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Catastrophe de Bhopal
La catastrophe de Bhopal, survenue la nuit du 3 décembre 1984, est la plus importante catastrophe industrielle à ce jour. L'explosion d'une usine Union Carbide (Dow Chemical maintenant) de pesticides a dégagé 40 tonnes d'isocyanate de méthyle (CH3-N=C=O) dans l'atmosphère de la ville, tuant entre 16 000 et 30 000 personnes, dont huit mille la première nuit.
Son PDG de l'époque, Warren Anderson, est accusé d'homicides pour cette catastrophe et déclaré fugitif par le chef judiciaire de Bhopal le 1er février 1992 pour ne pas s'être présenté à la Cour lors d'un procès. Il vivrait actuellement paisiblement à Long Island dans l'état de New York[1].
Sommaire
Prémices
Les installations en cause dans la catastrophe de Bhopal appartenaient à la Union Carbide India Limited (UCIL), filiale indienne de la Union Carbide Corporation (UCC), l'un des premiers groupes chimiques américains. Leur construction avait déjà posé des problèmes de sécurité, signalés en 1982, et supposés réglés depuis [2].
En réduisant les frais de fonctionnement pour augmenter une rentabilité jugée insuffisante, le groupe aurait sacrifié la sécurité[3].
Dans les années soixante, l'Inde dont la population augmente rapidement vise l'autosuffisance alimentaire via une « révolution verte ». Les végétaux sélectionnés demandent plus d'engrais et plus de pesticides. Le projet d'UCC de construire une usine de pesticides est donc bien accueilli. Selon ses promoteurs, une production importante peut permettre de sauver près de dix pour cent de la récolte annuelle. Une première usine est construite en 1969 dans l'État de Madhya Pradesh, au centre du pays. En 1977, le gouvernement indien exige la construction d'une seconde usine, sous peine de ne pas renouveler la licence d'exploitation de UCCI.
Cette seconde usine est construite en 1978 à Bhopal, capitale de l'État comptant alors pas moins de 300 000 habitants, à 600 kilomètres au sud de New Delhi. L'usine conçue pour produire 5 000 tonnes/an de pesticides (alors que la demande en Inde n'aurait jamais dépassé les 2000 tonnes/an), se trouve à 5 kilomètres à l'extérieur de la ville, et à un kilomètre de la gare. Elle produit du Temik et le Sevin, essentiellement composés d'isocyanate de méthyle (ou MIC ; Methyl isocyanate en anglais), produit extrêmement toxique et allergène. Ce produit peut être rapidement neutralisé par une enveloppe de soude qui interdirait toute émanation (Union Carbide corporation n'avait cependant pas jugé utile de faire figurer cela dans les rapports sur la sécurité de l'usine). Ce liquide très dangereux pour tous les êtres vivants est confiné à une température inférieure à 0 °C, température au-delà de laquelle il se transforme en un gaz plus lourd que l'air, aussi toxique que le chlore.
Attirée par l'eau, l'électricité et les salaires offerts par l'usine, la population va affluer autour du site industriel : la population passe à 385 000 habitants en 1971, à 671 000 en 1981, puis à près de 800 000 en 1984. Les plus pauvres s'agglutinent dans le bidonville de Khasi Camp situé entre la ville et l'usine. D'isolée qu'elle était, l'usine se retrouve englobée dans une ville dense dont les maisons ou abris les plus proches s'accrochent aux grillages d'enceinte, sans schéma d'urbanisation ni possibilité d'appliquer un système de gestion du risque industriel aux zones périphériques. L'usine ne tournera jamais à pleine capacité, signalant des incidents et accidents graves dès l'année de sa construction (1978), suivis notamment d'un immense incendie en 1978 et de cinq importantes fuites de gaz en 1981 et 1983 soldés par un mort et quarante-sept blessés, plus de 670 000 dollars de dommages [citation nécessaire]. Tout cela sera passé sous silence grâce aux bonnes relations locales de UCIL : « Il est vrai que les politiciens locaux ne pouvaient rien refuser à l'Union Carbide (India) qui leur offrait prébendes, sinécures et réceptions somptueuses » [4]. Le gouvernement indien prolongera de sept ans l'autorisation de fabrication du Sevin malgré les avertissements de la presse et de membres de l'opposition du parlement de l'État.
