Claude Jutra

Claude Jutra

Claude Jutra

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Claude Jutra dirigeant des acteurs lors du tournage de Kamouraska

Nom de naissance Claude Jutra
Naissance 11 mars 1930
Montréal
Drapeau : Québec Québec
Nationalité Flag of Canada.svg Canadien
Décès 5 novembre 1986
Montréal
Drapeau : Québec Québec
Profession Réalisateur
Acteur
Scénariste
Monteur
Directeur de la photographie
Producteur
Films notables Il était une chaise
À tout prendre
Mon oncle Antoine
Kamouraska

Claude Jutra (Montréal, 11 mars 1930 - Montréal, 5 novembre 1986) est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, directeur de la photographie et producteur québécois.

Destiné au départ à devenir médecin comme son père, il commence sa carrière au cinéma suite à ses études. Après quelques courts-métrages prometteurs faits durant son adolescence, il joint lOffice national du film en 1954, puis cosigne, avec le cinéaste danimation Norman McLaren, le court-métrage Il était une chaise en 1957. Ce film lui permettra de voyager en faisant la tournée des festivals. En France, il rencontre François Truffaut, puis il se rend en Afrique Jean Rouch linitie au cinéma direct. À son retour, il joint léquipe française de lOffice national du film et participe à lavancement du cinéma direct québécois dans plusieurs documentaires en collaboration avec le directeur de la photographie et réalisateur Michel Brault. En 1963, il réalise son premier long-métrage de fiction, À tout prendre, un film controversé qui aborde une liste de sujets tabous pour lépoque. Même s'il fut critiqué au Québec, le film fut encensé aux États-Unis et en France. Cest toutefois durant les années 1970 quil signe Mon oncle Antoine, la pièce maîtresse de son œuvre. Par la suite, il réalisera Kamouraska, adapté du roman éponyme dAnne Hébert, avant de se tourner vers le Canada anglais, il réalisera pour la télévision ainsi que quelques films. Il reviendra au Québec au début des années 1980, recevra le prix Albert-Tessier en 1984, puis réalisera La Dame en couleurs, sa dernière œuvre.

Influencé sur le plan formel par le cinéma direct et la Nouvelle Vague française, le cinéma de Claude Jutra traite du questionnement identitaire dans le Québec de la révolution tranquille sans toutefois s'impliquer directement dans le discours politique nationaliste de l'époque[b 1]

Les dernières années de sa vie seront marquées par la perte progressive de sa mémoire causé par la maladie d'Alzheimer. Conscient de la « cage de verre invisible »[1] qui le réduit de plus en plus, il senlève la vie le 5 novembre 1986 en sautant du haut du pont Jacques-Cartier à Montréal.

Les prix Jutra et le prix Claude-Jutra sont décernés en son honneur.

Sommaire

Biographie

Jeunesse et formation

Montréal, 1930

Claude Jutra naît le 11 mars 1930[2] dans une famille aisée de Montréal. Fils du radiologiste et directeur du Collège des médecins du Québec Albert Jutras, il est l'aîné d'une famille de trois enfants (avec Mireille et Michel Jutras) [a 1]. Il décrira son enfance comme « exceptionnellement heureuse »[a 2] La maison familiale dans lequel il grandira, sur la rue St-Famille, tout près de l'Hôtel-Dieu de Montréal, sera un lieu de visite pour des acteurs, peintres, sculpteurs, et musiciens amis de la famille[a 3]. C'est en 1938 que Jutra assiste à sa première projection d'un film :

«J'avais 8 ans quand j'ai vu pour la première fois une image s'animer sur un écran. Ce fut le coup de foudre. Et quand j'emploie cette image, c'est au sens fort: le coup qu'a ressentir Jeanne Darc en entendant ses voix. C'était un film 8 mm en couleurs, qu'on projetait chez des amis […]»[3]

Son père lui offrira une caméra 16 mm à 16 ans. À cette époque. il fréquente le collège Stanislas, il fait la rencontre de Michel Brault. Durant son adolescence, il réalisera deux courts-métrages avec lui; Le dément du Lac Jean-Jeunes, en 1948, mettant en vedette les scouts du Collège Saint-Jean, et Mouvement Perpétuel en 1949, qui remportera le Canadian film award du meilleurs film amateur ainsi qu'un diplôme d'honneur du festival du film amateur de Cannes*.

Forcé de terminer ses études mais préservant son désir de faire du cinéma, il entre, dès 1946, à la faculté de médecine et, en 1952, obtient son doctorat en médecine à l'université de Montréal à l'âge de 22 ans[4]. Il ne pratiquera jamais la médecine.

