- Bonaparte et la révolution
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Napoléon (film, 1927)
Pour les articles homonymes, voir Napoléon (homonymie).Napoléon Réalisation Abel Gance Acteurs principaux Albert Dieudonné
Antonin Artaud
Gina ManèsScénario Abel Gance Musique Arthur Honegger Photographie Jules Kruger Production Abel Gance Société de distribution Gaumont (Europe)
Metro-Goldwyn-Mayer (États-Unis)Durée 330 min. Sortie 7 avril 1927 Langue(s) originale(s) cinéma muet
intertitres françaisPays d’origine France Napoléon est le titre de référence d'un film historique français, réalisé par Abel Gance, sorti initialement en 1927, dont le titre à l'écran est Napoléon vu par Abel Gance. Le film est également référencé dans de nombreux ouvrages sous le titre Napoléon Bonaparte, reprenant à tort le titre de la version sonore de 1935.
Sommaire
Synopsis
Le parcours de Bonaparte, de 1781 à Brienne jusqu'au 16 avril 1796 alors que va s'achever la campagne d’Italie.
Commentaire
Le Napoléon d'Abel Gance est un cas aussi unique qu'emblématique de l'histoire du cinéma mondial :
- unique dans la mesure où, si l'on peut trouver nombre de films dont le résultat connu est loin de répondre aux attentes du projet initial ou pour lequel des parties ont été perdues et partiellement retrouvées, aucun n'en témoigne avec une telle ampleur ;
- emblématique puisque c'est de ce fait le premier film de l'histoire du cinéma qui amène précisément à se poser la question même de savoir ce qu'est un film : Quelle en est la limite ? Jusqu'où assembler les parties retrouvées ? Quand arrête-t-on un montage et décrète-t-on qu'on a une œuvre cinématographique ? Qu'est-ce que l'objet film ? A-t-on toujours le même film si on y rajoute des séquences ultérieurement ? etc.
Le projet d'Abel Gance
Abel Gance voulait rendre hommage à l'empereur en lui consacrant une fresque à la mesure de l'épopée, à travers six films, En 1960, Gance tourna en Yougoslavie un Austerlitz qui peut en être considéré comme le troisième volet, même si on ne saurait y retrouver le souffle initial.
Abel Gance pensa à ce projet dès 1921, après avoir vu Naissance d'une nation de D. W. Griffith, et s'en entretint avec lui lors d'un déplacement aux États-Unis. Il voulait Ivan Mosjoukine dans le rôle principal, mais celui-ci refusa[1].
Aspects techniques
Au-delà de l'ampleur du sujet abordé, Napoléon est aussi resté dans l'histoire pour son approche révolutionnaire. 25 ans avant les autres tentatives de format large (Cinérama, CinemaScope), Abel Gance met en œuvre trois caméras projetant sur trois écrans, permettant ainsi différents effets :
- une image d'une largeur trois fois supérieure au format habituel par juxtaposition ;
- la répétition de la même image sur les trois écrans ;
- la projection de trois points de vue d'une même scène (procédé préfigurant le split screen) ;
- l'obtention d'une symétrie par inversion de l'image latérale.
Abel Gance a d'ailleurs dit de cette technique qu'il nomme Polyvision :
« Dans certains plans de Napoléon, j'ai superposé jusqu'à seize images, elles tenaient leur rôle “potentiel” comme cinquante instruments jouant dans un concert. Ceci m'a conduit à la polyvision ou triple écran présentant à la fois plusieurs dizaines d'images. »
« La partie centrale du triptyque c'est de la prose et les deux parties latérales sont de la poésie, le tout s'appelant du cinéma. »
Ces effets permettent au réalisateur de souligner les exploits et de renforcer le côté « patriotique » du film (en particulier avec les vues de batailles) dans une vision plus épique voire mythique qu'historique des événements.
Mais plus que la technique, c'est surtout la volonté artistique de son auteur de s'affranchir du cadre qui marque, l'utilisation du triptyque et d'un montage très nerveux n'en étant que les moyens.
Le tournage
De janvier-juin 1925 (Paris, Briançon, Corse), puis janvier-août 1926, interruption due au krach de la banque Stinnes, co-financière du film.
250 000 m. de pellicule tournée, triple écran final.
L'exploitation initiale
- 7 avril 1927 : grande première à l'opéra de Paris (Palais Garnier). Partition d'Arthur Honegger, métrage de 5 600 m avec triptyque final.
