Catéchisme du Concile de Trente

Catéchisme du Concile de Trente

Le Catéchisme du Concile de Trente (ou catéchisme romain) diffère des autres résumés de la doctrine chrétienne pour l'instruction du peuple sur deux points : à l'origine, il est destiné aux prêtres qui ont charge d'âmes (ad parochos), et il a fait autorité au sein de l'Église catholique plus qu'aucun autre catéchisme jusqu'au Catéchisme de l'Église catholique (1992). Le besoin d’un manuel populaire faisant autorité émergea de l'ignorance généralisée du clergé d'avant la Réforme, et du manque d’intérêt pour l’instruction religieuse des fidèles qui en découlait. Il est encore étudié dans le domaine de la théologie dogmatique.

Sommaire

Histoire

Les pères du concile de Trente, « voulant absolument combattre un mal si grand et si funeste par un remède efficace, non seulement ont pris soin de bien définir contre les hérésies de notre temps les points principaux de la doctrine catholique, mais de plus ils se sont fait un devoir de laisser, pour l’instruction des chrétiens sur les vérités de la Foi, une sorte de plan et de méthode que pourraient suivre en toute sûreté dans leurs églises ceux qui auraient la charge de Docteur et de Pasteur légitime » (Cat. praef., vii).

Cette résolution fut adoptée au cours de la dix-huitième session (26 février 1562) sur la suggestion de Saint Charles Borromée qui donnait alors toute la mesure de son zèle à réformer le clergé. Le pape Pie IV confia la rédaction du Catéchisme à quatre théologiens renommés : les archevêques Leonardo Marino de Lanciano, Muzio Calini de Zara, Egidio Foscarini, l'évêque de Modène, et Francisco Fureiro, un dominicain portugais. Trois cardinaux furent chargés de superviser le travail. Saint Charles Borromeo supervisa la rédaction du texte original en italien, qui, grâce à ses efforts, fut achevé en 1564. Le cardinal William Sirletus y apporta alors les retouches finales, et les célèbres humanistes, Julius Pogianus et Paulus Manutius, le traduisirent en latin classique. Il fut alors publié en latin et en italien sous le titre Catechismus ex decreto Concilii Tridentini ad parochos Pii V jussu editus, Romae, 1566 (in-folio). Des traductions dans les langues vernaculaires de tous les pays furent ordonnées par le Concile (Sess. XXIV, De Ref., c. vii).

Contenu

Les définitions dogmatiques

Le concile émet le souhait que le catéchisme projeté devienne le manuel officiel d’instruction populaire de l'Église. Dans l’esprit de l’Église, le catéchisme, bien qu’écrit à l’origine pour les prêtres, devait aussi offrir une méthode fixe et stable d’instruction des fidèles, particulièrement au sujet des actions de grâce, très négligées à cette époque. Pour atteindre cet objectif, l'ouvrage suit scrupuleusement les définitions dogmatiques du concile. Il est organisé en quatre parties :

– I. Du symbole des apôtres ;
– II. Des sacrements ;
– III. Du décalogue ;
– V. De la prière.

Le catéchisme et les prêtres

Il traite de la primauté papale et des limbes, points qui ne furent pas discutés ou définis à Trente ; à l'inverse, il est silencieux sur la doctrine des indulgences, qui est exposée dans le Decretum de indulgentiis, Sess. XXV. Les évêques usèrent de leur influence pour étendre l'usage du nouveau catéchisme ; ils enjoignirent de le lire fréquemment, pour que son contenu fût mémorisé ; ils recommandèrent aux prêtres de commenter des passages lors de leurs rencontres, et insistèrent pour qu’il fût utilisé pour l’instruction du peuple.