Débuts dans le milieu audio-visuel

Suite à ses études, Claude Jutra décide de lancer sa carrière dans le cinéma en s'inscrivant à lécole du Théâtre du Nouveau Monde en 1953. Quittant la maison familiale, il sinstalle sur l'avenue Summerhill, dans le centre-ville de Montréal. La même année, Radio-Canada ouvre ses portes et Jutra scénarise le premier télé-théâtre de la télévision québécoise, Lécole de la peur, qui remporte le trophée Frigon en 1954. En tant quacteur, il jouera à la télévision le rôle de Grumio dans les programmes télévisé Disparu (1953) et La mégère apprivoisée (1953) réalisés par Jean Boisvert.

Il joint lOffice National du Film et débute sa collaboration avec Norman McLaren sur le court métrage danimation Trio-brio, perdu lors du déménagement de lONF dOttawa à Montréal.

En 1954, il anime Images en boîtes, une série de 13 émissions télévisés dune demi-heure sur le cinéma et perpétue son affiliation intermittente avec LOffice national du film pour qui il débute le tournage de deux documentaires sur la musique quil terminera en 1956; Chantons maintenant sur la chanson canadienne d'expression française et Jeunesses musicales (Youth and Music) qui traite des jeunesses musicales du Canada (Le court métrage Rondo de Mozart sera un extrait de ce film) .

En 1955, il interprète Praileau dans le téléfilm Moïra de Louis-Georges Carrier à Radio-Canada puis réalise de façon indépendante Pierrot des bois avec laide de Michel Brault. Les deux hommes obtiennent également une entrevue avec Frederico Fellini à New York. La mauvaise qualité sonore de lentrevue empêchera sa diffusion.

En 1957, À son retour de 6 mois de cours de théâtre à Paris avec le professeur René Simon, il collabore, à lONF, avec le cinéaste danimation Norman McLaren avec qui il co-réalisera Il était une chaise. Le film remportera nombreux prix internationaux dont le premier prix du film expérimental de la Mostra de Venise, un prix spécial de la British Academy of Film and Television Arts, le prix de mérite dans la catégorie art et expérimental aux prix Génie à Toronto et le deuxième du film expérimental au Festival international du film de Rapallo en Italie.

De retour au Québec, Jutra réalise son premier long métrage; Les Mains nettes, à partir d'un scénario de Fernand Dansereau. Ce film résulte dune combinaison de quatre épisodes de la série télévisée Panoramique, produite par l'ONF. La même année, il adapte pour le petit écran et scénarise Marlusse de Marcel Pagnol et Morts sans visage dArthur Hailey pour Radio-Canada.

En 1958, McLaren, Jutra et Brault se rendent à lExposition universelle de Bruxelles. Il était une chaise est également présenté au Festival du film de Tours Jutra fait la connaissance de François Truffaut qui sapprête à tourner Les Quatre Cents Coups. Lhiver de la même année il tourne le documentaire Félix Leclerc, troubadour puis Fred Barry, comédien pour lONF.

Influences et indépendance

En 1959, agissant à titre de producteur, François Truffaut invite Claude Jutra à réaliser Anna la bonne d'après une histoire de Jean Cocteau et mettant en vedette Marianne Oswald. Durant son séjour en France, Jutra visionne Moi, un noir de Jean Rouch et décide de partir pour lAfrique en bateau afin de rencontrer le réalisateur. Parti de Marseille, il débarque à Abidjan en Côte dIvoire puis se rend au Niger il rencontre Jean Rouch en pleine savane. Le réalisateur tient à aider Jutra dans la production dun film sur le Niger. En voyage au Canada, Rouch obtient lappui financier de lONF puis du gouvernement nigérien à son retour en Afrique. Le Niger, jeune république de Claude Jutra sort au cours de l'année 1961.

Toujours en 1961, de retour au Canada, Jutra rejoint léquipe française de lONF co-réalise avec Michel Brault, Marcel Carrière et Claude Fournier, La Lutte, un documentaire faisant appel aux techniques de cinéma direct développé par Brault dans Les Raquetteurs en 1958. En 1962, il collabore de nouveau avec Brault sur les documentaire Québec-U.S.A. ou L'invasion pacifique et Les Enfants du silence dont lequel il sera le narrateur. Il fera également la narration de La feuille qui brise les reins de Terence Macartney.