En 1982, une inspection détaillée fait apparaître dix déficiences sérieuses dans les systèmes de sécurité de l'usine [citation nécessaire].
À partir de 1982, l'usine devient largement déficitaire à cause de la mévente de ses produits. UCC, la maison mère, envisage sa fermeture mais le gouvernement indien refuse car cela constituerait un très mauvais exemple pour d'autres investisseurs étrangers potentiels. Pour rééquilibrer ses comptes, la filiale indienne UCIL décide alors de réduire les frais d'exploitation et, pour ce faire, licencie progressivement une partie de son personnel qualifié, dont une partie sera remplacée par des employés moins formés.
En 1984, après de multiples fermetures temporaires, deux des dix déficiences signalées en 1982 ne sont toujours pas corrigées [citation nécessaire].
Le premier incident
Le premier incident significatif a lieu le 21 octobre 1984, vers 22h : les opérateurs échouent dans leur tentative d'accroître la pression dans le réservoir 610 pour en extraire le MIC qui y est stocké.
Nuit du dimanche 2 au lundi 3 décembre
L'usine est alors partiellement fermée et tourne au ralenti avec des effectifs encore plus réduits que de coutume.
- 21 h 15 : Un opérateur de MIC et son contremaître procèdent au lavage d'un tuyau à grande eau. Ce tuyau communique avec le silo 610 ; il semble que la valve soit restée ouverte, contrairement aux consignes de sécurité. L'eau va donc couler pendant plus de 3 heures et environ mille litres d'eau vont se déverser dans le réservoir.
- 22 h 20 : Le réservoir 610 est rempli de MIC à 70 % de sa capacité (il contient exactement 11 290 gallons, soit environ 42 740 litres. On y mesure une pression intérieure de 2 psi (1 psi = 0,068 94 bar), valeur considérée comme normale (la pression admissible est comprise entre 2 et 25 psi.)
- 22 h 45 : La nouvelle équipe de nuit prend la relève.
- 23 h 00 : Un contrôleur note que la pression du réservoir 610 est de 10 psi, soit cinq fois plus qu'à peine une heure auparavant. Habitué aux dysfonctionnements d'appareils de contrôle, il n'en tient pas compte. Des employés ressentent des picotements des yeux et signalent aussi une petite fuite de MIC près de ce réservoir. De tels faits étant fréquents dans l'usine, on n'y prête pas d'attention particulière.
- 23 h 30 : La fuite est localisée et le contrôleur est prévenu. Celui-ci décide qu'il s'en occupera à minuit et quart, après sa pause.
- 00 h 15 : La pression intérieure du réservoir 610 dépasse la limite admissible : elle atteint 30 psi et semble continuer à augmenter.
- 00 h 30 : La pression atteint 55 psi. Le contrôleur, bravant les instructions reçues de ne pas déranger inutilement son chef de service, se décide enfin à lui téléphoner pour le prévenir. Il sort ensuite pour aller observer l'état du réservoir, qui tremble et dégage de la chaleur. Le couvercle en béton du réservoir se fend, puis la valve de sécurité explose, laissant échapper un nuage mortel.
- 01 h 00 : Le chef de service arrive, constate rapidement les fuites de gaz toxiques du réservoir 610 et fait sonner l'alarme.
- 02 h 30 : On réussit à fermer la valve de sécurité du silo 610.
- 03 h 00 : Le directeur de l'usine arrive et donne l'ordre de prévenir la police, ce qui n'avait pas été fait jusqu'alors, car la politique officieuse de l'usine était de ne jamais impliquer les autorités locales dans les petits problèmes de fonctionnement. Carbide observait la même politique aux USA.
Un nuage toxique se répand sur une étendue de vingt-cinq kilomètres carrés. La majeure partie de la population dort ou ne réagit pas au signal d'alarme. Les ouvriers de l'usine, conscients du danger, s'enfuient sans utiliser les quatre autobus garés dans la cour. Il est difficile de prévenir les autorités car les lignes téléphoniques de l'usine fonctionnent mal.