Certaines éditions du Catéchisme romain sont précédées d’un Praxis Catechismi, c'est-à-dire d'une division de son contenu en sermons pour chaque dimanche de l'année selon l’évangile du jour. Il n’existe pas de meilleur sermonnaire. Le peuple apprécie d’entendre la voix de l’Église parler sans détours compliqués ; les nombreux textes et illustrations bibliques parlent directement au cœur, et, par dessus tout, le fidèle retient mieux ces sermons simples que l’oratoire de célèbres prédicateurs. Bien sûr, le Catéchisme n’a pas l’autorité des définitions conciliaires ou d’autres symboles primaires de la foi. Bien qu’il ait été ordonné par le Concile, il ne fut publié qu’un an après la dispersion des Pères, et il lui manque donc une approbation conciliaire formelle. Au cours des controverses de auxiliis gratiae entre les thomistes et les Molinistes, les Jésuites refusèrent d’accepter l’autorité du Catéchisme comme décisive. Il possède pourtant une grande autorité comme exposé de la doctrine catholique. Il a été rédigé à la demande d’un concile, publié et approuvé par le pape ; sa lecture avait été prescrite par de nombreux synodes dans toute l'Église. Le pape Léon XIII, dans une lettre aux évêques français (8 septembre 1899), recommanda l’étude du Catéchisme du Concile de Trente à tous les séminaristes, et le pontife régnant, Pie X, exprima son souhait que les prédicateurs puissent l’expliquer aux fidèles.

La mort de Jésus-Christ

Sur les " Causes de la mort de Jésus-Christ ", le catéchisme du concile de Trente précise, en réponse à Luther, après une page de méditation sur la Passion du Sauveur et l'amour de Dieu pour les hommes :

« Il faut ensuite exposer les causes de la Passion, afin de rendre plus frappantes encore la grandeur et la force de l'amour de Dieu pour nous. Or, si l'on veut chercher le motif qui porta le Fils de Dieu à subir une si douloureuse Passion, on trouvera que ce furent, outre la faute héréditaire de nos premiers parents, les péchés et les crimes que les hommes ont commis depuis le commencement du monde jusqu'à ce jour, ceux qu'ils commettront encore jusqu'à la consommation des siècles.(…) Les pécheurs eux-mêmes furent les auteurs et comme les instruments de toutes les peines qu'il endura. »

Au sujet du rôle des chrétiens et des juifs dans la Passion, le catéchisme enseigne (1re partie, chapitre 5, § 3) :

« Nous devons donc regarder comme coupables de cette horrible faute, ceux qui continuent à retomber dans leurs péchés. Puisque ce sont nos crimes qui ont fait subir à Notre-Seigneur Jésus-Christ le supplice de la Croix, à coup sûr, ceux qui se plongent dans les désordres et dans le mal crucifient de nouveau dans leur cœur, autant qu’il est en eux, le Fils de Dieu par leurs péchés, et Le couvrent de confusion. Et il faut le reconnaître, notre crime à nous dans ce cas est plus grand que celui des Juifs. Car eux, au témoignage de l’Apôtre, s’ils avaient connu le Roi de gloire, ils ne L’auraient jamais crucifié. Nous, au contraire, nous faisons profession de Le connaître. Et lorsque nous Le renions par nos actes, nous portons en quelque sorte sur Lui nos mains déicides. »

Premières éditions

Les premières éditions du catéchisme romain sont Romae apud Paulum Manutium (1566), Venetiis, apud Dominicum de Farrisö (1567), Coloniae (1567, par Henricus Aquensis) ; « Parisuis, in aedibus. Jacques Kerver », 1568, Venetiis, apud Aldum (1575), Ingolstadt, 1577 (Sartorius). En 1596 parut à Anvers Cat. Romanus...quaestionibus distinctus, brevibusque exhortatiunculis studio Andreae Fabricii, Leodiensis. (Cet éditeur, A. Le Fèvre, mourut en 1581 ; c’est sans doute lui qui a organisé le catéchisme romain en questions et réponses en 1570). George Eder, en 1569, adapta le Catéchisme pour un usage scolaire. Il répartit les principales doctrines en sections et sous-sections, et ajouta des tables des matières claires. Cet ouvrage porte le titre Methodus Catechismi Catholici. La première traduction anglaise connue est de Jeremy Donovan, un professeur de Maynooth, publiée par Richard Coyne, Capel Street, à Dublin, et par Keating & Brown, Londres, et imprimée pour le traducteur par W. Folds & Son, Great Shand Street, 1829. Une édition américaine parut la même année. La traduction de Donovan fut réimprimée à Rome par la Propaganda Press, en deux volumes (1839) ; elle est dédiée au Cardinal Fransoni, et signée : « Jeremias Donovan, sacerdos hibernus, cubicularius Gregorii XVI, P. M. » Il existe une autre traduction en anglais par R. A. Buckley (Londres, 1852), qui est plus élégante et prétend être plus juste, mais qui est gâchée par les notes doctrinales du traducteur anglican. La première traduction allemande, par Paul Hoffaeus, est datée Dillingen, 1568.

Bibliographie

Liens externes

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