- Mai 1927 : deux projections pour la presse, métrage de 12 800 m sans triptyque.
- Novembre 1927 : exclusivité parisienne au cinéma Marivaux de la version d'avril (avec triptyque et orchestre).
- Février 1928 : projection inaugurale du Studio 28 (Paris), avec triptyque, ainsi que du documentaire de Jean Arroy: Autour de Napoléon.
Version de 1935 : Napoléon vu et entendu par Abel Gance
Connue sous les titres de Napoléon Bonaparte et Napoléon, vu et entendu par Abel Gance. Sonorisation selon dialogues initialement écrits pour la version muette de 1927, et ajout de quelques scènes. Seuls quelques comédiens de la version d'origine figurent dans ce nouveau montage - et que le décès de plusieurs interprètes du "Napoléon" muet contraignit Abel Gance à les remplacer ou à les faire postsynchroniser (selon les cas) par d'autres acteurs pour les séquences additionnelles tournées fin 1934.
Version de 1971 : Bonaparte et la révolution
Bonaparte et la révolution : reprise du métrage de 1934, avec une introduction d'Abel Gance lui-même, quelques scènes ajoutées et une narration en voix off de Jean Négroni. Version réalisée avec le concours de l'ORTF. Cette version est souvent considérée comme très inégale et souffrant des différences de style entre les montages. Cette version souffre en outre du fait qu'au gré des séquences, certains personnages sont tantôt interprétés par les comédiens de la version d'origine, tantôt par ceux des séquences additionnelles. Ainsi, Marat est-il successivement interprété par Antonin Artaud et Henri Virlojeux, et Louis XVI par pas moins de trois acteurs différents !
Les reconstitutions
Claude Lelouch, Kevin Brownlow en identifient 19, Francis Ford Coppola, un probable total de 23 versions.
En 1981, Kevin Brownlow, historien anglais du cinéma, présente la première reconstitution majeure, en tournée à New York, Londres, Rome et Paris, entre 1981 et 1983, dont les projections rencontrent un très grand succès.
De nouveaux montages sont réalisés en 1990 et 2001, le dernier atteint 5 h 30.
Fiche technique
- Titre de 1927 à l'écran : Napoléon vu par Abel Gance
- Réalisation : Abel Gance
- Scénario : A. Gance
- Photo : Jules Kruger, Léonce-Henri Burel, Roger Hubert, Georges Lucas, Mundwiller, Fédor Bourgassoff
- Chef décorateur : Alexandre Benois
- Décors : Serge Piménoff, Pierre Schildknecht, Ivan Lochakoff, Eugène Lourié, Georges Jacouty, Vladimir Meingard
- Musique : Arthur Honegger
- Musique additionnelle pour la version de 1935 : Henri Verdun
- Montage : A. Gance
- Pays : France, Italie, Allemagne, Espagne, Suède et Tchécoslovaquie
- Genre : film historique
- Durée : 200 minutes (version du 7 avril 1927)
- Noir et blanc
Distribution
- Albert Dieudonné : Napoléon Bonaparte
- Eugénie Buffet : Laetitia Bonaparte
- Gina Manès : Joséphine
- Harry Krimer : Rouget de Lisle
- Edmund van Daële : Robespierre
- Alexandre Koubitzky : Danton
- Antonin Artaud : Marat
- Pierre Batcheff : Hoche
- Max Maxudian : Barras
- Abel Gance : Saint-Just
- Annabella : Violine Fleury
- Nicolas Koline : Tristan Fleury
- Suzanne Bianchetti : Marie-Antoinette
- Louis Sance : Louis XVI
- Vladimir Rodvenkóv : Bonaparte enfant
- Acho Chakatouny : Pozzo Di Borgo
- Henri Baudin : Santo Ricci
- Philippe Hériat : Salicetti
- Grégoire Metchnikoff : Augereau
- Henri Beaulieu : Beaumarchais
- Léo Courtois : Carteaux
- Pierre Danis : Muiron
- Daniel Mendaille : Fréron
- Guy Favières : Fouché
- Roger Blum : Talma
- Sylvio Cavicchia : Lucien Bonaparte
- Georges Lampin : Joseph Bonaparte
- Marguerite Gance : Charlotte Corday
- Damia : La Marseillaise