La panique s'étend à toute la ville et, dans la plus totale incompréhension, des centaines de milliers de personnes sont prises au piège, errant dans les ruelles étroites du bidonville, cherchant des secours qui tarderont à se mettre en place. Le gaz attaque d'abord les yeux, entraînant une cécité, provisoire dans les cas favorables, avant de s'engouffrer dans les poumons pour provoquer de graves insuffisances respiratoires. Les trois cent cinquante médecins de la ville qui peu à peu se mobilisent perdent du temps à comprendre ce qui se passe car aucun d'entre eux n'a été informé sur la nature exacte du MIC et des dangers qu'il présente.
Le gouvernement du Madhya Pradesh a établi le détail du bilan humain :
- 3 828 morts (identifiés)
- 40 incapacités totales définitives
- 2 680 incapacités partielles définitives
- 1 313 incapacités partielles temporaires avec invalidité définitive
- 7 172 incapacités partielles temporaires avec invalidité temporaire
- 18 922 invalidités définitives sans incapacité
- 173 382 invalidités temporaires sans incapacité
- 155 203 blessures temporaires sans invalidité
Soit, au total, 362 540 victimes à des degrés divers. Ne seront déposées que 80 000 demandes d'indemnisation auprès des autorités indiennes.
Dès le 4 décembre, Warren Anderson, PDG d'Union Carbide, part inspecter les lieux avec une équipe d'experts pour essayer de faire la lumière sur le drame. Il est arrêté et emprisonné puis finalement expulsé. Ce n'est que le 20 décembre que les autorités laisseront venir la commission d'enquête sur les lieux. Dès le 6 décembre, l'usine a été fermée et on a entrepris son démantèlement. Autour du 13 décembre, les habitants de la ville ont commencé à fuir en masse, bien souvent sans destination précise, car il a fallu remettre en marche l'usine afin de détruire les stocks de gaz restants.
Bataille boursière
Dès le mois de décembre 1984, le cours de l'action UCC à Wall Street chute de 52 $ à 32 $ et l'entreprise voit sa cote de crédit tomber. Cela implique un surenchérissement des emprunts qu'elle contracte et, donc, un accroissement de ses charges financières qui vient affaiblir ses résultats. L'entreprise s'en trouve d'autant plus fragilisée que, globalement, ses résultats des années antérieures se situaient déjà au-dessous de la moyenne de ceux de l'industrie.
Au cours de l'été 1985, la rumeur d'une future offre publique d'achat (OPA) se répand. Il s'agit d'une tentative de rachat d'un nombre suffisant d'actions d'UCC pour modifier le rapport de force interne et prendre ainsi la majorité des voix au conseil d'administration au cours d'une assemblée générale extraordinaire des actionnaires. La demande accrue d'actions d'UCC fait rapidement remonter le cours, le doublant presque puisqu'il atteint 60 $.
Le 14 août 1985, un concurrent américain, GAF Corporation, annonce qu'il détient 5,6 % des actions d'UCC. Le 28 août, le conseil d'administration d'UCC annonce une série de mesures pour se protéger de cette attaque. Les principales concernent des changements importants parmi le personnel dirigeant, des fermetures d'usines non rentables et la mise à pied d'environ 4 000 personnes pour les seuls États-Unis, afin de réduire les coûts d'exploitation. GAF corporation rachète les actions en circulation, ce qui fait encore monter les cours. Mais, dans le même temps, UCC procède elle aussi au rachat du plus grand nombre possible de ses propres actions. De ce fait, le cours des actions continue à monter. Malgré cela, le 30 août 1985, GAF Corporation contrôle déjà 10 % des actions et continue son attaque. Enfin, le 9 décembre 1985, GAF Corporation fait une offre d'achat à 4,3 milliards de dollars soit une offre de 68 $ par action. Le 15 décembre, UCC fait une contre-offre et force GAF à offrir 74 $ par action le 26 décembre, puis 78 $ par action le 2 janvier 1986, ce qui représenterait 600 millions de dollars de plus qu'un mois auparavant.