En août 1963, Claude Jutra termine le tournage son premier long métrage de fiction, À tout prendre. Après deux années de tournage intermittent et un budget indépendant et autofinancé de 60 000 $, cette première fiction de style direct et de nature autobiographique réalisé au Québec[5] remporte le grand prix du Festival du cinéma canadien et le Canadian film award du meilleur long métrage de fiction. Malgré la critique locale, le film est acclamé en France et aux États-Unis par des réalisateurs comme John Cassavetes et Jean Renoir. En octobre une rétrospective de lensemble de son œuvre est présentée au Musée des beaux-arts du Canada.

La même année, il supervise le montage et coréalise avec Pierre Patry Petit discours sur la méthode, un documentaire sur la technologie française. En 1964, il critique le financement accordé à lindustrie cinématographique québécoise dans Cineboom. Durant le reste des années 1960, Jutra réalisera deux courts documentaires, Comment savoir et Rouli-Roulant en 1966. En 1967, il est victime dun accident de moto sur le pont Jacques-Cartier. Suite à sa convalescence il réalise Wow en 1969.

Filmographie

Réalisateur

Cinéma


Télévision

  • 1964 : Ciné boum
  • 1976 : Ada
  • 1976 : Le Conteur de rêves (Dreamspeaker)
  • 1978 : The Beachcombers (The Patriarch 1 and 2 )
  • 1978 : Seer Was Here
  • 1979 : The Wordsmith
  • 1985 : My Father, My Rival

Acteur

Cinéma

Télévision

Scénariste

Monteur

Directeur de la photographie

Producteur

Distinctions

Récompenses

Nominations

Bibliographie

Monographies et thèse

  • CARRIER-LAFLEUR, Thomas, Une philosophie du « temps à létat pur ». Lautofiction chez Proust et Jutra, Paris : Librairie philosophique J. Vrin, Québec : Les Presses de lUniversité Laval (Zêtêsis : Esthétiques), 2010, 215 p.
  • GARNEAU, Michèle, « Pour une esthétique du cinéma québécois », Thèse de doctorat en Littérature comparée, option théorie et épistémologie, Montréal, Université de Montréal, 1997.
  • LEACH, Jim, Claude Jutra filmmaker, Montreal/Kingston/London/Ithaca, McGill-Queens University Press (Films Studies), 1999, XII-306 p.

Analyses

  • BÉGIN, Richard, "Low Cost (Claude Jutra) ou la mobilisation d'un héritage. Pocket film et technique identitaire", Nouvelles Vues, no 12, printemps-été 2011, en ligne.
  • BELLEMARE, Denis, « Narcissisme et corps spectatorielle », dans Cinémas, vol. nos 1-2, automne 1996, p. 37-54.
  • BRADY, James, « À tout prendre : fragments du corps spéculaire », dans Copie Zéro, Revue de cinéma, no 37 (octobre 1988), p. 23-26.
  • MARSOLAIS, Gilles, « À tout prendre », dans Lettres et écritures, Revue des Étudiants de la Faculté des Lettres de lUniversité de Montréal, vol. I, no 2 (février 1964), p. 35-41.
  • MARSOLAIS, Gilles, « Au delà du miroir... », dans Cinéma : acte et présence, Québec, Éditions Nota bene, 1999, p. 189-203.
  • WAUGH, Thomas, « Je ne le connais pas tant que ça: Claude Jutra », dans Nouvelles vues sur le cinéma québécois (en ligne), no 2, été-automne 2004.
  • SIROIS-TRAHAN, Jean-Pierre, « Le devenir-québécois chez Claude Jutra. Autofiction, politique de lintime et le je comme faux raccords », dans Nouvelles vues sur le cinéma québécois, en ligne, no 11, automne 2010.

Lien externe

Notes et références

  1. p.7
  2. p.5
  3. p.8
  • Jim Leach, Claude Jutra, filmmaker, McGill-Queen's University Press, 1999 (ISBN 0773518592) .
  1. p.25

Autres références

  1. http://www.onf.ca/webextension/jutra_fr/fr/film.html
  2. http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=F1ARTF0004203
  3. Cahiers du Cinéma (Les), n° 200/201, avril/mai 1968
  4. Michel Houle et Alain Julien, Le Dictionnaire du Cinéma québécois, Éditions Fides, 1978.
  5. * Michel Coulombe et Marcel Jean, Le Dictionnaire du Cinéma québécois, Editions Boréal, 1991 (ISBN 2890524434) .
  6. [1]



Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Claude Jutra de Wikipédia en français (auteurs)

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