les relations entre les parasites et leurs hôtes où il s'agit de coévolution compétitive, mais il existe aussi de nombreux cas de coévolution coopérative, par exemple dans les cas d'interactions durables évoluant éventuellement vers la symbiose entre deux espèces. Outre la sélection écologique, la sélection sexuelle peut elle aussi conduire à une coévolution mais intraspécifique puisque mettant en jeu les individus mâles et les individus femelles au sein d'une même espèce. Ce phénomène s'observe notamment dans les stratégies et les contre-stratégies reproductives mises en œuvre par chaque sexe au cours de l'accouplement mais aussi dans les phases pré- et post-copulatoire afin de s'assurer le contrôle de la fertilisation.
La coévolution a surtout été étudiée à travers les relations duelles de types prédateur-proie, hôte-parasite ou symbiose[2] mais la coévolution peut aussi concerner des associations de plusieurs espèces (de nombreux parasites ont trois hôtes successifs, voire plus). Les travaux de recherche contemporains en biologie de l'évolution visent notamment à cerner le rôle et l'importance de la coévolution dans l'histoire évolutive des espèces afin de savoir s'il s'agit là d'un mécanisme véritablement fondamental ou plutôt anecdotique. De même, en s'appuyant sur l'existence du conflit sexuel, le biologiste Thierry Lodé privilégie le rôle de ces interactions antagonistes, notamment sexuelles, et des déplacements de caractères dans les processus évolutifs[3] conduisant à une co-évolution antagoniste.
Les processus coévolutifs ont été modélisés par Leigh Van Valen sous le nom de théorie de la reine rouge pour insister sur le fait que les interactions entre organismes conduisent à des courses évolutives permanentes.
Sommaire
Exemples de coévolutions
- Angiospermes-Insectes en liaison avec la pollinisation.
- Angiospermes-Animaux en liaison avec la zoochorie ou dissémination des graines.
- Il ne s'agit pas toujours pour une espèce de se défendre contre une autre, et il n'est pas certain qu'un avantage adaptatif évident soit toujours en cause. Ainsi, des orchidées de Madagascar ont co-évolué avec leurs papillons pollinisateurs en développant des tubes nectarifères de plus en plus long (30 cm de longueur) alors que les papillons développaient des trompes de 25 cm.
La coévolution gène-culture
Au tout début des années 1980, les sociobiologistes Charles J. Lumsden et Edward O. Wilson ont proposé dans un ouvrage intitulé Genes, Mind and Culture: The Coevolutionary Process que les phénomènes culturels devaient être intégrés dans l'étude de l'évolution humaine[4]. Pour ces auteurs, la transmission culturelle est fortement influencée par la nature de l'esprit humain et réciproquement, un trait culturel peut favoriser évolution génétique via la stabilisation de certains gènes qui donnent un avantage sélectif dans le groupe où ce comportement culturel est observé.
A l'époque le concept d'une coévolution gène-culture n'est cependant pas totalement nouveau puisque dès 1971, l'anthropologue Claude Levi-Strauss invitait à une « collaboration positive entre généticiens et ethnologues, pour rechercher ensemble comment et de quelle façon les cartes de distribution des phénomènes biologiques et des phénomènes culturels s'éclairent mutuellement »[5]. Mais tant les biologistes que les chercheurs en sciences humaines sont restés réticents à considérer sérieusement cette hypothèse. Ce n'est qu'à partir des années 1990 qu'elle trouvera un plus large écho notamment grâce aux travaux menés en psychologie évolutionniste.
D'après ces théories, le processus de coévolution gène-culture se poursuit donc encore aujourd'hui au sein de l'espèce humaine. Claude Combes, spécialiste français de la coévolution note que l'humanité introduit en effet des processus nouveaux dans le jeu de la coévolution en ayant supprimé ses prédateurs, en domestiquant ou altérant les modes de vie de nombreuses espèces qui l'entourent, en agissant sur le climat de la planète, sur les paysages. Les conséquences de l'activité humaine qui résulte d'une culture transgénérationnelle incluant des savoirs médicaux, vétérinaires et techniques (clonage, génie génétique, ...) sont donc d'éloigner de plus en plus l'homme des processus de la sélection naturelle.
Coévolution gène-culture dans le règne animal
Même si l'hypothèse d'une coévolution gène-culture a souvent été développée au sein de l'espèce humaine, des travaux récents de génétique et d'éthologie ont mis en évidence un processus similaire à l'oeuvre chez certains cétacés (cachalot, orque, globicéphale)[6].
En effet, dans ces espèces, des traditions culturelles ont été observées, notamment concernant les régimes alimentaires ou la communication vocale. Le résultat de ces divergences culturelles au sein de ces espèces dont la structure sociale est matrilinéaire est une réduction très importante de la diversité génétique de l'ADN mitochondrial.
Articles connexes
Notes et références
- ↑ Le mot fut introduit par Paul R. Ehrlich et Peter H. Raven, dans un article intitulé "Butterflies and Plants: A Study in Coevolution" (Evolution, Vol. 18, No. 4 (Dec., 1964), pp. 586-608)
- ↑ Claude Combes 1995 Interactions durables, écologie et evolution du parasitisme. Eds Masson, Paris
- ↑ Thierry Lodé, La guerre des sexes chez les animaux, une histoire naturelle de la sexualité, Odile Jacob, 2006.ISBN 2-7381-1901-8
- ↑ Voir aussi (en) [1]
- ↑ Cité par Jean Gayon, in L'évolution culturelle : théories et modèles, L'Origine des Cultures / Le Pouvoir des réseaux, Les Grands Dossiers de Sciences Humaines, n° 1 - Décembre 2005 / janvier-février 2006
- ↑ Cultural Selection and Genetic Diversity in Matrilineal Whales, Hal Whitehead, Science 27 November 1998: Vol. 282. no. 5394, pp. 1708 - 1711
Liens externes
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