Mais, ce même 2 janvier 1986, UCC annonce un plan complet de restructuration entraînant de profonds changements. Ce plan comprend :
- la vente de la division des produits de grande consommation (Eveready, Prestone, Glad, etc.), de loin la plus rentable du groupe, pour un montant de 2,2 milliards de dollars;
- une nouvelle offre de rachat d'actions pour 500 millions de dollars ;
- de nouvelles fermetures d'usines et des réductions d'effectif ;
- la création d'un programme d'aide à l'environnement ayant un budget de 100 millions de dollars ;
- la vente ou la réévaluation d'actifs divers (90 millions pour les stocks, 675 millions sur les actifs immobilisés, 100 millions de frais de fermetures d'usines) ;
- la vente d'actifs non stratégiques pour un montant de 500 millions.
Face à cette avalanche de mesures, le 9 janvier 1986 GAF Corporation retire son offre et revend ses actions à UCC. GAF réalise un bénéfice de plus de 90 millions de dollars.
Bataille juridique
Le drame de Bhopal va donner lieu à deux procédures distinctes: la première opposera l'État du Madhya Pradesh à l'UCIL, l'UCC et le gouvernement indien ; la seconde opposera le gouvernement indien à l'UCIL, L'UCC et le gouvernement des États-Unis
La première étape va consister à choisir la cour compétente, chaque partie souhaitant être jugée dans le pays de l'autre, pour des raisons de jurisprudences [citation nécessaire]. Le 12 mai 1986, le Juge Keenan décide que l'affaire ne peut pas être jugée aux États-Unis.
Dès le 8 août 1986, dans une interview accordée au quotidien londonien Times [citation nécessaire], UCC annonce quelle sera sa ligne de défense : le MIC réagit violemment au contact avec l'eau, ce qu'aucun employé ne devrait ignorer, UCC va donc arguer d'un sabotage.
De son côté, le gouvernement indien a adopté une ligne dure vis-à-vis de la partie adverse, refusant systématiquement toutes les offres d'aide, de dons ou de coopération [citation nécessaire], et se préparant à démontrer la responsabilité directe d'UCC dans l'affaire. Il demande une indemnité de 15 milliards de dollars en compensation et pour dommages exemplaires — c'est pourquoi il demande que le cas soit jugé aux États-Unis, qui ont une jurisprudence plus abondante et l'habitude d'accorder aux victimes des dommages-intérêts élevés. Il fait donc appel de la décision du juge Keenan déclarant les juridictions américaines incompétentes.
Le 17 novembre 1986, UCC publient des comptes-rendus d'enquête soulignant le fait que l'introduction délibérée de grandes quantités d'eau dans le réservoir 610 a provoqué le désastre. Le 21 novembre, un représentant d'UCC annonce que le nom de l'employé indien coupable de ce geste sera divulgué à la cour en temps opportun. Le gouvernement indien est débouté le 14 janvier 1987 par la seconde chambre de la cour d'appel de Manhattan. Elle précise dans son jugement que UCC n'est pas directement impliquée ; elle confirme que sa filiale indienne UCIL est une entité légale indépendante et séparée d'UCC, arguant du fait qu'elle n'est dirigée que par des citoyens indiens et n'emploie que des nationaux[citation nécessaire].
Pendant que UCC continue à accumuler des preuves et des présomptions, et proteste contre l'impossibilité d'accéder à un témoin clé, S. Sunderajan, la procédure se met en place à Bhopal. Le 17 décembre 1987, UCC dénonce le fait que la Cour du District de Bhopal veuille lui faire payer un montant provisoire de 270 millions de dollars avant même les audiences. Le 18 janvier 1988, les américains en appellent à la Haute Cour de l'État de Madhya Pradesh pour faire annuler cette ordonnance. Le 4 avril, le juge Sethy confirme les provisions pour dommages imposées par la Cour de Bhopal mais ramène le montant à 192 millions[citation nécessaire].
Le 10 mai 1988 est publiée l'étude du cabinet Arthur D. Little[citation nécessaire] qui confirme la thèse du sabotage. Le 3 juin les américains font appel auprès de la Haute Cour Fédérale Indienne du jugement de la Haute Cour de l'État de Madhya Pradesh du 4 avril.