- Paul Amiot : Fouquier-Tinville
- Armand Bernard : Jean-Jean
- Jean Henry : Junot
- Génica Missirio : Murat
- Philippe Rolla : Masséna
- Suzy Vernon : Madame Récamier
- Georgette Sorelle : Madame Elisabeth
- Francine Mussey : Lucile Desmoulins
- Yvette Dieudonné : Elisa Bonaparte
- Pierrette Lugan : Caroline Bonaparte
- Simone Genevois : Pauline Bonaparte
- Andrée Standard : Madame Tallien
- Mony Thomassin : Madame Royale
- Lise Carvalho : Mademoiselle Lenormand
- Janine Pen : Hortense de Beauharnais
- Florence Talma : Louise Gely
- Noëlle Mattô : Albertine Marat
- Blanche Beaume : la servante de Marat
- Robert Gulbert : le sergent Le Marois
- Henry Krauss : le capitaine Moustache
- Henry Bonvallet : le général Menou
- Robert de Ansorena : le capitaine Desaix
- Georges Cahuzac : le vicomte Alexandre François Marie de Beauharnais
- Alexandre Bernard : Collot d'Herbois et Dugommier
- Raphaël Liévin : Fabre d'Églantine
- Jean d'Yd : La Bussière
- (?) Blin : Calmelet
- Robert Vidalin : Camille Desmoulins
- Serge Freddy-Karl : Marcellin Fleury
- Roger Chantal : Jérôme Bonaparte
- Jean Rauzéna : Louis Bonaparte
- Maurice Schutz : Pascal Paoli
- Louis Vonelly : André Chénier
- François Viguier : Georges Couthon
- Conrad Veidt : le marquis de Sade
- Robert Arnoux
- Camille Beuve
- W. Percy Day
- E. Engeldorff
- Félix Guglielmi
- Fabien Haziza
- Georges Hénin
- Jacquinet
- Léon Larive
- Ernest Maupain
- Laurent Morlas
- Marcel Pérès
- Maguy Pironet
- Jack Rye
- Jean Tissier
et parmi les interprètes de la version remontée et sonorisée de 1934 (intitulée Napoléon Bonaparte) mais n'apparaissant pas dans celle de 1925/1927:
- Marjolaine (aka) Sylvie Gance : Théroigne de Méricourt
- Vladimir Sokoloff : Tristan Fleury
- José Squinquel : Stendhal
- Marcel Delaître : Capucine
- Edy Debray
- Jane Marken
- Georges Paulais
- Rivers Cadet
Autour du film
- Autres acteurs pressentis pour le rôle : Edmund van Daële, Lupu Pick, René Fauchois, Ivan Mosjoukine.
- Albert Dieudonné avait interprété le rôle de Napoléon Bonaparte au théâtre en 1913. La légende veut qu'il ait été tellement imprégné de son rôle et de son personnage qu'il mourut fou en 1976 en se prenant pour Napoléon.
- Si le film est intitulé Napoléon, son scénario ne s'arrête qu'en 1796, au moment où Bonaparte n'est que général.
Bibliographie
- Abel Gance, Napoléon : épopée cinégraphique en cinq époques, scénario édité par Jacques Bertoin, préface de Jean Tulard, Editions Jacques Bertoin, Paris, 1991 (ISBN 978-2-87949-002-1)
- Jean Arroy, En tournant Napoléon avec Abel Gance: Souvenirs et impressions d'un sans-culotte, Éditions la Renaissance du Livre, Paris, 1927
- (en) Napoléon, Abel Gance Gance's Classic Film de Kevin Brownlow - Alfred A. Knopf, New York - 1983
- Jacques Lourcelles, Dictionnaire du Cinéma - Les films, Robert Laffont/Bouquins, Paris, 1992 (ISBN 2-221-05465-2)
Filmographie
- 1928 : Autour de Napoléon d'Abel Gance
- 1964 : Abel Gance, hier et demain de Nelly Kaplan (court métrage)
- 1984 : Abel Gance et son Napoléon de Nelly Kaplan (téléfilm)
Notes et références
- ↑ Cf Lettres d'Abel Gance et d'Ivan Mosjoukine, in L'Enfant du Carnaval, documentaire filmé , version française, éditions Bach (DVD), Galina Dolmatovskaïa
Voir aussi
Liens internes
- Napoléon Ier, et notamment la filmographie
Liens externes
- (fr+en) Napoléon sur l’Internet Movie Database
- napocinepedia.net Napoléon au Cinéma
- Espoir d’un cinéma nouveau
- Autour de Napoléon : l’apport russe
- Abel Gance, nouveaux regards Revue 1895
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