Le 8 septembre 1988, la Haute Cour Fédérale Indienne donne raison aux américains. Le 14 octobre, le Juge Deo, de la Cour de District de Bhopal est dessaisi de l'affaire au profit d'un autre juge plus confirmé. Le drame remonte alors à près de quatre ans. Les victimes continuent à attendre.
C'est finalement le 14 février 1989 que la Cour Suprême indienne rend son verdict : la partie américaine est condamnée à verser un total de 470 millions se répartissant en 50 millions pour UCIL (payés pour leur contre-valeur en roupies), et 415 millions pour UCC (les 5 millions manquants correspondent à la somme que la cour fédérale américaine avait immédiatement obligé UCC à payer pour les premiers secours aux victimes). Dès le 24 février, les deux compagnies condamnées annoncent que les sommes demandées ont été versées.
La décision de la Cour Suprême provoque de nombreux remous [citation nécessaire]. En effet, en plus du délai supérieur à quatre ans qui a été nécessaire pour aboutir à une conclusion, beaucoup de personnes trouvent le montant de la condamnation assez faible [citation nécessaire]. L'ampleur des réactions est telle, dans le monde, que le 4 mai 1989, la Cour Suprême indienne, dans un long plaidoyer [citation nécessaire], défend son jugement en insistant sur le fait que, par rapport aux usages indiens, les sommes requises sont extrêmement élevées. Ce plaidoyer sera largement utilisé par UCC qui tente de se refaire une image, au moins en Inde, en montrant à quel point elle a été punie [citation nécessaire].
Conséquences
Dans la semaine qui suit la catastrophe, puis à nouveau en février et mai 1985, UCC envoie à Bhopal des médecins, dont certains sont des sommités internationales en pneumologie et ophtalmologie, ainsi que du matériel médical. Le 10 décembre 1984, UCC offre un million de dollars au fonds d'intervention du Premier ministre indien [citation nécessaire]. Pendant le premier semestre 1985, les employés américains d'UCC, tout comme les retraités ou des anciens de la compagnie collectent et envoient 120 000 dollars aux différentes organisations de secours à Bhopal [citation nécessaire]l. Au fur et à mesure de la prise de conscience de l'ampleur des dégâts, UCC renforce ces mesures. Le 18 avril 1985, elle offre cinq millions de dollars au titre de l'aide humanitaire. Ces fonds sont refusés par le gouvernement indien et ils seront ultérieurement versés à la Croix-Rouge américaine au titre de Bhopal. À ce jour, il semble que deux millions seulement aient été utilisés par la Croix-Rouge indienne[citation nécessaire]. En avril 1985 et janvier 1986, UCC fait un prêt de 2,2 millions de dollars à l'Université de l'État de l'Arizona pour mettre sur pied un Centre technique et de formation pour Bhopal. En mai 1986, UCC donne encore un million à une organisation non gouvernementale (ONG) suisse, Sentinelles, pour des programmes de formation médicale à Bhopal.[citation nécessaire]
En janvier 1986, UCC et UCIL offrent de financer la construction d'un hôpital destiné au traitement des victimes de Bhopal. Cette offre sera retenue en octobre 1991 par la Cour Suprême indienne qui demandera aux deux compagnies de verser environ 50 millions de roupies dans ce but (soit un peu plus de 100 millions de francs français). Quelques jours plus tard les deux compagnies confirmeront leur accord pour cette contribution qui n'avait toujours pas été acceptée par les autorités indiennes fin 1992.[citation nécessaire]
Lors d'une allocution présentée au forum économique de Davos, le 5 février 1991, le nouveau président d'UCC, Robert Kennedy, affirmait : «Care for the planet has become a critical business issue -- central to our jobs as senior managers» (Se préoccuper de notre planète est devenu un enjeu essentiel pour les entreprises -- fondamental pour notre responsabilité de dirigeants).[citation nécessaire]
En plus de l'engagement formel du président en faveur du respect de l'environnement et les problèmes de sécurité, UCC a créé un comité « santé, sécurité. environnement » composé de personnes externes; un vice-président exécutif (soit l'équivalent d'un directeur général adjoint dans une multinationale française) est désormais chargé spécifiquement des problèmes d'environnement. Les performances d'UCC en matière de lutte contre la pollution, de sécurité et de respect de l'environnement, font l'objet partout dans le monde d'audits réguliers réalisés par des firmes spécialisées indépendantes et crédibles. L'entreprise a également défini un plan stratégique environnemental ayant des objectifs précis et contrôlables.[citation nécessaire]
En ce qui concerne la sécurité des installations, les procédures écrites ont été réécrites pour les rendre vraiment opérationnelles.[citation nécessaire] On est ainsi passé de plus d'un mètre d'épaisseur de documents à 1,5 cm [citation nécessaire]. À cela s'ajoutent de nombreux programmes de sensibilisation et de responsabilisation du personnel, une révision de tous les processus de production, de transport, d'utilisation et d'élimination des produits dangereux.
UCIG, filiale produisant des gaz industriels, a réduit de 97 % ses émissions toxiques entre 1987 et 1990. UCC&P, filiale produisant les produits chimiques et plastiques, a réduit ses rejets de substances cancérigènes de 50 % et de substances potentiellement cancérigènes de 90 % pendant la même période. [citation nécessaire]
Pollution industrielle
Du temps de l'activité de l'usine, des déchets avaient été enfouis dans le sol, sans protection [citation nécessaire]. Aujourd'hui encore (fin 2003), ces déchets se répandent dans les nappes phréatiques, empoisonnant l'eau puisée par les habitants aux alentours [citation nécessaire]. Environ 30 personnes meurent chaque mois de cette toxicité, mais rien n'est fait pour nettoyer l'usine, où les déchets traînent à ciel ouvert, et que les enfants des bidonvilles utilisent comme terrain de jeu.[citation nécessaire]
Poursuites
Warren Anderson, le PDG de l'usine est recherché par les autorités indiennes pour avoir négligé 30 problèmes de sécurité majeurs dans cette usine, alors que des problèmes analogues avaient été réparés dans une usine située aux États-Unis. Le mauvais entretien de l'usine est la cause de cette explosion.
La compagnie Union Carbide fut ensuite rachetée par Dow Chemical qui laissa le site à l'abandon.Des compensations furent accordées à quelques familles pour éviter des plaintes, et la majorité des survivants continuent de vivre aux abords d'un site toujours toxique. Union Carbide a versé 470 000 000$ mais continue de refuser d'accepter la responsabilité. Chaque victime a reçu environ 500$.
Réaction de la population
Chaque année, au mois de décembre, des milliers d'habitants de Bhopal victimes de la catastrophe manifestent au cours d'un lugubre carnaval. Des cris de colère fusent et l'on détruit par le feu des mannequins représentant les responsables de la firme américaine Union Carbide.
Notes et références
- ↑ http://www.greenpeace.org/international/news/justice-for-warren-anderson
- ↑ Clayton Trotter & al. dans «Bhopal, India and Union Carbide : The Second Tragedy », Journal of Business Ethics, nordmasculine 8, 1989, page 440
- ↑ Dans la série agence Matrix, la cause affirmée est un sabotage terroriste, mais cette cause avancée n'est pas factuelle.
- ↑ L'État du monde 1985, « Les catastrophes industrielles dans le tiers monde », Éditions La Découverte, Paris
Voir aussi
Articles connexes
- Environnement | Tragédie du lac Nyos
Liens externes
- (en)-(fr) Site web de Gérard Verna
- (en) Site d'Union Carbide sur la catastrophe de Bhopal
- (en) Site du mouvement Sambhavna en faveur des victimes de la catastrophe
- (fr) Site web de Micha Patault, Photographe / Reportage Photo : Bhopal, Nouvelle Generation
- (fr) Reportage photographique de ReMedAct: Poison à Bhopal
Bibliographie
- (en) Alfred de Grazia, A Cloud over Bhopal - Causes, Consequences and Constructive Solutions, 1985 (ISBN 0-940268-09-9) :
« The first book on the Bhopal disaster, written on-site a few weeks after the accident. »
- La Grande triche de Jean-Claude Usunier et de Gérard Verna
- Il était minuit cinq à Bhopal de Dominique Lapierre et de Javier Moro
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